Édition spéciale
29 juin 2017
La redistribution de la valeur selon
le plan
d'arrangement Stelco/Bedrock
Un vol sanctionné par
l'État de ce qui appartient de droit aux travailleurs
et aux Canadiens
- K.C. Adams -
Un examen des chiffres du plan Bedrock de prise de contrôle de
Stelco
sous les auspices de la Loi sur les
arrangements avec
les créanciers des compagnies (LACC)
On discute beaucoup du plan d'arrangement (PdA) entre
Bedrock et
Stelco. En plus de dénoncer le vol de ce qui appartient de droit
aux
travailleurs, plusieurs remettent en question le montant que les
oligarques de Bedrock paient pour les installations de production
d'acier de Stelco et la production en cours. Le chiffre de 500
millions $ a été avancé par le Hamilton
Spectator. D'autres
suggèrent que le montant est beaucoup moins important du fait
que
Stelco détient environ 300 millions $ en
liquidités accumulées en vertu
de la protection de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers des compagnies
(LACC). En ayant recours
aux pouvoirs de police de la LACC, Stelco a refusé depuis
septembre 2014 de faire des paiements dans les régimes de
retraite ou
de payer ce qui revient légalement aux retraités en ce
qui a trait aux
avantages sociaux à la retraite (OPEB). Ces réclamations
légitimes non
payées des retraités sont directement
transférées dans l'encaisse de
l'entreprise et deviendront la propriété de Bedrock.
Un autre facteur qui réduit le paiement
proposé de Bedrock est le fait
qu'il n'a pas à payer immédiatement la majeure partie de
ses
engagements envers les régimes de retraite et les OPEB. Une
grande
partie des paiements proviendra de la nouvelle valeur qui sera produite
dans l'avenir par les métallos de Stelco. Cela signifie qu'une
grande
partie
des paiements promis ne proviendra pas de Bedrock aux États-Unis
mais
de la valeur-acier produite chez Stelco et réalisée.
Certains des
montants futurs, qui ne satisfont qu'une fraction des
réclamations
légitimes des retraités, dépendent de la
quantité de production
réalisée. Ces paiements futurs dans les régimes
vont bientôt cesser
complètement car
le PdA supprime du bilan financier les prestations des retraités
et les
régimes de retraite, ce qui aura pour effet d'empêcher les
retraités
actuels et futurs de faire quelque réclamation à la
valeur produite par
Stelco. Cela laisse aux oligarques de Bedrock plus de nouvelle valeur
réalisée à saisir en tant que valeur
ajoutée avec laquelle ils pourront appâter les
acquéreurs éventuels qui
souhaitent acheter Stelco
de Bedrock.
Un marché conclu entre deux groupes d'oligarques
américains
Le PdA est essentiellement un accord entre deux
regroupements
d'oligarques américains pour le transfert de la valeur et de la
propriété des aciéries canadiennes appelées
Stelco. Le transfert qui a
été facilité par l'État canadien par le
biais de la LACC réduit
directement les réclamations des travailleurs et des
retraités
canadiens à la valeur
nouvelle que produisent les travailleurs de Stelco. Cela signifie que
la nouvelle valeur dont les oligarques américains se saisissent
à même
la production en cours de Stelco, soit la valeur ajoutée, est
augmentée. En outre, par cet accord, les oligarques
américains sont
exonérés de la responsabilité de la restauration
environnementale des
terrains
appartenant historiquement à Stelco par le biais d'un versement
unique
de 80 millions $ qu'ils vont faire.
Le transfert de propriété d'un groupe
d'oligarques américains à
un autre avec l'aide de l'État canadien et de sa LACC permet aux
oligarques de US Steel de réaliser ce qu'ils voulaient faire
depuis le
début. Par l'entremise d'un avocat, ils ont
déclaré en 2014 à la
direction de la section locale 1005 du Syndicat des
métallos que si
les travailleurs de l'acier n'acceptaient pas volontairement de retirer
du bilan financier les pensions et les OPEB, cela leur serait
imposé
par l'entremise de la LACC. Le transfert de la propriété
par le biais
de la LACC organisée par l'État permettra aux oligarques
américains de
réaliser ce qu'ils voulaient faire tout au long. L'entente du
PdA
conclue
entre USS et Bedrock a été mise au point l'année
dernière. Le plan était de transférer la
propriété
à Bedrock en causant le minimum de
dommages à USS. Les pensions et les OPEB seraient retirés
du bilan
financier, les paiements importants non garantis et la dette, dont le
prêt de 150 millions $ du gouvernement de l'Ontario,
seraient
éliminés afin que les oligarques de Bedrock ne paient
presque rien pour leur prise de contrôle.
Le PdA déclare : « Le 1er
novembre 2016, USS a annoncé qu'il avait
conclu un accord non contraignant avec Bedrock en ce qui a trait
à la
vente et la transition de sa propriété de USSC (le
'ITS'). L'accord a
incorporé des modalités liées au traitement des
réclamations garanties
et non garanties de USS contre USSC et a
envisagé de pourvoir à des libérations mutuelles
parmi les principaux
intervenants, y compris USSC, la fourniture continue de certains
services partagés à USSC pendant une période de
transition et un accord
pour un approvisionnement de cinq ans par USS de certaines
matières
premières importantes à USSC. »[1]
Un examen des chiffres du PdA
Selon le plan d'arrangement proposé, un paiement
immédiat de 126,4
millions $ sera fait à US Steel, le propriétaire de
sa filiale
prétendument en faillite mais rentable. Cela réduit la
trésorerie de
Stelco de 300 à 173,6 millions de dollars. Le juge de
la LACC a accepté
cet étrange paiement aux propriétaires des
capitaux d'une entreprise en faillite avant tous les autres demandeurs,
y compris même un prêt jamais remboursé de 150
millions $ du Trésor
provincial de l'Ontario. Mettre les propriétaires des actions
américaines en tête de liste des créanciers, c'est
comme demander à une victime de payer son agresseur pour lui
avoir infligé destruction, douleur et
souffrances.
Personne n'a tordu le bras des hauts dirigeants d'US
Steel
pour qu'ils achètent Stelco en 2007. Ils ont sauté
sur l'occasion pour
trois raisons :
1) le secteur de l'acier était au sommet de
son cycle d'expansion
et de contraction. Les dirigeants d'USS semblent avoir oublié
que les
expansions se transforment inévitablement en contractions dans
cette
économie impérialiste frappée par les crises ;
2) ils voulaient empêcher les concurrents de
prendre le contrôle de
Stelco, en particulier PAO Severstal de Russie, un consortium qui,
à ce moment-là, était intéressé
à
faire de Stelco un joueur important
pour pénétrer directement le secteur sidérurgique
nord-américain ;
3) USS voulait prendre le contrôle de Stelco
pour l'empêcher de
concurrencer ses usines américaines pour la fourniture d'acier
au
lucratif secteur automobile.
Avec la crise économique en 2008 et le
ralentissement dans le
secteur de l'acier, USS a commencé une campagne pour saccager
Stelco et
transférer sa production d'acier aux usines d'USS aux
États-Unis. USS a
brisé toutes ses promesses d'emplois et de niveaux de production
convenues en vertu de la Loi sur Investissement
Canada. Il a
mis en lock-out les travailleurs à Hamilton Works et à
Lake Erie Works
pendant des périodes prolongées afin d'exiger des
concessions, a fermé le haut fourneau à Hamilton Works et
vendu une installation
productive
à Hamilton aux impérialistes allemands appelés
MANA qui se faisaient
passer pour des hommes d'affaires amicaux
et se sont révélés être violemment
antitravailleurs et des ennemis
de l'économie et du niveau de vie de Hamilton.
USS a soutiré à Stelco ses meilleurs
clients du secteur de
l'automobile, en les fournissant à partir de ses usines
américaines ;
il a attaqué les retraités en retirant
unilatéralement la clause
d'indexation au coût de la vie de leurs prestations de
retraite ; il a
éliminé le régime de retraite à prestations
déterminées pour les
nouveaux
employés ; il a refusé d'honorer son engagement
public d'assurer le
plein financement des régimes de retraite avant la fin
de 2015. Et
maintenant, sous la LACC, il a refusé de payer les OPEB
légitimes aux
retraités de Stelco et a cessé de payer ses taxes
municipales à
Hamilton et à Haldimand. Depuis 2008, US Steel a
essentiellement causé des ravages au sein des
collectivités de l'acier
et de l'économie canadienne.
USS le « créancier garanti »
qui se doit à lui-même et la faillite
précédente de Stelco
Le paiement par Bedrock de $ 126,4
millions $ US sera effectué
malgré le fait que US Steel a volontairement placé Stelco
sous la
protection de la faillite en vertu de la LACC. Un paiement de cette
taille aux propriétaires des capitaux d'une
société en faillite semble pour le moins étrange.
D'autres
demandeurs ont été repoussés à
l'arrière de la ligne derrière les
réclamations des propriétaires actuels de Stelco, qui
sont les
propriétaires du capital-actions américain de US Steel
coté en bourse.
Les propriétaires d'actions d'entreprises en
faillite sont
généralement considérés comme moins
prioritaires que les autres
demandeurs, en particulier les détenteurs de dettes. Lors de la
dernière faillite de Stelco en vertu de la LACC
en 2004-2006, les
propriétaires d'actions de Stelco ont perdu la
quasi totalité de leur
argent dans le
plan d'arrangement de 2006 de la LACC. Plusieurs de ceux qui ont perdu
de
l'argent étaient des métallos, des retraités et
d'autres membres de la
communauté de Hamilton qui avaient acheté des actions de
Stelco dans le
but de soutenir l'entreprise. Contrairement à la faillite
actuelle,
ceux qui contrôlaient en 2006 le processus de la LACC
ont attaqué ceux qui détenaient des actions de Stelco.
Cela montre bien
le caractère « Far West » de la LACC et comment
les oligarques les plus
puissants contrôlent le processus en leur faveur.
En 2006, Brookfield Asset Management, le pdg de
Stelco Rodney
Mott, qui a été parachuté des États-Unis
pour ouvrir la voie à la
prise de contrôle éventuelle par USS, l'agent principal de
restructuration et le contrôleur de la LACC et leurs
alliés ont pris le
contrôle du processus de la LACC. Les comploteurs ont émis
de nouvelles
actions de Stelco pour remplacer les anciennes actions que le Juge
Farley de la LACC a déclaré sans valeur. Les comploteurs
se sont vendus
à eux-mêmes les nouvelles actions de Stelco à un
faible prix et, après
avoir quitté la LACC, ils les ont vendues un an plus tard
à US Steel à
un prix beaucoup plus élevé. Il faut se rappeler que les
centaines
de millions $ accaparés en 2007 en un coup d'argent
rapide lorsque US
Steel a acheté les nouvelles actions de Stelco, se sont
retrouvés dans
les poches des oligarques comme Mott et les propriétaires de
Brookfield. L'argent payé par USS n'a pas été
investi dans Stelco pour
son renouvellement ou utilisé pour assurer la
pérennité des
régimes de retraite ou pour aider les communautés de
l'acier de quelque
manière que ce soit.
Lors de l'achat en 2007 de ces nouvelles actions
de Stelco, USS les
a désactivées et a transféré les actions de
Stelco dans sa propre
structure de propriété d'actions aux États-Unis,
détenant ce qu'il
appelle des « actions » dans USSC (Stelco), sa filiale
qu'il détenait
directement. La valeur des actifs immobilisés de Stelco, les
bâtiments, les machines et les autres équipements à
Hamilton et à
Nanticoke, plus les actifs circulants, principalement des
matériaux
pour fabriquer de l'acier, comme le minerai de fer entreposé,
l'inventaire en acier et les activités commerciales, ont
été ajoutés
aux actifs mondiaux de US Steel.
USS a payé environ 1,1 milliard $ pour
les nouvelles actions de
Stelco et un autre 900 millions $ en prise en charge de la
dette. Il a
également pris sur soi les obligations sociales qui incombent
aux
propriétaires d'une grande entreprise, y compris dans ce cas les
régimes de retraite et les OPEB. Aucun autre
propriétaire des actions de Stelco n'a été
établi depuis. Les actifs
fixes et circulants de Stelco, l'inventaire
en
acier, le solde de trésorerie et les activités
commerciales, les
capitaux moins tout passif restent techniquement parlant la
propriété
privée des propriétaires des actions de US Steel
jusqu'à ce que la
prise de contrôle du
PdA par Bedrock soit finalisée.
Les dirigeants d'US Steel déclarent que leur
participation
financière à Stelco existe sur papier en tant qu'«
actions », mais a
cessé d'exister en pratique. Il dit que la relation avec sa
filiale en
propriété exclusive est devenue celle d'un
créancier garanti à qui est
dû 126,4 millions $ et celle d'un créancier non
garanti à qui est
dû plusieurs autres millions $. Comment est-ce possible ou
même
rationnel ? Les propriétaires d'actions dans une petite
entreprise en
faillite pourraient-ils déclarer que certains actifs
immobilisés et
d'autres actifs de l'entreprise ne devraient pas être
considérés comme
l'avoir des propriétaires mais comme une dette garantie
détenue par
les propriétaires d'actions si cela servait leurs
intérêts privés ? Un
créancier dans une entreprise est généralement
supposé être un prêteur
d'argent extérieur à l'entreprise.
En tout cas, en plus de soulever la question que ces
faillites de
la LACC ne résolvent aucun problème et bloquent
effectivement la
recherche d'une nouvelle direction qui pourrait fonctionner, la
comparaison
de ce PdA de Stelco en vertu de la LACC et du plan
précédent en 2006
soulève de sérieuses questions. Les deux PdA ont
reçu une
approbation juridique bien qu'aucune explication n'ait
été fournie sur
la différence entre la dispersion en 2006 de l'avoir en
actions des
propriétaires et ce paiement aujourd'hui par l'entremise du PdA
de
Bedrock aux propriétaires des actions de USS. Le tribunal de la
LACC a accepté USS comme créancier de Stelco
et
propriétaire des actions. En effet, le tribunal déclare
qu'aucune
propriété n'est responsable de la faillite et que les
propriétaires
d'USS ne devraient pas subir de perte de valeur de leurs actions dans
Stelco et dans le portefeuille d'actions d'USS et que ses actifs
américains ne devraient pas couvrir les passifs canadiens.
La LACC reconnaît sur papier la
propriété de Stelco par US Steel
mais refuse de le rendre responsable en pratique. Cela fait bien
l'affaire des propriétaires actuels parce qu'ils sont aux
États-Unis et
que la LACC a déclaré que leurs actifs ne peuvent
être utilisés pour
régler les nombreuses réclamations contre Stelco. En
fait, les
propriétaires
américains ont été acceptés en tant que
créanciers garantis et se sont
vus accorder 126,4 millions $.
La LACC est une fraude qui sert les
intérêts étroits de ceux
qui sont en position de contrôle
La fraude de la LACC en 2006 vient d'être
éclipsée par cette fraude
de la LACC de 2017. De toute évidence, USS ne voulait pas
que la
faillite de Stelco affecte, en tout cas pas directement, la
propriété
du portefeuille d'actions d'USS et ses avoirs aux États-Unis.
Dans
cette situation et avec l'approbation du tribunal de la LACC,
USS a construit de toutes pièces un pare-feu entre la faillite
de Stelco et la
propriété
de ses actions et actifs américains. Le processus de la LACC a
transformé en pratique la participation d'USS et sa filiale de
Stelco
en une relation créancier/emprunteur avec USS qui détient
une dette
garantie de 126,4 millions $, des millions de plus en dettes
non
garanties et maintient intacts la propriété de ses
actions et ses
actifs américains. Cet arrangement est très pratique pour
un oligopole
américain et confère au Canada un statut de colonie
manipulée.
Les propriétaires américains ont
gravement endommagé Stelco et
ont affaibli ses revenus bruts, mais du revers de la main et
grâce à la
complicité de la LACC organisée par l'État, USS va
soutirer de gros
gains et éviter toute menace directe à la
propriété de ses actions ou à
ses actifs aux États-Unis. On pourrait dire que les oligarques
américains en tant que classe sont les
bénéficiaires des dommages
causés à Stelco et de cette faillite. La redistribution
de la valeur
entre les oligarques des États-Unis et hors de portée de
la classe
ouvrière et de l'économie canadiennes, profite à
leurs intérêts
étroits, puisqu'une valeur ajoutée encore plus importante
qui
proviendra de la production
future de Stelco sera acheminée dans leurs coffres
américains.
Utiliser l'encaisse pour acheter Stelco --
le Fonds commun des créanciers non garantis
Le PdA parle d'un autre paiement immédiat
de 15,4 millions $ au
Fonds commun des créanciers non garantis. Cela
représente 10 % du total
de 154 millions $ des réclamations de ceux qui sont
dans le Fonds des
créanciers non garantis. Le tribunal de la LACC n'a
accordé à ces
créanciers que 10
cents au dollar. Le Fonds se compose de fournisseurs, d'entrepreneurs
et d'autres personnes à qui est dû de l'argent pour des
services
rendus, des prêts ou de la fourniture de matériel.
Le paiement de 15,4 millions $ réduit
l'encaisse restante de
Stelco de 173,6 millions $ à 158,2
millions $. En pratique, Bedrock n'a
toujours pas utilisé son propre argent, car le 30 juin il
obtiendra
l'argent disponible dans l'encaisse et aucun argent ne sera
versé avant
cette date. Le Fonds non
garanti ne comprend pas les 150 millions $ plus
intérêts du trésor
public de l'Ontario car le PdA efface simplement la dette envers la
province, comme si elle n'avait jamais existé. Elle ne comprend
pas non
plus la réclamation d'US Steel sur la dette non garantie de plus
d'un
milliard $. Sans explication, USS a abandonné sa
réclamation sur la dette non garantie dans le PdA, encore un
autre
exemple de collusion possible.
Les taxes municipales
Une réclamation fiscale municipale garantie
à payer pour les taxes
immobilières, les pénalités et les
intérêts dus à la Ville d'Hamilton
s'élève à 10 millions $. Un montant
indéterminé, estimé à environ 2
millions $, est dû à d'autres municipalités
dont Haldimand.
Le montant estimé de 12 millions $
pour les impôts
remboursables à payer à la sortie de la LACC
réduit l'encaisse de 158,2
millions $ à 146,2 millions $.
Les réclamations des employés
non-affiliés au syndicat des Métallos
Les créanciers garantis
représentés par les employés non-affiliés
aux Métallos reçoivent 9 millions $. Cela
réduit l'encaisse disponible
de 146,2 millions $ à 137,3 millions $.
Autres paiements non spécifiés
Les montants des nombreux autres paiements qui sont dus
à la sortie de Stelco de la LACC ne sont pas
spécifiés dans le PdA.
On y lit : « La compagnie va payer au
prêteur au débiteur-exploitant tous
les montants requis pour satisfaire toutes les obligations et les
passifs encourus par la compagnie envers le prêteur au
débiteur-exploitant. »
Le prêteur au débiteur-exploitant est
Brookfield Capital Partners
Ltd, un des principaux joueurs de la dernière incursion de
Stelco dans la LACC de 2004 à 2006. Brookfield et les
autres de la
clique en
contrôle à l'époque ont acheté les nouvelles
actions de Stelco avant sa
sortie de la LACC et les ont ensuite vendues à US Steel
pour un coup d'argent rapide en 2007.
Le montant du prêt de débiteur-exploitant
utilisé et à être
remboursé avec intérêt plus un frais de sortie sera
calculé d'ici le 30
juin. D'autres paiements qui sont dus le 30 juin en vertu du PdA
comprennent les réclamations de paiements prioritaires en vertu
de la
LACC, les réclamations pour le travail de construction et toutes
les
réclamations garanties par les charges de la LACC.
Stelco (USSC) aura en main une encaisse de 137,3
millions $ une
fois que toutes les réclamations immédiates connues
seront payées sauf
les paiements qui doivent être déterminés dans les
derniers jours avant
la sortie de la LACC. Cela ne comprend pas les montants d'argent promis
pour payer certaines réclamations en pensions et en avantages
sociaux et pour la restauration environnementale.
Les régimes de retraite, les avantages sociaux
à la retraite et la restauration environnementale
Les paiements qui sont dus en vertu d'ententes sur les
régimes de
retraite, les avantages sociaux à la retraite (OPEB) et la
restauration
environnementale sont en quelque sorte compensés par les
prêts
provenant du trésor public ontarien. Les paiements qui
deviennent dus
après la prise de contrôle de Bedrock seront
considérés comme faisant
partie des opérations et des réclamations à la
nouvelle valeur que les
métallos de Stelco produisent. Les réclamations promises
aux fonds de
pension, aux avantages sociaux à la retraite et à la
restauration
environnementale proviendront de la valeur que les travailleurs de
Stelco produisent en fabriquant de l'acier et par la réalisation
de
cette valeur.
Dans ce sens elles sont semblables aux réclamations en salaires.
Les
travailleurs reproduisent leurs salaires et leurs avantages sociaux
quand ils produisent une nouvelle valeur-acier et quand celle-ci est
réalisée. Les salaires et les avantages sociaux
proviennent de la
nouvelle valeur que les travailleurs produisent comme c'est le cas des
avantages
sociaux, des pensions et de choses comme la restauration
environnementale.
Mis à part ces engagements pour le futur, Bedrock
doit payer,
le 30 juin, un certain montant pour les fonds de pension, les
OPEB et
la restauration environnementale des terrains de Stelco. Ces montants
sont en essence des réclamations à la nouvelle valeur
produite dans une
compagnie qui fonctionne, comme c'est le cas de Stelco
même placée sous la protection de la faillite. Ces
montants vont être
remboursés à même la production de nouvelle valeur
ou proviendront de
ce qui reste de l'encaisse.
Le PdA écrit : « La compagnie va
verser 30 millions $ aux
principaux régimes de retraite conformément à
l'entente sur les
pensions. »
Ce 30 millions $ qui sera versé va
réduire l'encaisse, de 137,3
millions $ (n'incluant pas certaines autres réclamations)
à 107,3
millions $.
Le PdA prévoit un paiement de 33
millions $ pour financer les OPEB
dans la première année qui suit la sortie de la LACC. Ce
paiement
immédiat de 33 millions $ est cependant
compensé dans sa plus grande
partie par un prêt. Le PdA écrit : « La
province va prêter un agrégat
de 22 millions $ à
USSC dans les années 1 et 2 pour financer à
l'avance le paiement des
OPEB. »
Si Bedrock prend le prêt en entier le 30
juin, il versera un
montant immédiat de 8 millions $ dans les OPEB. Le
montant que Bedrock
va payer pour combler ce qui n'est qu'une portion de la
réclamation
légitime des retraités pour les OPEB va provenir de la
nouvelle valeur
que les métallos de Stelco produisent maintenant
et produiront dans l'avenir. Ce paiement net de 8 millions $
réduit
l'encaisse en main de 107,3 millions $ à 99,3
millions $.
Un autre paiement doit être fait pour la
restauration
environnementale des terrains pollués de Stelco. Avec ce
paiement,
Bedrock est soulagé de toute responsabilité future pour
la pollution
causée par la construction de Stelco et sa production depuis un
siècle.
Le PdA le dit très clairement :
« Fonds destinés aux questions
environnementales historiques
« 1. À la date d'entrée en
vigueur du plan, un paiement unique et
non remboursable de 61 millions $ (en dollars
américains) sera fait à
la province. Pour qu'aucun doute ne soit créé, la
réception par le
gouvernement provincial de ce 61 millions $ (en dollars
américains) en
liquidités va satisfaire à cette
condition. »
Ce paiement net de 61 millions $ US ( 80
millions $ CDN) réduit l'encaisse disponible de 99,3
millions $ à 19,3 millions $.
Tous les paiements futurs promis pour les fonds de
pension et les
OPEB vont provenir de la valeur nouvelle que les travailleurs de Stelco
produisent et ne peuvent pas être considérés comme
faisant partie d'un
prix d'achat d'aucune sorte. Ces paiements vont réduire la
réclamation
des propriétaires de Bedrock à la valeur nouvelle qu'ils
contrôlent mais ils ne proviendront pas de leur propre
réserve de
liquidités qui se trouve aux États-Unis. La même
chose s'appliquera
quand ils vont rembourser les prêts provinciaux. On peut dire que
Bedrock possède et contrôle déjà Stelco,
à tout le moins depuis que le
dernier processus d'appel d'offres s'est terminé avec l'accord
de
novembre
dernier avec US Steel. Il était devenu clair que les gens en
position
de contrôle de la LACC favorisaient Bedrock, surtout US Steel et
le
contrôleur qu'il avait choisi, le responsable de la
restructuration et
le prêteur au débiteur-exploitant. Le fait que Stelco ait
amassé 300
millions $ sous la protection de la LACC en refusant de payer les
réclamations pour les OPEB, tout en versant des millions
à tous les
parasites de la LACC montre à quel point les usines de Stelco
peuvent
être profitables lorsque les prix ne sont pas inférieurs
au prix de
production.
Le gouvernement provincial a fait en sorte que la prise
de contrôle
de Stelco par Bedrock ne coûte pratiquement rien aux nouveaux
propriétaires car elle se fait par l'accumulation interne de la
valeur
nouvelle de Stelco et les prêts provinciaux. En plus de ne payer
pratiquement rien, Bedrock reçoit des installations profitables
où les
travailleurs
produisent et vont continuer de produire des montants énormes de
valeur
nouvelle à laquelle Bedrock va réclamer la valeur
ajoutée dont il fera
ce qu'il veut. Les relations de production impérialistes en
vigueur créent ce droit de s'emparer de la valeur que les
travailleurs
produisent et de l'utiliser conformément à leurs
intérêts privés
étroits.
Presque toutes les responsabilités sociales que
les propriétaires
ont eues envers les retraités actuels et futurs ont
été annulées.
Bedrock n'assume que peu ou pas de responsabilité envers la
restauration environnementale pour les dommages qui ont
été causés aux
terrains alors qu'on mettait sur pied les installations de production
dont il va
maintenant s'emparer. Les pensions, les OPEB et la
responsabilité
environnementale ont été retirés des bilans
financiers. Le prêt
précédent de 150 millions $ que lui a consenti
le gouvernement
provincial est disparu et de nouveaux prêts à Bedrock sont
à venir.
Le PdA écrit :
« La province (i) a accepté le retrait de
l'ensemble de ses
réclamations non garanties et des intérêts
accumulés jusqu'à
maintenant, ce qui représente environ 150,7 millions $
CDN ;
« (ii) elle va fournir des prêts garantis
à l'entité chargée des
terrains, à l'entité OPEB et à USSC pour financer
la clôture de la
Transaction et certains engagements de financement
ultérieurs ; et
(iii) elle va fournir une libération de certains passifs
environnementaux liés aux terrains de USSC. »
Une fois que tous les paiements immédiats connus
auront été faits à
même l'encaisse disponible, Bedrock va encore avoir en sa
possession 19,3 millions $ des liquidités de Stelco
pour payer les
quelques items qui vont être finalisés d'ici le 30
juin. À ce
moment-là, les nouveaux propriétaires vont avoir
accès à la production
de valeur nouvelle que vont faire les travailleurs de Stelco. Les
montants payés par Bedrock promis pour l'avenir et
destinés aux
pensions et aux OPEB vont provenir de la valeur nouvelle que les
travailleurs de Stelco produisent. Tout nouveau matériau qui
devra être
acheté dans le cadre du processus de production se retrouvera
dans la
valeur-acier
produite en tant que valeur transférée et reviendra aux
propriétaires
lorsque le produit social sera réalisé (vendu).
En concluant l'entente, Bedrock n'engage pas ses
propres liquidités
mais organise plutôt une ligne de crédit. Si le montant
qui reste en
liquidités n'est pas suffisant, le montant requis va provenir de
l'installation de production. Si l'argent provient de prêts
reposant
sur les actifs, il pourra être remboursé à
même la nouvelle valeur
créée par la
production à Stelco.
Le PdA poursuit :
« Bedrock va mettre à la disposition de
USSC une facilité de crédit
renouvelable reposant sur les actifs d'une valeur de 125
millions $
pour financer les coûts de clôture de la Transaction et les
coûts de
sortie de la LACC. »
Le PdA est une honte totale et un abandon de leur devoir
de la part
de ceux qui sont en position de responsabilité officielle au
sein des
gouvernements fédéral et provincial, à la Cour
supérieure de l'Ontario
et dans d'autres agences de l'État. À l'opposé, la
direction, les
membres et les retraités de la section locale 1005 du
Syndicat des
Métallos ont tout fait pour défendre leurs
intérêts, les installations
de Stelco, les communautés de l'acier et l'économie
canadienne. Les
Canadiens apprécient beaucoup leurs efforts et sont
confrontés à cet
exemple du plein déploiment du pouvoir des oligarques et de leur
machine d'État qui les force à regarder la situation bien
en face. Les
oligarques
sont totalement en mode attaque.
La classe ouvrière est chargée de la
responsabilité sociale
d'organiser et de mobiliser ses membres dans des actions avec analyse
soutenues pour défendre leurs droits et amener le pays dans une
direction nouvelle qui prive les oligarques de leur pouvoir de priver
les Canadiens de leurs droits. Il y a quelques jours à peine,
les
oligarques en
contrôle de Sears Canada ont annoncé que la compagnie se
plaçait sous
la LACC et procédait immédiatement à 2900
mises à pied et à un vaste
assaut contre les pensions et d'autres réclamations. Il faut
arrêter
ces attaques !
Organisons l'Opposition ouvrière
maintenant et mobilisons
les Canadiens
pour bâtir le Nouveau !
Cela peut se faire !
Note
1. Le PdA mentionne :
« Accord de transfert des actions
« (i) un Accord de transfert des actions
prévoyant le transfert
d'actions de USSC de USS à Bedrock, (ii) un Accord de remise de
dette
permettant la remise des créances non garanties de USS pour
considération nominale. (iii), trois accords de transition de
services
entre USSC et USS qui prévoient (x) des services informatiques
continus, (y)
des services informatiques de transition, et (z) des services
d'affaires de transition, (iii), un Accord relatif à la
propriété
intellectuelle et (iv) un Accord sur l'approvisionnement en boulettes
de minerai de fer. »
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