Numéro 231er octobre 2019
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Les travailleurs forestiers de la Colombie-Britannique
résistent à l’offensive antiouvrière
Manifestations à la grandeur de la province contre les pertes d’emplois
Des manifestations ont lieu dans de nombreuses villes de la Colombie-Britannique pour protester contre les pertes d’emplois et les fermetures d’usines. Le ralentissement actuel est l’un des pires de la longue histoire de crises récurrentes dans le secteur forestier.
Les autorités tentent d’expliquer pourquoi elles n’ont pas été en mesure de résoudre le problème en citant le manque de bois disponible en raison des forces du marché, de la fin de la récolte du bois tué par le dendroctone du pin et les incendies de forêt. Ces explications ne font que révéler l’impuissance des responsables. Rien n’a été fait pour bâtir une industrie forestière en Colombie-Britannique qui n’est pas dépendante des vicissitudes des cycles d’expansion et de ralentissement. Rien n’a été fait non plus pour développer une économie régionale diversifiée qui ne dépend pas des forces extérieures du marché.
Le problème est dans l’absence de contrôle par les travailleurs qui vivent à l’intérieur des terres, dans les villes côtières et sur l’île de Vancouver. L’oligarchie financière a toujours utilisé la richesse sociale produite par les travailleurs pour ses propres intérêts privés aux dépens du développement d’une économie locale sur tous les fronts. Ce problème a été amplifié récemment lorsque les responsables de la majorité des usines ont utilisé leurs revenus pour acheter et construire des usines aux États-Unis et arrêter leur production en Colombie-Britannique.
Qui décide ? et Qui contrôle ? l’économie régionale est un problème posé et à résoudre si l’on veut s’attaquer aux crises récurrentes. Les travailleurs doivent prendre le contrôle de leur économie pour pouvoir résoudre les problèmes d’une manière qui les favorise, eux et leurs communautés.
Les camionneurs forestiers organisent un convoi de protestation
Un convoi de 230 camions forestiers est arrivé à Vancouver mercredi après-midi, le 25 septembre, pour protester contre la perte d’emplois dans le secteur forestier et la fermeture d’usines dans la province. Le convoi de semi-remorques est parti tôt mercredi matin de Prince George et s’est arrêté à Quesnel, Princeton et dans d’autres villes où d’autres travailleurs et camionneurs forestiers se sont joints à lui. Les camionneurs de Cariboo ont également participé à la manifestation parce « nous sommes tous gravement touchés ».
Sur les camions il y avait des drapeaux et des bannières peintes à la main ; le convoi s’est arrêté brièvement à Hope, à l’est de la vallée du Fraser. Sur chaque pont traversant la route transcanadienne, les passants ont accueilli le convoi avec des drapeaux, des banderoles et des cris d’encouragement.
Les camionneurs ont atteint Vancouver dans l’après-midi et se sont dirigés vers le Centre des congrès. Ils ont circulé autour du centre-ville pendant plusieurs heures, en klaxonnant et en saluant les piétons. Des centaines de personnes se sont rassemblées au Centre des congrès pour accueillir le convoi avec des pancartes sur lesquelles étaient écrits : « Des grumes = des emplois, le secteur forestier nourrit ma famille » et autres slogans.
Les membres du convoi et leurs sympathisants ont exprimé leur déception face aux crises récurrentes et à la paralysie du secteur forestier, que les autorités semblent impuissantes à changer. Les deux demandes immédiates sont de modifier le coût des droits de coupe des grumes récoltées sur les terres de la Couronne afin de mieux refléter le prix réel de la production et les conditions du marché, et de rétablir l’arrangement précédent qui liait le bois coupé dans une région donnée à des scieries spécifiques.
Vancouver
Cache Creek
Merritt
(Photos: C. Langill, R. Pfyffer, J. Beckett)
Militant rassemblement en appui aux travailleurs forestiers en grève sur la côte ouest
Le 26 septembre, les métallos en grève chez Western Forest Products (WFP), membres de la section locale 1-1937 du Syndicat des Métallos, se sont rassemblés devant les bureaux de l’entreprise à Campbell River. Le rassemblement a été appelé pour réaffirmer la détermination des travailleurs à rester forts dans leur lutte contre les concessions exigées par l’entreprise. Des travailleurs d’autres syndicats, notamment le Syndicat international des débardeurs et magasiniers du Canada (ILWU), le Syndicat des employés d’hôpitaux, le Syndicat des employés du gouvernement et des services de la Colombie-Britannique (BCGEU), la Fédération des enseignantes et des enseignants de la Colombie-Britannique et d’autres, notamment des métallos à la retraite, se sont joints à eux.
Après les salutations traditionnelles par deux aînés autochtones, le président de la section locale 1-1937, Brian Butler, s’est adressé aux participants pour dire que WFP avait tort de croire que les travailleurs et leur syndicat étaient dans une position faible lorsqu’elle s’est présentée à la table des négociations avec 24 demandes de concessions. Il a déclaré que malgré son slogan « Définir des normes plus élevées », WFP était déterminée à définir des normes moins strictes pour les compagnies en Colombie-Britannique et que, depuis 2014, l’entreprise s’est engagée dans une voie antisyndicale. À titre d’exemple, il a cité la politique en matière de drogue et d’alcool qui est utilisée pour tenter de licencier les travailleurs et mettre en place des quarts de travail alternatifs qui mettent les employés en danger en imposant de longues heures de travail et perturbent gravement la vie de famille. Il a dit que ce sont les travailleurs qui créent la richesse de WFP mais que la récompense est la multiplication des attaques contre les travailleurs et leur syndicat. WFP a récemment fermé une usine de rabotage en même temps qu’elle a acheté des usines aux États-Unis où les grumes de la Colombie-Britannique sont expédiées. Brian Butler a réaffirmé que malgré tous les efforts de l’entreprise pour imposer son diktat et effacer plus de 40 ans de gains des travailleurs, il était hors de question d’accepter des concessions.
Al Bieksa, président de la section locale 2009 des Métallos de la vallée de la Fraser, Jeff Bromley, président du Conseil du bois des Métallos, Laird Cronk, président de la Fédération du travail de la Colombie-Britannique, Steve Hunt, directeur du district 3 des Métallos, la députée Rachel Blaney de North Island-Powell River et Ben Olsson, secrétaire du Conseil du travail du district de Campbell River et Courtenay, ont exprimé leur appui à la position des métallos. Al Bieksa a dénoncé les monopoles forestiers qui refusent d’investir dans l’industrie parce qu’ils sont en désaccord avec toute nouvelle politique gouvernementale qui compromet leur diktat. Tous les orateurs ont exprimé leur soutien à la position des travailleurs forestiers de la côte ouest et souligné l’importance que revêt pour tous les travailleurs de la Colombie-Britannique leur lutte contre les tentatives de démanteler leur organisation et supprimer des gains obtenus de dures luttes sur les conditions de travail. D’autres actions d’appui aux lignes de piquetage auront lieu à différents endroits sur l’île de Vancouver.
(Photos: M. Duhra, B. Harlow)
La pratique de déshabiller Pierre pour habiller Paul souligne le besoin de renouveau démocratique
– Anne Jamieson –
En réponse à la crise forestière en Colombie-Britannique, le gouvernement néodémocrate a annoncé un financement de 69 millions de dollars pour des formations de recyclage et le soutien. L’argent pour ce programme provient en partie du Fonds de dividende rural, dont la mission originale est suspendue. Le dividend rural était une promesse de 25 millions de dollars faite aux petites et moyennes villes de la province pour « renforcer et diversifier l’économie régionale ». Les projets admissibles allaient de la formation professionnelle à l’infrastructure, en passant par la planification stratégique. Le site web du gouvernement de la Colombie-Britannique indique que le programme de dividende rural est « suspendu jusqu’à nouvel ordre afin de soutenir les travailleurs et les communautés de l’intérieur ».
Le maire de Williams Lake, Walt Cobb, a dénoncé la proposition en disant : « Ils déshabillent Pierre pour habiller Paul. » Il a exprimé la déception des habitants de la ville qui avaient demandé une subvention de 500 000 dollars en dividendes ruraux pour la construction d’une station de traitement de l’eau. M. Cobb souligne que les sommes auxquelles Williams Lake est admissible avec le nouveau programme forestier sont minimes comparativement à ce qui aurait été disponible avec le Fonds de dividende rural.
La situation montre encore qu’une fois au pouvoir les partis cartellisés agissent comme gestionnaires de l’oligarchie financière. Dans ce cadre, ils allouent des fonds publics à leur discrétion. Déshabiller Pierre pour habiller Paul, comme dans le cas de la Colombie-Britannique, est la pratique courante des gouvernements des partis cartellisés qui sabrent dans les programmes sociaux et les services publics pour acheminer des fonds aux grandes entreprises par des stratagèmes pour payer les riches.
Le renouveau démocratique est à l’ordre du jour. Le Canada a besoin d’une constitution moderne qui garantisse les droits de tous et toutes, qui confère le pouvoir décisionnel au peuple, pas aux riches, et qui établit l’égalité dans les relations de nation à nation avec le Québec et les peuples autochtones.
Avec le renouveau démocratique, un peuple habilité peut parler en son propre nom et déterminer lui-même comment les problèmes se posent. Il peut discuter, proposer et décider des solutions aux problèmes de l’économie et de la société, former le gouvernement qui mettra en oeuvre les solutions et avoir le pouvoir d’exiger des comptes à ce gouvernement.
(Sources : correspondants du Marxiste-Léniniste, CBC News, site web du gouvernement de la Colombie-Britannique)
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