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28 mai 2021
Découverte des tombes anonymes d’enfants autochtones à un ancien pensionnat de la Colombie-Britannique
Les restes enterrés de 215 enfants qui étaient des élèves du pensionnat indien de Kamloops ont été localisés sur le terrain de l’école avec l’aide d’un spécialiste de l’utilisation du radar à pénétration de sol (géoradar), a déclaré Rosanne Casimir, chef de la Première Nation Tk’emluups te Secwépemc, dans un communiqué de presse le 27 mai. Tk’emlups te Secwépemc est la communauté d’origine du pensionnat indien de Kamloops, la plus grande école du système de pensionnats géré par les Affaires indiennes, un système qui a perduré jusqu’en 1996.
Rosanne Casimir dit que les décès avaient été évoqués mais n’avaient pas été confirmés. « Nous en avions une connaissance dans la communauté que nous avons pu vérifier. À notre connaissance, ces enfants disparus sont des décès non documentés. » Elle qualifie la découverte de « perte impensable ». « Certains n’avaient que trois ans. Nous avons cherché un moyen de confirmer cette connaissance par profond respect et amour pour ces enfants perdus et leurs familles, comprenant que Tk’emlups te Secwépemc est le lieu de repos final de ces enfants. »
Les restes ont été trouvés le 22 mai et les recherches pour les localiser ont été entreprises par le C7élksten’s re Secwépemc ne Ck’ul’tens ell ne Xqwelténs (département de la langue et de la culture de Tk’emlups te Secwépemc) avec des gardiens du savoir cérémoniel pour s’assurer que le travail soit fait avec le respect requis et que les protocoles culturels soient respectés.
« Étant donné que ces êtres chers sont enterrés au sein de la communauté Tk’emlups te Secwépemc et que tous les membres de la communauté sont encore aux prises avec les effets des pensionnats, le chef et le conseil de Tk’emlups te Secwépemc ont d’abord communiqué avec les membres de la communauté pour les informer de la situation, bien qu’elle soit encore en développement », peut-on lire dans le communiqué.
« Tk’emlups te Secwépemc continuera de travailler avec le spécialiste du géoradar pour terminer l’enquête sur les terrains de l’ancien pensionnat. En entreprenant cette enquête, le chef et le conseil de Tk’emlups te Secwépemc tiennent à souligner les travaux préliminaires effectués au début des années 2000. Grâce à l’accès aux technologies les plus récentes, le véritable compte rendu des élèves disparus apportera, nous l’espérons, un peu de paix à ces vies perdues et à leurs communautés d’origine et mettre fin à ce chapitre. »
Le communiqué de presse poursuit : « Étant donné la taille de l’école, qui comptait jusqu’à 500 élèves inscrits au fil des années, nous comprenons que cette perte confirmée affecte les communautés des Premières Nations de toute la Colombie-Britannique et au-delà. Nous souhaitons nous assurer que les membres de notre communauté, ainsi que toutes les communautés d’origine des enfants qui ont fréquenté l’école, soient dûment informés. Ce n’est que le début mais, étant donné la nature de cette nouvelle, nous avons jugé qu’il était important de la partager immédiatement. Pour l’instant, nous avons plus de questions que de réponses. Nous aviserons avec des nouvelles informations dès qu’elles seront disponibles. »
Tk’emlups te Secwépemc suit les étapes nécessaires concernant ces découvertes préliminaires. Cela comprend :
– travailler avec le coroner ;
– communiquer avec les communautés d’origine dont les enfants ont fréquenté le pensionnat indien de Kamloops ;
– prendre des mesures pour s’assurer que l’emplacement des restes est protégé ;
– collaboration de l’archiviste du musée Secwépemc avec le Royal British Columbia Museum, entre autres, pour trouver tout document existant sur ces décès ;
– fermeture du parc du patrimoine au public et l’interdiction de toute présence sur le site pendant la durée de l’enquête.
L’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC) a publié une déclaration dans laquelle elle partage le deuil des Tk’emlups te Secwépemc et de toutes les familles des enfants disparus au pensionnat indien de Kamloops.
« Il n’y a pas de mots pour exprimer le profond deuil que nous ressentons en tant que membres des Premières Nations et en tant que survivants, lorsque nous entendons une annonce comme celle-là. Ces enfants, qui appartenaient tous à une famille, à une communauté et à une nation, ont été arrachés de force à leur foyer sous l’autorité du gouvernement canadien et ne sont jamais revenus. Nous demandons au Canada, et à tous ceux qui se disent Canadiens, de reconnaître et de témoigner de la vérité de notre histoire collective. C’est la réalité du génocide que l’État colonial a infligé et continue d’infliger aux peuples autochtones. Aujourd’hui, nous honorons la vie de ces enfants et nous prions pour qu’eux et leurs familles puissent enfin trouver la paix », a déclaré le grand chef Stewart Phillip, président de l’UBCIC.
Les Tk’emlups te Secwépemc s’attendent à ce que les conclusions préliminaires soient prêtes d’ici la mi-juin et ont indiqué qu’ils fourniront des mises à jour dès qu’elles seront disponibles.
Le Kamloops Indian Residential School (initialement appelé Kamloops Industrial School) a été ouvert sous administration catholique romaine en 1890. Le nombre d’inscriptions a atteint son apogée au début des années 1950, avec 500 élèves. En 1910, le directeur a déclaré que le gouvernement ne fournissait pas assez d’argent pour nourrir les élèves comme il faut. En 1924, une partie de l’école a été détruite par un incendie. En 1969, le gouvernement fédéral a repris l’administration de l’école, qui n’offrait plus de cours et a fonctionné comme résidence pour les élèves fréquentant les externats locaux jusqu’en 1978, date à laquelle la résidence a été fermée.
(Sources : d’Angie Mindus, Williams Lake Tribune. Photos : B. Kergin, Archidiocèse de Vancouver)