Numéro 428 octobre 2021
La résistance des Wet’suwet’en à l’occupation par le pipeline CGL 2021
Récapitulation des événements récents
sur le territoire wet’suwet’en
– yintahaccess.com –
Protégeons la Wedzin Kwa!SEMAINE INTERNATIONALE D’ACTION DU 9 AU 16 OCTOBRE |
Le Renouveau reproduit ci-dessous un retour sur la situation et les événements récents au poste de contrôle Gidimt’en en territoire wet’suwet’en en date du 4 octobre 2021.
« Notre mode de vie est menacé. La Wedzin Kwa est la rivière qui alimente tout le territoire wet’suwet’en et est source de vie pour notre nation. » — Sleydo’, porte-parole du poste de contrôle Gidimt’en
En vertu de la ‘Anuc niwh’it’en (loi wet’suwet’en), tous les chefs héréditaires des cinq clans wet’suwet’en se sont unanimement opposés à toutes les propositions de pipelines et aucun n’a donné de consentement libre, préalable et éclairé à Coastal Gaslink (CGL) pour forer sur les terres wet’suwet’en.
Depuis le 25 septembre, pendant que les Wet’suwet’en de la Cas Yikh (maison du grizzly) et leurs supporteurs maintenaient le contrôle d’un site de forage de Coastal GasLink qui menace leurs territoires non cédés, la GRC a eu recours à un usage excessif de la force et des moyens de coercition douloureux se rapprochant de la torture contre les défenseurs des terres.
Que se passe-t-il sur le site archéologique ?
La compagnie de gazoduc Coastal GasLink a obtenu de la BC Oil and Gas Commission (OGC) un permis de réaménagement pour le village ancestral Ts’elkay Kwe par un processus de consultation imparfait et inefficace et sans le consentement libre, préalable et éclairé des chefs héréditaires des Wet’suwet’en.
Les Wet’suwet’en soutiennent depuis des années que le tracé de l’oléoduc menace des espèces vitales et l’utilisation culturelle et l’existence de sites patrimoniaux, et qu’il contrevient directement aux plans d’utilisation des terres des Wet’suwet’en, notamment en ce qui concerne les politiques relatives aux changements climatiques. Ce site archéologique en particulier est important pour les Wet’suwet’en parce que cela concerne la protection de notre patrimoine culturel pour les générations futures et la protection de notre histoire orale et de nos valeurs patrimoniales pour les négociations en cours sur les droits et les titres. Le ruisseau est l’habitat de l’anguille lamproie, espèce menacée, et se jette dans la Wedzin Kwa en passant par un village ancien et documenté.
L’entreprise continue de violer sa propre réglementation, les conditions établies par les organes directeurs tels que l’OGC et ses propres certificats d’évaluation environnementale. Ni CGL ni l’OGC n’ont entrepris de consulter la Cas Yikh ou le Bureau des Wet’suwet’en pour l’obtention du permis. Le processus de consultation et le système de délivrance des permis sont profondément défectueux et ne servent qu’à sanctionner les demandes de l’industrie. Les fichiers envoyés au Bureau des Wet’suwet’en étaient chiffrés et protégés par un mot de passe. Il n’a pas été possible de les ouvrir pendant la période d’appel, malgré tous les efforts des dirigeants wet’suwet’en. Le silence n’équivaut pas à un consentement et il est très troublant qu’on aille de l’avant avec la destruction d’un site patrimonial aussi important sur le plan culturel.
Un archéologue travaillant pour la Cas Yikh a récemment expliqué :
« Un permis de réaménagement de site a été accordé pour le défrichage du site GbSs-8 pour faire place au gazoduc Coastal GasLink, mais aucune information sur les travaux envisagés n’a été partagée avec le Bureau des Wet’suwet’en, Wo’os, la Cas Yikh ou l’auteur de ce rapport. Ce que l’on sait de l’archéologie du site du ruisseau Ts’elkay Kwe est lamentable. Cela est particulièrement inquiétant quand on sait combien le paysage a été habité et utilisé (selon les témoignages oraux et écrits) et quand on connait la concentration des sites lithiques, sentiers et dépressions culturelles. Par conséquent, toute destruction du patrimoine archéologique du site Ts’elkay Kwe doit être considérée comme une grossière erreur de calcul de la part du promoteur et de ses archéologues. En effet, puisqu’il n’y a pas eu de consultation et que le consentement n’a pas été accordé pour le permis de réaménagement du site, la poursuite de la destruction est très problématique et sans doute illégale. »
De nombreuses démarches ont été faites pour empêcher la destruction de ce site, notamment une lettre de cessation et de désistement envoyée à toutes les parties, y compris aux ministres provinciaux responsables des terres et des forêts, dans laquelle le chef héréditaire Dini ze’ Woos affirme :
« Pour être clair, nous n’autorisons pas et ne consentons pas à l’enlèvement, au « réaménagement » ou aux impacts sur notre patrimoine archéologique. C’est en vertu de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones — une déclaration mise en application par le gouvernement de la Colombie-Britannique en vertu de la Loi 41. »
Que se passe-t-il au site de la Wedzin Kwa ?
Coastal Gaslink se prépare à forer sous la Wedzin Kwa pour construire son gazoduc de 670 km alimenté en gaz obtenu par fracturation. Nous savons que cela serait désastreux, non seulement pour les Wet’suwet’en, mais aussi pour tous les êtres vivants qui vivent sur le territoire de la Wedzin Kwa, et pour les communautés vivant en aval. La Wedzin Kwa est une frayère pour le saumon et une source essentielle d’eau potable vierge sur le territoire.
Des Wet’suwet’en, dont Freda Huson des Unist’ot’en, travaillent sans relâche depuis dix ans pour maintenir leur accès et leur juridiction sur leurs territoires. La lutte pour sauver cette rivière a été longue et nuancée, avec de nombreuses victoires et de nombreuses défaites au fil des ans. De nombreuses compagnies de pipelines ont cherché à forer sous ces eaux et ont utilisé les tactiques coloniales d’intimidation et de violence contre les Wet’suwet’en et leurs supporteurs pour nous épuiser. Pourtant, la rivière est toujours propre, et les Wet’suwet’en restent forts. Cette bataille est loin d’être terminée.
Le matin du 25 septembre 2021, la route d’accès au site de forage de CGL a été détruite. Des barrages ont été mis en place et le site a été occupé afin d’arrêter le forage de ces sources sacrées qui nourrissent le Yintah et toutes celles qui se trouvent dans le bassin versant de la rivière. La Cas Yikh et ses supporteurs ont pris le contrôle de la zone et refusent de laisser cette destruction se poursuivre.
Voici un récapitulatif des événements de la semaine dernière :
21 septembre
Les entrepreneurs de Coastal Gaslink (CGL) sont arrivés, escortés par la GRC, et ont défriché des arbres et des buissons sur un ancien site sacré longeant la Ts’elkay Kwe.
Aucun archéologue était sur le site. CGL a aussi refusé de présenter un quelconque permis, mais a continué d’enlever les arbustes et les arbres abattus dans la vallée alors que les matriarches de Gidimt’en ont demandé une pause afin de consulter les chefs de la Cas Yikh, ainsi que les assistants chefs, les matriarches et les membres.
22 septembre
Après plusieurs jours de conflit entre les chefs et membres Gidimt’en/Cas Yikh, d’une part, et CGL et la GRC, de l’autre, les entrepreneurs ont défriché un site archéologique qui avait été détruit par de la machinerie lourde pour la construction d’un oléoduc de gaz méthane.
23 septembre
CGL a continué de défricher le site archéologique malgré les exhortations continues des chefs et des matriarches de la Cas Yikh d’arrêter leurs activités. On apprend que le site de forage à la Wedzin Kwa a été défriché et aplani, indiquant que le forage est imminent.
24 septembre
Des feux sont allumés et les membres et sympathisants de la Cas Yikh trouvent la force et les ressources nécessaires pour s’opposer à CGL et la GRC sur le site de forage. Il est de notre responsabilité de défendre la ‘Anuc niwh’it’en (la loi wet’suwet’en), en vertu de laquelle les cinq clans de Wet’suwet’en se sont unanimement opposés aux projets d’oléoducs.
25 septembre
Occupation du site de forage
Le matin du 25 septembre, la route d’accès au site de forage de CGL à la Wedzin Kwa a été détruite. Des barricades ont été érigées et le site a été occupé pour arrêter le forage sous les cours d’eau supérieurs sacrés qui nourrissent le Wet’suwet’en Yintah. La Cas Yikh et ses alliés ont pris le contrôle du site et refusent de permettre que la destruction se poursuive.
Pendant l’occupation, un sympathisant est attaqué au pistolet Taser et arrêté sur le chemin menant au site de la plateforme de forage. On a empêché les chefs ancestraux wet’suwet’en d’entrer sur leur propre territoire, on leur a lu l’injonction et on les a menacés d’arrestation. Les chefs ancestraux n’ont pas bronché et n’ont pas été arrêtés.
26 septembre
Les chefs ancestraux wet’suwet’en continuent d’appuyer l’occupation et réussissent, avec leurs sympathisants, à tenir le coup. CGL est incapable d’accéder au site et d’y mener des activités.
27 septembre
La GRC, faisant intrusion dans le Yintah au nom de CGL, a procédé à une autre arrestation sur le site de forage. Malgré leur horrible recours à la contrainte par la douleur, les agents de la GRC n’ont pas réussi à extraire la personne. Ils ont donc envoyé des entrepreneurs de CGL avec leurs outils plutôt que d’avoir recours à une équipe d’extraction formée. Suite à sa libération, la personne est allée recevoir de l’aide médicale dans une ambulance.
28 septembre
La présence des chefs ancestraux sur le Yintah a perturbé les activités de la police locale, qui n’a pas pu les empêcher de se rendre sur leur territoire. Les membres de la communauté continuent de se rassembler au site de forage, en solidarité avec les défenseurs de la terre.
30 septembre
Journée nationale de la vérité et de la réconciliation
La « Journée nationale de la vérité et de la réconciliation » a lieu partout au Canada, mettant pleinement en lumière le colonialisme continu auquel les peuples autochtones sont confrontés.
Sleydo’ affirme : « À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, la réconciliation est morte. Le gouvernement, l’industrie et la police envahissent toujours notre Yintah. L’autorité de la maison ancestrale et du système de clan des Wet’suwet’en a été reconnue par les décisions judiciaires historiques de Delgamuukw et Red Top, mais notre système ancestral continue d’être bafoué par la Colombie-Britannique et le Canada. »
Pour qu’il y ait réconciliation, tous les niveaux de gouvernements doivent honorer l’autorité des chefs ancestraux wet’suwet’en. Le public doit être sensibilisé aux efforts déployés par le gouvernement et l’industrie pour supprimer nos droits et nos titres.
Que puis-je faire ?
L’année dernière, les Wet’suwet’en et leurs alliés ont vu une résurgence massive de solidarité et de soutien dans le mouvement #shutdowncanada. Inspirés par la reconnaissance de, et la croyance en, la souveraineté et la juridiction autochtones sur leurs territoires, beaucoup de gens ont pris position et ont exprimé leur rejet de la politique canadienne de vol des terres et de génocide contre les peuples autochtones.
Cette année, nous devons faire #alloutforwedzinkwa ! Tout en oeuvre pour la Wedzin Kwa !
Le moment est venu de réénergiser ce mouvement après la longue et lente douleur de ces dernières années d’isolement. La rivière est menacée de façon imminente, et les personnes sur le terrain dans cette communauté isolée ont besoin de votre engagement, de votre action et de votre soutien.
Les façons de soutenir
Venez sur le terrain. Voir Come to the camp.
Trouvez ou organisez un rassemblement de solidarité près de chez vous. Envisagez d’organiser un rassemblement sur le site d’un bureau de réglementation, d’assurance ou d’investissement pour envoyer un message direct à ceux qui autorisent et soutiennent ce projet : Coastal Gaslink empiète sur les terres des Wet’suwet’en et ça ne passera pas.
Faites pressions sur le gouvernement. Appelez la BC Oil and Gas Commission, le ministère des Forêts et le bureau d’évaluation environnementale.
BC Oil and Gas Commission (2950 Jutland Rd, Floor 6, Victoria BC)
– Commissaire et directeur général de la BC Oil & Gas, Paul Jeakins; (250 419 4411), paul.jeakins@bcogc.ca
Ministre des Forêts, des Terres, des Opérations de ressources naturelles et du Développement rural
– Katrine Conroy; (250 381 6240), flnr.minister@gov.bc.ca
Bureau de l’évaluation environnementale
– Cheffe de projet, Meaghan Hoyle; (778 974-336), meaghan.hoyle@gov.bc.ca
– Directeur exécutif du projet, Fern Stockman; (778 698-9313), Fern.Stockman@gov.bc.ca
– Responsable de la confirmité et de l’application, (250-387-0131), eao.compliance@gov.bc.ca
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(Traduit de l’anglais par LR)
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