En recourant à la pratique corrompue de la sous-traitance à un cartel mondial, le ministère de la Défense nationale (MDN) a révélé son parti pris contre les travailleurs. En changeant simplement d’entreprise contractante, le MDN a licencié, sans motif, huit employés du personnel de nettoyage du 15e Escadron de Moose Jaw de la base des Forces canadiennes en Saskatchewan.

« Tout le monde est très contrarié. Lorsque vous travaillez pour une entreprise au même endroit depuis 20 ans, vous faites partie de la communauté (et) vous faites partie du personnel quotidien », a déclaré Mona Simcoe, vice-présidente de la région Manitoba/Saskatchewan de l’Union des employés de la Défense nationale (UEDN).

Bien que travaillant sur une base du MDN, les huit travailleurs ont été classés comme employés d’Aramark, un cartel mondial qui fait la traite de travailleurs dans le monde entier dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des affaires, des prisons et des loisirs. En tant que cartel de la traite des êtres humains, Aramark fournit des travailleurs aux entreprises en tant que force productive jetable, vulnérable et bon marché.

Aramark et les autres entreprises de traite de la main-d’oeuvre sont des parasites de l’économie. Ils s’approprient une partie de la nouvelle valeur produite par les travailleurs, qui autrement irait aux travailleurs eux-mêmes ou aux entreprises où ils sont victimes de cette traite. L’insécurité et l’échange de contrats empêchent les travailleurs d’acquérir une certaine sécurité et de défendre leurs droits sur la valeur qu’ils produisent. De cette façon, le prix de la capacité de travail des travailleurs, le prix contractuel, est maintenu bas pour l’entreprise qui paie les trafiquants, ce qui constitue l’attrait de l’achat de la capacité de travail des travailleurs victimes de la traite.

Dans cette situation, les travailleurs du service d’entretien de Moose Jaw avaient réussi à adhérer à l’Union des employés de la Défense nationale et à améliorer quelque peu leurs conditions d’emploi. Mais cela disparaît avec le transfert du contrat à une autre entreprise de traite des personnes, en l’occurrence EnviroSafe Janitorial, qui explique très probablement les motifs MDN dans cette affaire.

Mona Simcoe de l’UEDN rapporte qu’EnviroSafe n’embauchera aucun des employés de nettoyage du MDN. L’entreprise, qui est farouchement antisyndicale, fera la traite d’autres travailleurs vers le MDN à bas prix, avec des salaires inférieurs, sans avantages sociaux, sans congés de maladie ni vacances supplémentaires.

L’UEDN et son organisation partenaire, l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) – Division des Prairies, disent qu’ils savaient que le contrat de nettoyage faisait l’objet d’un appel d’offres, mais les deux organisations ont été choquées que le MDN ait choisi la soumission la plus basse pour un contrat de nettoyage qui « ne concerne pas les fournitures ou l’équipement de nettoyage mais des personnes ».

L’UEDN et l’AFPC souhaitent que le ministère embauche les travailleurs à l’interne. « Il est important de reconnaître que ces travailleurs qualifiés ont veillé à ce que l’environnement soit toujours propre et aseptisé, permettant ainsi aux Forces armées canadiennes de rester prêtes pour la mission, avant et pendant la pandémie, a déclaré June Winger, présidente nationale de l’UEDN. Ils ont été un élément essentiel de l’équipe de la défense nationale de la 15e Escadre/BFC Moose Jaw pendant plus de 20 ans et ils nous manqueront énormément. »

Marianne Hladun, vice-présidente exécutive régionale de l’AFPC-Prairies, a déclaré : « C’est avec une grande tristesse que nous disons adieu à ce groupe exceptionnel de travailleurs assidus. Je tiens à exprimer notre gratitude et nos remerciements à ces travailleurs incroyables qui se sont surpassés pour offrir un service inégalé. »

Cela ne doit pas être la fin de l’histoire. La classe ouvrière doit imposer la fin de la pratique corrompue de la traite des travailleurs et des contrats qui « changent de mains ». Toutes les entreprises dépassant une certaine taille doivent embaucher tous leurs travailleurs directement et non par l’intermédiaire de trafiquants d’êtres humains.

Le MDN devrait avoir honte de s’attaquer de façon aussi flagrante à ces travailleurs, ce qui revient à s’attaquer à tous les travailleurs. Les huit nettoyeurs devraient avoir les mêmes salaires, avantages sociaux, conditions de travail et sécurité d’emploi que les travailleurs employés directement n’importe où dans la fonction publique et représentés par l’AFPC.

Cette attaque contre les travailleurs de Moose Jaw est un autre exemple de la façon dont les impérialistes traitent les travailleuses et travailleurs comme des personnes jetables, qu’ils mettent de côté et remplacent par des versions moins chères en utilisant des méthodes corrompues comme la sous-traitance. Le MDN devrait être forcé de réembaucher les travailleurs en tant qu’employés permanents de la fonction publique avec des salaires, des conditions de travail et une sécurité d’emploi similaires à ceux d’autres personnes effectuant un travail similaire.

Les grandes entreprises telles que les institutions publiques qui passent des contrats avec des trafiquants de travailleurs pour faire baisser le prix de la capacité de travail des travailleurs constituent une parodie corrompue et anti-travailleurs à laquelle il faut mettre fin. Placer un travailleur dans cette position vulnérable, sans droits, pour mieux l’exploiter et l’attaquer en toute impunité est inadmissible et doit cesser ! Appelez ou envoyez un courriel au MDN pour exiger qu’il réengage immédiatement les travailleurs licenciés de Moose Jaw en tant qu’employés de la fonction publique.