Conclusions prédéterminées du groupe d’experts
– Dougal MacDonald –
Le 2 septembre, le gouvernement de l’Alberta a publié les conclusions prédéterminées de son groupe d’experts. En mai dernier, le gouvernement Kenney a chargé un groupe de sept néolibéraux triés sur le volet de mener une enquête sur comment l’Alberta dépense son argent, mais pas sur comment elle l’obtient. Selon le premier ministre Kenney, le groupe en question était un « groupe d’experts indépendant et non-partisan ». Indépendant de qui, peut-on se demander ? En prenant connaissance de leur biographie, nous pouvons affirmer qu’ils sont indépendants des travailleurs albertains de même que des conditions et des problèmes sociaux difficiles auxquels ils font face. S’ils sont dépendants, c’est bien de l’oligarchie financière qui domine la province.
Ce groupe faisait partie de toute une panoplie d’enquêtes bidon qui ont été commandées par divers gouvernements de l’Alberta pour justifier leurs politiques et leurs activités prédéterminées et leur refus de discuter, sans parler de réaliser, une nouvelle direction prosociale de l’économie qui apporte des solutions à ses problèmes fondamentaux.
La démarche en cinq points pour créer ces enquêtes frauduleuses est la suivante :
1. Décider d’avance des conclusions de l’enquête ;
2. Nommer sur le groupe des gens qui sont d’accord avec les constats prédéterminés ;
3. Consulter les Albertains mais écarter tout ce qu’ils disent qui ne respecte pas le point 1 ;
4. Dénicher des données qui viennent appuyer les constats prédéterminés ;
5. En arriver aux constats prédéterminés et les rendre publics.
6. Se vanter que l’enquête confirme que les experts choisis et le public appuient les constats prédéterminés.
L’ancienne ministre des Finances de la Saskatchewan, Janice MacKinnon, a présidé ce groupe d’experts. Dans le cadre du programme d’austérité du gouvernement néodémocrate de Romanow dans les années 1990, MacKinnon a fermé 52 hôpitaux ruraux, imposé des compressions à la santé et à l’éducation, augmenté la taxe de vente provinciale jusqu’à 9 % et imposé toutes sortes de frais d’usager. Même si elle est une ancienne ministre du cabinet du NPD, elle a répondu aux exigences néolibérales de Kenney et a fait preuve de loyauté envers l’oligarchie financière.
Les autres membres du panel sont Jack Mintz, de l’Université de Calgary et l’économiste préféré du monde des affaires canadien ; Mike Percy, l’ancien chef de cabinet de l’ancien premier ministre conservateur Jim Prentice ; Dave Mowat, qui a présidé l’enquête du gouvernement précédent sur les droits et redevances dans l’industrie pétrolière et gazière et qui a fini par reconnaître qu’on ne doit pas y toucher ; Kim Henderson du gouvernement libéral de Christy Clark de la Colombie-Britannique qui s’est fait connaître par ses attaques contre les programmes sociaux et les travailleurs ; Bev Dahlby du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale et Jay Ramotar, un ancien sous-ministre du gouvernement conservateur de l’Alberta.
Le rapport du groupe contient 26 recommandations et aucune d’entre elles n’apporte quoi que ce soit de nouveau. La recommandation d’un programme d’austérité peut être résumée ainsi : couper le financement public des programmes sociaux, en particulier en santé et en éducation ; privatiser tous les aspects des soins de santé et commercialiser l’éducation postsecondaire pour que celle-ci devienne une source de profit pour les entreprises de l’oligarchie financière ; sabrer dans les salaires, les avantages sociaux et les régimes des retraite des travailleurs ; augmenter les frais de scolarité et fermer les institutions postsecondaires publiques ; sabrer dans le financement public de l’infrastructure, en particulier dans les services publics qui se sont pas encore dans les mains privées des oligarques, et privatiser les terres publiques ; réduire les impôts des riches ; attaquer les droits des travailleurs en privant d’abord les travailleurs du secteur public de leur droit de négocier et d’avoir collectivement un mot à dire sur comment fixer leurs salaires, leurs avantages sociaux et leurs conditions de travail.
L’opinion publique soutient résolument que le groupe a été une supercherie et que le gouvernement du PCU avait déjà décidé qu’il allait mettre en oeuvre les mesures d’austérité telles que décrites dans les recommandations. Le rapport en soi n’était qu’une ruse pour approuver de façon expéditive le programme d’austérité. En effet, les membres du groupe, MacKinnon et Mintz, avaient déjà publié un article sur le même sujet en octobre 2017 dont les recommandations politiques sont à peu près les mêmes. Quoi qu’il en soit, les Albertains n’acceptent pas ces attaques et vont s’y opposer, comme ils l’ont fait dans le passé et vont continuer à le faire dans l’avenir.