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Un an de campements des fermiers en Inde
Un océan d’humanité dit ce qu’il pense
Les fermiers et leurs familles – un océan d’humanité – sont venus aux Morchas (les campements) le 26 novembre avec leurs tracteurs et leurs charrettes pour souligner un an des Morchas, qui sont devenus leurs universités, leur démocratie de masse et leur détermination à poursuivre leur lutte et consolider leur unité. Les hommes, femmes, enfants, travailleurs, enseignants, étudiants, artistes, chanteurs, nihangs (guerriers), joueurs de kabbadi et poètes, y ont tous participé et exprimé leur détermination à poursuivre leur lutte pour une vie de justice et de dignité.
Un jeune poète, un descendant de Bhai Mardana, qui a accompagné Guru Nanak tout le long de sa vie, a chanté avec passion sur les obstacles et les barricades que le gouvernement Modi a dressés mais que les fermiers ont réduits en ruines. Un vibrant hommage a été rendu aux plus de 700 fermiers qui sont morts dans les Morchas à Lakhimpur Kheri et dans d’autres endroits dans cette lutte. Ils ont aussi parlé de la discipline et l’organisation nécessaires qu’ils ont développées au cours de cette année pour faire avancer la lutte. Une jeune fermière a dit que Modi s’est déjà vanté de son torse de 56 pouces mais les fermiers l’ont réduit à 26 pouces. Plusieurs femmes, hommes et aussi des jeunes ont rappelé les luttes menées au cours des décennies contre Delhi.
Les Indiens non-résidents (INR) partout dans le monde et leurs amis célèbrent cette année de lutte et le succès des fermiers et leurs alliés. Partout dans le monde des Indiens non-résidents ont hissé le drapeau des fermiers devant leurs maisons, dans leurs fenêtres et dans d’autres capitales. Des milliers de personnes dans plusieurs pays se sont joints aux fermiers en Inde.
Le 24 novembre, le cabinet du premier ministre Modi a approuvé la décision d’abroger les trois lois et a annoncé qu’un projet de loi sera présenté à la session parlementaire débutant le 29 novembre. Cependant, le gouvernement n’a pas parlé du prix minimum de soutien, une des principales revendications des fermiers pour une loi qui octroie une garantie de prix minimum.
Un Mahapahchayat (assemblée de masse) massif a été organisé par les fermiers à Lucknow le 22 novembre. Les fermiers de partout en Inde sont venus célébrer leur succès mais ont aussi affirmé que leur lutte se poursuivrait jusqu’à ce qu’on accède à toutes leurs revendications. L’un après l’autre, les orateurs ont souligné que ce premier ministre a l’habitude de faire des annonces et de ne pas y donner suite par des actions, certains disant qu’il s’est mérité le sobriquet de Ghoshna Mantri (le ministre des annonces). Jusqu’à ce qu’on accède à nos revendications et qu’elles soient adoptées en bonne et due forme, nous allons poursuivre notre lutte, ont dit les fermiers. Plusieurs autres orateurs ont souligné l’hypocrisie du discours à la nation de Modi par lequel il a annoncé l’abrogation des trois lois anti-fermiers.
L’organisation des fermiers la morcha Samyukt Kisan a écrit un lettre ouverte le 21 novembre au premier ministre Narendra Modi, dans laquelle ils soulignent :
« Premier ministre, vous êtes bien au courant que l’abrogation des trois lois noires n’est pas la seule revendication de notre mouvement. Dès le début des pourparlers avec le gouvernement, la morcha Samyukt Kisan a soulevé trois autres revendications. » Elles sont :
1. Le prix minimum de soutien basé sur le coût global de production (C2 + 50 %) doit devenir un droit juridique appartenant à tous les fermiers pour leurs produits agricoles, pour que chaque fermier du pays puisse être garanti d’avoir au moins le prix minimum de soutien tel qu’annoncé par le gouvernement pour l’ensemble de sa récolte. « Le comité créé sous votre présidence avait fait cette recommandation à l’ancien premier ministre en 2011 et votre gouvernement l’avait aussi annoncée au Parlement. »
2. Retirer le projet de loi Amendements à l’électricité, 2020/2021 proposé par le gouvernement (Au cours des pourparlers, le gouvernement avait promis qu’il serait retiré, et puis, manquant à sa promesse, le projet de loi a été compris dans l’ordre du jour du parlement).
3. Retirer les dispositions pénales visant les fermiers dans la Commission pour la gestion de la qualité de l’air dans la région de la capitale nationale et les zones adjacentes 2021. (Cette année, le gouvernement a retiré certaines des dispositions anti-fermiers mais, en vertu de la section 15 de cette loi, il est redevenu possible que des actions juridiques soient prises contre les fermiers pour le brûlage des chaumes ).
La morcha Samyukt Kisan a souligné aupremier ministre Modi que « les fermiers sont déçus en raison du manque d’annonces concrètes dans votre discours par rapport à ces importantes revendications. Les fermiers espéraient qu’au moyen de ce mouvement historique, non seulement les trois lois seraient abrogées, mais qu’ils obtiendraient aussi une garantie juridique d’un prix minimum de soutien rémunérateur pour leur dur labeur ».
Ils écrivent : « Premier ministre, au cours du mouvement historique de cette année, d’autres problèmes ont surgi qui doivent être résolus immédiatement. » Ils ont souligné que :
4. Des milliers de fermiers sont aux prises avec des centaines de procédures judiciaires suite à leur participation à ce mouvement (de juin 2020 à aujourd’hui) à Delhi, Haryana, Chandigarh, Uttar Pradesh et plusieurs autres États. Ces procédures doivent être retirées immédiatement.
5. Ajay Mishra Teni, le cerveau derrière l’affaire de meurtre à Lakhimpur Kheri et accusé en vertu de la section 120B [du Code pénal indien] est toujours libre comme l’air et est toujours ministre de votre cabinet. Il partage aussi le podium avec vous et d’autres ministres de haut rang. Il doit être congédié puis arrêté.
6. Au cours de ce mouvement, près de 700 fermiers ont sacrifié leur vie à la cause, le sacrifice suprême. Il doit y avoir un appui sous forme d’indemnisation et de réadaptation pour leurs familles. On doit accorder un lot de terre à la frontière de Singhu pour y ériger un monument à la mémoire des fermiers martyrs.
Ils écrivvent : « Premier ministre, vous avez exhorté les fermiers à maintenant retourner chez eux. Soyez assurés, nous n’aimons pas beaucoup être assis dans la rue. C’est aussi notre désir qu’après avoir résolu ces autres problèmes le plus tôt possible, nous retournions dans nos maisons, dans nos familles et à notre agriculture. Si c’est aussi ce que vous désirez, alors le gouvernement doit immédiatement reprendre les pourparlers avec la morcha Samyukt Kisan pour régler les six questions ci-haut mentionnées. Sans quoi la morcha Samyukt Kisan poursuivra ce mouvement. »
Plusieurs fermiers ont comparé cette lettre au premier ministre Modi à celle écrite par Guru Gobind Singh à Aurangzeb appelée Zafarnama, une épitre à la victoire dans laquelle est décrit la perfidie et l’oppression d’Aurangzeb et sa détermination à lutter contre elles.
(Photos et illustrations : Tractor2twetr, @MST_Oficial, Uniterre, M. Correggia. Traduction: LML)