À
titre d'information
Les blessures et les décès au travail au
Canada et à l'échelle internationale
Les statistiques les plus récentes sur les
décès et les blessures au travail au Canada sont celles
de 2017 et proviennent de l'Association des commissions des
accidents du travail du Canada (ACATC).
Les statistiques montrent qu'en 2017 le nombre de
décès au travail a été de 951, en
hausse par rapport à 905 en 2016, à 852
en 2015 et 919 en 2014. Cela représente 2,6
décès chaque jour. Les secteurs où le nombre de
décès était le plus élevé sont la
construction (217), les services
gouvernementaux (160), la fabrication (160) et le transport et le
stockage (70). Parmi ces décès, 333 étaient
dus à des traumatismes et des troubles traumatiques et 590
à des maladies liées aux différentes maladies
professionnelles..
Sur les 951 travailleurs
décédés, 920 étaient des hommes
et 31 des femmes. Six sont des jeunes travailleurs
âgés de 15 à 19 ans, 19
âgés de 20 à 24 ans et un autre 19
âgés de 25 à 29 ans.
Une comparaison entre les chiffres relatifs aux
décès et ceux relatifs aux réclamations
acceptées pour blessure ou maladie professionnelles est
révélatrice de la différence évidente dans
l'évolution des deux séries de chiffres. Au Canada,
entre 1996 et 2000, le nombre moyen de réclamations
pour perte de temps acceptée était
de 600 000 par an. De 2013 à 2017, il a
chuté de manière spectaculaire et certains diraient
étonnante à 240 000 par an.
Par contre, entre 1996 et 2000, le nombre
moyen d'accidents mortels liés au travail reconnus était
de 805 par an et de 905 entre 2013 et 2017.
Cela indique un nombre probablement élevé
d'accidents non déclarés, même parmi les
travailleurs syndiqués, mais également un grand nombre de
réclamations qui ont été contestées ou
rejetées, ainsi qu'un déplacement massif de la
main-d'oeuvre vers des emplois précaires de toutes sortes. Les
emplois précaires continuent à augmenter, même
parmi la main-d'oeuvre employée par les monopoles. De plus en
plus de travail est donné en sous-traitance ou est rendu
irrégulier par d'autres moyens.
Les travailleurs dans des emplois précaires ou
irréguliers sont par définition considérés
comme non indispensables. Ils peuvent être rapidement
remplacés quand ils se plaignent, sont blessés et
déposent des demandes d'indemnisation. Toute action menace le
travailleur qui a un emploi irrégulier. De nombreuses blessures
et bien sûr beaucoup de
maladies professionnelles ne sont pas signalées. La nature
précaire du travail devient une partie intégrale de la
conscience des travailleurs embauchés. Les monopoles exercent
même une pression sur les sous-traitants, qui risquent de perdre
leurs contrats si « leurs » travailleurs se plaignent,
déposent des réclamations pour accident de travail ou
«
causent des problèmes ».
Souvent, une entreprise nie qu'elle a un lien quelconque avec les
travailleurs embauchés. Elle peut déclarer qu'ils sont
des inconnus envoyés par des agences et que le véritable
« patron » est l'entreprise qui gère les contrats,
ce qui nous rappelle ce qui se passe avec la traite des humains.
Ne pas signaler les accidents constitue un incitatif
financier pour les entreprises de certaines provinces. Les employeurs
ontariens bénéficient de « ristournes »
du gouvernement s'ils réduisent le nombre de blessures
déclarées par « leurs » travailleurs.
En 2017, 251 625 réclamations ont
été acceptées pour perte de temps en raison d'un
accident de travail ou d'une maladie liée au travail,
contre 241 508 en 2016 et 232 629
en 2015, bien que ces statistiques soient bien inférieures
à la moyenne de 600 000 par an
de 1996 à 2000.
Les secteurs où le nombre de demandes
acceptées a été le plus nombreux sont la
santé et les services sociaux (45 001), le secteur
manufacturier (33 893), le commerce de détail (27 392)
et la construction (26 510), les mêmes secteurs que ces
dernières années, mais avec un niveau plus
élevé du nombre de jours de
travail perdus accepté.
Le système d'indemnisation reste litigieux et
difficile, affirment les travailleurs blessés. Leurs prestations
d'indemnisation sont très souvent coupées ou
réduites par les agences provinciales ou fédéral
responsables. Cela se produit dans certaines juridictions sous
la fraude de réexaminer les conditions préexistantes ou
par la pratique cruelle
de la présomption (« deeming »), lorsque
l'agence suppose qu'un travailleur a été embauché
à un poste même lorsque ce n'est pas le cas, ou sous le
mot d'ordre général d'éliminer le passif non
capitalisé du système et d'autres stratagèmes.
À l'échelle internationale, selon de
récentes estimations publiées par
l'Organisation internationale du Travail (OIT), environ 2,78
millions de travailleurs meurent chaque année des suites d'un
accident du travail ou de maladies liées au travail.
Environ 374 millions de travailleurs souffrent
d'accidents du travail non mortels.
On estime que 1 000 personnes meurent chaque
jour dans le monde à la suite d'accidents du travail
et 6 500 autres de maladies liées au travail.
Les chiffres indiquent une augmentation à
l'échelle mondiale du nombre de décès annuels
attribués au travail, qui sont passés de 2,33
millions de décès en 2014 à 2,78
millions en 2017.
Les évaluations suggèrent que les maladies
du
système circulatoire (31 %), les cancers liés au
travail (26 %) et les maladies respiratoires (17 %)
représentent près des trois quarts de la mortalité
totale liée au travail. Les maladies sont à l'origine de
la grande majorité des décès liés au
travail (2,4 millions,
soit 86,3 %), à comparer aux accidents du travail
mortels (qui représentent 13,7 %).
Selon les estimations de l'OIT, le fardeau que
représente la mortalité et de la morbidité
professionnelles est réparti de la manière suivante.
Environ deux tiers (65 %) de la mortalité liée au
travail dans le monde survient en Asie, suivie de l'Afrique
(11,8 %), de l'Europe (11,7 %), de l'Amérique
entière (10,9 %) et
de l'Océanie (0,6 %). .
Les accords de libre-échange
néolibéraux, qui sont maintenant supplantés par le
contrôle direct par les oligopoles de tous les arrangements
commerciaux en dehors des accords entre États, et la
déréglementation antisociale de toute mesure
régissant la sécurité sur le lieu de travail,
l'augmentation du travail précaire et l'exploitation ouverte
d'un marché
mondial du travail sont des facteurs majeur de
la détérioration continue des conditions de vie et de
travail, y compris la santé et la sécurité au
travail, dans tous les pays.
Le pouvoir de décision entre les mains des
oligopoles mondiaux se fait sur une base supranationale. Les oligopoles
considèrent la réglementation en matière de
santé et de sécurité comme un obstacle à
leur recherche de profit et de domination. La mortalité et les
blessures pèsent lourdement sur les travailleurs des pays
d'Asie, d'Afrique,
d'Amérique latine et des Caraïbes en raison de leur
surexploitation.
La Confédération syndicale internationale
a indiqué il y a quelques années que les oligopoles
mondiaux tels que Samsung, Apple, Wal-Mart et d'autres emploient
directement à peine 6 % des travailleurs qui
créent la valeur de leurs empires mondiaux. Les 94 %
restants travaillent pour de petites entreprises qui
sous-traitent le travail aux monopoles ou sont fournis (par la traite)
par des sous-traitants salariés. Ces
travailleurs sont généralement confrontés à
des conditions encore pires dans un climat d'insécurité
et sans aucun soutien en matière de santé et de
sécurité quand ils sont blessés ou malades.
La situation est très semblable au Canada
où la classe ouvrière a été divisée
en catégories arbitraires telles que « entrepreneur
indépendant », « travailleur étranger
temporaire », « travailleur sans papiers »,
entre autres. Les employeurs utilisent ces qualificatifs, ainsi que
l'augmentation des emplois temporaires et occasionnels
et d'autres formes d'emplois précaires, pour imposer des
conditions de plus en plus dangereuses et insalubres.
L'OIT a maintenant commencé à examiner
l'impact des changements climatiques, de la pollution
atmosphérique et de la dégradation de l'environnement sur
la santé et la sécurité des travailleurs. Pour le
moment, ce qui existe sont principalement des projections. Par exemple,
elle prévoit qu'une augmentation projetée des
températures mondiales
de 1,5 degré Celsius d'ici la fin du XXIe siècle
rendra 2 % de toutes les heures de travail trop chaudes pour
travailler d'ici 2030, et que l'augmentation de la
température aura un impact sur la santé de la
moitié de la population mondiale vivant à
proximité de l'équateur. Ces travailleurs font partie des
plus pauvres et
travaillent à l'extérieur dans des secteurs tels que
l'agriculture. Selon l'OIT, les décès
prématurés dus à une exposition à la
pollution atmosphérique vont être multipliés par
cinq d'ici 2060.
Les études de l'OIT ne consacrent que quelques
paragraphes à la situation critique des travailleurs migrants en
matière de santé et de sécurité. Ils notent
que la plupart des travailleurs migrants sont employés dans des
secteurs tels que l'agriculture, la construction ou le travail
domestique et travaillent dans des conditions précaires sans
grande
protection légale, voire aucune. Leur nombre est estimé
à 160 millions.
L'expérience canadienne a montré que les travailleurs
migrants occupent les emplois les plus difficiles dans des conditions
similaires à celles d'une main d'oeuvre asservie, qui leur sont
imposées par les agences de recrutement, les monopoles et les
gouvernements. Les
conditions de travail nuisent à leur santé et à
leur sécurité, ainsi qu'à leurs conditions de vie
et de travail en général.
Par exemple, les travailleurs migrants sont
officiellement couverts en Ontario par la Loi sur la santé
et la sécurité au travail, qui leur donne
théoriquement le droit de refuser un travail dangereux et
interdit légalement aux employeurs d'exercer des
représailles sur les travailleurs qui exercent ce droit ou ont
recours à toute autre clause contenue dans
la loi. Cependant, il incombe aux travailleurs eux-mêmes de
s'exprimer. Les activistes qui travaillent avec les travailleurs
accidentés affirment que les travailleurs migrants
accidentés sont régulièrement placés dans
un avion et renvoyés chez eux avant que les inspecteurs du
gouvernement puissent examiner leur cas.
Les travailleurs migrants sont rejetés lorsqu'on
déclare ne plus avoir besoin d'eux et sont
considérés comme un problème encore plus
rapidement que les travailleurs contractuels non migrants,
malgré tous les discours des gouvernements sur les droits de la
personne et la protection du bien-être des travailleurs. Ce sont
les activistes et certains syndicats qui travaillent avec des
travailleurs migrants et d'autres qui ont besoin d'être
aidés qui s'occupent réellement d'eux et tentent de
répondre à leurs besoins.
Cet article est paru dans
Numéro 14
- 25 avril 2019
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