95e anniversaire de naissance de Fidel Castro
13 août 1926
Extraits de la Proclamation de Fidel du 14 mai 2004 à l’adresse du gouvernement des États-Unis
Ci-dessous sont reproduits des extraits d’une proclamation du 14 mai 2004 du président cubain Fidel Castro au régime du président américain George W. Bush, émise lors d’une marche de masse devant la Section des intérêts américains à La Havane, pendant l’intensification des mesures économiques et de la désinformation des États-Unis visant à fomenter la contre-révolution à Cuba à cette époque, comme le fait l’actuelle administration Biden. Elle met en évidence la défense inébranlable de Fidel, tout au long de sa vie, de la révolution cubaine et de son peuple et son défi à l’impérialisme américain, ainsi que la grande autorité morale exercée par quelqu’un qui a consacré sa vie au bien-être du peuple et à sa libération de toute ingérence et domination étrangère.
Monsieur George W. Bush
Le million de Cubains qui s’est réuni aujourd’hui pour manifester devant votre Section des intérêts n’est qu’une petite partie d’un peuple courageux et héroïque qui souhaiterait être ici avec nous si c’était possible physiquement.
[…]. Nous nous réunissons, indignés, pour protester contre les mesures brutales, impitoyables et cruelles que votre gouvernement vient d’adopter contre notre pays, et pour les dénoncer.
Nous savons pertinemment ce que vous pensez de ceux qui vont défiler ici ou ce que vous prétendez en laisser accroire : des masses opprimées et assoiffées de libération que le gouvernement cubain fait descendre dans la rue. Vous ignorez absolument que ce peuple digne et fier qui a résisté pendant quarante-cinq ans à l’hostilité, au blocus et aux agressions de la puissance la plus redoutable de la Terre, aucune force au monde ne pourrait l’entraîner comme un troupeau marchant à la queue leu leu, chaque animal retenu par un licou.
Un homme d’Etat — ou quelqu’un qui prétend l’être — devrait savoir que les idées justes et vraiment humaines se sont avérées, tout au long de l’Histoire, bien plus puissantes que la force : de celle-ci, il ne reste que des ruines poussiéreuses et méprisables ; de celles-là, des traits lumineux que nul ne pourra éteindre. Chaque époque a eu droit aux siennes, bonnes ou mauvaises, qui vont s’accumulant. Mais il est échu à l’étape que nous vivons, dans un monde barbare, non civilisé et mondialisé, les pires, les plus sinistres et les plus confuses.
Dans ce monde que vous voulez imposer aujourd’hui, il n’existe pas la moindre notion de morale, de crédibilité, de justice, de sentiments humanitaires, pas le moindre principe élémentaires de solidarité et de générosité.
Tout ce qui s’écrit sur les droits de l’homme dans votre monde et dans celui de vos alliés qui partagent avec vous la mise à sac de la planète est un mensonge colossal. Des milliards d’êtres humains vivent la faim au ventre, sans assez d’aliments, sans médicaments, sans vêtements, sans chaussures, sans toit, dans des conditions infrahumaines, sans les connaissances les plus minimes et sans assez d’information pour comprendre leur tragédie et celle du monde où ils vivent.
Nul ne vous a sans doute jamais dit combien de dizaines de millions d’enfants, d’adolescents, de jeunes, de mères, de personnes d’âge mûr ou du troisième âge qui pourraient survivre meurent chaque année dans cet « Eden de rêves idyllique » qu’est la Terre, ni à quel rythme l’on détruit les conditions de vie naturelles et l’on gaspille en un siècle et demi, avec de retombées terriblement nocives, les hydrocarbures que la Terre a mis trois cent millions d’années à créer.
Il vous suffirait de demander à vos adjoints les chiffres précis concernant les dizaines de milliers d’armes nucléaires, chimiques et bactériologiques, de bombardiers, de missiles de grande portée et de grande précision, de cuirassés, de porte-avions, d’armes classiques et non classiques, suffisantes pour liquider toute vie sur la planète, dont disposent vos arsenaux.
[…] j’estime de mon devoir élémentaire de vous rappeler quelques vérités.
Qui vous donne le droit moral ou le droit tout court de parler de liberté, de démocratie, de droits de l’homme, alors que vous possédez le pouvoir de détruire l’humanité et que vous tentez par là de lui imposer votre tyrannie, tout en méconnaissant et en liquidant l’Organisation des Nations Unies, en violant les droits de n’importe quel pays, en menant de guerres de conquête pour vous emparer des marchés et des ressources du monde, en imposant des systèmes politiques et sociaux décadents et anachroniques qui conduisent l’espèce humaine à la perdition ?
Vous êtes vraiment mal placé pour parler de démocratie, et ce pour plusieurs raisons : entre autres, parce que tout le monde sait que votre accession à la présidence des Etats-Unis a été frauduleuse. Vous êtes vraiment mal placé pour parler de liberté parce que vous ne concevez le monde que sous la férule de la terreur que répandent les armes meurtrières que vos mains inexpertes peuvent déchaîner sur l’humanité.
Vous êtes vraiment mal placé pour parler d’environnement parce que vous ignorez absolument que l’espèce humaine court le risque de disparaître.
Vous taxez de tyrannie le système économique et politique qui a permis au peuple cubain d’atteindre les niveaux les plus élevés d’alphabétisation, de connaissances et de culture parmi les pays les plus développés du monde ; de réduire la mortalité infantile à un taux inférieur à celui de votre propre pays et d’offrir gratuitement à toute la population les services de santé, d’éducation et d’autres d’une grande importance sociale et humaine.
Vous entendre parler de droits de l’homme à Cuba est risible. Cela sonne creux, M. Bush ! Ce pays-ci est l’un des rares pays du continent qui n’a jamais connu en quarante-cinq ans une seul torture, un seul escadron de la mort, une seule exécution extrajudiciaire, où pas un seul dirigeant n’est devenu millionnaire dans l’exercice du pouvoir.
Vous n’avez pas la moindre autorité morale pour parler de Cuba, un pays digne qui résiste depuis quarante-cinq ans à votre blocus brutal, à votre guerre économique et à vos attaques terroristes qui ont coûté la vie de milliers de personnes et causé des milliards de dollars de pertes économiques.
[…] Vous n’avez pas le moindre droit moral de parler de terrorisme, parce que vous êtes entouré d’un groupe d’assassins qui ont causé par des actes de cette nature la mort de milliers de Cubains.
Vous avez fait preuve de votre mépris de la vie humaine en n’hésitant pas à ordonner la mort extrajudiciaire d’un nombre inconnu, parce que secret, de personnes dans le monde.
Vous n’avez aucun droit, sinon celui que vous donne la force brute, de vous immiscer dans les affaires de Cuba, de proclamer à loisir la transition, ici, d’un système à un autre et d’adopter des mesures dans ce sens.
Vous pouvez, certes, exterminer ce peuple, le rayer de la carte du monde, mais — sachez-le — vous ne pourrez jamais l’asservir ni le soumettre de nouveau à la condition humiliante de néo-colonie des Etats-Unis !
Cuba se bat pour semer la vie dans le monde ; vous, vous vous battez pour y semer la mort. Tandis que vous tuez on ne sait combien de personnes par vos attaques-surprise et préventives tous azimuts, Cuba sauve la vie de centaines de milliers d’enfants, de mères, de malades et de personnes âgées dans le monde.
[…]
Les êtres humains ne connaissent pas la liberté et ne peuvent pas la connaître dans un régime où règnent autant d’inégalités que celui que vous représentez. Nul ne naît égal aux Etats-Unis. Dans les ghettos où vivent ceux d’origine africaine et latine, dans les réserves d’Indiens qui peuplèrent votre pays et furent exterminés, la seule égalité en cours est celle de la pauvreté et de l’exclusion.
Notre peuple, éduqué dans la solidarité et l’internationalisme, ne hait pas le peuple nord-américain, ne souhaite pas voir mourir de jeunes soldats de votre pays, Blancs, Noirs, Indiens, Métis, Latino-Américains bien souvent, que le chômage pousse à s’enrôler dans l’armée où ils sont ensuite expédiés dans n’importe quel « trou perdu » du monde dans le cadre d’attaques traîtresses et préventives ou de guerres de conquête.
Les tortures incroyables appliquées aux prisonniers en Irak ont scandalisé le monde.
[…]
Puisque vous avez décidé que notre sort en était jeté, j’ai le plaisir de me retirer à la manière des gladiateurs romains en entrant dans l’arène : Ave, César, ceux qui vont mourir te saluent.
Je ne regretterais qu’une chose : ne pas être face à face, parce que vous serez à des milliers de kilomètres de distance, tandis que je serai, moi, en première ligne, combattant et défendant ma patrie jusqu’à la mort.
Au nom du peuple cubain
Fidel Castro Ruz
(www.fidelcastro.cu)
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