Dans l’actualité le 28 avril
Entrevues
Janet Paterson, organisatrice des travailleurs accidentés
Janet Paterson est présidente du Réseau ontarien des groupes de travailleurs accidentés (ONIWG).
Cette année, nous participons aux actions du Premier Mai organisées par la Fédération du travail de l’Ontario et nous encourageons les travailleurs à s’impliquer. Au coeur du Premier Mai est le besoin d’organiser les travailleurs partout dans le monde pour leurs droits, et cela comprend leurs droits à des conditions de travail sécuritaires et salubres. Et nous sommes aussi des travailleurs. Nous sommes des travailleurs qui avons été blessés ou qui sont tombés malades dans leur endroit de travail.
Le 28 avril, nous aurons aussi des cérémonies de la Journée de commémoration à différents endroits. Cette année, nous allons revenir aux cérémonies en présentiel, aux actions organisées par les communautés, avec la participation des Conseils du travail et d’autres groupes.
Nous avons besoin d’endroits de travail salubres et nous devons continuer d’exhorter notre gouvernement à talonner les employeurs, à talonner les entreprises. Par exemple, quel rôle les inspecteurs gouvernementaux jouent-ils à l’heure actuelle ? Nous observons que le nombre d’amendes imposées aux entreprises est très à la baisse. Mais nous ne voyons pas une baisse dans le nombre d’accidents et nous ne voyons définitivement pas une baisse dans le nombre de maladies dues au travail.
Nous avons présentement trois principales revendications que nous mettons de l’avant.
La première est au sujet du « deeming » (la présomption). C’est une mesure qui fait énormément de tort aux travailleurs. Ceux-ci, devenus invalides de façon permanente, blessés et malades en permanence, se font dire par la Commission de la sécurité et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) qu’ils ont la capacité d’aller travailler. Ensuite, on déduit de leurs prestations la valeur en dollars du salaire que le travailleur serait « censé » recevoir. Pour la plupart des personnes aux prises avec cette pratique, les emplois en question n’existent pas. Elles sont incapables, physiquement et même mentalement, de faire le travail et elles ont les billets du médecin pour le prouver. Le « deeming » contribue énormément à la situation de pauvreté des travailleurs.
La deuxième est que la CSPAAT a ce qu’on appelle des médecins sur papier. Elle recueille les opinions de ces médecins sur papier. Nous voulons que la CSPAAT écoute les médecins qui soignent concrètement le travailleur, ainsi que les physiothérapeutes et les autres, le travailleur de la santé qui soigne le travailleur. Ils doivent être écoutés. Lorsqu’ils disent que le travailleur n’est pas prêt à retourner au travail, alors ne l’obligez pas à retourner travailler, parce que d’autres accidents sont possibles et il risque de se blesser davantage.
La troisième est la pratique des conditions préexistantes de la CSPAAT. La commission a un échéancier très défini, peu importe la blessure, qui détermine le moment que quelqu’un doit être guéri. Et lorsqu’un travailleur n’est pas guéri au moment choisi, la commission va encore plus loin. Elle prétend alors que sa blessure n’a rien à voir avec son endroit de travail, que c’est le signe d’une condition préexistante, par exemple quelque chose qui se serait produit lorsque vous étiez enfant et que vous vous êtes blessé.
Nous apportons donc ces revendications aux actions auxquelles nous allons participer, les actions du Premier Mai et aussi les cérémonies de la Journée de commémoration dans divers endroits en Ontario.
Nous disons que l’indemnisation des travailleurs est un droit. Nous avons même porté plainte à l’ONU au sujet du « deeming ». Le régime de la CSPAAT est en violation des droits humains. La CSPAAT a la responsabilité de nous ramener à notre meilleure forme, peu importe ce qui nous est arrivé. Elle n’a pas le droit de nous enlever les outils dont nous avons besoin pour être dans la meilleur forme possible. Nous avons droit aux soins de santé les mieux adaptés à nos besoins. Nous avons droit à des revenus qui nous permettent de vivre dans la dignité.
J’encourage les gens à se mobiliser. Ajoutez votre voix. Faisons en sorte que nos voix comptent. Prendre la parole est même bon pour la santé.
Notre situation est très difficile parce que tout orienté pour les affaires, pour l’argent. Ce n’est pas organisé pour les gens ordinaires. Notre travail à la défense des gens est très important.
Forum ouvrier, affiché le 28 avril 2022.
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