Une clameur pour l’austérité et un assaut contre la classe ouvrière
Piquetage durant l’été à Lethbridge (à gauche) et Red Deer contre la loi 9
Le « groupe d’experts » créé par le gouvernement albertain annonce dans son rapport que sa recommandation de réduire les investissements dans les programmes sociaux de 600 millions de dollars n’est que le début d’un processus visant à réduire les dépenses annuelles de la province de plusieurs milliards de dollars. Les compressions exigées frappent durement et de façon plus particulière les soins de santé et l’éducation, ainsi que l’éducation au primaire et au secondaire, les salaires et les avantages sociaux dans le secteur public et les dépenses touchant les immobilisations provinciales. Selon le rapport, l’austérité sera un « défi considérable, car cela exigera du gouvernement qu’il tienne compte des effets de la croissance démographique et de l’inflation tout en réduisant ses dépenses nettement en dessous des niveaux actuels ». [1]
Le gouvernement Kenney a créé le groupe d’experts sur les finances de l’Alberta précisément pour détruire l’opinion publique favorable à l’augmentation des investissements dans les programmes sociaux et les services publics et pour s’attaquer au droit des travailleurs du secteur public de négocier collectivement et d’avoir un mot à dire sur leurs salaires et d’autres conditions d’emploi, y compris le droit de dire Non !
La loi 9 du gouvernement, le printemps dernier, a été le coup d’envoi de son plan d’austérité pour attaquer les programmes sociaux, les services publics et le droit des travailleurs du secteur public de négocier collectivement leurs conditions de travail, en préparation d’un budget antisocial cet automne. Les syndicats de l’Alberta ont souligné que l’objectif de la loi 9 était de perturber le processus d’arbitrage négocié sur les salaires afin de laisser au gouvernement le temps d’adopter une loi décrétant des gels et/ou des réductions de salaire.
Les membres du groupe d’experts ont été triés sur le volet en raison de leurs opinions et de leurs activités néolibérales bien connues. Leur rapport est un plan de match sur comment le gouvernement doit procéder pour attaquer les travailleurs du secteur public. On y propose entre autres de tenir des consultations bidon avec les syndicats pour que le gouvernement puisse prétendre qu’il a participé au processus de négociation collective et qu’il ne va pas à l’encontre du droit à la négociation collective reconnu par la Charte. Les consultations bidon seraient alors suivies d’une loi imposant les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail.
La présidente du groupe, Janice McKinnon, a déjà élaboré le scénario de l’austérité à l’intention du panel de spécialistes en 2017 lorsqu’elle a co-écrit un document dans laquelle elle exhortait le gouvernement albertain de Rachel Notley d’attaquer les travailleurs du secteur public et leur recommandait comment le faire en toute « légalité ». [2] Elle y proposait entre autres une stratégie en vertu de laquelle le gouvernement inclurait la défense de l’intérêt public, un processus de négociation de « bonne foi » et une consultation auprès des syndicats. Si le gouvernement s’en tient à ce scénario, la Cour suprême du Canada considérera qu’il y a eu négociation de bonne foi, que les syndicats ont été consultés, que le droit d’association des travailleurs dans le but d’atteindre leurs objectifs a été respecté et que l’intérêt public, version oligarchie financière, a été défendu.
La classe ouvrière de l’Alberta a montré de quoi elle est capable lorsqu’il s’agit de défendre ses droits lorsqu’elle a participé massivement aux manifestations organisées pour dénoncer la loi 9 antiouvrière de Jason Kenney. Ensemble, intensifions cette défense organisée de la dignité et des droits des travailleurs. Le projet d’austérité du Groupe d’experts et ses attaques contre la classe ouvrière ne doivent pas passer !
Notes
1. Pour le rapport du groupe d’experts, cliquer ici.
2. Putting the Alberta Budget on a New Trajectory, Janice MacKinnon and Jack Mintz, School of Public Policy, University of Calgary.