Numéro 6929 novembre 2021
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Le gouvernement du Manitoba doit cesser de s’ingérer dans les négociations
La grève de l’Association des professeurs de l’Université du Manitoba se poursuit
Les membres de l’Association des professeurs de l’Université du Manitoba (UMFA) sont en grève depuis le 2 novembre. Les 1 200 professeurs, bibliothécaires et instructeurs de l’UMFA ont vu leurs salaires gelés pendant cinq ans, et les membres se classent maintenant à l’avant-dernier rang en termes de rémunération parmi les 15 plus grandes universités de recherche du Canada. L’Université du Manitoba a affiché un important excédent dans son récent rapport financier.
Scholar Strike Canada, dans sa déclaration de soutien aux membres de l’UMFA en grève, souligne : « Les conditions de travail sont les conditions d’apprentissage. Les administrateurs de l’université peuvent rémunérer équitablement les membres de l’UMFA, mais ils ont choisi de permettre au gouvernement provincial de continuer de s’ingérer dans les négociations. Le gouvernement conservateur du Manitoba a imposé un plafond salarial déraisonnable. L’ingérence du gouvernement rend impossible toute négociation libre et équitable. » L’organisation affirme que le gouvernement du Manitoba continue de s’ingérer dans la libre négociation collective entre l’Université du Manitoba et l’UMFA et de mettre ainsi en péril l’avenir de l’éducation publique au Manitoba. Elle ajoute : « L’ingérence du gouvernement a conduit à une rupture des négociations et a forcé une grève. »
« Si nous sommes consternés que le président de l’université, Michael Bennaroch, ait refusé de protéger l’indépendance de l’université, nous sommes tout aussi déçus de voir que le gouvernement provincial continue de s’ingérer dans nos négociations en imposant son mandat salarial », a déclaré Orvie Dingwall, président de l’UMFA.
Le Renouveau appuie la position juste de l’UMFA et se joint à tous ceux qui demandent au gouvernement du Manitoba de retirer immédiatement le mandat de négociation qu’il a imposé et de permettre à l’UMFA et à l’Université de négocier de bonne foi afin de conclure une entente équitable et mutuellement acceptable.
À la défense de la liberté de parole et la liberté académique
L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université rejette la définition controversée de l’antisémitisme
À sa 91e Assemblée du Conseil le 26 novembre, l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) a défendu avec courage la liberté de parole et la liberté académique en rejetant les pressions exercées sur elle pour qu’elle se soumette à la soi-disant définition de travail controversée de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH). Par une résolution adoptée à l’unanimité, les délégués ont rejeté la définition de AIMH, qui confond toute critique et contestation d’Israël avec l’antisémitisme et est perçue par beaucoup comme une menace à la liberté académique. La résolution a été proposée par l’Association du personnel académique de l’Université de l’Alberta (APUUA) et appuyée par le Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal (SGPUM).
L’ACPPU représente plus de 70 000 professeurs et membres du personnel au Canada.
L’ACPPU a affirmé qu’elle « s’oppose » à l’adoption de la définition de l’AIMH par les institutions universitaires, « appuie la liberté académique de ses membres et reconnaît la nécessité de protéger les droits du personnel académique de critiquer tous les États, y compris l’État d’Israël, sans craindre les influences venant de l’extérieur, les compressions financières, la censure, le harcèlement, les menaces et l’intimidation ».
La résolution de l’ACPPU a été précédée de résolutions semblables adoptées par plus de trente associations et syndicats universitaires partout au Canada, ainsi que par l’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario (OCUFA)).
La définition de l’antisémitisme de l’AIMH s’inscrit dans une campagne mondiale visant à faire taire les critiques à l’égard de l’État d’Israël et à supprimer et criminaliser le soutien au droit d’être du peuple palestinien. Les autorités qui tentent d’imposer la définition de l’AIMH prétendent le faire pour s’opposer aux discours de haine, mais en fait, elles diffament et tentent de promouvoir la peur et la haine contre tous ceux qui soutiennent la juste cause du peuple palestinien. Parmi les universitaires qui ont été qualifiés à tort d’antisémites dans ce contexte, citons : Edward Said, Rabab Abdulhadi, Nadia Abu El-Haj, Steven Salaita, Norman Finkelstein, Angela Y. Davis, Marc Lamont Hill, Jasbir K. Puar, Nick Estes, Cornell West, Achille Mbembe, et bien d’autres.
Un appel aux enseignants universitaires à signer la lettre ouverte
Les membres du corps professoral des universités canadiennes sont appelés à se joindre aux plus de 600 professeurs qui ont déjà signé la lettre ouverte d’universitaires contre la définition de l’antisémitisme donnée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH). La lettre a été lancée par l’organisation Voix juives indépendantes du Canada et les universitaires sont appelés à la faire circuler parmi leurs collègues.
La définition de travail de l’antisémitisme qui est donnée s’inscrit dans une grande campagne internationale d’Israël et des groupes de lobbying, que le Canada appuie, pour faire passer toute critique d’Israël et tout activisme favorable à la Palestine pour un « nouvel antisémitisme ». Ils préconisent l’adoption de la définition controversée de l’antisémitisme donnée par l’AIMH par tous les niveaux de gouvernement, ainsi que par les institutions telles que les établissements universitaires et les services de police. Si elle est adoptée, la définition de l’antisémitisme que l’IHRA propose, qui confond antisionisme et antisémitisme, pose une menace réelle à la liberté de penser et d’enseigner, à la liberté d’expression et au droit de manifester.
Sur son site web, où la lettre est publiée, l’organisation Voix juives indépendantes écrit : « Soyons clairs, l’antisémitisme est un vrai problème et doit être combattu sous toutes ses formes. L’organisation Voix juives indépendantes participe activement à la lutte contre l’antisémitisme. Nous rejetons toutes les formes de racisme et d’oppression. Nous pensons que l’antisémitisme est intimement lié à d’autres types de haine et qu’il s’aggrave lorsque le racisme, la xénophobie et l’intolérance augmentent, peu importe leurs cibles. C’est pourquoi nous pensons que dans les faits, on nuit à l’importante lutte contre l’antisémitisme en qualifiant d’antisémites les efforts menés pour contrer l’oppression des Palestiniens et des Palestiniennes par l’État d’Israël. »
Si vous êtes un universitaire canadien et que vous désirez signer la lettre, cliquer ici.
Lettre ouverte
« Nous, membres de la collectivité universitaire canadienne et signataires de la présente pétition, déclarons que nous nous opposons à ce que les universités et autres organismes publics du Canada adoptent la définition de travail de l’antisémitisme formulée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH).
« L’antisémitisme est une menace concrète et de plus en plus mortelle pour les Juifs et les Juives. Nous ne croyons toutefois pas que l’adoption de cette définition puisse contribuer à vaincre cette forme insidieuse de haine. La définition de l’IHRA, que le gouvernement canadien a récemment fait sienne, est formulée de manière à délibérément assimiler à de l’antisémitisme les critiques légitimes à l’endroit d’Israël et la défense des droits des Palestiniens. Cette confusion nuit à la fois à la lutte des Palestinien et Palestiniennes pour la liberté, la justice et l’égalité et à la lutte mondiale contre l’antisémitisme. Elle sert aussi à protéger Israël de toute obligation de rendre des comptes à l’aune des normes internationales en matière de droits de la personne et au regard des prescriptions du droit international. Nous croyons qu’en adoptant la définition de l’antisémitisme proposée par l’IHRA, les universités canadiennes verraient un ‘climat de frilosité’ s’installer en leur sein, tant au plan de l’enseignement que de la recherche et du militantisme autour des enjeux touchant Israël et la Palestine. Nous demandons à tous ceux et celles qui valorisent les débats francs et ouverts et la liberté de penser et d’enseigner de rejeter cette définition qui mettrait en péril la recherche de la vérité et l’expression légitime de la dissidence. »
Pour plus d’information, y compris le rapport de Voix juives indépendantes sur la définition de l’AIMH, cliquer ici. On trouve d’autres informations sur la campagne ici.
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