Les préoccupations des travailleurs ferroviaires

Mon nom est Lyndon Isaak et je suis le président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC). J'ai été élu à ce poste le 11 janvier par les membres de la CFTC et nous sommes un syndicat qui représente plus de 10 000 membres au Canada.

J'ai travaillé pour le CN depuis 1987 en tant que serre-frein, chef de train et ingénieur de locomotive. Je travaille au département législatif du syndicat depuis 2007. Cela comprend la santé et la sécurité et des questions relatives à la réglementation du point de vue des travailleurs.

Trois des principales préoccupations de la CFTC présentement sont :

1. La formation de nouveaux employés

La formation de nouveaux employés est régie par le Règlement sur les normes de compétence des employés ferroviaires, un document qui est entré en vigueur en 1987. Dans ce document, on dit que l'instance nommée Commission canadienne des transports est l'agence gouvernementale auprès de laquelle les compagnies ferroviaires doivent signaler des changements apportés à leurs normes de formation. En 1988, la Commission canadienne des transports a été rebaptisée l'Office des transports du Canada qui n'a pas le même champ de compétence que son prédécesseur. Maintenant, les normes de formation sont laissées à la discrétion des compagnies ferroviaires. L'histoire récente d'accidents, de blessures et de décès dans le domaine ferroviaire vient appuyer nos sérieuses préoccupations.

2. La fatigue

En décembre 2018, un arrêté ministériel en vertu de la section 19 de la Loi sur la sécurité ferroviaire a été annoncé sur la question des règlements relatifs au temps de travail et de repos pour les employés d'exploitation (ingénieurs de locomotive, chefs de train, etc.). L'industrie ferroviaire doit procéder à une mise à jour des règlements actuels relatifs au temps de travail et de repos établis pour la première fois en 2002. En vertu de cet arrêté, les compagnies ferroviaires sont tenues d'avoir recours aux données scientifiques modernes et établies en matière de science de la fatigue dans les changements apportés aux règlements. Une grande majorité de nos membres travaillent actuellement sur appel 24 heures sur 24 sans journées de congé désignées autres que leurs vacances annuelles. La question de la fatigue et de ses conséquences sur nos membres est une préoccupation constante d'aussi loin que je me souvienne, et j'ose espérer qu'au moins quelques-uns de nos problèmes seront abordés dans cette révision.

3. Le régime disciplinaire

Le régime disciplinaire privilégié par les compagnies ferroviaires pour sévir contre nos membres est soit le système Brown (des points d'inaptitude) ou des suspensions sans solde. Nous constatons avec inquiétude un pattern qui consiste en des mesures disciplinaires moins sévères en temps de grande activité et lorsque le besoin en main-d'oeuvre est élevé et, à l'opposé, des mesures disciplinaires que nous jugeons excessives en rapport avec la faute commise lorsque l'activité ferroviaire est moindre. Les compagnies ferroviaires semblent vouloir maintenir le nombre de travailleurs disponibles le plus élevé possible, ce qui fait qu'elles trouvent peut-être préférable de suspendre ou de licencier des employés plutôt que d'avoir recours à des mises à pied. Un bon exemple de ces mesures disciplinaires injustifiées est ce qui se produit lorsque nos membres sont malades ou incapables de travailler. Il est arrivé que nos membres se soient fait attribuer des points d'inaptitude ou une suspension sans solde simplement parce qu'ils étaient malades. Certaines compagnies ferroviaires disent qu'elles n'acceptent plus les certificats médicaux pour justifier une absence pour raison de maladie. Bien que toute mesure disciplinaire pour problème de santé aille à l'encontre de la section 239, partie 3 du Code du travail du Canada , certaines compagnies ferroviaires continuent quand même d'y recourir.

Enfin, je me suis souvent demandé quelle est la logique à la base des règlements conçus pour l'industrie ferroviaire au Canada. Présentement, on mentionne dans la section 19 de la Loi sur la sécurité ferroviaire que le ministre peut ordonner à une compagnie d'élaborer ou de réviser un règlement dans un cas précis. Le rôle de la CFTC est de faire des commentaires au sujet du règlement proposé par les compagnies ou leurs lobbyistes. Je remets en question qu'un gouvernement puisse confier à un groupe de chefs d'entreprises ou à leurs lobbyistes rémunérés la responsabilité de formuler ou de réviser un règlement. L'accent devrait être sur la sécurité des employés et du public et qui est mieux placé que les gens qui travaillent sur les chemins de fer et sont représentés par leur syndicat pour formuler ou réviser un règlement, en consultation avec Transport Canada ? Lorsqu'on y pense, le syndicat offre le meilleur équilibre : l'accent sur la santé et la sécurité tout en tenant compte que les employeurs doivent faire un profit pour assurer la viabilité de leurs compagnies.

(Traduction Forum ouvrier)


Cet article est paru dans

Numéro 7 - 28 février 2019

Lien de l'article:
Les préoccupations des travailleurs ferroviaires - Lyndon Isaak, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada


    

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