Une pléthore de propos absurdes et dépassés
On parle beaucoup de « choix » dans cette élection : choix de candidats, choix de partis, choix de promesses et ainsi de suite. En tant que travailleurs, on nous dit de faire le choix qui correspond le mieux à nos convictions. On dit que c’est cela la démocratie. Pour ce qui est de l’économie, nous sommes considérés comme des consommateurs ayant la liberté de choisir quoi consommer et quand. En tant que citoyens, on dit que nous avons le droit de choisir qui nous représentera. Nous n’avons pas notre mot à dire, mais nous sommes libres de choisir.
En fait, le seul véritable choix pour les travailleurs est de parler de leurs préoccupations et de rejeter l’absurdité des prétendus choix qui remplissent les ondes. Les travailleurs n’ont pas besoin d’une couche privilégiée pour gouverner, pour les priver de tout contrôle sur les décisions qui affectent leur vie.
L’espace politique réservé aux travailleurs par les partis du cartel est celui du désespoir et de l’humiliation. Nous sommes censés miser nos espoirs sur quelqu’un qui prétendra nous représenter une fois au pouvoir. Une fois au pouvoir, le parti qui forme le gouvernement fait ce que lui disent les intérêts privés étroits qu’il sert. Les travailleurs sont alors supposés se sentir déçus, voire trahis, parce que des « engagements » sont brisés. On leur dit qu’après l’élection, leur rôle sera de rappeler aux élus les promesses faites. Si les travailleurs acceptent ces « choix », ils deviennent des observateurs passifs, amers ou frustrés, car ils n’exercent aucun contrôle sur rien de tout cela.
Quelle conclusion tirer de tout cela ? Faut-il croire que nous avons tous ces choix alors qu’en réalité le choix qui nous est imposé n’est pas un choix du tout ? C’est un diktat : nous n’avons pas le choix que d’autoriser d’autres à parler en notre nom. C’est un sérieux problème qui nous concerne tous. Il faut le résoudre. Comment une minorité privilégiée reste-t-elle au pouvoir quand la majorité ne soutient pas ce pouvoir ? Quel rôle jouent les élections dans le maintien de ce pouvoir ?
Les travailleurs ne sont pas d’accord avec la direction de l’économie, ni avec la braderie de nos ressources, ni avec la façon dont l’environnement naturel est mis en péril. Ils ne sont pas d’accord avec la manière dont l’intérêt national est défini et trahi, ni avec la raison pour laquelle nous sommes entraînés à tuer d’autres peuples par des sanctions ou des guerres d’agression et d’occupation. Ils ne sont pas d’accord avec la façon dont les décisions sont prises. Comment se fait-il alors que tout cela continue ? Comment peut-on faire les choses différemment, comment rompre avec ce qui existe et ne plus cohabiter avec l’obligation de choisir un des partis qui forment le système de cartel et qui ont pour rôle d’écarter le peuple du pouvoir ?
Nous pouvons commencer à changer les choses d’une manière à favoriser nos intérêts et ceux du Québec et du Canada en les abordant dans notre propre perspective plutôt que dans la perspective des riches. Nous pouvons intervenir dans ces élections en trouvant des moyens de parler de nos propres préoccupations et de parler en notre nom propre. Ce serait la chose démocratique à faire.
Normand Chouinard est le candidat du PMLC dans La Prairie.