Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)

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Numéro 4527 octobre 2019

 
 

DANS CE NUMÉRO
• À quoi s’attendre du gouvernement minoritaire de Trudeau
• Note aux lecteurs

 

À quoi s’attendre du gouvernement minoritaire de Trudeau

Depuis qu’on a annoncé que le Canada aura un gouvernement minoritaire dirigé par le Parti libéral et son chef Justin Trudeau, il est abondamment clair que ce gouvernement continuera de gouverner comme il l’a fait durant son premier mandat. Le gouvernement libéral continuera de payer les riches et de faire adopter des budgets conçus par les plus hautes sphères de l’oligarchie financière. Il continuera d’agir impunément et de s’ingérer dans les affaires intérieures de pays souverains pour imposer un changement de régime aux pays que les États-Unis cherchent à placer sous leur domination.

Pour gouverner en toute impunité, le gouvernement minoritaire continuera de saper les principes qui sous-tendent la constitution du Canada, les traités internationaux et les institutions dites démocratiques. L’utilisation des pouvoirs de prérogative du Cabinet dans l’affaire SNC Lavalin et l’ingérence dans les poursuites ont été la règle et non l’exception pour ce gouvernement. Rappelons que Trudeau a choisi de ne pas tenir compte des recommandations du comité parlementaire multipartite concernant le remplacement du scrutin majoritaire uninominal à un tour par un système proportionnel. Ce n’est qu’un autre exemple flagrant du mépris des conventions et de la détermination de ce gouvernement à éliminer les réglementations conçues pour limiter les pouvoirs ministériels.

Fouler aux pieds les droits des peuples autochtones

La façon dont le gouvernement Trudeau poursuit ses plans pour la construction du pipeline Trans Mountain est un autre bon exemple de l’utilisation des prérogatives ministérielles pour gouverner en toute impunité. L’oléoduc traverse des territoires non cédés sur lesquels les peuples autochtones sont les décideurs depuis les temps immémoriaux. Il est conçu pour connecter un terminal à l’est d’Edmonton à un terminal maritime à Burnaby, en Colombie-Britannique. Le projet d’expansion prévoit la construction d’un deuxième oléoduc presque parallèle au premier pouvant transporter près de deux fois plus de pétrole brut chaque jour.

En septembre 2018, après que la Cour d’appel fédérale ait renversé l’approbation du projet de construction du gouvernement fédéral, invoquant l’insuffisance de l’évaluation environnementale et le manque de consultations avec les peuples autochtones, la construction a été interrompue. Le gouvernement Trudeau a approuvé l’agrandissement une deuxième fois en juin 2019 en affirmant que le projet satisfaisait maintenant les deux exigences en question. La construction du pipeline a repris en août. Le 23 octobre, un porte-parole de Trans Mountain Canada a déclaré que les travaux avaient commencé sur les terminaux maritimes en Colombie-Britannique et les stations de pompage en Alberta. Un porte-parole du gouvernement a annoncé le 23 octobre que la construction des 50 premiers kilomètres de l’oléoduc commencera bientôt dans la région d’Edmonton.

Or, les communautés autochtones ont entamé une autre poursuite judiciaire et font valoir que le processus de consultation secondaire entrepris par le gouvernement plus tôt cette année était une supercherie. Le gouvernement Trudeau a obtenu la signature de certains chefs de bande consentants, mais ces derniers représentent la Couronne, pas les peuples, et ce, sur de petites parcelles de terres de la Couronne appelées réserves.

Le gouvernement agit aussi de connivence avec des particuliers pour faire croire que l’oléoduc profitera aux peuples autochtones en leur apportant différents avantages économiques. Radio-Canada rapporte également que les libéraux ont promis de créer un fonds annuel de 300 millions de dollars provenant des recettes des pipelines pour des solutions naturelles aux changements climatiques, notamment la plantation d’arbres et la conservation et la restauration des forêts, des prairies, des terres agricoles et des zones côtières.

La vanité du pouvoir de prérogative —
Trans Mountain une « affaire classée »

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a récemment déclaré à la Presse canadienne que le pipeline Trans Mountain était une « affaire classée ». Afin de détourner des raisons pour lesquelles le gouvernement est si empressé de dire que l’affaire est conclue et d’une si grande importance pour l’oligarchie financière en tant que stratagème pour payer les riches et pour alimenter directement l’économie de guerre aux États-Unis, le gouvernement Trudeau enveloppe le projet de grands idéaux.

« Nous l’avons acheté pour une raison, a déclaré M. Morneau à propos du TMX. Nous voyons maintenant comment cela peut nous aider à accélérer notre transition vers les énergies propres en intégrant les revenus que nous en tirerons dans cette transition. Nous pensons que c’est la meilleure façon de progresser dans notre contexte actuel. » Il a dit que les travaux sur le pipeline étaient en cours et que la décision d’aller de l’avant avait été prise.

Une nouvelle contestation judiciaire a été lancée contre le projet Trans Mountain précisément parce que les prétendues consultations sont perçues comme une fraude. Trudeau persistera certainement à utiliser les prérogatives du Cabinet pour donner aux oligarques au pouvoir ce qu’ils veulent, mais la crédibilité des institutions démocratiques en prendra un coup. La prétention que le Canada est en train de nouer des relations de nation à nation avec les peuples autochtones s’évapore. Cela aggravera la crise dans laquelle se trouve le Canada parce qu’il refuse de régler les comptes avec son passé colonial, qui est devenu un présent colonial. Les agissements du gouvernement montreront que la prétention du Canada de vouloir faire respecter les traités de l’ONU sur les relations avec les peuples autochtones et les droits humains est une contrefaçon. Les tentatives du Canada de projeter des définitions intéressées d’un ordre mondial fondé sur les règles apparaissent en effet très suspectes.

Si le gouvernement tient tant à répéter le dogme selon lequel les pipelines créent des emplois pour les travailleurs de l’Alberta, c’est pour décourager les travailleurs des deux provinces et de l’ensemble du pays de s’organiser pour changer la direction de l’économie et établir un contrôle sur leurs conditions de travail. Ce sont des travailleurs de tout le pays que l’on retrouve sur les chantiers de construction de l’Alberta, forcés de quitter leur région par l’impératif économique. Selon les reportages, il y aurait jusqu’à présent plus de 2200 travailleurs d’embauchés pour la construction de l’oléoduc Trans Mountain, ce qui laisse croire que l’économie de l’Alberta va s’en porter mieux. En réalité, la majorité des emplois sont ou bien non syndiqués, ou bien avec des syndicats de boutique qui ne permettent pas à leurs membres d’exercer le moindre contrôle sur leurs conditions de travail, les heures de travail, les salaires et les conditions de santé et sécurité, tous devenus déplorables avec le temps. Les médias monopolisés reprennent la désinformation préparée par les intérêts privés étroits que sert le gouvernement Trudeau.

C’est la persistance des peuples autochtones, de pair avec la détermination des travailleurs canadiens à réclamer ce qui leur appartient de droit, qui expose la réalité derrière le programme énergétique du gouvernement Trudeau. Ce programme n’a rien à voir avec l’humanisation de l’environnement naturel et social et tout à voir avec l’enrichissement des riches et le soutien aux préparatifs de guerre de l’impérialisme américain.

L’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACÉUM)

Les négociations avec l’administration Trump, qui ont abouti à la création de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACÉUM), seraient une autre grande réussite du gouvernement Trudeau. Le remplacement de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) par l’ACÉUM fait partie des ajustements que l’oligarchie financière est en train de faire pour conserver son pouvoir et son contrôle face aux inégalités croissantes et face à la résistance des travailleurs.

L’objectif de l’ACÉUM est d’aider à la création de corridors commerciaux, d’énergie, de communication, de transport et de sécurité en Amérique du Nord grâce à une réglementation qui réduit à néant tous les arrangements et juridictions antérieurs et place les forces productives, la terre et les ressources sous le commandement du bureau du président de la Forteresse Amérique du Nord. Les efforts pour créer une forteresse unifiée en Amérique du Nord sont entravés par des luttes entre les factions qui composent la classe dirigeante et les manoeuvres des cartels et des coalitions d’oligopoles dans tous les secteurs de l’économie pour accaparer le pouvoir décisionnel sur une base supranationale. La situation est lourde de dangers, non seulement pour la classe ouvrière, les jeunes et les aînés du Canada et du Québec, mais aussi pour ceux des États-Unis, qui luttent déjà contre l’imposition de conditions inacceptables sur tous les fronts, ainsi que pour le peuple mexicain qui se bat pour défendre la souveraineté de son pays face aux visées meurtrières des États-Unis.

À bien des égards, les changements apportés à l’ALÉNA ressemblent aux efforts faits pour sauver de l’effondrement le système politique dysfonctionnel et démodé de la démocratie représentative et un État-nation qui a perdu sa raison d’être, sa raison d’État. Au lieu du renouveau démocratique pour investir le peuple du pouvoir souverain et d’une constitution moderne qui reconnaît les droits de tous, l’oligarchie financière a politisé les intérêts privés étroits supranationaux et impose la continuité du système de partis-cartels, ce qui mène à un contrôle et un pouvoir accrus de la minorité sur la majorité. Au lieu d’une nouvelle direction prosociale de l’économie et d’un projet moderne d’édification nationale où les échanges commerciaux avec toute l’humanité profitent au développement de tous sur une base réciproque, l’oligarchie financière force la poursuite de l’offensive antisociale au détriment des peuples, l’appauvrissement et l’insécurité accrus, les guerres sans fin et les crises économiques récurrentes.

Faisons du Canada une zone de paix —
l’ingérence dans les affaires de pays souverains doit cesser

En ce qui concerne les questions liées à la guerre et à la paix, le gouvernement Trudeau prend ses ordres du Conseil de l’Atlantique, le bras politique de l’OTAN, l’alliance militaire agressive dominée par les États-Unis. Bien que les questions de guerre et de paix soient de la plus haute importance pour tous les Canadiens, le gouvernement Trudeau continue de prendre les décisions derrière leur dos. C’est ce qu’on verra entre autres à la rencontre des fauteurs de guerre appelée Forum sur la sécurité internationale convoqué par les États-Unis à Halifax à la mi-novembre. Les Haligoniens qui mobilisent depuis longtemps pour faire du Canada une zone de paix ont pris l’initiative de tenir une série de forums sur la guerre et la paix en novembre et un rassemblement antiguerre le 23 novembre en opposition au forum annuel et pour dénoncer la participation du gouvernement Trudeau et le fait que le gouvernement canadien finance ces réunions où sont tramés des crimes contre la paix et les peuples du monde.

L’ingérence constante du gouvernement Trudeau dans les affaires souveraines de nations comme le Venezuela et ses agissements de laquais de l’impérialisme américain  dans ses campagnes pour imposer des changements de régime, l’anarchie et la violence partout le monde exposent les prétentions du Canada de vouloir « un ordre international fondé sur les règles ». Durant l’élection, lors d’une réunion de l’Organisation des États américains (OÉA), le Canada a donné son appui à l’activation du Traité interaméricain d’assistance réciproque (Traité de Rio) contre le Venezuela, ce qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui cherchent à justifier une intervention militaire étrangère dans ce pays sous prétexte que ce pays serait une menace pour la paix et la sécurité dans la région.

Suite à l’élection d’Evo Morales à la présidence de la Bolivie pour un deuxième mandat cette semaine, le Canada, les États-Unis et les représentants d’un président autoproclamé du Venezuela et de deux autres pays membres du groupe de Lima ont forcé la tenue d’une réunion extraordinaire du Conseil permanent de l’OÉA pour semer des doutes à propos d’une « fraude » électorale en Bolivie, mais sans aucune preuve à l’appui. Cette ingérence dans le processus électoral de la Bolivie rappelle beaucoup les tentatives infructueuses de ces mêmes forces d’utiliser l’OÉA pour délégitimer l’élection de Nicolas Maduro au Venezuela, provoquer l’instabilité dans ce pays et tenter un coup d’État.

Pour les travailleurs, la bataille contre l’offensive antisociale et le contrôle privé du pouvoir décisionnel est une lutte pour défendre le bien-être individuel et collectif, faire du Canada une zone de paix et humaniser l’environnement social et naturel. Cela englobe la lutte des véritables producteurs pour un contrôle de la direction de l’économie et du pays afin de garantir la survie et l’avenir de la société et de la Terre Mère.

Pour les travailleurs, l’indépendance de pensée, d’organisation et d’action est essentielle face à une oligarchie financière antisociale, intéressée, guerrière et destructrice à l’extrême.

 

 


 

Note aux lecteurs

Ceci est le dernier numéro du Renouveau, qui a été publié pendant la 43e élection générale par le Parti marxiste-léniniste du Canada, le nom sous lequel le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) est enregistré auprès d’Élections Canada. La publication régulière du Marxist-Leninist Weekly et du Marxiste-Léniniste reprendra le 9 novembre, et le Centre ouvrier va aussi reprendre la publication de Workers’ Forum et de Forum ouvrier.

Le Marxiste–Léniniste va prendre en main la responsabilité sociale de fournir information, analyse et opinion éclairée sur les développements. C’est un grand besoin du peuple afin qu’il puisse s’orienter et développe sa pensée et ses actions indépendantes pour surmonter les crises et résoudre les problèmes d’une manière qui l’avantage.

Forum ouvrier continuera de fournir un espace aux travailleurs pour qu’ils parlent en leur propre nom. Il continuera de briser le silence sur leurs conditions de vie et de travail et sur les luttes qui se mènent à l’échelle du pays et les préoccupations qu’elles expriment.

Nous invitons les lecteurs du Renouveau à lire Le Marxiste-Léniniste et Forum ouvrier pour se tenir au courant des développements dans la période qui vient afin d’être en mesure de tirer leurs propres conclusions. Il est très important dans cette période de ne pas se faire prendre par les pièges que ce gouvernement minoritaire va nous tendre. C’est d’autant plus important compte tenu de la désinformation qui accompagnera les élections qui vont avoir lieu aux États-Unis et en Grande-Bretagne et que la situation internationale est lourde de dangers d’invasions et de guerres.

Nous tenons à remercier tous les lecteurs, distributeurs et collaborateurs du Renouveau et à ceux qui ont aidé à soutenir sa publication en fournissant un appui financier au PMLC.

Nous vous invitons à faire la même chose pour Le Marxiste-Léniniste et Forum ouvrier !

Nos meilleurs voeux de succès dans vos efforts pour défendre la dignité du travail, renouveler la démocratie et faire du Canada une zone de paix.

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Le Renouveau

 

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