Lettre à la rédaction

Objet: l'histoire d'Alcoa

Cher Forum ouvrier,

Une affiche produite par Alcoa en 1943

J'ai lu avec intérêt les articles récents sur la lutte des travailleurs d'ABI à Bécancour, au Québec, contre le propriétaire de l'entreprise, Alcoa, et les autres activités antiouvrières qu'Alcoa a entreprises ailleurs dans son empire mondial. Il est instructif de regarder l'histoire d'Alcoa, où l'on voit qu'elle a toujours agi pour servir des intérêts privés, voire réactionnaires, étroits, au détriment du bien-être des travailleurs. Confrontés à un tel monopole sans principes, les travailleurs doivent rester convaincus de la justesse de leur cause et du fait qu'ils doivent compter sur eux-mêmes et sur le soutien croissant des travailleurs du Canada et du monde entier pour que leur lutte l'emporte.

La création en 1889 de la Pittsburgh Reduction Company (PRC) par Hunt, Clapp et Davis pour raffiner le minerai d'aluminium selon la méthode de Charles Hall, un nouveau procédé de réduction d'aluminium, a été principalement financée par les Mellon, une famille ultra-riche. Le banquier Andrew Mellon était le secrétaire au Trésor américain. Parmi les investissements lucratifs de la famille Mellon, il y avait Gulf Oil ainsi que US Steel et Westinghouse.

En 1907, la PRC a été rebaptisée l'Aluminium Corporation of America (Alcoa). L'Alcan a été créée par la PRC (Alcoa) en 1902 à Shawinigan, au Québec, et portait alors le nom de Northern Aluminium Company qui entendait exploiter le vaste potentiel des ressources hydroélectriques du Québec. Un membre de la famille Davis a été nommé PDG des deux compagnies, Alcoa et Alcan, exposant ainsi le lien entre les deux, un fait qu'ont nié les deux compagnies afin d'éviter d'être accusées de transgresser les lois anti-monopoles.

Les investissements des Mellon dans les deux compagnies ont donné à la famille — ainsi qu'aux Davis - le contrôle d'Alcoa et d'Alcan, et, à toutes fins pratiques, le monopole de la production d'aluminium. Ce contrôle a servi au cours des années à consolider la domination sur toute l'industrie de l'aluminium et à générer d'énormes profits. La fortune des Mellon a continué d'accroître jusqu'à ce jour et lorsque Arthur Vining Davis est mort, il était le troisième homme le plus riche en Amérique.

Alcoa fut l'un des monopoles américains à avoir collaboré avec l'Allemagne nazie. Avec son monopole de l'aluminium, avant et après la Deuxième Guerre mondiale, Alcoa a veillé à ce que l'Allemagne nazie ait un approvisionnement illimité d'aluminium pour la fabrication de ses armements, les avions par exemple, tandis que l'Amérique souffrait de pénuries massives. En juin 1941, Harold Ickes, le secrétaire de l'Intérieur des États-Unis, a déclaré : « Si l'Amérique perd cette guerre, elle pourra remercier l'Aluminium Corporation of America. »

Au cours des années, Alcoa/Alcan n'a eu qu'un seul rival digne de ce nom dans le domaine du raffinement de l'aluminium, et c'est Reynolds Aluminium, créé en 1910 par la famille de Reynolds Tobacco. Alcoa a acquis Reynolds en l'an 2000. En 2007, le monopole Rio Tinto, contrôlé par les Rothschild, a acquis l'Alcan suite à une entente d'une valeur de 38 milliards de dollars US.

Un lecteur d'Edmonton


Cet article est paru dans

Numéro 13 - 18 avril 2019

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