La rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit au logement dénonce la spéculation
Leilani Farha, la rapporteuse spéciale des Nations unies a dénoncé récemment la spéculation immobilière dont sont victimes des villes comme Montréal. « C’est devenu évident, quand j’ai eu ce rôle il y a quelques années, qu’il y avait une crise du logement majeure à travers le monde. Les gens ne pouvaient plus se permettre de payer le loyer. Certains étaient évincés de leur maison et je voulais comprendre pourquoi », explique Mme Farha en entrevue au journal Métro.
Les causes pour lesquelles les grandes villes sont de moins en moins accessibles aux moins nantis sont multiples et varient d’un endroit à l’autre. L’experte constate toutefois un dénominateur commun à cette « crise » : le rôle du secteur financier.
Mme Farha s’est notamment penchée sur le cas de Blackstone, une société d’investissement américaine qui achète des logements abordables un peu partout dans le monde afin d’en tirer des profits en augmentant leur valeur. Blackstone possède d’ailleurs des actifs immobiliers à Montréal.
« [Les sociétés d’investissement] trouvent des propriétés, les achètent, les rénovent, souvent de façon cosmétique, puis elles augmentent le loyer. Et ça, ça force des personnes en dehors de leur maison », soulève l’experte des Nations unies. Selon Mme Farha, il s’agit d’augmentations de loyer pouvant aller jusqu’à 15 % d’un seul coup.
« Des investisseurs laissent ensuite volontairement des unités qu’ils ont achetées vacantes afin de les revendre plus cher quelques années plus tard. Celles-ci deviennent alors des ‘outils financiers’. C’est surprenant de voir qu’il y a cette crise du logement alors qu’il y a plusieurs unités qui sont vides », lance Mme Farha.
Sur l’île de Montréal, les plus récents rôles d’évaluation foncière font état d’une hausse de 13,7 % de la valeur moyenne des propriétés.
« Nous devons changer notre conception du logement pour s’assurer que les gens peuvent y avoir accès, surtout les personnes à faible revenu. Nous devons reconnaître que le logement est un droit humain », a conclu Leilani Farha.