Dans l’actualité le 2 juin
Élections 2022 en Ontario
La nécessité d’une réforme électorale très présente dans la conscience des électeurs
Plus ça va, plus les Canadiens se rendent compte que les élites dirigeantes contrôlent le processus électoral en les empêchant de participer au-delà du dépôt d’un bulletin de vote. Ce qui fait qu’aujourd’hui le système électoral appelé démocratie représentative est considéré comme tout sauf représentatif des électeurs.
Les partis du cartel n’ont rien de politique dans la mesure où ils servent des intérêts privés étroits et non les intérêts du corps politique tels que définis par les membres du corps politique eux-mêmes. Leur manque de légitimité fait que les demandes de réformes électorales se multiplient. Plusieurs petits partis, des candidats indépendants et ce qu’on appelle des « tiers partis » ont fait valoir cette préoccupation dans le cadre de l’élection 2022 en Ontario.
Représentation équitable Canada
Représentation équitable Canada, enregistré comme un tiers parti, fait du porte-à-porte pour une campagne en faveur d’une assemblée des citoyens sur la réforme électorale. Il fait également campagne au niveau fédéral. Le groupe est partisan de la représentation proportionnelle comme substitut au scrutin uninominal majoritaire à un tour comme méthode de dépouillement des votes.
Dans sa campagne en Ontario, Représentation équitable Canada cote les partis représentés à l’assemblée provinciale en fonction de leur programme de réforme électorale. Il favorise le Parti vert qui promet une « assemblée citoyenne obligatoire sur la réforme électorale » et défend la représentation proportionnelle. Bien qu’il soutienne les néodémocrates en Ontario pour leur promesse de créer un groupe de citoyens ayant pour mandat spécifique d’instituer un mode de scrutin proportionnel mixte (SPM), Représentation équitable Canada les invite à « adopter une assemblée de citoyens qui examinera toutes les options ». Quant aux libéraux, dont le chef Del Duca a déclaré qu’il démissionnerait s’il ne parvenait pas à légiférer sur un système de scrutin par classement lors de l’élection, Représentation équitable Canada dit « s’opposer aux modes de scrutin par classement avec vainqueur, qui peuvent produire des résultats plus faussés que le scrutin uninominal à un tour ».
Sans mentionner un parti en particulier, l’organisation indique : « Certains politiciens veulent fausser le mode de scrutin de l’Ontario pour donner plus de pouvoir à leur parti. »
Les petits partis
Le Parti du choix des Canadiens et Canadiennes (PCCC), qui se décrit comme « un parti unique conçu pour les indépendants », présente deux candidats et appelle les gens à voter pour n’importe qui sauf les conservateurs, les libéraux et les néodémocrates, comparant ceux-ci à un « groupe de voyous » qui « n’ont rien fait d’autre que de lécher les bottes de quelques industriels et technocrates d’élite… et de ne pas tenir compte du bien-être de la population qui les a élus ». Il fait valoir que de nombreux électeurs ne votent pas mais qu’ils pourraient « jouer un rôle important » en « votant pour des indépendants ou des candidats de petits partis, qui font principalement partie de la population qui souffre et qui ne sont ni des politiciens de carrière ni des membres de l’oligarchie aristocratique ».
En plus d’éliminer le contrôle du parti sur les députés, le PCCC est en faveur du droit de révocation et les référendums. Il affirme que « si c’est une contradiction dans les termes de parler d’un parti d’indépendants », son objectif est de permettre aux indépendants de se présenter aux élections.
Consensus Ontario voudrait la « politique sans parti ». Il présente deux candidats et déclare : « Les Ontariens veulent que leurs députés les écoutent, ils veulent qu’ils représentent les opinions de leur circonscription à Queen’s Park, et non les opinions du parti dans la circonscription. » Il définit la « démocratie non partisane (sans parti) » comme une démocratie qui signifierait « gouvernement par le peuple » et non au « gouvernement par le parti ».
Sur son site Web il écrit : « Des élections universelles et périodiques auront lieu sans référence aux partis politiques. Consensus Ontario travaillera à l’élimination de tous les partis (y compris lui-même) de la politique en Ontario et à son remplacement par des représentants indépendants et élus qui sont redevables à leurs électeurs. » Dans un « gouvernement de consensus », le premier ministre et le cabinet sont choisis parmi les élus, sans référence à l’affiliation à un parti.
Le Parti réforme électorale présente deux candidats et affirme vouloir « remettre en question la nature hiérarchique de notre processus politique ». Il est favorable à la représentation proportionnelle ou au vote unique transférable afin que « les Ontariens soient libérés du voter de manière stratégique ». Il affirme qu’il obligerait les politiciens à représenter leurs électeurs locaux, en exigeant que les députés provinciaux « tiennent des assemblées publiques mensuelles dans leur circonscription afin que leurs électeurs puissent leur demander des comptes en personne et que les députés provinciaux aient le pouls de la circonscription qu’ils représentent ». Les députés seraient également tenus de rédiger des rapports publics hebdomadaires « pour expliquer comment ils ont représenté leurs électeurs chaque semaine » et leurs salaires seraient liés à un système d’évaluation d’approbation par leurs électeurs.
Le Parti aucune de ces réponses démocratie directe présente 28 candidats à cette élection. Il réclame lui aussi un système où les députés « ne sont pas liés par le contrôle des partis et peuvent vraiment représenter leurs électeurs en premier lieu ». Les composantes de sa démocratie directe sont appelées les « 3R », soit « des lois sur des référendums, des rappels et un gouvernement responsable pour de véritables réformes législatives et électorales ».
Un élément clé de son programme de réforme électorale est de mettre fin à l’inégalité des candidats et des partis inscrite dans la loi électorale. En mars de cette année, le Parti aucune de ces réponses a lancé une contestation judiciaire d’une décision d’Élections Ontario affirmant qu’il n’avait pas le pouvoir d’exiger que les organisateurs de débats électoraux incluent tous les candidats dans les débats électoraux. Le chef du parti, Greg Vezina, affirme que le directeur général des élections a « le devoir de rappeler aux organisateurs de débats d’inviter les candidats des petits partis » et qu’Élections Ontario viole les droits des électeurs en ne le faisant pas.
La définition du mot « débat » est au centre des plaidoiries dans le cadre d’une contestation judiciaire. En effet, le Parti aucune de ces réponses soutient qu’Élections Ontario devrait traiter les débats comme des dépenses électorales et donc comme des contributions aux partis lorsqu’ils sont organisés sur une base exclusive. Dans ses observations, Élections Ontario soutient qu’il n’a aucune autorité sur l’organisation des débats préélectoraux dans la province, car le législateur a voulu qu’il ne contrôle pas l’expression politique des candidats.
D’autres petits partis en lice à l’élection ne proposent pas de réformes électorales particulières dans leur campagne, mais énumèrent divers aspects d’une réforme électorale dans leur programme. Le Parti communiste de l’Ontario présente 12 candidats et réclame un système proportionnel mixte, des plafonds de dépenses de campagne plus bas, le droit de révocation, des salaires correspondant au « salaire moyen des travailleurs » pour les élus, l’abaissement de l’âge du droit de vote à 16 ans et la réforme de la radiodiffusion électorale pour garantir « un accès juste et égal à tous les candidats et partis ». Il affirme qu’il réglementera le pouvoir de dépenser des « organisations de façade des entreprises » et supprimera l’interdiction faite aux syndicats de financer les partis politiques.
Candidats indépendants
Le fait même de se présenter comme candidat indépendant est un appel à la réforme électorale, à l’encontre d’un système qui dit que les indépendants n’ont aucune chance et que seuls les candidats des partis du cartel sont dignes de vote. Certains candidats à cette élection se font un devoir de souligner le rôle négatif joué par les partis dans le processus électoral et politique.
Dans la circonscription torontoise de Davenport, Nicholas Alexander dit qu’il se présente parce que les gens comprennent « à quel point les partis et les politiciens ont semé la discorde » et qu’il veut mettre fin à cette discorde en favorisant « un sentiment d’unité » dans la circonscription.
Le candidat d’Ottawa-Centre, Thomas Borcok, réclame une assemblée des citoyens pour la réforme électorale et affirme qu’elle doit être suffisamment financée pour mener une étude approfondie et faire connaître ses recommandations. Sur son site Web, on peut lire : « La démocratie en Ontario est en train de dépérir. Entre … le système uninominal majoritaire à un tour et l’hyperpartisanisme incontrôlé qui sème la division … notre gouvernement nous laisse tomber. »
Dans la circonscription d’Haldimand-Norkfolk, Bobbi Ann Brady affirme que son expérience en politique provinciale lui fait dire que les gens « ont perdu espoir ». Son site Web indique qu’à l’échelle internationale, « les électeurs se détournent des partis politiques traditionnels, car ils ont l’impression que les élites et les intérêts spéciaux ont infiltré et détourné le processus ». Elle appelle les électeurs à « travailler ensemble pour résoudre cette crise [de la démocratie] en envoyant un message clair : notre vote ne sera pas considéré comme acquis. Nous ne pouvons pas continuellement récompenser les partis politiques qui maltraitent les personnes qu’ils servent – il est temps de reprendre notre pouvoir. »
Laura Chesnik, de Windsor-Tecumseh, qui est membre du Parti marxiste-léniniste et se présente comme indépendante, lance un appel direct aux électeurs sur la nécessité d’une réforme électorale. Au fond, dit-elle, la réforme électorale exige que les gens s’impliquent dans la politique et parlent en leur propre nom. Pendant et entre les élections, elle considère que la solution aux problèmes de la société réside dans l’émergence de politiciens ouvriers comme elle. Elle s’oppose à tout le système d’accession des partis au pouvoir, estimant que le rôle des partis politiques doit être de politiser les citoyens. Selon elle, ce sont les électeurs, et non les partis politiques, qui doivent nommer et sélectionner les candidats parmi leurs propres pairs. Elle s’oppose fermement à ce que les partis soient financés par l’État et affirme que les fonds publics devraient servir à financer le processus et non les partis politiques.
Laura préconise également une réforme de l’assemblée législative. Le premier ministre serait élu par les députés. Quant au poste de lieutenant-gouverneur, elle affirme que le poste de représentant de la Couronne devrait être éliminé et que la « sanction royale » des lois devrait être remplacée par l’élection d’un des députés provinciaux ayant pour mandat de ratifier les lois adoptées par l’assemblée provinciale.
(Ontario Political Forum, affiché le 2 juin 2022)
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