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État d’urgence et chaos à Ottawa
Le temps est venu de faire entendre la défense des droits de toutes et de tous !
Ce qui se passe à Ottawa avec l’occupation de la ville par le « convoi de la liberté » n’a rien à voir avec la défense de la liberté et de la démocratie. Les résidents d’Ottawa voient leurs droits foulés aux pieds. Certain disent qu’ils vivent dans la crainte d’être agressés en se faisant arracher leur masque aux cris de « Liberté ! »
La Ville d’Ottawa, soutenue par le gouvernement de l’Ontario, a déclaré l’état d’urgence. Les communiqués de presse assurent que cela sert simplement à avertir que la police appliquera les règlements de stationnement, émettra des contraventions et sévira contre toute personne qui fournit de l’essence ou de la nourriture à ceux qui causent des désordres en prétendant défendre une cause ou une autre. Avant cela, le 4 février, un recours collectif a été déposé par un résident contre la pollution sonore et les dommages psychologiques, au nom des 6 000 résidents qui habitent dans les secteurs situés entre les rues Bay et Elgin ainsi que les rues Lisgar et Wellington. L’audience sur le recours a d’abord été ajournée au lundi 7 février, puis le juge Hugh McLean, de la Cour supérieure de l’Ontario, a émis une injonction temporaire pour mettre fin aux klaxons et à l’utilisation de klaxons à air comprimé et de klaxons de train par le convoi. Le 7 février également, le conseil municipal d’Ottawa a tenu une réunion d’urgence au sujet du convoi. Selon les informations, le chef de la police d’Ottawa a demandé une force additionnelle de 2 000 policiers et personnel civil pour « faire monter la pression » sur le convoi.
Beucoup de choses sont dites sur la défense de la liberté d’expression des membres du convoi tant qu’ils sont respectueux de la loi, alors que ce n’est pas ce qui caractérise leurs actions. D’après ce que l’on sait du convoi, il s’agit d’un manifeste par lequel les participants se déclarent les véritables « représentants du peuple canadien ». Ils demandent entre autres la démission du premier ministre et de son gouvernement et l’annulation de tous les mandats de vaccination.
L’ironie de la situation n’échappe pas aux Canadiens qui voient que, même sans le « convoi de la liberté » et ses demandes, de nombreux gouvernements à différents niveaux sont de toute façon en train de lever les mandats de vaccination. En fait, ils sont en train de reculer sur toutes les mesures qui protègent les travailleurs, les enseignants et les travailleurs de l’éducation, les travailleurs et les professionnels de la santé, les personnes âgées et la population en général contre l’infection par la COVID. En se basant sur l’évaluation douteuse que si tout le monde attrape la COVID, cela créera une immunité collective, ces gouvernements semblent penser qu’ils peuvent créer une mentalité de troupeau et si cela fait des morts, eh bien c’est le prix à payer. Dans ce discours, la société n’a aucune responsabilité : les gouvernements ne peuvent pas être tenus responsables.
D’autres se demandent pourquoi la police d’Ottawa, qui est responsable du maintien de l’ordre dans les rues d’Ottawa, et le détachement de la GRC responsable de la sécurité du Parlement n’ont pas appliqué les mesures habituelles de maintien de l’ordre, sans avoir besoin de recourir à l’état d’urgence. Il s’agit notamment de sanctions pour le bruit et les infractions au stationnement ou de réponses aux appels des hôteliers et des autres personnes dont les locaux et le voisinage sont utilisés abusivement et saccagés.
Beaucoup croient qu’il y a amplement de preuves démontrant que la police et les forces armées canadiennes sont des terrains fertiles pour les groupes racistes et fascistes. La conception qui guide la prise de décision de tous les cercles officiels est enracinée dans les définitions du XIXe siècle selon lesquelles la société est divisée entre gouvernants d’un côté et gouvernés de l’autre. Les gouvernants n’ont aucun scrupule à utiliser la loi et l’ordre et des mesures de répression de l’ordre contre le peuple, mais ils ont une certaine gêne quand il s’agit de leurs amis. Les peuples autochtones, les travailleurs, les femmes, les jeunes et tous ceux qui défendent leurs droits peuvent témoigner du fait que l’attitude de l’État face aux perturbations causées par les vandales à Ottawa, et maintenant dans d’autres villes, au nom de la « liberté » et des « droits », n’est pas seulement hypocrite, mais la preuve que ces gouvernants sont inaptes à gouverner.
Il ne s’agit pas de dire que ce qui vaut pour l’un vaut pour l’autre. Ces événements révèlent encore une fois que les mesures de loi et ordre et les arrangements constitutionnels sur lesquelles elles reposent ont fait leur temps et ne permettent plus de régler aucun des problèmes auxquels la société fait face.
Le gouvernement fédéral et les autres gouvernements, leurs médias officiels et les partis cartellisés qui siègent au parlement fédéral et aux assemblées législatives des provinces sont incapables de fournir une analyse et des mesures permettant de résoudre les conflits dans leurs rangs, et encore moins de répondre aux justes revendications de la population.
Quand les responsables gouvernementaux, la police et les médias officiels continuent de dire qu’ils soutiennent la liberté de s’exprimer et de manifester tant que cela se fait de manière pacifique, qui cela sert-il ? Quelle expression ? Quelle manifestation ?
Les écarts de langage, les jurons et les accusations d’extrémisme, de suprémacisme blanc et de fascisme n’apportent aucun sens à la conversation. La parole est un droit humain. C’est une affirmation du droit d’être qui sert à communiquer les uns avec les autres, à interagir. Louer ou condamner telle ou telle action pour rallier les gens d’un côté ou de l’autre, tout en étouffant la discussion sur la voie que prend le Canada, c’est s’assurer que les gens ne prennent pas une position qui les favorise et examinent quelles solutions sont nécessaires pour résoudre les problèmes auxquels eux et la société sont confrontés.
Les pouvoirs de police – tant sous la forme de gouvernements qui ont concentré tout le pouvoir décisionnel entre les mains de quelques-uns qui servent des intérêts privés supranationaux que ceux des services de maintien de l’ordre – sont utilisés contre le peuple. Ils font partie de l’ordre du jour de division et de diversion pour briser le mouvement du peuple pour ses droits. La police, les forces armées, le gouvernement et les tribunaux n’ont pas l’intention de défendre les droits des travailleurs et de ceux qui ne sont pas en position de pouvoir et de privilège. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre des positions qui favorisent le peuple et d’exiger des comptes des acteurs qui ne défendent pas les droits du peuple.
C’est ce que font les résidents d’Ottawa en parlant en se servant de leur propre voix et en organisant des actions pour défendre leurs droits.
Le temps est venu de faire entendre la défense des droits de toutes et de tous !
Manifestation des travailleurs de la santé des hôpitaux de Toronto au même moment que la manifestation du Convoi de la liberté arrivait à Queen’s Park à Toronto, le 5 février 2022.
(Traduit par Le Renouveau. Original anglais publié le 8 février 2022. Photos S. Mathur, SCFP)