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Les nations autochtones affirment leur autorité et défendent leurs droits
Des oligarques mondiaux se disputent des terres autochtones dans le nord de l’Ontario
– K.C. Adams –
Une guerre d’enchères a éclaté dans les derniers jours de l’année dernière pour les droits miniers sur les terres autochtones du nord de l’Ontario, connues sous le nom de Cercle de feu. Le gagnant, selon les cercles financiers de l’oligarchie, a été un conglomérat minier situé dans la lointaine Australie. Le vendeur était lui-même un autre conglomérat minier appelé Noront Resources Ltd. La vente aux enchères pour le contrôle du droit de monopole de l’exploitation minière a exclu les douze Premières Nations qui vivent sur ces terres et leurs alliés au sein de la communauté canadienne.
Le Cercle de feu est situé dans le deuxième plus grand complexe de tourbières du monde, qui contient environ 35 milliards de tonnes de carbone et un ensemble de minéraux précieux, de forêts, de plantes, d’animaux, de poissons et d’eau douce. Le transfert des droits miniers coloniaux a mis 617 millions de dollars en espèces dans les mains des oligarques de Noront qui, en vertu du droit colonial, avaient déjà pris le contrôle des gisements miniers trouvés sur les terres autochtones dans une grande partie du Cercle de feu.
Luca Giacovazzi, un représentant des oligarques vainqueurs de Wyloo Metals Ltd, était ravi d’entrer en possession des droits coloniaux sur les minéraux d’une vaste zone du territoire autochtone. S’adressant au Financial Post depuis son domicile de Perth, en Australie, il a déclaré : « C’est presque comme si on vous remettait le gisement parfait. La meilleure façon de voir les choses, c’est que dans notre coin de pays, dans l’ouest de l’Australie, [ce gisement] aurait été exploité il y a dix ans. On aurait commencé à l’exploiter il y a dix ans et il aurait atteint la fin de sa vie minière aujourd’hui — c’est dire à quel point le gisement est de haute qualité. »
Luca Giacovazzi exprime la vision coloniale de la force qui crée le droit de posséder et d’exploiter la terre sans tenir compte des conditions sociales existantes, des droits des peuples et des conséquences humaines et naturelles de ses actions. Son objectif impérialiste de profit maximum le pousse à s’emparer en un rien de temps des ressources naturelles et des richesses produites par les travailleurs pour servir sa cupidité.
Bien entendu, comme pour tout projet d’envergure, les oligarques s’attendent à ce que les gouvernements fédéral et provinciaux leur versent des sommes importantes pour construire l’infrastructure nécessaire au pillage des ressources minérales et pour payer un montant substantiel pour les moyens de production minière proprement dits. Selon les oligarques, plus d’un milliard de dollars de fonds provenant des trésors publics devraient être investis dans les routes et autres infrastructures et un milliard de plus pour les mines et les équipements nécessaires à l’extraction de la ressource. L’oligarchie mondiale salive à l’idée d’extraire le nickel pour alimenter la production de véhicules électriques et de s’emparer de la chromite, du cuivre, du platine et du palladium, qui leur permettront de remplir leurs poches déjà bien remplies et de maintenir leur style de vie privilégié et leur pouvoir mondial.
Les gouvernements coloniaux successifs ont laissé les peuples autochtones de la région du Cercle de feu dans des conditions abominables, obligeant de nombreux jeunes à partir. Et cela a toujours été l’objectif colonial : faire disparaître les peuples autochtones de la terre, les forcer à abandonner leur mode de vie et toute idée de développement moderne sous leur contrôle et leur matière intellectuelle qui sert leurs intérêts, à quitter leurs terres natales et à se rassembler dans les villes afin que les oligarques mondiaux puissent plus facilement s’emparer de leurs territoires traditionnels, les exploiter et les détruire. Mais cela ne s’est pas passé comme prévu, car des milliers d’autochtones sont restés et ils sont déterminés à faire valoir leurs droits ancestraux et issus de traités et à ne pas se laisser écraser par les colonialistes.
Selon un article du Financial Post, « En novembre, la Première Nation de Neskantaga a déposé une requête auprès de la Cour supérieure de justice de l’Ontario à Toronto, affirmant qu’elle est confrontée à de multiples crises, notamment un avis d’ébullition de l’eau et la pandémie, et qu’elle n’a pas été consultée de manière adéquate par les fonctionnaires provinciaux de l’Ontario chargés de l’évaluation environnementale d’une route qui traverserait son territoire, dans le cadre du projet du Cercle de feu.
« La demande cite les droits des Neskantaga en vertu d’un certain nombre de lois, notamment le Traité no 9 — qui établit les droits de chasse, de pêche et autres dans la région des basses terres – et qui a été signé il y a plus d’un siècle. »
La demande déposée devant la Cour stipule que « la Première Nation de Neskantaga dépose cette demande après avoir soulevé pendant des années des inquiétudes quant aux impacts potentiels sur ses terres ancestrales, notamment : les dommages environnementaux sur les terres et les eaux ; les impacts négatifs sur les espèces faisant partie de la culture et du mode de vie des Neskantaga ; les droits de cueillette et de pêche ; et les droits issus de traités de longue date redevables aux Neskantaga en vertu du Traité no 9, ainsi que les droits et titres autochtones non éteints datant de temps immémoriaux ».
Les Premières Nations d’Attawapiskat et de Fort Albany, qui se sont jointes aux Neskantaga, ont écrit en novembre au ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, pour demander une rencontre et l’avertir qu’elles ont déclaré « un moratoire » sur le développement dans la région, affirmant leur autorité en vertu de diverses lois et traités.
Dans cette lettre, les nations autochtones s’opposent à un processus d’examen environnemental qui ne leur offre qu’une « participation symbolique ». Elles écrivent avec autorité qu’elles doivent avoir le contrôle de tout développement, car « nous et nos Premières Nations voisines du nord de l’Ontario sommes les seuls habitants humains du muskeg depuis des temps immémoriaux ».
Les Canadiens sont aux côtés des peuples autochtones pour défendre leurs terres et leurs droits et s’opposer à la poursuite de l’invasion, de la destruction et du génocide coloniaux. La réconciliation et les accords de nation à nation doivent exister dans le présent et non comme des excuses pour les crimes du passé. Le premier problème à résoudre dans le cadre de la réconciliation est d’élever le niveau de vie dans les territoires autochtones au niveau des normes canadiennes et de reconnaître l’autorité des peuples autochtones sur leurs territoires qui sont les leurs depuis des temps immémoriaux et leur appartiennent de par leur droit d’être. La discussion sur tout développement doit se faire de nation à nation et se fonder sur les droits ancestraux, les droits issus de traités et les autres droits des peuples autochtones, en particulier leur droit d’être.
(Le Marxiste-Léniniste, affiché le 24 janvier 2022. Photo : M. Lehan)