Les grutiers, leurs alliés et des experts disent tous Non! à la nouvelle règlementation irresponsable


Manifestation des grutiers contre les changements à la règlementation relative à la formation, le 5 mai 2018

Les 17, 18 et 19 décembre 2018 ont eu lieu les auditions du comité mis sur pied par le gouvernement du Québec pour examiner l'impact sur la santé et la sécurité des changements réglementaires apportés à la formation des grutiers du Québec.

Les auditions, qui ont été appelées par le gouvernement libéral précédent de Philippe Couillard, ont été le résultat des actions courageuses des grutiers du Québec contre la nouvelle règlementation antiouvrière qui a été imposée par la Commission de la construction du Québec (CCQ) et le gouvernement du Québec et qui pose un danger à la sécurité.

Après plusieurs actions et dénonciations de la part des grutiers, ceux-ci ont refusé de se présenter au travail pendant une semaine en juin dernier afin d'exiger le retrait pur et simple de la nouvelle règlementation. Ils ont agi ainsi parce qu'ils considèrent cette règlementation comme une érosion sérieuse, en quantité et en qualité, de la formation requise des travailleurs pour devenir grutiers. Le gouvernement, à la requête de la CCQ, a aboli le caractère obligatoire du Diplôme d'études professionnelles (DEP) de 870 heures de formation. Le DEP est maintenant facultatif et une nouvelle formation de 150 heures fournie directement sur les chantiers et sous la responsabilité des entreprises a été introduite. La CCQ et le gouvernement ont aussi créé un cours de 80 heures pour les camions-flèches d'une capacité maximale de 30 tonnes, à la suite de quoi le travailleur qui réussit la formation devient conducteur qualifié de ces camions. C'est justement ce type de grues qui versent le plus et qui causent le plus de dommages. Les grutiers font face à des mesures répressives telle une décision du Tribunal administratif du travail ayant déclaré qu'ils ont participé à une grève illégale et les menaces qui pèsent toujours sur eux de la part de la CCQ de les poursuivre pour grève illégale et intimidation. La position courageuse des grutiers s'est méritée un vaste appui parmi les travailleurs et la population et c'est dans ce contexte que le comité a été mis sur pied.

Les intervenants aux auditions de décembre comprenaient entre autres l'Union des opérateurs grutiers, qui représente la vaste majorité des grutiers du Québec, le Collectif des grutiers, des syndicats de la construction, l'école qui donne la formation professionnelle aux grutiers, le syndicat des enseignants qui donnent les cours de formation, des entreprises de grues, des entreprises de construction, de même que des experts en santé et en sécurité et en opération des grues. Les intervenants avaient 25 minutes pour présenter leurs vues et leur présentation était suivie d'un échange de 30 minutes avec les membres du comité.

La grande majorité des intervenants ont dit que le nouveau règlement doit être revu de fond en comble et que la formation professionnelle obligatoire des grutiers doit être maintenue. Ils se sont opposés à la nouvelle règlementation en tant qu'atteinte aux normes de sécurité et en particulier à la nécessité d'une formation adéquate des grutiers, qui est au centre de la sécurité des grutiers, des autres travailleurs et du public. Ils se sont référés en particulier à la norme canadienne Z 150 de l'Association canadienne de normalisation (ACNOR), à laquelle les grutiers du Québec sont aussi assujettis. Il s'agit d'une norme qui spécifie les exigences de sécurité relatives aux grues mobiles de manière à protéger la sécurité des travailleurs et du public et qui guide les fabricants et les acheteurs de grues, de même que les entreprises de construction et les gouvernements et organismes de règlementation pour qu'ils respectent les normes de sécurité établies par la norme Z 150.

Cette norme prévoit notamment que les grues mobiles doivent être manoeuvrées exclusivement par des personnes qualifiées et que les qualifications obligatoires des opérateurs de grues doivent comprendre une formation et une expérience pertinentes pour la conduite de l'engin de même que des connaissances générales sur la construction de la grue et des connaissances suffisantes en électricité et en hydraulique. De toute évidence, ont mentionné les intervenants, la nouvelle règlementation ne respecte rien de tout cela.

Seules deux associations représentant des entreprises de la construction ont appuyé la nouvelle réglementation. L'une d'entre elles a fait preuve d'une grande hypocrisie. Elle a donné l'argument que mieux vaut avoir un règlement et une formation que pas de règlement et de formation du tout. Elle a dit que beaucoup d'entreprises de construction ont acheté des camions-flèches et les ont fait fonctionner par des travailleurs non qualifiés et formés, ce qui était clairement illégal. Il faut noter que la CCQ n'a pris aucune action en justice ou autrement pour mettre fin à cette situation illégale. Maintenant, de dire les représentants de cette association, le tout sera légal car il y aura de la formation, bien que celle-ci n'a rien à voir avec une formation professionnelle ou adéquate selon les travailleurs, alors que les camions-flèches sont précisément ceux qui versent le plus facilement et sont utilisés dans les zones où le public circule le plus.

Les grutiers sont déterminés à remporter leurs deux revendications : que la nouvelle règlementation soit retirée et que la formation professionnelle obligatoire des grutiers soit maintenue, et qu'une table de concertation soit créée qui comprend toutes les parties concernées, dont les enseignants, pour étudier les problèmes relatifs au secteur des grutiers et à la sécurité sur les chantiers de construction.

Le comité va maintenir tenir des rencontres à huis clos avec diverses parties et il doit remettre son rapport au ministre du Travail d'ici le 28 février.

(Photos : FTQ-Construction)


Cet article est paru dans

Numéro 2 - 24 janvier 2019

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