Dans l’actualité le 31 mai
Élections 2022 en Ontario
Les revendications des travailleurs accidentés, essentielles à la vie humaine
Dans cette élection, les revendications des travailleurs accidentés sont très importantes. Le 1er juin est souligné à chaque année comme la Journée des travailleurs accidentés en Ontario. Cette année, un grand sujet de préoccupation est l’écart inacceptable entre les données officielles publiées par les gouvernements et les commissions des accidents du travail, comme la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT), et les données réelles existantes sur le nombre de décès, blessures et maladies liés au travail.
Cette année, par exemple, le Centre de santé et sécurité des travailleurs et travailleuses (CSST), qui fait beaucoup de recherche et forme des représentants dans les endroits de travail, écrit que bien que le nombre de réclamations officielles de décès de travailleurs reconnu par la CSPAAT pour 2020 soit de 324, son propre estimé est d’au moins 3 240. La CSPAAT a aussi officiellement rapporté qu’il y avait eu 153 193 réclamations pour blessures et maladies, alors que le centre évalue les blessures et maladies à 310 000. Le centre a aussi rapporté que la plupart des décès, blessures et maladies causés par des dangers liés au travail ne sont jamais rapportés ni reconnus par la CSPAAT. Il en va de même pour les infections et les décès liés à la COVID-19, ainsi que les problèmes de santé mentale, qui ont monté en flèche suite à l’échec des gouvernements et des intérêts des grandes entreprises de protéger le facteur humain au travail. C’est encore plus vrai dans un contexte de pandémie.
Une recherche menée à l’Université d’Ottawa a produit des résultats similaires à l’échelle du pays. Les chercheurs ont confirmé que les travailleurs ont démontré au prix de leur vie que le nombre de décès annuels est calculé selon un système qui n’a jamais été conçu pour retracer les décès au travail, mais ne comprend que les décès au travail qui sont indemnisables. Il y a une pression constante de la part des gouvernements et des commissions des accidents du travail qui servent les intérêts privés étroits pour réduire le nombre de décès, blessures et maladies reconnus et indemnisables.
La pression sur les travailleurs pour qu’ils ne signalent pas les blessures et maladies est aussi à la hausse, de même que les contestations judiciaires contre les réclamations des travailleurs pour la reconnaissance et l’indemnisation. La plus récente activité criminelle à cet égard a été la décision du gouvernement ontarien de rembourser les principaux employeurs avec le soi-disant surplus du système d’indemnisation, même si ce « surplus » provient des compressions massives aux prestations des travailleurs blessés qui sont acculés encore plus à la pauvreté.
Un système corrompu a été développé par les gouvernements successifs, particulièrement depuis le déclenchement de l’offensive antisociale il y a plus de 30 ans, qui a fait en sorte que les prestations aux travailleurs sont perçues comme un coût qu’il faut réduire parce qu’il est un obstacle à la capacité des intérêts privés étroits d’encaisser le profit maximum.
C’est une triste réalité, mais vraie, qu’aucun gouvernement ontarien, certainement pas depuis 30 ans, n’a assumé sa responsabilité de protéger les travailleurs et de reconnaître le droit des travailleurs à des conditions de travail saines et sécuritaires et à l’indemnisation lorsqu’ils sont blessés. Au contraire, la situation des travailleurs accidentés s’est constamment détériorée.
C’est seulement par la lutte résolue des travailleurs, notamment celle des organisations de défense des travailleurs accidentés comme le Réseau ontarien des groupes de travailleurs accidentés (ONIWG), que la dignité et les droits des travailleurs ont été défendus.
Non seulement ces organisations luttent-elles contre les attaques menées contre les travailleurs accidentés, elles mettent aussi de l’avant des revendications et des solutions qui reposent sur la défense des droits des travailleurs. ONIWG a plusieurs revendications, dont les trois principales immédiates sont : Aucune compression aux prestations fondée sur des emplois fantômes ! Écoutez les professionnels de la santé qui traitent les travailleurs accidentés ! Arrêtez de couper les prestations en vertu de « conditions préexistantes » !
À l’automne de 2021, l’Alliance pour les réformes en matière de maladies professionnelles (ODRA) a été fondée. L’Alliance est composée de groupes qui s’occupent de grappes de maladies industrielles partout en Ontario, telles que Sarnia/Chemical Valley, les communautés minières et d’autres où l’exposition aux produits toxiques a engendré des maladies professionnelles mortelles au cours des décennies. L’Alliance demande la reconnaissance et l’indemnisation. Parmi ses revendications, il y a l’indemnisation suite aux réclamations pour des maladies professionnelles lorsque la moyenne de l’exposition aux endroits de travail dépasse les niveaux que l’on retrouve ailleurs dans la communauté, et l’expansion de la liste des maladies professionnelles présumément liées au travail.
D’autres organisations de travailleurs accidentés et leurs alliés prennent la parole en leur propre nom, faisant leur propre recherche, organisant des forums et des manifestations, et refusant que le mantra de « servir l’économie » soit brandi contre leurs revendications pour la justice et les droits qui leur appartiennent en tant que travailleurs accidentés et êtres humains. Ce sont les travailleurs de l’Ontario qui créent la richesse sociale de la province par leur travail dans un système qu’ils ne contrôlent pas. Il est donc de la responsabilité de ce système et de ses représentants de fournir des conditions de travail saines et sécuritaires et de veiller à ce que les personnes blessées ou malades, ou les familles des travailleurs qui perdent la vie, aient un niveau de vie canadien en tant que droit. Sinon, « servir l’économie » est simplement un leurre de tous les gouvernements mettant en oeuvre l’offensive antisociale pour servir les riches à tout prix et abandonner les gens à leur sort.
Le travail que font les travailleurs accidentés et leurs organisations en parlant en leur propre nom dans cette élection est ce qu’il faut faire. C’est aussi de cette façon que sera préparée et formée une force de politiciens ouvriers qui se présenteront aux élections pour que l’assemblée législative soit composée de gens qui ne sont pas redevables aux partis cartellisés. Ces partis cartellisés forment des gouvernements et adoptent des lois anti-ouvrières, font des promesses et affirment avoir des politiques qui sonnent bien mais qui peuvent être abandonnées à tout moment sous prétexte de la « crise économique » ou de la « pandémie ». Les revendications des travailleurs accidentés sont essentielles pour la vie humaine et requièrent une véritable représentation qui est sous le contrôle et le pouvoir décisionnel des travailleurs eux-mêmes.
C’est ainsi que la situation peut être changée et que les problèmes peuvent être résolus d’une manière favorable au peuple.
Ontario Political Forum, publié le 24 mai 2022.
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