Dans l’actualité le 1er avril
Les survivants des pensionnats autochtones poursuivent
leur quête de justice
Une délégation de l’Assemblée des Premières Nations demande à l’Église catholique d’abolir la doctrine de la découverte
La délégation de l’Assemblée des Premières Nations à la place Saint-Pierre, 31 mars 2022
Seize membres d’une délégation de l’Assemblée des Premières Nations (APN) ont rencontré le pape François au Vatican le 31 mars. Ils étaient le troisième groupe de représentants des peuples autochtones à rencontrer le pape, les Métis et les Inuits l’ayant rencontré le 28 mars. La délégation était dirigée par le chef régional de l’APN des Territoires du Nord-Ouest, Gerald Antoine, membre de la Nation dénée.
La rencontre, prévue pour durer une heure, a duré deux heures. L’objectif de l’échange avec le pape était de l’informer directement de l’impact des pensionnats sur les enfants autochtones, qui représentaient plus de 90 % des élèves des pensionnats. En plus de demander au pape de venir au Canada pour s’excuser directement auprès des peuples autochtones pour les crimes que les membres des ordres catholiques ont commis contre eux et leurs enfants et pour indemniser les survivants pour les préjudices qu’ils ont subis, la délégation a demandé au pape d’abroger la doctrine de la découverte.
La doctrine de la découverte émane d’une série de bulles papales (déclarations officielles du pape qui définissent une politique) datant des années 1400. Cette doctrine a servi à justifier la dépossession coloniale des nations autochtones souveraines des Amériques de leurs terres et la subjugation de leurs peuples pendant « l’âge de la découverte » européen. Le principe fondamental de cette vision était que les peuples autochtones n’avaient pas d’âme et n’étaient donc pas humains, et que les terres « découvertes » étaient terra nullius, vides de tout habitat humaine. Ce point de vue a constitué le fondement de la politique autochtone du Canada, dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui. L’appel lancé au Canada pour qu’il rejette la doctrine de la découverte est le 47e des 94 appels à l’action de l’historique Commission vérité et réconciliation de 2015.
La délégation de l’APN a également demandé au pape de rendre public tous les dossiers et documents détenus par le Vatican et les ordres religieux concernant les pensionnats. C’est essentiel pour que toute la vérité sur cette entreprise puisse être établie afin d’obtenir justice pour les victimes, pour la guérison et pour la réconciliation.
La délégation a remis au pape une planche porte-bébé utilisée pour porter les enfants autochtones, comme symbole de chaque enfant pensionnaire dans un pensionnat et qui n’en n’est jamais revenu. Ils lui ont demandé de réfléchir à leur rencontre et de rendre la planche porte-bébé lors de la rencontre du 1er avril avec tous les représentants autochtones, en signe qu’il s’excuserait pour les crimes commis.
La délégation de l’Assemblée des Premières Nations tient une conférence de presse, le 31 mars 2022, après la rencontre avec le pape.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre avec le pape, le grand chef Mandy Gull-Masty, de la nation crie d’Eeyou Istchee, au Québec, a déclaré : « Nous avons dit à Sa Sainteté : ‘La façon dont vous traiterez cette planche porte-bébé montrera comment vous traiterez notre peuple à l’avenir.’ » « En rendant la planche porte-bébé à la délégation, il démontrera son engagement envers notre peuple », a ajouté le chef.
Le chef régional Gerald Antoine a dit que l’audience avec le pape avait été productive, que le pape semblait écouter la délégation.
(Photos: AFN, E. Lily)
Le Renouveau, affiché le 1er avril 2022.
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