Dans l’actualité le 9 juin
Le 9e Sommet des Amériques en crise à Los Angeles
Le sommet cherche à empêcher la délibération sur les questions les plus urgentes
Le lundi 6 juin, le 9e Sommet des Amériques, qui durera une semaine, s’est ouvert à Los Angeles, en Californie.
Selon le Secrétariat de l’OÉA qui les organise : « Les Sommets des Amériques sont des rassemblements institutionnalisés des chefs d’État et de gouvernement de l’hémisphère occidental où les dirigeants discutent de questions de politique commune, affirment des valeurs partagées et s’engagent à mener des actions concertées aux niveaux national et régional pour relever les défis permanents et nouveaux auxquels les Amériques sont confrontées. »
Joe Biden devrait aborder des sujets comme la migration, la démocratie, l’aide en cas de pandémie et peut-être les changements climatiques lors de cet événement. Selon les médias, il espère profiter de l’occasion pour réparer les relations avec l’Amérique latine et les Caraïbes endommagées sous l’administration Trump, réaffirmer l’influence des États-Unis dans la région et contrer la présence croissante de la Chine. Cependant, en s’en tenant à sa décision unilatérale d’exclure Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, il a organisé rien de moins qu’une débâcle pour lui-même et son administration.
Le président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador, a confirmé lundi, jour de l’ouverture, qu’il ne serait pas présent au sommet, après que les États-Unis aient confirmé qu’ils maintenaient leur intention d’exclure ces trois pays. Il a déclaré qu’il ne pouvait y avoir de Sommet des Amériques si tous les pays du continent américain n’y participaient pas et a ajouté qu’il fallait changer la politique d’exclusion, de volonté de domination et de non-respect de la souveraineté des pays imposée depuis des siècles aux Amériques.
Au sujet de la mafia anti-cubaine de la Floride et d’autres personnes qui, selon lui, influencent Joe Biden, Andrés Manuel Lopez Obrador a déclaré : « Ils disent que les droits de l’homme sont violés à Cuba, au Guatemala, ou ailleurs. Et un blocus imposé à un peuple par une grande puissance n’est pas une violation ? C’est pourquoi c’est un Non au sommet. »
Parmi les autres chefs d’État ou de gouvernement qui ont annoncé qu’ils ne participeraient pas au sommet pour la même raison figurent les présidents Luis Arce de Bolivie et Xiomara Castro du Honduras, ainsi que le premier ministre Ralph Gonsalves de Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Le président du Guatemala, Alejandro Giammattei, et celui du Salvador, Nayib Bukele, ne seront pas non plus présents en raison de leurs propres différends avec les États-Unis. Tous deux ont fait savoir, tout comme le Honduras et le Mexique, que les délégations de leurs pays seront dirigées par leurs ministres des Affaires extérieures respectifs.
D’autres dirigeants ont accepté l’invitation, mais seulement après avoir clairement exprimé leur opposition au fait que le pays hôte décide de qui peut ou ne peut pas participer, et certains ont déclaré qu’ils avaient l’intention de soulever la question lors du sommet. Parmi eux, le président d’Argentine, Alberto Fernandez, président en exercice de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC), devrait aborder la question dans son intervention. Le président du Chili, Gabriel Boric, qui sera également présent, a déclaré que la politique de Washington est une erreur et qu’elle n’a historiquement « jamais produit de résultats ». Il a également déclaré que l’exclusion de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua serait l’un des sujets de discussion du sommet.
Le président cubain Miguel Diaz-Canel a dénoncé les États-Unis pour avoir « déployé des efforts intenses et exercé des pressions brutales pour démobiliser les réclamations justes et fermes de la majorité des pays de la région exigeant que le sommet soit inclusif ».
Les 15 membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) auraient été parmi ceux qui ont fait l’objet de pressions particulièrement intenses après que la CARICOM a annoncé très tôt que ses membres boycotteraient le sommet si des pays étaient exclus ou si Juan Guaido, le faux prétendant à la présidence du Venezuela qui prétend toujours diriger un gouvernement parallèle en opposition au gouvernement élu du Venezuela, était présent. Il a été signalé que ses « représentants » devraient être présents. Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, n’a confirmé tardivement sa présence qu’après avoir été « persuadé » par un émissaire de la Maison Blanche.
En ce qui concerne l’exclusion des trois pays par Joe Biden, le premier ministre Justin Trudeau a clairement montré ce que vaut sa prétention à défendre l’inclusion lorsqu’il est resté muet sur l’exclusion des trois pays et a déclaré qu’il appartenait à l’hôte de décider qui inviter.
Certains des pays « de l’hémisphère occidental sont ‘moins bien disposés’ que d’autres, a-t-il dit, mais ils partagent tous un certain nombre de problèmes urgents, tels que les pressions migratoires, le changement climatique et le rétablissement complet de la pandémie de COVID-19 », indique La Presse Canadienne. Montrant le type de souveraineté que le Canada soutient, Justin Trudeau et la ministre de la Défense, Anita Anand, rencontreront, en route vers le sommet, les commandants du NORAD à son quartier général au Colorado. Dans NORAD, les forces armées canadiennes sont sous le commandement des forces armées des États-Unis et de leur commandant en chef, le président des États-Unis. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, sont également sur place pour rencontrer le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le ministre mexicain des Affaires extérieures, Marcelo Ebrard, indique La Presse Canadienne.
Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a déclaré que les États-Unis avaient eux-mêmes condamné à l’échec le sommet et a remercié les pays, au nombre d’au moins 25 sur les 35 que compte le continent américain, qui ont eu le courage de protester d’une manière ou d’une autre contre l’exclusion de son pays, de Cuba et du Nicaragua. Il y a plusieurs semaines, le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a déclaré qu’il n’avait aucun intérêt à participer au sommet, qu’il s’agissait d’un événement utilisé par les États-Unis uniquement pour attaquer les autres pays de la région.
L’attachée de presse de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a répondu à la question d’un journaliste qui voulait savoir si les boycotts allaient diminuer la portée du sommet, en déclarant que les États-Unis « demeurent la force la plus puissante dans la conduite d’actions hémisphériques pour relever les principaux défis auxquels sont confrontés les peuples des Amériques — inégalités, santé, climat et sécurité alimentaire ». Apparemment insensible à l’ironie de sa déclaration, elle a déclaré que Joe Biden s’en tenait à ses principes en n’invitant pas de « dictateurs ». Outre le rôle que joue le président américain lui-même lorsqu’il dicte qui peut ou ne peut pas participer au sommet, celui-ci accueille des personnalités comme le dirigeant haïtien imposé par l’étranger, Ariel Henry, et le colombien Ivan Duque, qui président tous deux des « démocraties » d’escadrons de la mort notoires installées sous les auspices des États-Unis.
Sacha Llorenti, secrétaire exécutif de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique – Traité de commerce entre les peuples (ALBA-TCP) a déclaré dans un communiqué : « Nous pensons que le Sommet des Amériques a déjà échoué, … les États-Unis n’ont ni le droit ni l’autorité d’exclure un pays, … leur intention n’est pas seulement d’exclure mais de diviser. Ceux qui n’y vont pas restent à l’écart en signe de protestation. Et beaucoup de ceux qui y vont protesteront là-bas.
« Le gouvernement américain ne s’intéresse pas aux droits humains, à la démocratie ou à une véritable intégration. Ses efforts visent à exploiter tout espace qu’il peut au profit de ses intérêts hégémoniques et à étouffer ceux qui cherchent à sortir de son influence.
« Le véritable intérêt des États-Unis est le même depuis des décennies : empêcher la migration sud-nord, faire en sorte que ses entreprises aient le contrôle de nos ressources naturelles, vendre ses produits à valeur ajoutée sur le marché régional, utiliser notre main-d’oeuvre comme main-d’oeuvre bon marché, contrôler les routes commerciales internationales, étendre sa présence militaire, avoir le contrôle géopolitique et punir ceux qui ne se soumettent pas à sa volonté. »
Deux contre-sommets se déroulent parallèlement au sommet de Los Angeles. Le Sommet des peuples se tient du 8 au 10 juin, également à Los Angeles. Le Sommet des travailleurs des Amériques a lieu du 10 au 12 juin à Tijuana, au Mexique, à quelques kilomètres au sud de la frontière américaine. Une partie de son programme sera diffusée en direct sur Facebook par diverses organisations participantes.
(Prensa Latina, La Razon, El Mostrador, La Jornada, Le Mundo, Radio-Canada, La Presse Canadienne.)
LML Quotidien, affiché le 9 juin 2022.
|
|