17 janvier 1942 — 4 juin 2016
Hommage à Muhammad Ali
Le 4 juin 2016, Muhammad Ali, un des plus grands athlètes du XXe siècle, est décédé dans un hôpital de Phoenix, en Arizona. Il avait été hospitalisé plus tôt durant la semaine à cause de problèmes respiratoires, après presque trois décennies de lutte contre la maladie de Parkinson. Son coeur a cessé de battre un peu après minuit le 4 juin.
Né Cassius Marcellus Clay à Louisville, Kentucky, en 1942, il a d’abord capté l’attention du monde lorsqu’il a remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de 1960, à Rome, dans la catégorie poids mi-lourds (175 livres).
Son adresse et son style remarquables lui ont valu une reconnaissance internationale immédiate et ses victoires dans le ring ont été doublées toute sa vie de prises de position sans compromis à l’extérieur du ring : contre le racisme, pour le droit de conscience et contre les guerres d’agression. Cela lui a valu l’admiration des peuples du monde longtemps après sa retraite de la boxe.
Il a ensuite remporté trois fois le championnat du monde de la catégorie poids lourds. En 1964, après son combat contre Sonny Liston, il a annoncé qu’il avait rejoint l’organisation Nation of Islam, qu’il avait adopté la foi musulmane et qu’il avait changé son nom pour Muhammad Ali.
Muhammad Ali avec Malcolm X. Ali dira plus tard que son plus grand regret était de ne s’être pas réconcilié avec Malcolm.
Au sommet de sa carrière de boxeur il a pris une position courageuse contre la guerre d’agression américaine au Vietnam en refusant de s’inscrire pour le service militaire. Le refus du service militaire est un acte criminel aux États-Unis. L’accusation fut portée contre lui et on lui enleva tous ses titres de boxe. Son permis de boxe fut suspendu et il fut déclaré coupable en 1967.
Cette prise de position courageuse s’est faite dans le contexte d’un mouvement grandissant d’opposition à la guerre aux États-Unis et dans le monde et son opposition active à l’agression militaire américaine au Vietnam et ailleurs fut une grande contribution au mouvement des peuples à la défense de leurs droits.
Ali a défendu ardemment son droit de conscience. Lors d’un rassemblement en appui à son combat, il a dit : « Pourquoi me demanderait-on de porter un uniforme et d’aller à 15 000 kilomètres de chez moi larguer des bombes et tirer sur des personnes au teint bazané au Vietnam, alors que ceux qu’on appelle Nègres ici à Louisville sont traités comme des chiens et sont privés des droits humains les plus fondamentaux ? »
Après quatre années de bataille, la Cour suprême des États-Unis a renversé le verdict de culpabilité par une décision unanime. Muhammad Ali est retourné à la boxe mais il a aussi continué de dénoncer l’oppression raciale aux États-Unis, de se faire le porte-parole de la défense des droits humains et d’intervenir sur des enjeux sociaux.
Ali s’est retiré de la boxe avec une incroyable fiche de 56 victoires en 61 combats. Bien que plusieurs de ses combats sont mémorables par l’habilité du boxeur et par l’exaltation qu’ils ont créée, ses plus grandes victoires il les a obtenues à l’extérieur du ring. Sa défense sans compromis des droits a fait de lui une des personnalités les plus aimées du monde.
Muhammad Ali s’est acquis le profond respect des peuples opprimés du monde qui ont vu en lui un homme de principe qui n’avait pas peur de traduire ses paroles en actes et de se ranger du côté du peuple.
Muhammad Ali avec Fidel Castro
– Dans ses propres mots, avril 1967 –
Pourquoi me demanderait-on de porter un uniforme et d’aller à 15 000 kilomètres de chez moi larguer des bombes et tirer sur des personnes au teint bazané au Vietnam, alors que ceux qu’on appelle Nègres ici à Louisville sont traités comme des chiens et se voient refuser les droits humains les plus fondamentaux ?
Non, je ne vais pas à 15 000 km de chez moi pour aider à assassiner et brûler une autre nation pauvre juste pour poursuivre la domination des maîtres d’esclaves blancs sur les peuples basanés du monde entier.
Ceci est le jour où ces maux doivent cesser. On m’a averti que le fait de prendre une telle position me coûterait des millions de dollars.
Mais je l’ai dit une fois et vais le dire à nouveau. Le véritable ennemi de mon peuple est ici.
Je ne vais pas déshonorer ma religion, mon peuple ou moi-même en devenant un outil pour asservir ceux qui se battent pour leur propre justice, la liberté et l’égalité. […]
Si je pensais que la guerre allait apporter la liberté et l’égalité aux 22 millions des miens, ils n’auraient pas à me convoquer, je m’enrôlerais dès demain.
Je n’ai rien à perdre en défendant mes convictions. J’irai donc en prison, et alors ? Nous avons été en prison pendant 400 ans.