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Au Parlement
La date du budget fédéral est annoncée dans une mauvaise mise en scène
La ministre des Finances Chrystia Freeland, qui est également vice-première ministre, a annoncé, en réponse à une question d’un député d’arrière-ban du Parti libéral pendant la période des questions, que le budget fédéral de 2022 sera présenté le jeudi 7 avril. Cette annonce a été faite dans une mauvaise mise en scène. Un tel exercice de relations publiques destiné à influencer ou convaincre l’opinion publique à des fins politiques montre le mépris et le dédain envers ce qui est présenté. Cela est devenu la marque de commerce du gouvernement libéral pour qui la Chambre des communes n’est plus qu’une façade pour la domination du pouvoir exécutif et des privilèges.
Le député libéral d’arrière-ban, pendant la période des questions, a demandé quand le budget serait présenté. La question a été précédée par des remarques préparées sur la façon dont « le prochain budget fédéral présentera le plan du gouvernement pour aider les Canadiens et faire croître l’économie ».
Chrystia Freeland a répondu : « Le gouvernement a été réélu sur la base de son engagement à faire croître l’économie, à rendre la vie plus abordable et à continuer à bâtir un Canada où personne n’est laissé pour compte. C’est exactement ce que nous faisons et c’est ce que nous allons continuer de faire dans le budget que je présenterai à la Chambre le 7 avril 2022, à 16 heures. »
Cette annonce a été suivie d’une ovation anormalement longue du caucus libéral. Que l’annonce du dépôt d’un budget doit être suivie d’une ovation prolongée est quelque chose d’incompréhensible et de répréhensible.
Le budget sera rendu public la veille de l’interruption des travaux de la Chambre des communes, pour son congé de Pâques de deux semaines, qui reprendront le 25 avril. Le cynisme du gouvernement et des médias ne connaît aucune limite, et le Globe & Mail a noté que le moment choisi pour la publication du budget « limitera la capacité de l’opposition à questionner immédiatement [Chrystia Freeland et Justin Trudeau] sur son contenu ». Ni l’un ni l’autre ne sont habituellement présents à la Chambre le vendredi, a souligné le journal.
Pour que l’annonce ait tout son impact, certains médias ont été mis au courant de la « révélation ». Un reportage de la CBC écrit d’avance a été mis en ligne quelques instants après l’annonce, mais il n’a pas fait l’objet d’un montage final. Il indiquait que « Freeland a annoncé la date du budget pendant la période de questions du XXX, conformément à la tradition », et est resté en ligne pendant environ 15 minutes avant que la date du 29 mars ne soit insérée. La CBC a commenté que « deux ans après le début de la pandémie de COVID-19, les attentes sont élevées quant à la vision que le budget offrira aux Canadiens sur la voie à suivre ».
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, qui vient tout juste de signer une entente de soutien et de confiance pour que les libéraux aient une majorité à la Chambre, a déclaré aux médias que le budget serait la « prochaine grande étape » qui déterminera comment se déroulera leur accord avec les libéraux. Bien sûr, les budgets impliquent des votes de confiance et on peut donc supposer que l’objectif de l’accord est de s’assurer qu’il soit accepté par le NPD, quel que soit son contenu. Néanmoins, Jagmeet Singh qui a également participé à cette mauvaise mise en scène, a dit :
« Nous voulons que le budget comprenne le financement nécessaire pour atteindre les objectifs fixés : le lancement de la première phase du programme de soins dentaires, afin que les enfants de moins de 12 ans qui en ont le plus besoin puissent recevoir les soins nécessaires », a-t-il déclaré. D’autres parties de l’accord, comme la mise en oeuvre d’un programme national d’assurance-médicaments à partir de 2023, font également partie de l’entente, a-t-il ajouté.
Le même jour, le Conseil de la fédération, composé des premiers ministres provinciaux, a lancé ce qu’il appelle « une campagne de sensibilisation en ligne visant à informer les Canadiens du besoin urgent d’obtenir un financement fédéral à la fois flexible et à long terme en matière de soins de santé ». La campagne sera diffusée sur des plates-formes de nouvelles en ligne et est censée dire aux Canadiens ce qu’ils veulent déjà, un sondage ayant montré que 85 % d’entre eux estiment que le gouvernement fédéral devrait faire de l’augmentation du financement pour les soins de santé accordés aux provinces et aux territoires une priorité du budget fédéral de 2022.
Les premiers ministres disent que le Transfert canadien en matière de santé constitue « le mécanisme le plus efficace afin de permettre au gouvernement fédéral de contribuer à des améliorations importantes en matière de soins de santé pour tous les Canadiens, tout en faisant en sorte que les provinces et les territoires puissent donner suite à leurs priorités et répondre à leurs besoins particuliers ».
Ils souhaitent que le transfert passe de 22 % à 35 % des coûts des soins de santé provinciaux et territoriaux. La question du contrôle des compétences en ce qui concerne les soins de santé ouvre à son tour la porte à l’organisation de la privatisation du secteur avec les grandes sociétés pharmaceutiques et d’assurance.
En décembre 2021, le déficit devrait s’établir à 144,5 milliards de dollars, soit un peu moins que les 155 milliards de dollars prévus en 2021. Ceci est présenté comme une sorte de triomphe de l’administration libérale, sans que l’on sache qui a bénéficié des dépenses qui ont été effectuées.
Alors que le budget sera publié le 7 avril, des annonces majeures impliquant des dépenses importantes ont déjà été faites ces derniers jours et cette semaine. Elles prévoient notamment d’énormes subventions aux entreprises pour mettre en oeuvre les plans du gouvernement libéral pour une économie « verte ». Des accords sur les garderies ont été conclus au niveau ministériel avec chaque province, le plus récent étant celui de l’Ontario dont le premier ministre a annoncé la mise en place d’un programme de garderie à 10 dollars par jour. De même, le premier ministre Trudeau s’est engagé sur la scène internationale en faveur de l’augmentation des dépenses militaires de l’OTAN.
Le Renouveau, affiché le 30 mars 2022.
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