Dans l’actualité
Un statut pour tous les travailleurs migrants!
Les défis pour affirmer les droits
des travailleurs migrants
Le rapport qui suit a été fourni par Tess Tesalona, représentante de Migrante Québec, lors d’une réunion zoom pour discuter des défis auxquels sont confrontés les travailleurs migrants et les réfugiés, organisée par le Parti marxiste-léniniste du Québec le 16 février 2022.
Migrante Québec est une organisation de travailleuses et travailleurs philippins au Québec qui soutient la lutte des migrants pour leurs droits et leur bien-être. Nous sommes une section de Migrante Canada, avec des organisations dans les grandes villes du Canada, et un membre de l’Alliance internationale des migrants.
Nous croyons en l’éducation et dans l’action collective pour changer les choses. Nous ne pouvons pas lutter seuls. Je suis ici aujourd’hui pour partager avec vous certaines de nos expériences sur le terrain alors que nous naviguons dans le dédale de la lutte des migrants.
Imaginez arriver au Canada au milieu de l’hiver, pendant la première vague de la pandémie, venant d’un climat tropical. Vous êtes soudainement logés dans une remorque avec seulement des chaufferettes d’appoint pour vous tenir au chaud. Quelques jours plus tard, vous devez partager cet espace exigu avec 2 autres travailleurs.
Imaginez avoir été recruté pour travailler comme chauffeur de camion, mécanicien, travailleur dans une fonderie, etc. — les travailleurs étrangers temporaires sont maintenant dans plusieurs secteurs industriels au Québec — en raison de vos longues années d’expérience dans votre pays et pour avoir travaillé dans plusieurs pays autres que le Canada, puis se faire dire une fois arrivé ici que vous ne pouvez pas faire ce travail. Vous êtes embauché pour un emploi et soudainement vous découvrez que vos tâches incluent le déneigement des toits des édifices.
Et puis vous découvrez qu’il y a des déductions inexplicables sur votre bulletin de paye.
Aussi, si vous êtes venue qu’en tant qu’épouse, vous découvrez que vous travaillerez sans compensation.
Après avoir travaillé ici pendant 5 ans ou 10 ans, vous êtes face à l’incertitude, en attente de votre statut de résident permanent, et cela inclut d’attendre aussi pour la chance d’être réuni avec votre famille.
Pendant la pandémie, les migrants et les immigrants, qui travaillaient dans différentes usines qui ont fermé, ont perdu leur emploi. Mais lorsqu’elles ont rouvert, ils n’ont pas été rappelés. Bien sûr, plusieurs d’entre eux sont des travailleurs employés depuis longtemps mais ils ont été remplacés par une main-d’oeuvre encore plus jetable.
Je suis certaine qu’il y a encore d’autres histoires d’horreur à raconter, mais je veux aussi vous parler de leur incroyable courage, de leur persévérance et de leur sens de la justice.
En tant que Migrante, nous nous sommes engagés dans deux campagnes en particulier : les campagnes de régularisation et de la lutte contre la traite des êtres humains, ainsi que la campagne d’un statut pour toutes et tous.
Les gens arrivent au Canada de différentes manières. Ils arrivent avec une forme de statut. Plusieurs perdent leur statut pour une raison ou une autre. Dans le cadre de cette campagne, nous travaillons avec le Réseau des droits des migrants à travers le Canada pour créer une prise de conscience et demander des changements de politiques afin de régulariser le statut des personnes sans papiers.
L’accès aux soins de santé fait partie de la campagne de régularisation. Comme nous le savons, l’absence ou pas de statut ne signifie pas que les gens vont cesser de vivre ou de travailler. Ils continuent à contribuer en tant que membres de la société et doivent bénéficier du même accès aux soins de santé.
Nous demandons aussi le respect des normes du travail en vigueur, qu’il s’agisse des normes minimales de la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail), ou celles de l’industrie ce qui inclut les Comités paritaires, ou celles des conventions collectives en tant que membres d’un syndicat.
Localement, nous travaillons avec la Coalition contre le travail précaire, qui sont les conditions de travail auxquels font face les migrants et les personnes sans papiers.
Nous faisons face à plusieurs défis, dont celui que notre pays a été colonisé par l’Espagne puis par les États-Unis et que pour ces raisons nous avons appris à parler l’anglais. Alors vous pouvez imaginer la difficulté pour nous d’apprendre à parler couramment le français. Avec ces nouvelles exigences d’immigration par le Québec, ce critère est trop élevé, même pour nos époux qui viennent nous rejoindre. C’est déjà un critère qu’une fois arrivés ici, ils doivent maîtriser le français de niveau 4.
Dans le cadre de la campagne « Non à la traite des personnes ! » notre priorité est de mettre fin au travail forcé. Cela inclut toutes sortes de moyens par lesquels ils arrivent, le plus souvent par le biais d’agences de recrutement sans scrupules. Nous voulons sensibiliser les gens aux nombreuses failles des politiques néolibérales en matière de migration qui favorisent la traite des êtres humains.
Pour conclure, je voudrais simplement rappeler à tous que la première révision du Pacte mondial sur les migrations (PMM) aura lieu du 17 au 20 mai 2022, à New York. Il s’agit d’un événement parrainé par les Nations unies, appelé Forum d’examen des migrations internationales qui vise à faire le point sur ce qui s’est passé depuis la mise en oeuvre du Pacte mondial sur les migrations en 2018.
Nous, de la communauté des migrants et des réfugiés, savons parfaitement ce qui nous est arrivé. Nous espérons que vous vous joindrez à nous dans le cadre de l’Alliance internationale des migrants (AIM) pour crier haut et fort que ce pacte est un écran de fumée qui ne représente pas la réalité à laquelle nous sommes confrontés. Ce pacte n’est pas pour nous.
Merci beaucoup.
(Forum ouvrier, affiché le 19 février 2022)
|
|