Des défis auxquels les
travailleurs du Québec font
face
L'élite dirigeante
cherche à
démanteler les organisations de
défense collective des travailleurs
- Pierre Chénier -
Dans un effort pour démanteler les
organisations
de défense
collective des travailleurs, on accuse la résistance
organisée des
travailleurs à la défense de leurs droits de
perturber
différents
secteurs de l'économie. Les organisations de
défense
collective des
travailleurs et leur lutte organisée à la
défense
de leurs droits sont
considérées comme
une attaque contre l'économie et contre les travailleurs
individuels
qui voudraient simplement travailler et ne s'occuper de rien
d'autre.
L'industrie de la construction est un des
secteurs
où les
gouvernements font des efforts concertés pour
écraser les
organisations
de défense collective des travailleurs. Les mesures prises
visent à
donner aux entreprises de la construction la liberté
d'agir en
toute
impunité sur les chantiers de construction pour maximiser
leurs
profits, quelles que
soient les conséquences pour la santé et la
sécurité des
travailleurs et la sécurité du public.
La vérité est tournée sens
dessus
dessous, et l'affirmation est
faite que l'intervention des syndicats sur les chantiers de
construction pour défendre la santé et la
sécurité est un geste
d'intimidation contre les employeurs et les travailleurs
individuels
qui « veulent juste travailler ». C'est
l'allégation qui a été portée
contre les grutiers du
Québec quand ils ont bravement refusé de se
présenter au travail
pendant une semaine en juin 2018 pour protester contre une
nouvelle
réglementation dangereuse qui dévalorisait leur
formation
professionnelle et menaçait la sécurité des
grutiers et du public.
C'est une calomnie de dire que les grutiers ont
fait de
l'intimidation contre leurs collègues qui voulaient juste
aller
travailler. Les grutiers s'opposaient à un régime
qui
leur demandait
d'obéir à toute réglementation que le
gouvernement
promulgue sans
considérer ou faire enquête sur ses impacts et sans
avoir
le
consentement des travailleurs
directement affectés et de leurs organisations. [1]
La Commission de la construction du Québec
(CCQ), l'agence
gouvernementale chargée de la gestion des relations de
travail,
de la
formation professionnelle et de la main-d'oeuvre dans le secteur,
dit
avoir pris note de plusieurs cas d'intimidation exercés
par le
syndicat
contre des grutiers. La CCQ n'a produit aucune preuve de cela
mais elle
a
dit qu'elle pourrait utiliser ces données pour poursuivre
les
travailleurs et leur syndicat.
La CCQ invoque constamment la
responsabilité qui
lui incombe de faire appliquer la loi R-20, la
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et
la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction ,
une loi qui comprend plusieurs clauses sur l'intimidation. La loi
dit
notamment : « Quiconque use
d'intimidation ou de menace raisonnablement susceptible de
provoquer
une entrave, un ralentissement ou un arrêt des
activités
sur un
chantier commet une infraction et est passible d'une amende
de 1 137 $
à 11 370 $ pour chaque jour ou partie de
jour que
dure l'infraction. »
Elle dit aussi :
« Commet une infraction et est passible
d'une
amende de 1 541 $
à 15 373 $ quiconque use d'intimidation ou
de
menace raisonnablement
susceptible de contraindre un employeur à prendre une
décision à
l'égard de la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie
de la
construction ou de l'empêcher de
prendre une telle décision ou autrement lui impose une
telle
décision. » En plus, tout représentant
syndical déclaré coupable selon
la loi peut se voir interdire de remplir ses fonctions pour une
période
pouvant atteindre cinq ans.
L'intention est claire : rendre de plus en
plus
difficile, voire
illégal, pour les organisations de défense
collective des
travailleurs
d'intervenir pour obtenir des conditions de travail
adéquates.
Il est frappant aussi que la Commission
Carbonneau ait
été utilisée
en partie pour dépeindre les organisations des
travailleurs de
la
construction comme des organismes de type criminel et
mafieux.
Le gouvernement libéral a
créé la
Commission Charbonneau en 2011 et
l'a chargée d'examiner et d'éradiquer la collusion
et la
corruption
dans l'octroi des contrats publics dans la construction, de
révéler les
liens possibles entre cette corruption et le financement des
partis
politiques et l'infiltration possible de l'industrie de la
construction
par le crime organisé.
La Commission Charbonneau a insinué que
les
collectifs de
travailleurs et les organisations alliées ont mené
des
actions
concertées de défense des droits des travailleurs
qui ont
parfois mené
à la perturbation des activités sur les chantiers
et sont
semblables à
des activités mafieuses. La Commission a fait cette
affirmation
sans
même examiner
l'objectif et les raisons pour lesquels les travailleurs
organisés ont
posé ces gestes, la cause qu'ils défendaient et le
résultat qu'ils
cherchaient à obtenir avec ces actions. Les opinions et
les
recommandations de la Commission Charbonneau ont
été
incorporées dans
certaines des modifications qui ont été
apportées
à la loi R-20.
Pendant ce temps, les activités et les
nombreux
problèmes qui
perturbent sérieusement la vie des travailleurs, causant
parfois
des
pertes de vie tragiques et des blessures sérieuses, ne
font pas
l'objet
d'examen et d'enquête. Ceux qui refusent d'agir pour
résoudre les
problèmes ne sont pas forcés de rendre des comptes.
L'élite dirigeante
veut
créer une situation où les grandes entreprises
peuvent
faire ce
qu'elles veulent aux travailleurs de la construction afin de
maximiser
leurs profits privés.
Le gouvernement Ford en Ontario suit une voie
semblable
à ce qui
est fait aux travailleurs québécois de la
construction en
s'attaquant
aux organisations professionnelles des infirmières, des
enseignants et
d'autres secteurs professionnels. En réduisant les membres
de
ces
organisations à l'état d'individus sans voix, il
les rend
tous sans
défense.
La situation à laquelle les travailleurs font face
aujourd'hui
rend
encore plus important de prendre la parole et de renforcer leurs
luttes
organisées pour bloquer ces attaques contre leurs
syndicats et
ouvrir
la voie à la défense des droits des travailleurs et
des
droits de tous.
Note
1. En Ontario, le gouvernement Ford
dénigre
lui aussi les travailleurs organisés de la construction en
les
accusant, avec son projet de loi 66, de mener à la
«
faillite » les
institutions publiques comme les conseils scolaires, les
collèges, les
universités, les hôpitaux et les
municipalités,
à cause des
mesures et des arrangements qu'on trouve dans leurs «
généreuses »
conventions collectives. Le projet de loi 66 a
été
déposé sans
consultation et sans le consentement des travailleurs directement
affectés. S'il est adopté, les travailleurs
organisés de la
construction qui sont employés sur des sites visés
vont
perdre leur
droit de travailler
sur les chantiers où ils travaillent à l'heure
actuelle
et sur d'autres
chantiers à l'avenir et leurs conventions collectives
négociées seront
déclarées nulles et non avenues. Ceci ouvre la voie
à l'engagement
massif de travailleurs individuels de la construction qui ne
seront pas
protégés par un syndicat ou une convention
collective. Ce
diktat
antiouvrier
du gouvernement Ford au service de l'oligarchie financière
n'est
rien
de moins que criminel.
Cet article est paru dans
Numéro 5 - 14 février 2019
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Des défis auxquels les
travailleurs du Québec font
face: L'élite dirigeante
cherche à
démanteler les organisations de
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