Numéro 384 octobre 2021
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L’affirmation des droits autochtones requiert des actes, pas des paroles
Des actions d’urgence en soutien aux défenseurs de la terre Wet’suwet’en
Action à Toronto le 1er octobre 2021 en soutien aux défenseurs de la terre Wet’suwet’en
Les défenseurs de la terre Wet’suwet’en poursuivent leurs actions pour défendre les sources sacrées de la rivière Wedzin Kwa desquelles vivent les habitants du territoire et des environs. Ils défendent leurs droits ancestraux sur leurs territoires contre des assauts organisés par l’État qui sont constants. Les Canadiens sont appelés à s’unir pour protéger ceux qui défendent leurs droits ancestraux sur leurs propres terres.
Une vidéo publiée le 4 octobre sur le fil des médias sociaux de Yintah Access montre une nouvelle cabane en bois rond « qui abritera les Wet’suwet’en pour les générations à venir », a déclaré Sleydo, porte-parole des Gidimt’en. La cabane se trouve sur le site dégagé par Coastal GasLink (CGL) pour le forage sous la Wedzin Kwa.
« Ils étaient censés avoir terminé tout cela au quatrième trimestre de l’année dernière, en 2020. Ils n’ont même pas été capables de terminer le forage géotechnique. Ils ont donc une année complète de retard et ils ne viendront pas de sitôt forer sous la Wedzin Kwa. Des gens vont vivre ici et le site est occupé à partir de maintenant.
« Ce projet (CGL) n’est pas une affaire réglée. Il n’est achevé qu’au tiers et la majeure partie des travaux réalisés ont été faits sur d’autres territoires, a déclaré Sleydo. Les Wet’suwet’en résistent à ce projet depuis le premier jour et continueront à le faire jusqu’à ce qu’il tombe. »
« Il est temps de mettre fin à tout cela une fois pour toutes, poursuit-elle, car il n’y a aucune chance que les Wet’suwet’en se retirent un jour. […] Nous n’allons nulle part. Nous renforçons nos positions. Nous n’abandonnons pas. »
La section torontoise d’Idle No More et les organisations Porcupine Warriors et Rising Tide ont tenu un rassemblement à Toronto le 1er octobre où des intervenants ont parlé des récents événements sur le territoire des Wet’suwet’en et des efforts de Coastal GasLink pour faire passer un gazoduc sur leurs terres sans leur consentement. Les participants ont été informés que les défenseurs de la terre Wet’suwet’en avaient pris le contrôle des lieux et fermé le site de forage de Coastal GasLink qui menaçait les eaux pures de la Wedzin Kwa et coupé la route d’accès au chantier de Coastal GasLink, en dépit des menaces et de la violence des services de sécurité privés et de la GRC.
L’appel a été lancé à tous à renforcer le soutien aux Wet’suwet’en dans leur lutte pour leurs droits territoriaux et leur souveraineté face au silence des médias et au gouvernement Trudeau qui soutient le gazoduc malgré une grande opposition parmi les Canadiens. Tous sont appelés à se tenir informés en visitant yintahaccess.com et à parler à leurs voisins, familles, amis et collègues de travail de la juste lutte des défenseurs de la terre Wet’suwet’en.
Les passants ont beaucoup apprécié les chants et la danse en rond à l’intersection Yonge/Dundas. Les marcheurs ont remonté la rue Yonge jusqu’à l’Université Ryerson où la statue d’Egerton Ryerson, l’un des architectes du système de pensionnats autochtones, a été renversée en janvier dernier.
Pour donner une voix aux femmes et filles autochtones assassinées et disparues sur la Route des larmes
Le 3 octobre, dans le cadre de la campagne des Robes rouges, des familles, des amis et des habitants de Prince George de tous horizons se sont réunis pour commémorer les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues le long de la route 16, la Route des larmes, et leur donner une voix.
Après une prière de bienvenue et un cercle de tambours et de chants inspirant la vie et la force, les membres des familles et les amis ont partagé leurs histoires de deuil et de détermination. Puis, les robes rouges vides portées haut, représentant les personnes perdues et disparues, les participants ont longé la Route des larmes et ont été accueillis par des passants qui leur faisaient signe et les automobilistes qui klaxonnaient leur appui.
L’événement a mis en lumière la douleur de la perte d’êtres chers, mais aussi la détermination de toutes les personnes présentes à travailler ensemble pour changer la situation.
Un rapport qui met en relief l’échec lamentable du gouvernement du Québec à protéger les peuples autochtones
– Pierre Soublière –
Le 30 septembre, presque deux ans jour pour jour après la sortie du rapport et des appels à l’action de la Commission Viens, un Comité de suivi composé d’avocats et de professeurs d’université a publié son propre rapport sur le suivi donné par le gouvernement à ces appels à l’action. La Commission Viens a été mise sur pied deux mois après que dix femmes autochtones de la région de Val-d’Or aient publiquement déclaré avoir été victimes d’abus de la part de policiers de la Sûreté du Québec. La Commission d’enquête devait aborder la question des relations entre les Autochtones et certains services publics : « écoute, réconciliation, progrès ». Le mandat de la Commission Viens – du nom du juge qui l’a présidée – était d’enquêter et de faire des recommandations au gouvernement pour qu’il adopte des mesures correctives face aux pratiques discriminatoires, aux traitements différents vécus par les peuples autochtones et à toute forme de violence. Les mesures devaient être concrètes, efficaces et durables en vue de prévenir ou éliminer, quelle qu’en soit l’origine ou la cause, toute forme de discrimination et de violence dans la prestation des services publics, couvrant la période de 2001 à 2016.
Le Comité mentionne d’emblée que la Commission Viens avait formulé 142 appels à l’action visant à améliorer les relations entre les Autochtones et les services publics examinés, soit les services de police, les services de justice, les services correctionnels, les services de santé, les services sociaux et les services de protection de la jeunesse. Il rappelle aussi que le décès tragique de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette le 28 septembre 2020, un an après le dépôt du rapport Viens, avait ramené à l’avant-scène les enjeux de racisme et de discrimination vécus par les personnes autochtones au sein des services publics québécois, notamment au sein des services de santé.
Le comité souligne à quel point il a été difficile pour lui d’obtenir toute l’information voulue des instances gouvernementales pour la rédaction de son rapport. Les organismes gouvernementaux indiquent n’avoir trouvé aucun document à transmettre pour 13 appels à l’action et ont refusé de répondre aux demandes relatives à 48 appels à l’action. Ainsi, seulement 60 appels à l’action ont fait l’objet de réponses détaillant leur considération et leur mise en oeuvre ou mentionnant des actions complémentaires entreprises. Pour 19 appels à l’action (14 % des appels à l’action documentés), le Comité n’a reçu aucune réponse de la part des ministères et services publics, malgré un délai de plusieurs mois pour y donner suite. Le Comité constate plus particulièrement l’absence de collaboration de la part du ministère de la Sécurité publique ainsi que le refus en bloc du ministère de la Santé et des Services sociaux de donner suite aux demandes d’accès à l’information le concernant.
L’exercice réalisé par le Comité a permis de constater que bien que certaines actions aient été entreprises pour mettre en oeuvre le rapport, plusieurs l’ont été de manière minimale, morcelée et non concertée, l’approche-même qui avait été critiquée par la Commission Viens. Selon le comité, le refus à ce jour de mettre en oeuvre l’appel à l’action sur l’adoption d’une loi pour prendre en compte les dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones en est un exemple révélateur.
Un exemple de la timidité avec laquelle certaines actions ont été amorcées est le fait que l’affichage en inuktitut dans les palais de justice de Kuujjuaq et Puvirnituq ne représente qu’une fraction de la réponse à apporter à l’appel à l’action 15, qui vise l’affichage bilingue ou trilingue dans tous les établissements des services publics qui desservent une population autochtone.
Pour ce qui est des interactions avec la police et les tribunaux, en particulier pour les personnes en situation d’itinérance – dans plusieurs villes le nombre de personnes autochtones en situation d’itinérance est largement disproportionné par rapport à leur nombre au sein de la population. Le comité mentionne que selon un des appels à l’action de la Commission Viens, les autorités devaient prendre en compte l’incapacité de payer des personnes vulnérables. Malgré cela, les réponses obtenues aux demandes d’accès à l’information que le Comité a effectuées auprès de plusieurs municipalités révèlent que des mandats d’arrestation continuent d’être émis dans plusieurs villes sans prendre en compte les faits.
Le Comité constate aussi que, bien que plusieurs mesures aient été prises au centre hospitalier de Joliette suite au tragique décès de Joyce Echaquan, ces mesures n’ont pas été généralisées dans les autres établissements hospitaliers qui desservent une clientèle autochtone. Il souligne aussi le refus du gouvernement du Québec à ce jour de reconnaître le Principe de Joyce développé par la nation Atikamekw Nehirowisiw, qui vise à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle, ainsi que le droit aux médecines ancestrales et à la conservation de leurs plantes, animaux et minéraux médicinaux essentiels. Le gouvernement doit aussi reconnaître le droit des Autochtones à l’autonomie et à l’autodétermination en matière de santé et de services sociaux.
Pour consulter le rapport intégral, cliquer ici.
En appui au peuple haïtien
Campagne de levée de fonds au profit
des victimes du séisme
Le dimanche 3 octobre, une campagne de levée de fonds a été lancée à Montréal pour aider les victimes du séisme dévastateur du 14 août 2021 qui a touché trois départements dans le grand Sud d’Haïti. Le Groupe interrégional de soutien en réponse aux organisations municipales d’Haïti (GISROMH) a été créé pour offrir un soutien structurant aux localités haïtiennes touchées durant la période post-urgence.
L’objectif de la campagne de levée de fonds, d’une durée de trois mois, soit du 3 octobre au 3 janvier 2022, est d’amasser 3 millions de dollars. Les actions et les décisions du GISROMH sont guidées par les valeurs suivantes: respect de la souveraineté haïtienne, autonomie, solidarité, pouvoir démocratique et participation des membres. Ces valeurs permettent d’articuler une approche visant des changements réels et systémiques, souligne le GISROMH.
Pour plus d’information, cliquer ici.
Des activistes manifestent contre le mauvais
traitement qui continue d’être infligé aux réfugiés haïtiens aux États-Unis
Manifestation du 2 octobre à Montréal contre le mauvais traitement infligé aux réfugiés haïtiens dans
le silence des États-Unis et du Canada
Une manifestation a eu lieu à Montréal le 2 octobre pour dénoncer le traitement qui continue d’être fait aux réfugiés haïtiens aux États-Unis. Prenant la parole au rassemblement, Jennie-Laure Sully, de Solidarité Québec-Haïti (SQ-H), a évoqué les années de déstabilisation d’Haïti par les pays membres du « Core Group », dont font partie notamment les États-Unis et le Canada, qui ont obligé de nombreux Haïtiens à fuir leur pays après le tremblement de terre de 2010. Forcés de traverser les Amériques, près d’une décennie plus tard, nombre d’entre eux sont récemment apparus à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Sans l’ingérence en Haïti de ce Core Group, « il n’y aurait pas de crise des réfugiés », a déclaré Jennie-Laure. La crise en Haïti est « le résultat direct des élections frauduleuses, organisées avec l’argent du Canada et des États-Unis », a-t-elle dit. Elle a conclu par ces mots : « Nous devons dire ‘Non, pas avec nos impôts, pas en notre nom ! La déstabilisation d’Haïti doit cesser !’ » « Le Canada insiste pour que d’autres élections frauduleuses soient organisées, a-t-elle poursuivi, afin que d’autres dirigeants, marionnettes à la solde des impérialistes, continuent à faire leur sale boulot en Haïti. Nous sommes contre le rôle que joue le Canada dans la crise haïtienne, dans la crise des réfugiés. ». Jennie-Laure Sully a également souligné la responsabilité du Canada en ce qui concerne la réunification des familles. « Beaucoup de réfugiés qui étaient à la frontière ont de la famille ici, auraient pu être réunis avec leurs familles », a-t-elle dit.
La représentante de SQ-H a abordé l’importance pour les États-Unis de « garder leur mainmise sur Haïti, pour avoir le contrôle non seulement des Caraïbes, mais de toute l’Amérique latine ».
Frantz André, également de SQ-H, a décrit le traitement des réfugiés haïtiens par l’administration américaine à la frontière entre le Mexique et le Texas comme « une barbarie et un comportement qui datent de l’esclavage » et que ce comportement « montre que ce groupe d’impérialistes veut continuer à piétiner, garder son genou sur notre cou pour nous étouffer et cela, nous ne pouvons l’accepter ».
Depuis au moins 2004, a-t-il dit, le Core Group « choisit nos présidents et s’en débarrasse. Haïti doit être reconnue comme souveraine et fière. Nous ne pouvons pas continuer à voir des réfugiés qui ont quitté leur pays être exploités et être déplacés à travers le monde « que ce soit au Brésil, au Chili, aux États-Unis ou ailleurs, dans l’espoir de trouver une terre promise, pour finalement se retrouver à la frontière américaine et être rejetés de manière aussi barbare par des cow-boys, des agents frontaliers à cheval, qui les fouettent et les repoussent dans la rivière, au risque d’être noyés. Ce qui est fait est criminel et le Canada a été et est complice s’il ne dénonce pas cela. »
Une porte-parole de la Liaison internationale des Haïtiens (LIH) a noté que ceux qui pillent Haïti « ont tendance à oublier qu’Haïti est une nation, c’est un peuple et comme toutes les autres nations et tous les autres peuples, les Haïtiens ont droit à leur dignité ». Elle a poursuivi : « Nous serons toujours une nation et nous nous battrons toujours pour notre liberté, pour la dignité qui nous est due.
« Il n’y a plus personne sous le pont à la frontière, il y a encore des gens en prison. Nous avons les rapports quotidiens qui montrent comment ils sont maltraités, forcés de dormir dans des chambres froides, sans que rien ne leur soit donné pour se laver.
« Nous sommes ici pour dénoncer l’inhumanité de ce qui se passe aux États-Unis et dans de nombreux autres pays. Tout le monde doit être traité avec dignité. Nous le méritons et l’exigeons. »
« Vive Haïti ! », a-t-elle conclu, ajoutant : « Nous sommes également ici pour soutenir tous les immigrants. »
Résistance
– Poème de Zaz pitit Dessalines –
Présenté lors de l’action du 25 septembre à Montréal à la défense des réfugiés haïtiens
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Tu enterres tes souvenirs d’enfances
Seul moyen de tenir la guerre à distance
De ta famille en errance
Victime du syndrome d’influence.
Face à cette folie en émergence
qui commande obéissance
en permanence
tu prends tes distances.
En zone de turbulence
tu assistes à la résurgence
des fausses croyances
chez ceux qui nagent dans l’opulence.
Aveuglées par l’esprit de vengeance
Insensibles à tes souffrances
Les grandes puissances
S’invitent dans ta résidence
TUENT impunément l’avenir
De tes enfants sans défense.
Devant ce grand silence
Se faire violence
Faire acte de présence
Réviser ses facteurs de concordances
Parles avec exubérance
Pour mettre fin à ta souffrance.
De ta bienveillance
On a abusé à outrance
Avec virulence
On tente de diluer ta substance
Ton essence les encombre
Ils ne veulent pas que tu sois du nombre
De ceux qui sortent de l’ombre.
Ce petit nombre
Fera tout pour que tu sombres.
Toi, qui fait partie du surnombre
Condamnée à vivre dans l’ombre
De ceux dont on incombe
la mission de creuser ta tombe.
Pour sortir de ta pénombre
Tu dois chasser ceux qui dans l’ombre
Travaillent pour que tes rêves finissent dans les décombres.
Lorsqu’on nous dénombre
Nous sommes plus qu’un nombre.
Notre valeur effraie ces faiseurs d’ombres qui rêvent qu’on tombe
L’heure de la renaissance
A sonné nouvelle fréquence.
Approche la fin des interférences
Importées sur ta terre de naissance
Qui doit accoucher d’une nouvelle indépendance !
Avec assurance
Elle avance
L’armée de résistance
Elle devance la cadence.
L’état d’urgence
A réveillé notre somnolence
Nos crises d’absences
Notre longue convalescence.
Nous mettrons fin à brève échéance
À cette ignoble indolence.
VIVE LA RÉSISTANCE !
VIVE LA RÉSISTANCE !
VIVE LA RÉSISTANCE !
« Résistance : mot inventé pour éviter aux hommes de vivre à genoux. » – Jean-Michel Ribes
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