Dans l’actualité le 1er avril
Le gouvernement de la Colombie-Britannique autorise la violence policière contre les défenseurs de la terre wet’suwet’en
Le chef héréditaire wet’suwet’en Na’Moks dit qu’il trouve « troublant» l’accès aisé de la GRC au financement et à la main-d’oeuvre
En réponse à des dossiers internes montrant que le gouvernement approuvait la requête de la GRC pour plus d’agents de police pour un raid alors que la Colombie-Britannique était aux prises avec une inondation historique, le chef héréditaire wet’suwet’en Na’Moks a dit que c’était « troublant » de constater à quel point il est facile pour le Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et l’industrie (GISCI) de la GRC de la Colombie-Britannique, qui agit en secret, d’obtenir les ressources financières et policières du gouvernement provincial, alors même que sévissaient les inondations historiques l’année dernière.
Lors d’une entrevue avec la presse le 29 mars, Na’Moks, connu aussi sous le nom John Ridsdale, a dit que cela révélait une approche du maintien de l’ordre « axée sur l’industrie. « Cela montre clairement qui dirige l’ensemble, c’est-à-dire, l’industrie et les représentants élus. »
« Cette main-d’oeuvre aurait pu être utilisée pour combattre les inondations qui ont sévi dans la vallée du Bas-Fraser. C’est à cela que cette main-d’oeuvre aurait du être utilisée », a déclaré Na’Moks. « Ils mettent plutôt l’argent des contribuables à la disposition de ceux qui protègent un pipeline qui, à nos yeux, est illégal. Nous les avons évincés. Nous ne l’avons jamais accepté. »
« Ils sont approuvés sans problème », a dit Na’Moks au cours de l’interview. « Ils appuient l’industrie, et c’est sans compter l’aide du gouvernement provincial et du gouvernement fédéral. Ils savent exactement ce qu’ils font. »
Dans sa réponse à la demande de la GRC pour plus de forces policières, le ministre de la Sécurité publique de la Colombie-Britannique, Mike Farnworth, a dit que que toutes les ressources provinciales doivent être épuisées avant d’avoir recours aux municipalités et qu’il aimerait une évaluation de la situation « si elle s’envenime » et si elle requiert des policiers d’organisations fédérales ou de l’extérieur de la province.
« Veuillez continuez d’aviser le ministère de toutes actions et de tous nouveaux développements », demande-t-il, ajoutant : « De nouvelles demandes peuvent être autorisées suite à une consultation avec le sous-ministre adjoint Wayne Rideout ».
Rideout était directeur des services policiers depuis quelques mois seulement, ayant assumé ses fonctions lorsque Brenda Butterworth-Carr a annoncé qu’elle démissionnait pour « se concentrer sur ses affaires personnelles et passer plus de temps avec sa famille ». Quelques jours à peine après qu’elle eut annoncé qu’elle quittait, la presse a rapporté qu’elle était un des témoins dans une enquête criminelle en rapport avec l’obstruction à la justice. Butterworth-Carr était commandante-adjointe de la GRC en Colombie-Britannique au moment du meurtre de Robert Dziekanski à l’aéroport de Vancouver en 2007. Les enquêteurs examinent les actes de cadres supérieurs de la GRC à ce moment-là.
Il semble que Rideout a aussi joué un rôle de premier plan dans l’enquête sur la mort de Dziekanski, notamment en prenant la décision de ne pas rectifier la mauvaise information publiée dans les premiers jours suite au meurtre et qui minimisait le rôle joué par les agents de la GRC.
En 2013, Rideout était également l’officier supérieur supervisant une opération d’infiltration antiterroriste au cours de laquelle la GRC a piégé, inculpé et obtenu la condamnation de deux personnes marginalisées accusées d’avoir planifié la détonation d’engins explosifs à Victoria lors des célébrations de la fête du Canada en 2013. En 2016, la juge Catherine Bruce, de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, a suspendu les procédures contre les deux accusés, invoquant que l’inconduite de l’État avait porté atteinte à l’intégrité du système judiciaire.
Dans sa décision, la juge Bruce a écrit que celle-ci était nécessaire « en raison d’un abus du processus ». Elle a trouvé que la police avait participé à « une manipulation complexe et systématique des deux défendeurs pour les inciter à commettre une infraction terroriste ».
Elle a aussi écrit : « Le spectre de défendeurs condamnés à la prison à vie pour un crime qui avait été fabriqué par la police en exploitant leurs vulnérabilités, en leur faisant craindre pour leur vie s’ils s’en retiraient et en balayant tous les doutes qu’ils auraient pu entretenir sur les justifications religieuses du crime, est une offense contre notre notion de justice fondamentale. Simplement dit, le monde a suffisamment de terroristes. Nous n’avons pas besoins de la police pour en former d’autres en s’en prenant à des gens marginalisés qui n’ont ni la capacité ni la motivation nécessaire pour le faire eux-mêmes. »
Dans sa décision, elle note que l’agent responsable du projet s’était rapporté à Rideout et à un autre cadre de la GRC au niveau local, ainsi qu’à un cadre supérieur aux quartiers généraux nationaux.
Elle a aussi mis en lumière le fait qu’un des officiers de police était préoccupé d’avoir à mettre des idées dans la tête d’un des accusés et avait protesté contre le fait de donner cette directive à un autre agent et « ce n’est qu’après que l’équipe clandestine a appris que cette directive venait du commissaire adjoint Rideout qu’ils ont obtempéré. »
En réponse à tout cela, Na’Moks a dit : « Je ne sais pas comment c’est possible qu’ils peuvent s’en sortir après avoir été impliqués dans une telle tactique illégale et que les tribunaux et les gouvernements disent, ‘Pas de problème, voici une petite réprimande et nous vous donnerons votre promotion plus tard’. Comment est-ce possible dans un pays qui se dit démocratique ? »
En février, la GRC a annoncé qu’elle enquêtait sur une présumée attaque contre le pipeline Coastal GasLink. Na’Moks a dit qu’il était au courant que la police enquête sur deux suspects potentiels.
À la lumière des pratiques passées de la GRC et de son ancien cadre supérieur Wayne Rideout, les gens doivent être très méfiants face aux résultats de cette enquête.
(Avec des informations d’APTN, The Tyee, Georgia Strait, CTV, la Cour suprême de la Colombie-Britannique)
Le Renouveau, affiché le 1er avril 2022.
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