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À la défense des Wet’suwet’en
Les chefs héréditaires rencontrent les directeurs de la Banque royale du Canada
Communiqué de presse, territoire des Gidimt’en non cédé, appelé Smithers, Colombie-Britannique, Canada — Le vendredi, 25 février, les chefs héréditaires wet’suwet’en ont rencontré les directeurs de la Banque royale du Canada (RBC) et de la City National Bank (CNB) pour exiger que la banque cesse de financer le pipeline Coastal GasLink d’ici le 11 mars.
C’était la première réunion de ce genre entre la direction de la RBC et les défenseurs de la terre autochtones, qui depuis une décennie résistent au pipeline controversé de gaz obtenu par fracturation.
À la réunion, les revendications suivantes ont été présentées à la RBC, avec un échéancier de deux semaines menant au 11 mars : (La réunion annuelle des actionnaires de la banque a lieu le 7 avril) :
1. Annuler le financement du pipeline Coastal GasLink, y compris les prêts courants;
2. Ne pas donner un sou de plus à Coastal GasLink, y compris aucun nouvel accord de prêt ou services financiers d’aucune sorte;
3. Se réunir avec les chefs héréditaires wet’suwet’en le 11 mars pour faire le suivi.
Au sujet de la réunion, les chefs héréditaires — Dinï ze’ Woos, Frank Alec; Dinï ze’ Madeek, Dinï ze’ Gisdaywa; et Tsakë ze’ Sleydo, Molly Wickham — ont publié le communiqué suivant :
« Aujourd’hui, nous avons dit sans détours à la direction de la RBC que le financement du pipeline Coastal GasLink menace notre médecine, notre eau, nos terres ancestrales, notre culture et nos maisons. Notre source d’eau sacrée, la rivière Wedzin Kwa, est la base de notre subsistance, et elle est en grave danger. Le financement de Coastal GasLink va directement à l’encontre de la réconciliation. Le pipeline de gaz par fracturation viole nos titres ancestraux, et a engendré plusieurs années de violence et de harcèlement de la part de la GRC à l’égard des défenseurs de la terre autochtones pacifiques et l’expulsion forcée du peuple wet’suwet’en de son territoire.
« La direction de la banque semblait ouverte à entendre nos expériences et au fait que nous leur offrons la chance de faire ce qui s’impose. Nous avons été très clairs : la RBC doit désinvestir de ce projet toxique, qui menace la terre, l’air et l’eau des Wet’suwet’en, et bafoue les droits autochtones. L’argent n’a pas de conscience. La question est : la RBC fera-t-elle ce qui s’impose, c’est-à-dire, désinvestir, ou est-ce que les engagements de la RBC envers la réconciliation resteront lettre morte ? C’est au fruit que l’on juge l’arbre. »
Coastal GasLink et le terminal d’exportation connexe, LNG Canada, sont le plus grand projet de fracturation gazière dans l’histoire du Canada. Le pipeline de 670 kilomètres passerait par 206 cours d’eau écologiquement vulnérables et expédierait près de 2,1 milliards de pieds cubes (2,1 Gpi3/j) (et potentiellement 5 Gpi3/j) de gaz méthane qui serait transporté via ce gazoduc sur une base quotidienne vers le terminal de LNG Canada où il sera exporté.
Avec un prix d’achat estimé à 6,6 milliards de dollars CA, [1] le contrat de Coastal GasLink a été conclu en avril 2020. La RBC est une des banques commerciales qui a fourni le fonds de roulement pour le projet, y compris 275 millions de dollars CA alloué au financement du projet, un prêt cofinancé de 6,5 milliards de dollars, un prêt à l’entreprise de 40 millions de dollars, un fonds de roulement cofinancé de 200 millions de dollars — en plus d’être le conseiller financier du projet.
La BRC détient aussi plus de 85 millions d’actions dans la maison mère de la compagnie, TC Energie, près de 8,6 % de la compagnie. Non seulement la RBC finance TC Énergie, mais elle a grandement investi dans la compagnie et est doublement impliquée dans le gazoduc Coastal GasLink.
La porte parole du poste de contrôle des Gidimt’en Sleydo (Molly Wickham) a clôturé la réunion en partageant des vidéos montrant la violence de la GRC et les arrestations des défenseurs pacifiques de la terre autochtones au cours des trois dernières années, et aussi récemment qu’en novembre 2021. En 1997, la Cour suprême du Canada a confirmé que les chefs héréditaires wet’suwet’en étaient titulaires de droit de leurs territoires non cédés. Les chefs héréditaires n’ont jamais donné leur consentement à la construction du pipeline sur leur territoire, et des dépenses de plus de 21 millions de dollars ont été encourues pour déployer la police contre le peuple wet’suwet’en.
L’industrialisation forcée et la militarisation de la terre wet’suwet’en par la police est en violation des obligations internationales du Canada telles qu’enchâssées dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), que le Canada a adoptée en 2021.
Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CÉDR) a condamné maintes fois le projet de Coastal GasLink, exhortant l’État canadien à mettre fin au projet, d’obtenir le consentement libre, préalable et éclairé (CLIE) des chefs héréditaires, et exhortant la police à se retirer des terres wet’suwet’en et à « immédiatement cesser toute éviction forcée » du peuple wet’suwet’en.
En septembre 2021, la RBC s’est jointe « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFANZ) — une coalition d’institutions financières engagées à accélérer la décarbonisation économique. Or, entre janvier et octobre 2021, la RBC a offert aux compagnies de combustibles fossiles des prêts et des placements de titre de l’ordre de 23,9 milliards de dollars ainsi que des investissements de 51 milliards.
Note
1. « TC Énergie envisage des coûts plus élevés pour le pipeline de Coastal Gaslink », Reuters, 29 octobre 2020.
(LML Quotidien, affiché le 11 mars 2022)
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