Dans l’actualité le 25 juin
Grandes manifestations ouvrières aux États-Unis et en Europe
Des dizaines de milliers de personnes défendent la dignité des travailleurs et exigent la fin de leur appauvrissement à Washington
Des dizaines de milliers de travailleurs, dont beaucoup vivent dans la pauvreté, ont défilé et se sont rassemblés près du Capitole des États-Unis à Washington, le 18 juin. L’action a rassemblé des travailleurs de nombreuses nationalités, unis dans leur revendication de mettre fin à la violence de la pauvreté. Des travailleurs sans papiers de nombreux secteurs de l’économie se sont joints aux personnes âgées, aux femmes, aux travailleurs essentiels des soins de santé, des entrepôts, aux travailleurs municipaux et à leurs syndicats pour manifester collectivement leurs revendications.
Des personnes et des orateurs de presque tous les États ont participé et tous ont condamné le fait qu’aux États-Unis plus de 140 millions de personnes vivent dans la pauvreté et ont exigé que le gouvernement prenne des mesures immédiates. Le racisme et l’inégalité structurels inhérents à la Constitution des États-Unis et à celles des différents États et des gouvernements à tous les niveaux renforcent un système qui oblige les travailleurs à vivre dans la pauvreté et d’autres personnes à ne pas avoir d’emploi ou à en avoir plusieurs. Les Noirs, les Bruns et les Autochtones représentent un nombre disproportionné de ceux qui vivent dans la pauvreté. Beaucoup ont souligné que la pauvreté est une violence contre la dignité, les moyens de subsistance et l’humanité de toutes et tous.
En se rassemblant et en exprimant collectivement leurs revendications, les manifestants ont clairement indiqué qu’ils ne seront pas réduits au silence et exigeront des comptes aux gouvernements.
« La pénurie est un énorme mensonge (du gouvernement) ! » a déclaré un orateur. « Je suis ici pour dire que si le Congrès peut se permettre à plusieurs reprises d’accorder des subventions aux entreprises pour les riches, alors le Congrès peut se permettre d’accorder des soins de santé universels pour tous afin que les gens ne fassent pas faillite ou ne soient pas obligés de faire appel à un GoFundMe pour couvrir leurs frais médicaux. »
Les échecs du gouvernement concernant la COVID-19 ont également été dénoncés, montrant que les travailleurs pauvres vivant dans des villes et des comtés pauvres sont morts de la COVID-19 deux fois plus souvent que dans les comtés plus riches, et les taux pour les nationalités opprimées étaient encore plus élevés.
De nombreuses pancartes affichaient : Tout le monde a le droit de vivre, montrant ainsi que le problème de l’appauvrissement est une question de droits humains fondamentaux. « Mes enfants sont des survivants simplement parce qu’ils sont en vie. Il ne suffit pas d’être résilient et de survivre, c’est notre droit humain de grandir et de nous épanouir », a déclaré une mère autochtone.
L’action unie était militante et déterminée, les manifestants ont affirmé leurs réclamations à la société de ce qui leur appartient de droit : le logement, les soins de santé, l’éducation, des salaires décents et des conditions de travail sécuritaires.
Des travailleurs de Starbucks — dont plusieurs organisateurs syndicaux licenciés des « Memphis 7 », dans le Tennessee — se sont joints à la marche avec leur bannière sur laquelle on pouvait lire : « Avec les milliards que fait Starbucks, les travailleurs de Starbucks ne devraient pas être pauvres. » Les travailleurs ont mené une lutte militante pour que les « Memphis 7 » licenciés pour avoir syndiqué les travailleurs soient réintégrés et que l’élection syndicale dans l’établissement de Memphis soit reconnue. Depuis le 9 décembre 2021, plus de 160 établissements Starbucks dans tout le pays ont voté pour se syndiquer, inspirés par la syndicalisation des travailleurs de Buffalo, New York.
Comme les travailleurs d’Amazon, qui se sont également joints à la marche, les travailleurs de Starbucks forment des syndicats indépendants : Amazon Labor Union et Starbucks Workers United. Ils comptent sur leurs propres efforts et participent régulièrement à des actions contre le racisme gouvernemental, pour la justice et la responsabilité.
Des luttes politiques sont également menées dans tout le Sud pour mettre fin à ce que l’on appelle les lois sur le « droit d’être esclave ». Ces lois empêchent la syndicalisation et maintiennent les salaires à un bas niveau. Des assemblées de travailleurs et diverses organisations se mobilisent en Caroline du Nord, en Caroline du Sud, en Géorgie et en Alabama pour exiger la fin de ces lois et pour que le salaire minimum fédéral — actuellement de 7,25 dollars depuis 2009 — soit porté à 15 dollars de l’heure. Avec l’inflation, ce salaire se situe à peine au-dessus du seuil de pauvreté, et nombreux sont ceux qui réclament désormais 20 dollars de l’heure. Les travailleurs d’Amazon ont réclamé un salaire minimum de 35 dollars de l’heure.
Les gens ont souligné qu’une fraction seulement du budget de mille milliards de dollars du Pentagone pourrait avoir un impact significatif sur la pauvreté. De même, les Nations unies ont mis au défi le multimilliardaire Elon Musk d’utiliser seulement deux pour cent de la richesse qu’il prétend être la sienne pour éviter la famine dans le monde. La faim et le sans-abrisme sont des problèmes croissants aux États-Unis alors que les oligarques privés continuent de s’en tirer avec des richesses incalculables.
Au cours du rassemblement de la journée, beaucoup ont parlé contre le système de justice criminel, le système d’immigration raciste et son vol endémique des salaires des travailleurs migrants et la nécessité de protéger la Terre Mère. Les travailleurs et leurs enfants ne sont pas jetables. Tel était le sentiment de beaucoup de ceux qui ont rejeté les affirmations du gouvernement selon lesquelles il n’a pas d’argent pour soulager le sort des pauvres qui vivent dans la misère.
Celles et ceux présents et leurs organisations se sont engagées à poursuivre la lutte pour les droits, notamment en formulant leurs revendications lors des prochaines élections de novembre. Dans l’ensemble, l’action a montré le refus de la situation actuelle où une petite minorité de riches s’enrichissent et les pauvres sont plongés dans une situation de plus en plus désespérée. Ensemble, ils ont dit : Non ! C’est assez !
(VOR, Starbucks Workers United)
Forum ouvrier, affiché le 25 juin 2022
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