Numéro 371er octobre 2021
Journée du chandail orange
Une journée nationale qui montre
que la vérité et la réconciliation passent par la défense des droits ancestraux
La Cour fédérale confirme la décision du Tribunal canadien des droits de la personne
Le 29 septembre, le juge Paul Favel de la Cour fédérale a confirmé deux ordonnances rendues par le Tribunal canadien des droits de la personne (TCDP) en 2019 dans une affaire portée par la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations et l’Assemblée des Premières Nations en 2007. Dans leur contestation initiale, les plaignants alléguaient que le gouvernement fédéral avait fait preuve de discrimination raciale à l’égard des enfants autochtones en sous-finançant délibérément les services de protection de l’enfance destinés aux enfants vivant dans les réserves, ce qui constituait une atteinte à la Loi canadienne sur les droits de la personne (LCDP).
La décision de la Cour fédérale rendue par le juge Favel s’appuie sur une audience d’une semaine tenue en juin 2021 après que le gouvernement fédéral ait demandé un examen judiciaire des deux ordonnances rendues par le TCDP en 2019. La première ordonnance prévoyait une indemnisation allant jusqu’à 40 000 dollars pour chacun des 163 000 enfants autochtones qui ont été retirés de leur foyer à partir du 1er janvier 2006, en raison du sous-financement délibéré des services de protection de l’enfance, ainsi qu’une indemnisation supplémentaire pour leurs familles. La deuxième ordonnance a confirmé le principe de Jordan, qui oblige le gouvernement fédéral à veiller à ce que les services sociaux et de santé essentiels aux enfants autochtones soient inclusifs et fournis sans délai. Cela inclut la prestation de services aux enfants qui n’ont pas de « statut » en vertu de la Loi sur les Indiens.
Depuis la décision du tribunal et même avant, le gouvernement libéral s’est engagé dans des contestations judiciaires en utilisant des fonds publics pour faire annuler le jugement sur la base du mérite, de la compétence et du droit. Au lieu de se conformer à l’ordonnance du tribunal de verser une compensation aux enfants autochtones, des millions de dollars provenant des coffres publics ont été dépensés pour tenter de renverser cette décision. Lors de l’audience de juin 2021, par exemple, John Frater, l’avocat en chef du gouvernement, a soutenu que le TCDP avait outrepassé ses compétences et que sa décision était « sérieusement erronée ». Il a également déclaré qu’« il n’y avait aucune preuve à l’appui de cette ordonnance de compensation massive ». Dans sa présentation à l’audience, l’avocat de l’Assemblée des Premières Nations, David Nahwegahbow, a qualifié les arguments et la conduite du Canada d’« insensibles et sans coeur ». Il a ajouté : « Depuis 2008, le Canada s’est engagé dans une campagne d’obstruction, de retardement, de déviation et de non-conformité dans les procédures judiciaires, parallèlement à une conduite discriminatoire continue et consciente dans ses opérations et à des messages politiques totalement incohérents à l’intention du public canadien et des Premières Nations. »
Rappelons que lors du débat des chefs en anglais le 9 septembre, Justin Trudeau a nié que son gouvernement jouait ce rôle d’obstruction sordide à la décision du TCDP.
Dans sa décision écrite, le juge Favel, membre de la Première Nation crie de Poundmaker en Saskatchewan, examine l’ensemble de l’affaire depuis le début. Il fait notamment remarquer que le TCDP n’avait pas outrepassé son autorité et n’avait pas outrepassé sa compétence en vertu de la LCDP. Il fait également remarquer que le gouvernement fédéral n’avait pas du tout fait valoir ses arguments sur la base de la preuve et qu’il avait eu de nombreuses occasions de faire appel des ordonnances précédentes, mais ne l’a pas fait. Il a donc rejeté l’appel.
Le Parti marxiste-léniniste du Canada félicite la Dre Cindy Blackstock et toutes les organisations et personnes autochtones qui ont tenu bon pour affirmer les droits des enfants autochtones, une position qui a le plein soutien des Canadiens. Le PMLC lance l’appel à tous à demander des comptes au gouvernement libéral de Justin Trudeau pour le maintien du traitement raciste des enfants autochtones. Ne laissons pas les libéraux continuer de bafouer les droits des enfants autochtones par de nouveaux appels et de nouvelles perfidies.
Lancement d’un documentaire par
les services familiaux Carriers Sekanis
À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, les services familiaux Carriers Sekanis ont présenté un nouveau documentaire intitulé For Love qui expose le lien entre les pensionnats indiens et le fait que 29 000 enfants et jeunes autochtones se retrouvent aujourd’hui dans le système canadien d’aide à l’enfance.
« Les horreurs des pensionnats commencent enfin à être comprises par les Canadiens non autochtones, a déclaré la productrice Mary Teegee des services familiaux Carriers Sekanis. Je voulais que ce film sensibilise les gens au traumatisme générationnel causé par les pensionnats. Mais il célèbre également la résilience de notre peuple, et montre comment les communautés à travers le pays reconstruisent les liens familiaux et les riches cultures. »
For Love est raconté par la chanteuse Shania Twain et réalisé par l’artiste et cinéaste Matt Smiley. Il est produit par Matt Smiley et Mary Teegee des services familiaux Carriers Sekanis, qui ont également produit le documentaire Highway of Tears en 2015, sur les femmes autochtones disparues et assassinées.
Pour voir la bande-annonce de For Love, cliquer ici.
Les défenseurs de l’eau mi’kmaq remportent
quelques batailles
Depuis près d’un an et demi, les défenseurs de l’eau mi’kmaq tiennent un campement, le Truckhouse #2, le long du pont-jetée Windsor de l’autoroute 101 en Nouvelle-Écosse pour veiller à ce que le gouvernement respecte les débits d’eau de marée essentiels à l’habitat du poisson dans l’estuaire macro-moteur de la rivière Avon. Grâce à leur résistance et leur travail organisationnel, ils ont remporté certaines batailles.
Plus récemment, le ministère fédéral des Pêches et Océans a décrété que le ministère de l’Agriculture de la Nouvelle-Écosse ainsi que la personne ou les personnes responsables du système de barrage du pont-jetée sur la rivière Avon doivent « ouvrir toutes grandes les écluses à chaque reflux de marée et les ouvrir toutes grandes à chaque flux de marée pendant un minimum de 10 minutes d’entrée d’eau salée à l’amont des barrages ». C’est une des revendications des défenseurs de l’eau mi’kmaq.
Zaac Paul, un activiste qui est présent au campement depuis 15 mois, a dit au Renouveau que les marées estuaires des rivières dans le bassin Minas sont une ressource écologique rare et unique. Lorsque l’autoroute 101 a été construite dans les années 1970, le pont-jetée Windsor a essentiellement étouffé la rivière et changé l’écosystème.
Le gouvernement provincial construit présentement une autre voie pour jumeler l’autoroute 101, ce que les Mi’kmaq appuient parce que c’est pour la sécurité des voyageurs qui empruntent l’autoroute. Il s’agit toutefois de veiller à ce que les structures qui traversent la rivière Avon n’entravent pas la fluctuation des niveaux d’eau due aux marées. Les structures prévues jusqu’ici pour le projet de jumelage ne sont pas conçues pour soutenir un courant de marée. Le campement Truckhouse #2 a été mis en place pour surveiller le niveau de marée en ce qui a trait à la structure actuelle et pour tenir le gouvernement responsable de l’environnement compte tenu des nouvelles structures en construction.
Les « maisons de troc » « truck house » remontent au traité de 1762 entre les Mi’kmaq et la Couronne, lequel traité reconnaît le droit des Mi’kmaq de construire des structures sur toutes les rivières selon leurs besoins. Dans ce cas-ci, il s’agit de conserver l’habitat du poisson et d’exiger une infrastructure routière qui n’interfère pas avec l’habitat essentiel à la reproduction du poisson.
Zaac Paul a dit que c’était un aspect important du travail fait au campement Truckhouse #2, soit la sensibilisation, l’éducation et l’apprentissage. Plus de 81 % des résidents locaux qui ont répondu au sondage sur le pont-jetée Windsor ont appuyé la position des défenseurs de l’eau à l’effet que les nouvelles structures ne doivent pas entraver le courant de marée et l’habitat du poisson. Par exemple, le Syndicat des pêcheurs des Maritimes a donné son appui, comprenant très bien ce qui est en cause, tout comme l’a fait la Société ancestrale de la rivière Avon.
Quiconque aimerait contribuer aux efforts des défenseurs de l’eau de la rivière Avon peut envoyer un courriel à 1752treatytruchouse2@gmail.com ou visiter la page Facebook de la Société du traité Truckhouse #2.
Appel à la justice et réparation pour Joyce Echaquan
lors de la commémoration solennelle
Le mardi 28 septembre en début de soirée, s’est tenue une veillée commémorative à la Place Émilie-Gamelin à la mémoire de Joyce Echaquan. Plus tôt le matin, à 10 h 30, la famille et des proches se sont retrouvés devant le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière pour marquer l’heure où, un an plus tôt, Joyce Echaquan a perdu la vie.
Il y a un an, le 28 septembre 2020, Joyce Echaquan, une jeune femme atikamekw de Manawan, mère de 7 enfants dont la plus jeune était âgée d’à peine 7 mois, a perdu la vie dans des circonstances inhumaines au Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière à Joliette.
Les rassemblements ont réclamé justice pour Joyce et pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, la fin des indignités et des injustices commises à l’égard des Premières Nations, la mise en oeuvre par le gouvernement des 142 recommandations de la Commission Viens du Québec et de celles contenues dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, ainsi que la reddition de compte des gouvernements et la concrétisation immédiate.
En soirée, plus de 250 personnes de tous les milieux se sont rassemblées durant la vigile pour apporter soutien et force à son époux, à ses enfants et à la communauté atikamekw qui la pleurent toujours.
La soirée a débuté au son du tambour, un instrument de la spiritualité autochtone, et d’un chant autochtone. Beaucoup de personnes tenaient des chandelles et un espace avait été aménagé de chandelles et photos en hommage à Joyce. Une ambiance solennelle de recueillement pour Joyce a marqué la soirée. Une minute de silence a été consacrée à ce recueillement de tous. Au milieu de celle-ci, deux lanternes ont été lancées dans le ciel par des membres de sa famille en guise de pensée pour Joyce.
La soirée était organisée par la coalition Uni(e)s pour Joyce et le Collectif Soignons la justice sociale qui ont présenté à la foule le Principe de Joyce, élaboré et lancé par le Conseil des Atikamek de Manawan pour obtenir justice pour Joyce et ses pairs. Ils appellent le gouvernement et les différentes institutions à l’appuyer et le reconnaître, comme ligne de conduite.
Une infirmière en obstétrique a parlé d’un mouvement qui s’organise à contre-courant de la CAQ pour l’adoption et l’application du Principe de Joyce dans le réseau de la santé et de l’éducation. « Pour ceux et celles d’entre vous qui oeuvrent dans le réseau de la santé, je vous invite à répondre à l’appel à la justice auquel nous avons le devoir de répondre et à vous tenir aux côtés des communautés autochtones que nous servons », a-t-elle dit.
Les nombreuses prises de parole ont fait ressortir la détermination et la fidélité des organisateurs et de tous les gens présents envers Joyce et envers la lutte des peuples autochtones pour la justice et pour la défense de leurs droits et des droits de toutes et tous. La mort cruelle de Joyce face à un système de santé raciste et détruit par l’offensive antisociale des gouvernements est un rappel de la nécessité de changement et de mettre fin à cette destruction, alors que Joyce et tant d’autres personnes perdent la vie pour ne pas avoir reçu les soins adéquats pour sauver leur vie.
Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, a insisté sur la nécessité de se fier sur nous-mêmes pour changer les choses et que c’est à nous de se mobiliser pour augmenter la cadence pour apporter du changement.
Rendre justice pour Joyce, pour les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, pour les enfants autochtones enterrés dans des tombes anonymes et pour mettre fin aux indignités et aux injustices commises contre les Premières Nations était présent dans l’esprit de tous. Par leurs réclamations, recommandations et consultations, les gens exigent des comptes aux gouvernements et exigent des actions immédiates pour qu’elles deviennent réalité, dont la fin des relations coloniales des gouvernements et de l’État canadien avec les peuples autochtones et la reconnaissance de leurs droits.
Plein appui à la famille Echaquan et soutien à la communauté atikamekw !
Tous ensemble pour mettre fin au racisme et aux indignités envers les Premières Nations !
Note
1. Déclaration du Principe de Joyce
Le Principe de Joyce vise à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle.
Le Principe de Joyce requiert obligatoirement la reconnaissance et le respect des savoirs et connaissances traditionnelles et vivantes des autochtones en matière de santé.
(Photos : A. Querry)
Arrestation violente d’un défenseur de la terre au poste de contrôle de Gidimt’en
Au poste de contrôle de Gidimt’en la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, 30 septembre 2021
À la veille de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, les crimes commis par le Canada contre les peuples autochtones sont bien évidents sur le territoire Wet’suwet’en. Le poste de contrôle de Gidimt’en a publié une vidéo qui montre comment la police et les agents de sécurité de Coastal Gas Link arrêtent brutalement les défenseurs de la terre. Le rapport qui l’accompagne se lit :
« Le 27 septembre, un défenseur du territoire qui bloquait l’accès à un gazoduc transportant du gaz issu de fracturation hydraulique a été brutalement arrêté. Il s’agit de la deuxième arrestation sur la route d’accès au site de forage où Coastal Gaslink (CGL) prévoit forer sous Wedzin Kwa (la rivière Morice), la source sacrée des Wet’suwet’en yintah. »
Le rapport poursuit :
« L’arrestation a été brutale. Les agents de la GRC ont utilisé pendant une heure une technique de ‘contrainte par la douleur’ sur la personne qui s’était attachée sous l’autobus à l’aide d’un dispositif appelé ‘sleeping dragon’ (les bras dans un tube), en insistant pour que la personne lâche prise, ce qu’elle ne pouvait évidemment pas faire.
« La GRC a ensuite fait venir des entrepreneurs de CGL, au lieu d’une équipe d’extraction, pour retirer la personne sous l’autobus. L’injonction stipule très clairement que la GRC est la seule à pouvoir la faire respecter. Cela constitue une violation de cette disposition. »
Les défenseurs de la terre rappellent que les actions violentes du 27 septembre sur le territoire Gidimt’en font suite au refus de prolonger une injonction contre les manifestants qui ont érigé une barricade pour faire cesser l’exploitation forestière des forêts anciennes de Fairy Creek sur l’île de Vancouver, en raison des tactiques violentes de la GRC contre les manifestants.
Le rapport conclut :
« Il s’agit de notre yintah (terre). Il en a toujours été ainsi. Ils essaient de voler nos terres et nos ressources depuis l’arrivée des Européens, et ils sont prêts à passer au bulldozer et utiliser la torture pour les obtenir, car tout ce qui les intéresse, c’est l’argent.
« Nous n’abandonnerons jamais. Joignez-vous à nous. »
Au calendrier d’événements
Robes rouges sur la Route des larmes à Prince George
Dimanche 3 octobre à 13 h
Rassemblement à Mr. PG (coin des routes 97 et 16, «route des larmes»)
Amenez une robe rouge pour la tenir en hommage aux disparues. Nous serons leur voix et veillerons à ce qu’elles ne soient pas oubliées.
Il s’agit d’une action respectueuse des consignes de sécurité sanitaire, alors amenez un masque et du désinfectant pour les mains et gardons nos distances.
Information: pgreddress@outlook.com
(Pour voir les articles individuellement, cliquer sur le titre de l’article.)
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