Dans l’actualité le 1er avril
Les survivants des pensionnats autochtones poursuivent
leur quête de justice
Les représentants autochtones réussissent à obtenir des excuses du pape
Le 1er avril, on a annoncé que le pape François avait finalement présenté ses excuses à la délégation de 32 dirigeants, aînés, gardiens du savoir et survivants des pensionnats autochtones qui ont passé la semaine du 28 mars à Rome, accompagnés de six évêques catholiques du Canada. Des rencontres ont eu lieu entre le pape et les délégations des Métis, des Inuits et de l’Assemblée des Premières Nations (APN) afin d’obtenir les excuses du pape et justice pour les crimes commis par l’Église catholique et ses représentants dans l’administration du système des pensionnats autochtones. Le pape a présenté ses excuses devant 160 personnes, dont les délégués autochtones, leurs familles et les personnes qui les accompagnent.
Après la rencontre du 1er avril au cours de laquelle le pape a présenté ses excuses, le chef de la délégation de l’APN, le chef régional Gerald Antoine de la Nation dénée, a déclaré que ces excuses étaient « attendues depuis longtemps » mais qu’elles ne constituaient qu’un premier pas, un pas que les peuples autochtones considèrent comme un « geste de bonne foi ». Gerald Antoine a déclaré que le pape doit maintenant venir au Canada et présenter des excuses officielles aux peuples autochtones qui ont été victimes des pensionnats, ce qui constitue la prochaine étape. Il a reconnu les luttes des peuples autochtones pour la justice qui les ont amenés à « ce point historique » et a remercié le peuple canadien et les peuples du monde entier pour leur soutien. Il s’est engagé à travailler dans l’unité avec les Métis et les Inuits pour poursuivre leur lutte pour la justice en faveur des victimes des pensionnats et a affirmé la résilience, la vitalité et le droit d’être des peuples autochtones du Canada.
Le système des pensionnats autochtones faisait partie du projet colonial de l’État canadien visant à anéantir les peuples autochtones et à les assimiler. Plus de 150 000 enfants des Premières Nations, métis et inuits ont été brutalement enlevés à leurs familles par des agences de l’État canadien, dont la GRC, entre les années 1880 et 1996, et remis à des écoles administrées par diverses confessions chrétiennes. Il est bien établi que ces enfants ont été brutalisés, terrorisés, abusés sexuellement, affamés et torturés. On estime que 25 000 enfants autochtones sont morts alors qu’ils étaient dans les pensionnats, dont les trois quarts étaient dirigés par l’Église catholique.
L’horreur de ce génocide a été mise en évidence avec force dans la conscience des Canadiens par l’annonce, le 27 mai 2021, de la découverte des restes de 215 enfants autochtones dans des tombes non marquées sur le terrain du pensionnat indien de Kamloops, une pensionnat dirigé par l’Église catholique.
La recommandation numéro 58 des 94 recommandations de l’historique Commission de vérité et réconciliation, déposée en 2015, stipule ce qui suit : « Nous demandons au pape de présenter, au nom de l’Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles ainsi qu’aux communautés concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants des Premières Nations, des Inuit et des Métis ont subis dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique. Nous demandons que ces excuses soient semblables à celles faites en 2010 aux Irlandais qui avaient été victimes de mauvais traitements et à ce qu’elles soient présentées par le pape au Canada, dans un délai d’un an suivant la publication du présent rapport. »
C’était il y a sept ans durant laquelle aucune excuse n’a été présentée par le papauté au nom de l’Église catholique.
Le voyage au Vatican est le résultat d’efforts continus et sans relâche de la part des organisations autochtones, des victimes du système des pensionnats, de leurs familles et de leurs aînés pour s’assurer que l’Église catholique reconnaisse ses crimes, verse des indemnités aux victimes et traduise en justice les responsables de ces crimes, dont beaucoup se promènent aujourd’hui en toute liberté. Ils ont également exigé que les « bulles » papales émises au XVe siècle qui revendiquent des droits de découverte soient officiellement abolies.
Les Métis ont été le premier groupe autochtone à rencontrer le pape pendant une heure, le matin du 28 mars. La délégation métisse était dirigée par la présidente du Ralliement national des Métis (RNM), Cassidy Caron, et comprenait trois aînés métis, survivants des pensionnats. Cette rencontre a été suivie d’une réunion entre le pape et une délégation représentant les Inuits, dirigée par Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami.
Le jeudi 31 mars, le pape a rencontré la délégation de l’Assemblée des Premières Nations.
(Photos : C. Caron, ITK, AFN)
Le Renouveau, affiché le 1er avril 2022.
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