Un état de droit en contradiction avec
les exigences des conditions modernes
Le conflit entre ce qui est déclaré légal et ce que les conditions exigent est un gros problème
— K.C. Adams —
La légalité de la loi 9 antiouvrière du gouvernement Kenney en Alberta va être contestée en cour, et, chose importante, à l’extérieur des tribunaux également. En renversant l’injonction qui permettait l’arbitrage salarial dans le secteur public, les deux juges de la Cour d’appel adoptent des arguments dépassés qui sont en contradiction avec une interprétation moderne du but de la loi, qui est de servir la cause de la justice. En essence, le raisonnement des deux juges est qu’on doit permettre au cheval d’aller courir dans tous les sens parce que, tôt ou tard, il va se présenter une occasion de dire que la porte de l’enclos devrait être fermée. Et les dommages causés aux travailleurs et aux services qu’ils dispensent, qu’en fait-on ? Les torts auront été faits depuis longtemps quand la contestation judicaire aura finalement eu gain de cause, si jamais cela se produit.
Les lois du travail considèrent les travailleurs comme un « groupe d’intérêt spécial » qui peut se défendre contre de puissants intérêts grâce à son droit à la négociation collective. La Charte accorde à ce « groupe d’intérêt spécial » le droit de s’organiser collectivement selon des limites dites raisonnables qui sont fixées par ceux qui exercent le contrôle politique. Mais les travailleurs ne sont pas un groupe d’intérêt spécial. Ils sont les producteurs de la richesse dont dépendent le peuple et la société. La classe ouvrière accepte le devoir de travailler et de produire et de ce devoir découlent des droits.
Cela pose problème parce que la législation ouvrière, les tribunaux et les gouvernements ne reconnaissent pas la dignité, la place d’honneur et les droits des travailleurs en tant que producteurs de toute la richesse sociale. Ce refus engendre un conflit entre l’autorité et les conditions modernes. C’est un gros problème posé et à résoudre pour le peuple et pour la société.
Qui décide ce qui est dans l’intérêt public et national ? Qui décide quels droits doivent être soutenus et garantis comme une question de principe ? En ce moment, les gouvernements exercent leur contrôle et gouvernent au nom des oligarques mondiaux, comme on le voit avec la loi 9 en Alberta ou la criminalisation des travailleurs des postes par Trudeau en 2018, ou l’inaction face au besoin de rendre les chemins de fer sécuritaires et tant d’autres décisions. L’intérêt public et national et les droits des travailleurs sont définis comme étant ce qui sert les puissants intérêts privés de l’oligarchie financière. C’est ce conflit entre l’autorité et les conditions modernes que les travailleurs doivent aborder et résoudre.
Les travailleurs et leurs collectifs n’acceptent pas que les gouvernements ont le mandat de déclarer que tout ce qu’ils font sert l’intérêt public et national ou que leurs droits peuvent être donnés ou enlevés par des lois et un état de droit qui ne servent pas la cause de la justice. Les travailleurs n’acceptent pas que les gouvernements déclarent avoir le mandat de détruire les services publics, de donner les fonds publics aux riches, de faire la guerre et de mener d’autres assauts antisociaux au nom d’un intérêt public et national qu’ils définissent eux-mêmes.
C’est la raison pour laquelle le PMLC les appelle à prendre la parole pendant cette élection. Ils doivent dire que ceux qui demandent de recevoir un tel mandat ne parlent pas en leur nom.