Un rassemblement contre l’ingérence du gouvernement de l’Alberta dans le renouvellement du programme scolaire
Environ 350 personnes se sont rassemblées sur les marches de l’Assemblée législative de l’Alberta le 28 août pour protester contre l’ingérence du gouvernement dans le renouvellement des programmes scolaires et l’exclusion complète des enseignants de l’Alberta à ce chapitre. Parmi les intervenants au rassemblement figuraient des enseignants, des éducateurs et des étudiants autochtones et un ancien ministre de l’Éducation.
Le 16 août, le gouvernement a mis fin arbitrairement à une collaboration de près de trois ans avec les enseignants pour la mise à jour des documents de programme devenus trop vieux. Par exemple, le programme de sciences au niveau primaire n’a pas été modifié depuis 23 ans. Un mois plus tôt, le gouvernement avait annulé les nouveaux tests normalisés de la maternelle à la 4e année prévus cet automne sur lesquels des centaines d’enseignants avaient travaillé. Le président de l’Association des enseignants et enseignantes de l’Alberta a expliqué le rôle crucial des enseignants : « Les enseignants suivent le programme ; ils savent ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans les classes diverses et complexes d’aujourd’hui. En fin de compte, si un programme ne fonctionne pas pour les enseignants et ne soutient pas comme il se doit l’apprentissage des élèves, il échouera et, pour nous, l’échec n’est pas une option. »
La ministre de l’Éducation, Adriana LaGrange, affirme que le gouvernement a mis fin à la collaboration avec les enseignants parce que « de nombreux partenaires du système d’éducation ont un rôle à jouer dans la détermination de ce que les élèves de l’Alberta devraient apprendre. Il est important d’ouvrir le processus afin de les impliquer davantage ». C’est une façon de dire que le gouvernement veut donner le pouvoir décisionnel à des intérêts puissants du secteur privé.
Pour remplacer la collaboration enseignant-gouvernement, le Parti conservateur uni (PCU) a sélectionné un comité de révision composé de 12 personnes, qui semble avoir pour mandat de garantir que les nouveaux programmes ne soient pas « subversifs ». Un ancien surintendant du district scolaire d’Edmonton préside le panel. Il est membre de l’Atlantic Institute for Market Studies (AIMS) financé par l’entreprise privée, un « groupe de réflexion » dédié à la promotion des principes de l’éducation fondée sur le marché, y compris les écoles à charte, les écoles P3 et la privatisation des aspects rentables de l’éducation.
Les autres membres du comité de révision choisis par le gouvernement conservateur n’ont jamais enseigné. Les partisans des écoles privées, à charte et confessionnelles dominent. Un éducateur américain qui prône le « choix de l’école », un programme néolibéral qui encourage à délaisser l’école publique pour des options comprenant des « coupons d’éducation », les écoles à charte et les bourses d’études privées, siège aussi sur le comité.
En outre, si l’une des grandes priorités actuelles en matière d’éducation est de mettre en oeuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation en vue de la décolonisation de l’éducation, le comité d’examen du gouvernement conservateur n’inclut pas un seul membre des Premières Nations et des nations métisses ou inuites. Cela contraste nettement avec le processus de consultation initial qui comprenait des enseignants et des éducateurs autochtones.
La tâche principale du comité de révision semble être de s’assurer que les nouveaux programmes correspondent à l’idéologie du PCU. Le scénario est qu’une fois que le panel aura « nettoyé » les programmes d’enseignement, le PCU s’appropriera le mérite de tout le dur travail déjà accompli par les enseignants et les experts en éducation de la maternelle à la 12e année au cours des trois dernières années. Entre-temps, le gouvernement et ses fonctionnaires continueront de faire tout leur possible pour que le programme d’éducation néolibéral réactionnaire soit appliqué. Déjà, il a imposé la loi 9 aux enseignants, qui attaque leur convention collective et les propositions abondent pour un contrôle des salaires des travailleurs de l’éducation et des réductions du financement global de l’éducation.
(Photos: LR)