
Numéro 722 décembre 2021
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Une économie qui n’est pas sous contrôle humain
Inflation des prix et pénurie
– K.C. Adams –

Les gens sont choqués lorsqu’ils font leurs courses, pour l’épicerie et autres achats. Après avoir traversé les deux années difficiles de la pandémie, voici maintenant l’inflation des prix et la pénurie.
Les prix augmentent dans tous les domaines sauf pour le prix de la capacité de travail, qui reste à la traîne. Il n’est pas interdit de demander pourquoi. Pourquoi l’économie va-t-elle de crise en crise ? Pourquoi, à l’heure de l’intelligence artificielle, des robots et des voyages dans l’espace, l’économie est-elle toujours hors de contrôle et vue comme un mystère, insaisissable et inconnaissable ? Les économistes rivalisent de théories, mais n’ont aucune solution. Ils se contentent de décrire ce qui est évident.
L’élite dirigeante utilise son pouvoir politique et économique pour empêcher les gens de discuter et surtout les décourager de s’engager dans des actes pour trouver des solutions. Elle dit qu’une main cachée contrôle « le marché » et parle de l’économie comme si elle était équivalente au « marché ». Mais cette « main cachée du marché » ne règle rien. Tout comme dans la nature, rien ne se règle tout seul pour ce qui est des humains et de leurs besoins. Il faut une intervention humaine consciente, mais celle-ci est absente en ce moment.
D’abord, l’oligarchie dirigeante domine l’économie et lui fait faire des contorsions pour servir ses intérêts privés étroits et interfère avec tous les secteurs et composantes, les empêche de fonctionner comme un tout. Or, l’économie moderne est une économie socialisée et toutes ses composantes doivent travailler ensemble, non seulement dans un pays, mais dans le monde entier, en harmonie avec les besoins de l’ensemble de l’humanité.
Chaque secteur et chaque partie est lié à tous les autres, à l’ensemble, et à toutes les personnes. Les nombreux secteurs et composantes sont interconnectés et engagent tous les membres de la société dans un grand tout. Mais les oligarques ne veulent pas qu’on vienne s’ingérer dans « leur » section privée de l’économie. Ils sont hostiles aux autres, qu’ils voient comme des concurrents, et ils veulent que tous servent leur richesse et leur pouvoir. Leur contrôle de la propriété privée et leurs actions égocentriques, au service d’intérêts privés étroits, nous affectent tous et nous laissent, nous et l’économie, dans une situation de vulnérabilité, à la merci des caprices de la nature. Les membres de la société doivent eux-mêmes s’engager dans une intervention humaine consciente pour mettre toutes les composantes et tous les secteurs de l’économie sous contrôle, dans la grande perspective de l’être humain moderne, au service de tous les individus et leurs collectifs.
La fabrication et la distribution « juste à temps » signifient que la moindre interruption entraîne la pénurie. La mondialisation impérialiste et la concurrence intense pour les marchés, les matières premières, la main-d’oeuvre bon marché et les moyens de transport des marchandises ont dégénéré à tel point que maintenant tout est la faute des autres, les concurrents sont à blâmer pour chaque problème, jusqu’à la guerre s’il le faut. Des États entiers sont soumis à des sanctions brutales et pour toute chose, c’est la politique du bord de l’abîme et de la menace de guerre.
Des problèmes tels que la pandémie deviennent incontrôlables parce que les gens ne contrôlent pas la situation. L’élite dirigeante refuse ou a peur de mobiliser le peuple, peur que le contrôle lui échappe, tandis que les oligarques voient tout problème sous le seul angle de leurs intérêts privés, même en cas de crise, comme les cartels pharmaceutiques qui profitent de la pandémie pour encaisser des profits scandaleux avec la vente de vaccins.
L’élite dirigeante inonde l’économie d’argent pour payer les riches et préparer la guerre en utilisant de l’argent que les gouvernements ne possèdent pas et qu’ils empruntent le plus souvent à des prêteurs privés. Les dollars courent après les denrées rares. Les dépenses militaires atteignent de nouveaux records. La défense de la propriété privée, et non le bien-être de la population ou de l’économie d’un point de vue objectif, est la priorité absolue. Puis, lorsque l’inévitable crise éclate, on verse des larmes de crocodile, on lève les bras et déclare que rien ne peut être fait, que la seule solution est de se serrer la ceinture et de s’engager dans la guerre.
Lorsque l’interruption est causée par une catastrophe naturelle, comme les inondations et les dômes de chaleur en Colombie-Britannique, le manque de préparation signifie que des personnes vulnérables meurent de la chaleur ou des inondations ou se retrouvent sans abri. Le système de transport brisé et le manque d’assurance matérielle se traduisent par une pénurie et des étagères vides, même pour les produits de première nécessité.
Peut-être que le problème n’est pas l’économie comme telle à ce stade-ci, puisque le peuple n’a même pas le pouvoir de la réparer. Peut-être que le manque de contrôle sur l’économie est le problème. Sous la dictature des oligarques, le peuple est assailli par la désinformation et la discussion sur des solutions est découragée, surtout la discussion avec objectivité, celle qui tient compte des facteurs qui sont à l’origine des problèmes et montrent ce qu’il faut faire pour améliorer la situation.
Les experts qualifiés de l’élite dirigeante ont beau décrire la situation et les problèmes de l’économie jusqu’à s’en rendre malades, cela ne donne rien. C’est parce que ceux qui contrôlent l’économie ne veulent pas l’entendre et ne veulent pas résoudre les problèmes, car les problèmes économiques commencent avec eux et leur contrôle.
Les faits révèlent que le moment est venu de construire le Nouveau. Le peuple n’a pas besoin de la permission des oligarques pour s’organiser en vue d’un renouveau démocratique et pour placer l’économie sous le contrôle conscient de l’humain. C’est possible ! Cela doit être fait !
Les subventions gouvernementales à Algoma Steel ne résoudront aucun problème économique
L’élite dirigeante déclare que le fait de payer les riches avec des fonds publics et de leur permettre d’utiliser la protection de la faillite fédérale pour se soustraire à leurs obligations résout les problèmes économiques et apporte richesse et prospérité au peuple. Les paiements publics aux entreprises privées sont censés avoir un effet d’entraînement qui génère de la richesse, laquelle retombe sur les travailleurs sous forme d’emplois et de sécurité des salaires, des avantages sociaux et des pensions. En payant les riches et en faisant en sorte que leurs entreprises privées embauchent des travailleurs, les gouvernements déclarent les problèmes résolus et la fin des crises économiques récurrentes.
Cela n’a pas été le cas. L’expérience réelle au Canada a été tout à fait le contraire : le fait de payer les riches et de faire appel à la protection contre la faillite ont conduit à un affaiblissement de l’économie locale et de l’édifice national, et la richesse et le pouvoir ont été concentrés davantage entre les mains d’une oligarchie mondiale qui n’a de comptes à rendre à personne pour ses actions et dont l’objectif est pour le moins intéressé.
L’aide aux oligarques de New York ne résoudra pas les problèmes de Sault Ste. Marie
Ross Romano, député de Sault Ste. Marie du gouvernement progressiste-conservateur de l’Ontario, a récemment déclaré que l’investissement d’Algoma Steel dans la fabrication d’acier par four à arc électrique prouve que l’entreprise est de nouveau en bonne santé. En fait, plus de la moitié de l’investissement de 700 millions de dollars, soit 420 millions de dollars, provient du gouvernement libéral fédéral, et Ross Romano laisse entendre que des fonds supplémentaires seront bientôt disponibles du gouvernement provincial de Doug Ford. Il a dit dans le Soo Today que la fabrication d’acier par arc électrique « pourrait conduire à un retour de la prospérité économique pour le Nord de l’Ontario ».
Pour les métallos et les gens de la région, la question n’est pas de savoir si la fabrication d’acier par arc électrique est un développement positif ou non pour l’économie locale. La question principale est de savoir qui contrôle son introduction, qui a le pouvoir décisionnel sur la transformation, qui paie pour les nouveaux moyens de production et qui bénéficie du résultat ?
Ross Romano est le ministre ontarien des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs. Il était accompagné de trois autres ministres ontariens lors d’une conférence de presse à Algoma Energy pour annoncer « le retour du bon temps pour le Nord de l’Ontario ». Il a rappelé que, dans les années 1980, son père, son grand-père et deux de ses oncles faisaient partie des 12 000 métallos qui vivaient le « bon temps » d’autrefois, avant que l’entreprise Algoma Steel ne fasse faillite en 1993.
« Si vous viviez à Sault Ste. Marie ou dans les environs à cette époque, vous travailliez chez Algoma Steel, vous étiez parent avec quelqu’un qui travaillait chez Algoma Steel, ou au moins vous connaissiez quelqu’un qui travaillait chez Algoma Steel. À l’époque, les choses allaient très bien pour Algoma Steel et très bien pour Sault Ste. Marie aussi », dit Ross Romano.
Le « bon temps » s’est évaporé dans une crise économique, non pas une fois mais à plusieurs reprises. « Au moment où je commençais ma première année d’école secondaire en 1993, Algoma Steel traversait ses premières procédures de faillite et de restructuration, dit-il. Ce serait la première des trois procédures de ce type en autant de décennies. La situation à Sault Ste. Marie et dans tout le Nord de l’Ontario s’était sérieusement détériorée. »
Ross Romano a dit en conférence de presse : « Cela [la fabrication d’acier par four à arc électrique de 700 millions de dollars] démontre qu’Algoma est de nouveau en bonne santé […], que notre économie peut redevenir forte et que, à mesure que notre économie à Sault Ste. Marie et dans tout le Nord de l’Ontario s’assainit, nos communautés ont elles aussi une chance de redevenir fortes. »
Le député conservateur dit que d’autres « investissements » du gouvernement provincial dans Algoma Steel en 2018 pour la sauver de la protection de la faillite ont permis aux propriétaires privés de renoncer légalement à verser leurs contributions dans les régimes de retraite des métallos. De plus, en 2019, ils ont reçu un paiement gouvernemental de 60 millions de dollars qui, selon lui, « a conduit aux conditions qui ont rendu possible ce tout nouveau projet ». D’autres paiements à l’entreprise sont destinés à l’utilisation de l’argent et des installations du gouvernement pour enseigner aux travailleurs les compétences dont ils auront besoin pour exploiter les moyens de production du four à arc électrique.
Ces paiements gouvernementaux et les manoeuvres juridiques effectuées depuis 1993 sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) n’ont pas résolu les problèmes ni empêché les crises économiques récurrentes à Sault Ste. Marie et dans tout le Nord de l’Ontario. Elles ont permis aux riches de « s’en aller » les poches pleines et de se libérer de leurs obligations envers les travailleurs, les retraités, les fournisseurs locaux et même certains investisseurs qui ont perdu beaucoup durant la faillite en vertu de la LACC.
Mike Da Prat, président de la section locale 2251 du Syndicat des Métallos, s’est exprimé sur la situation après avoir entendu parler du paiement du gouvernement qui permet à Algoma Steel de se convertir à la fabrication d’acier par four à arc électrique. Il a rappelé que les métallos n’ont pas été consultés ni même informés de la décision, alors qu’ils seront les plus directement touchés en termes de formation nécessaire, de perte possible d’emploi et d’autres facteurs pendant la transition.
En ce qui concerne la résolution des problèmes économiques par le biais de la LACC et la remise de fonds publics à des intérêts privés, le président Mike Da Prat a dit : « Chez Algoma, nous avons traversé trois LACC. La direction nous a présenté des décisions dont on nous a dit qu’elles visaient à trouver des solutions à long terme à nos problèmes. Tout ce que la direction dit être à notre avantage ne l’est pas. Ils font beaucoup d’argent, ils accumulent des dettes, ils ne remboursent pas les pensions et ensuite ils ne peuvent plus continuer. Ils ne peuvent pas payer ce qu’ils doivent, disent-ils. Puis la réinitialisation a lieu aux dépens des travailleurs et des contribuables, et ensuite nous recommençons tout cela. Ils nous disent que ce nouveau projet sera bon pour le long terme. C’est exactement la même chose qu’ils nous ont dit à chaque fois. »
Tant que les travailleurs n’exerceront pas de contrôle sur la direction de l’économie, les oligarques mondiaux continueront de perturber la vie des gens, en appliquant leur objectif de profit privé maximal pour eux-mêmes, en expropriant la majeure partie de la nouvelle valeur que les travailleurs produisent pour l’utiliser n’importe où dans leurs empires privés mondiaux, et non pour répondre aux revendications et aux besoins de ceux qui vivent et travaillent dans les communautés locales ou pour financer d’autres éléments importants de l’édification nationale pour le bien commun.
Une nouvelle direction qui résout les problèmes de l’économie particulière et générale peut être trouvée par ceux qui font le travail et vivent de la valeur économique qu’ils créent à partir de leur travail et non de l’exploitation des autres. Élever le statut de la classe ouvrière à une position de contrôle et de décideur apporterait une nouvelle qualité et un nouvel objectif dynamiques à l’économie, ce qui ouvrirait la voie à la résolution des problèmes.
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