Numéro 6724 novembre 2021
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Faire du Canada une zone de paix
Brisons le tabou au sujet de l’OTAN
– Margaret Villamizar –
Un des grands mythes répandus par les États-Unis et le Canada est que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une alliance pacifique, qu’elle promeut la paix et la sécurité dans le monde et qu’elle n’a pas d’autre raison d’être. Les faits montrent que l’objectif de l’OTAN n’est pas de défendre la paix ou de faire respecter le droit international. Plus le Canada promeut l’OTAN comme une force de paix, plus il devient crucial de briser le silence sur les discussions concernant l’OTAN.
Le gouvernement fait actuellement la promotion d’un soi-disant ordre international fondé sur des règles et dont l’OTAN serait le gardien. Dans cette construction mentale, les États-Unis établissent les « règles » que le reste du monde doit suivre et ce sont également eux qui décident qui punir et comment en cas de non-respect. Les pénalités vont des mesures coercitives telles les sanctions économiques et les blocus jusqu’à la menace d’invasion ou l’invasion et l’occupation comme telles. Tout cela est en violation de l’état droit tel qu’établi par la Charte des Nations unies et ses conventions, élaborées et acceptées par les nations du monde au sortir de deux terribles guerres mondiales pour « éliminer le fléau de la guerre ».
Le danger d’entraîner le Canada dans les guerres mondiales d’agression et d’occupation des États-Unis est trop important pour que les Canadiens soient tenus au tabou sur ces questions. Au Parlement et dans les médias officiels, il est pratiquement interdit de remettre en question le rôle de l’OTAN, l’appartenance du Canada à l’OTAN ou la raison d’être de cette alliance. Personne ne doit se laisser intimider par la menace d’être étiqueté ennemi de l’État ou menace à la paix et à la sécurité pour s’être exprimé contre l’OTAN. Il est crucial de briser le silence sur ce que les faits révèlent de façon accablante : que l’OTAN n’est pas une force pour la paix ou la sécurité des Canadiens et des peuples du monde. Il est crucial de briser le silence sur ce que le Canada doit faire.
Maintenant que le gouvernement Trudeau propose d’établir au Canada un « centre d’excellence de l’OTAN pour étudier les menaces à la sécurité posées par les changements climatiques », nous devons examiner ce que l’OTAN entend par menaces à la sécurité. Dans son « Plan d’action sur le changement climatique et la sécurité », l’OTAN qualifie les changements climatiques de « multiplicateurs de menaces » ayant « des incidences sur la sécurité des Alliés, tant dans la zone euro-atlantique que dans son voisinage ». Les changements climatiques, dit-il, « peuvent aggraver la fragilité d’un État, attiser des conflits et provoquer des migrations, des déplacements et des mouvements de population, créant des situations qui peuvent être exploitées par des acteurs étatiques ou non étatiques représentant une menace ou un défi pour l’Alliance ».
En d’autres termes, c’est la sécurité de l’OTAN, une alliance agressive au service des aspirations des États-Unis à la domination mondiale, et non la sécurité des peuples du monde, qui est menacée par la résistance des peuples aux conséquences des changements climatiques. Et cela est vérifié quotidiennement par le fait que l’OTAN est elle-même à l’origine de la destruction massive de plusieurs pays sur les ordres des États-Unis, en application de leur « ordre fondé sur les règles », et que cette destruction provoque le déplacement massif et souvent mortel de millions de personnes dans plusieurs régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
La pression du tabou sur ce sujet est telle aujourd’hui qu’il suffit de s’opposer à l’OTAN et d’appeler à son démantèlement pour être catalogué comme extrémiste, agent d’une puissance étrangère et menace pour la sécurité nationale, avec toutes les conséquences que cela entraîne. Il faut briser le tabou. S’il y a des « limites raisonnables » à la liberté d’expression, qui décide de ce qui est raisonnable et où se situent les limites ? Le droit à la parole en tant que droit civil peut être limité par la constitution et par des lois adoptées par des instances au-dessus du peuple, mais le droit à la parole en tant que droit humain ne peut jamais être supprimé ou retiré, car sans communication par la parole, l’humanité n’existerait pas. C’est de l’affirmation du droit d’être qu’il s’agit.
L’OTAN n’est pas une force de paix. Sortons le Canada de l’OTAN ! L’OTAN doit être démantelée !
Le Canada sera l’hôte d’un concours sur la guerre cognitive pour l’OTAN
Pendant tout le mois de novembre, le ministère de la Défense nationale du Canada, par l’entremise de son Commandement des Forces d’opérations spéciales, sera l’hôte du « Défi d’innovation de l’OTAN » qui a pour thème : « La menace invisible : outils pour lutter contre la guerre cognitive ». L’événement est décrit comme étant de style présentation destiné aux « penseurs innovants non traditionnels des 30 pays membres de l’OTAN » qui sont invités à « présenter des moyens de sécuriser le domaine cognitif contre les attaques ». Les gagnants auront droit à une visibilité internationale et à des prix en argent.
Dans son annonce, le ministère écrit : « La guerre cognitive cherche à modifier non seulement ce que les gens pensent, mais aussi leur façon d’agir. Les attaques contre le domaine cognitif impliquent l’intégration de capacités de cybernétique, de désinformation, de psychologie et d’ingénierie sociale. Le nouvel environnement opérationnel des décideurs met en jeu leur capacité à détecter les attaques contre le domaine cognitif et à y répondre.
« La guerre cognitive positionne l’esprit comme un espace de combat et un domaine contesté. Son objectif est de semer la dissonance, de susciter des récits contradictoires, de polariser l’opinion et de radicaliser les groupes. La guerre cognitive peut inciter les gens à agir d’une manière qui peut perturber ou fragmenter une société autrement cohésive. Le désordre qui en résulte peut influencer la prise de décision, modifier les idéologies et susciter la méfiance des alliés[1]. »
La prétention de l’OTAN de s’intéresser à ce qu’elle appelle la guerre cognitive pour protéger l’esprit des gens contre les choses terribles que ses ennemis peuvent faire aux citoyens des pays membres n’est pas différente des autres prétentions des États-Unis concernant leur intérêt pour la guerre biologique, la guerre chimique et les autres formes de guerre interdites en vertu du droit international : l’objectif est uniquement d’empêcher leurs ennemis d’y recourir à des fins défensives et de les utiliser eux-mêmes à des fins offensives!
La revendication que le Canada sorte de l’OTAN et que l’OTAN soit démantelée est juste et ne doit plus être bannie du discours politique dans notre pays.
Note
1. Voir « La ‘guerre cognitive’, le nouveau domaine d’intérêt de l’OTAN », LML, 7 novembre 2021
Une semaine d’actions du 22 au 26 novembre
Non à l’achat d’avions de chasse !
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Le gouvernement du Canada s’apprête à acheter 88 nouveaux avions de chasse pour 19 milliards de dollars dans un avenir rapproché pour répondre aux exigences croissantes de l’OTAN et des États-Unis. En y ajoutant les coûts d’entretien, de personnel, d’entreposage, etc., le montant grimpe à 77 milliards de dollars.
L’industrie militaire est l’industrie de loin la plus polluante et destructrice dans le monde. Ces avions ne sont ni verts ni propres et ils produisent une quantité énorme de gaz à effet de serre et de produits chimiques toxiques. Ils sont souvent basés sur des terres volées aux peuples autochtones et déployés pour bombarder des pays étrangers, pour détruire des communautés entières et des infrastructures, et ce sont les femmes et les filles et les populations qui sont les plus touchées par les déplacements et la violence. Le Canada doit être une zone de paix. Le Canada doit avoir une politique antiguerre et nous avons besoin d’un gouvernement antiguerre.
Les Québécois et les Canadiens sont contre les guerres d’agression et d’occupation et en faveur d’une politique étrangère fondée sur des relations d’égal à égal entre les peuples et les nations, grandes ou petites. Ils s’opposent à toute ingérence dans les affaires internes des autres pays et sont en faveur d’une paix véritable. La date du 25 novembre pour cette action a été choisie parce qu’elle coïncide avec la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et avec le lancement des 12 jours d’actions contre la violence faite aux femmes : les guerres d’agression et d’occupation menées contre les peuples du monde sont source d’une violence extrême contre les femmes et les enfants.
Pour toutes ces raisons, nous disons : Non à l’achat d’avions de chasse pour la guerre !
Des Montréalais contre les avions de chasse et la politique proguerre du gouvernement canadien. Pour info : montrealaiscontrelaguerre@gmail.com
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