14 septembre 2024
Élection partielle fédérale dans LaSalle—Émard—Verdun
le 16 septembre
Des citoyens et des candidats indépendants expriment le désir de changement du peuple
• Le profond désir de changement des citoyens
• Levez-vous, exprimez-vous! dit la candidate indépendante Tina Jiu Ru Zhu
• Une couverture médiatique incendiaire contre une candidate et la communauté chinoise
À titre d’information
Enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les élections et les institutions démocratiques fédérales
• Soumission faite par Tina Jiu Ru Zhu, 23 juillet 2024
Élection partielle fédérale dans LaSalle—Émard—Verdun le 16 septembre
Le profond désir de changement des citoyens
En parlant aux citoyens et résidents de la circonscription de LaSalle–Émard–Verdun, où se tient une élection partielle fédérale le 16 septembre, il est clair qu’ils veulent que les questions touchant à la direction de l’économie et du pays, à la souveraineté, à la guerre et à la paix et toutes les questions connexes soient abordées d’une manière qui favorise les citoyens de ce pays et les peuples du monde.
Le Parti marxiste-léniniste du Canada constate que ce qui dérange surtout, c’est le système de partis qui marginalise les citoyens et résidents et les prive de tout contrôle sur les décisions qui touchent leur vie. Les partis cartellisés n’organisent pas directement les citoyens et résidents sur le plan politique, mais ceux-ci sont censés choisir un parti politique pour former le gouvernement, avec lequel ils n’ont aucun lien et au sujet duquel ils ne savent pratiquement rien.
Les forces de l’establishment répandent l’idée qu’en votant pour tel ou tel candidat des partis cartellisés, les citoyens peuvent tenir les gouvernements redevables. Car, en effet, ces gouvernements sont censés être redevables envers l’électorat. Ce n’est évidemment pas le cas, mais les citoyens sont quand même censés croire que s’ils sont mécontents du parti au pouvoir, ils peuvent le punir en votant de manière à ce qu’il obtienne un pourcentage inférieur des votes, ou ils peuvent voter contre ce gouvernement et voter pour un autre parti. On dit aux électeurs que leur rôle est d’obliger les gouvernements à tenir leurs promesses, même si tout le monde sait que ces promesses ne sont qu’une tromperie destinée à gagner des voix et qu’une fois que le parti cartellisé a usurpé le pouvoir, il fait ce qu’il veut et n’accepte aucune responsabilité pour ses promesses rompues.
Il est déraisonnable d’attendre des citoyens qu’ils votent pour ceux qui sont redevables à des agences de marketing, qui changent de discours à tout bout de champ, protégés par le processus électoral qui ne donne aucun rôle aux membres du corps politique, sauf voter.
Les gens voient les élections comme le seul et unique moment où ils peuvent participer à la prise de décision, en votant pour un parti ou un autre. Le système de parti réduit leur participation à la politique à celle de spectateurs et de masse votante.
C’est pourquoi le PMLC appelle les citoyens de la circonscription de LaSalle–Émard–Verdun à voter pour son candidat Normand Chouinard ou pour un candidat indépendant afin de montrer leur opposition au mode de scrutin uninominal à un tour, ce système qui porte au pouvoir des partis cartellisés sur lesquels les citoyens n’exercent aucun contrôle.
«Levez-vous, exprimez-vous!», dit la candidate indépendante Tina Jiu Ru Zhu
Ce qui suit fait suite à un échange avec Tina Jiu Ru Zhu qui se présente comme candidate indépendante à l’élection partielle fédérale dans LaSalle–Émard–Verdun. Mme Zhu est d’origine chinoise et vit au Canada depuis 1998. Elle a une maîtrise en informatique appliquée, est agente immobilière et tient un magasin de décorations dans la circonscription. Elle est très active dans sa communauté contre la discrimination, le racisme et l’injustice. Elle résume son programme ainsi : « Votez pour Tina, pour un Canada meilleur, pour les peuples, la paix et la prospérité. »
Tina a décidé de se présenter comme candidate dans un contexte de vile propagande anti-Chine que mène le gouvernement canadien, ce qui cause inquiétude, insécurité et peur au sein de sa communauté. Elle a décidé de se présenter, dit-elle, pour encourager ses pairs, en particulier la jeune génération, à participer à la vie politique et à se faire entendre. « Beaucoup ne votent pas, car ils ne se sentent pas partie prenante. Pourtant, la communauté chinoise vit au Canada depuis le XIXe siècle. Nous avons toujours travaillé fort, construit en 1885 le chemin de fer qui traversa le Canada d’est en ouest dans des conditions extrêmement difficiles, subi la taxe d’entrée raciste de 500 $ imposée aux Chinois en 1903 par le gouvernement canadien avec la Loi de l’immigration chinoise, et beaucoup d’autres choses et nous sommes partout au Canada. En même temps, nous ne sommes pas les seuls, dit-elle. Le Canada est formé de gens de tous les pays du monde. »
« Il est difficile pour les Canadiens chinois de s’engager en politique, dit-elle. Il faut comprendre la culture, bien utiliser la langue, se servir des plateformes de médias sociaux pour faire campagne et mobiliser la participation des Canadiens d’origine chinoise. Tout cela est un défi et pour les candidats indépendants, c’est encore plus difficile. Mais j’ai une bonne équipe de bénévoles. Nous distribuons mon programme, faisons du porte-à-porte, avons de bons échanges avec les électeurs. Nous discutons avec les gens de la détérioration des conditions du logement et des services sociaux, de l’économie, de la politique étrangère canadienne et de toutes ces questions qui nous concernent.
« Dans Verdun et ailleurs, je vois de plus en plus d’itinérants dans les rues, il y a plus de crimes, de conflits et de vols et je sens l’anxiété parmi les gens. Le ciblage préjudiciable visant la communauté chinoise s’est empiré, rendant une communauté déjà tranquille, encore plus silencieuse. La détérioration des relations entre le Canada et la Chine et les accusations d’ingérence étrangère de la Chine nous affectent tous. J’ai décidé de me lever et de parler dans cette période où les gens questionnent le système démocratique. Ce qui se dit sur l’ingérence étrangère de la Chine au Canada n’est pas fondée. On accuse sans présenter les preuves. Ce sont des allégations faites de façon gratuite, intéressée, et elles sèment la peur et elles sont racistes. Cela a des conséquences dans nos vies et sème le doute dans nos relations de travail et dans notre voisinage. Aujourd’hui, ce sont les Canadiens d’origine chinoise qui sont visés, mais demain, ce seront d’autres communautés, d’autres groupes, et c’est cela qu’il faut comprendre. C’est une des raisons pour laquelle j’ai fondé en 2021 l’Association pour la promotion de l’amitié Canada-Chine. C’est important de promouvoir l’amitié entre les peuples, d’apprendre à se connaître, d’échanger. »
Une couverture médiatique incendiaire contre une candidate et la communauté chinoise
Le 10 septembre, le Journal de Montréal a publié un article incendiaire qui attaque la candidate indépendante Tina Jiu Ru Zhu, qui se présente à l’élection partielle fédérale dans LaSalle–Émard–Verdun (LEV)[1].
Sous le titre : « Elle nie être une agente chinoise : une militante pro-Pékin veut être députée à Montréal », l’article relève de ce journalisme de bas étage qui est bourré de mots ambigus, d’insinuations, de tournures dénigrantes et de préjugés et qui a pour objectif de semer le doute et d’inciter à la haine.
Le réseau TVA a simultanément diffusé un reportage tout aussi préjudiciable sur la candidate et la communauté chinoise de Montréal, tandis que l’ancien ambassadeur du Canada en Chine a prêté son nom et son prestige à l’horrible entreprise d’incitation à la sinophobie en général et d’attaque contre cette femme qui exerce son droit démocratique, tel que protégé par la Charte, de se présenter à une élection et d’exprimer librement son point de vue.
L’auteur de l’article du Journal de Montréal, ancien maire de Trois-Rivières et ancien candidat du Parti conservateur, est connu pour ses incitations au racisme. Il se fait un métier de déshonorer la profession en s’engageant dans cette forme de journalisme à sensation initié par l’empire Hearst au début du siècle dernier et qui se caractérise par des récits sensationnalistes et des accusations sans preuve. Rien dans cette couverture n’est le moindrement informatif. De telles accusations de la part de l’empire Hearst ont même conduit à des guerres contre Cuba et le Vietnam. Ce n’est rien d’autre qu’une attaque haineuse contre une personne, donnant libre cours à la calomnie, aux rumeurs et aux insinuations. C’est à peine si l’auteur ne demande pas au Service canadien du renseignement de sécurité d’enquêter sur l’accusation du Journal de Montréal et ses allégations que ce que dit et fait la candidate fait d’elle l’agente d’une puissance étrangère.
Pas un mot sur la plateforme électorale de Mme Zhu. Pas un mot sur les problèmes que l’incitation à la sinophobie cause à la communauté chinoise de Montréal. Pas un mot sur les problèmes que rencontrent les gens d’origine chinoise lorsqu’ils décident de participer activement aux affaires du pays, comme membres de plein droit de la nation québécoise et du corps politique canadien. C’est sans parler des difficultés auxquelles sont confrontés les Canadiens et les Québécois d’origine chinoise en raison de la prétendue lutte à l’ingérence étrangère, cette campagne de propagande que mènent les gouvernements canadiens à l’instigation des agences de renseignement du « Groupe des cinq », sous contrôle étranger, des États-Unis et de leur alliance militaire agressive qu’est l’OTAN.
Jusqu’à présent, malgré les « fuites » dans les médias sur les prétendus dangers posés par la Chine et sa supposée ingérence dans les élections canadiennes, et malgré les enquêtes qui se succèdent, il n’y a pas de faits ! Rien n’a été prouvé. L’article cite le fait que tous les partis cartellisés au Parlement canadien débattent présentement d’une loi créant un registre des agents étrangers, mais ne dit rien sur la profonde opposition que cette notion suscite ou sur les graves conséquences de la sinophobie tout au long de l’histoire du Canada[2].
Ce journalisme de caniveau est devenu la norme à Montréal et au Canada, ce qui est une source d’inquiétude pour tous les Canadiens et Québécois soucieux de la démocratie.
Près de deux millions de personnes d’origine chinoise au Canada, et plus de 80 000 au Québec, sont aujourd’hui soumises à cette sinophobie déshumanisante. Au point qu’elles doivent littéralement craindre pour leur vie quand elles marchent dans la rue ou quand elles vaquent à leurs occupations quotidiennes. Même le fait que, dans ce contexte d’insécurité et à cause de cette insécurité, Mme Zhu ait eu le courage d’utiliser la plateforme démocratique offerte par une campagne électorale pour présenter son point de vue est présenté comme un acte suspect, comme une sorte de preuve qu’elle est une agente de la Chine. Le fait qu’elle et les personnes qui souhaitent entretenir des relations amicales avec la Chine aient créé une association d’amitié entre le Canada et la Chine afin de développer la solidarité, les liens amicaux et l’échange d’informations est présenté comme quelque chose de suspect.
Tout cela est mené par la police politique au Québec et au Canada au service de la stratégie des États-Unis. L’implantation de la peur au sein d’une communauté qui contribue à la construction de ce pays depuis les tous débuts, forcée de surmonter les lois racistes votées l’une après l’autre au fil des ans pour « garder le Canada blanc », est abjecte.
Les partis cartellisés et leurs gouvernements s’empressent de reprendre les accusations lancées par la police politique sur l’ingérence étrangère au Canada parce qu’ils veulent prouver leur loyauté envers les « valeurs canadiennes et la démocratie », de peur de devenir eux-mêmes victimes des insinuations et de la diffamation. De telles choses sont devenues la norme au Canada parce que le système est en crise, comme en témoigne la mesure dans laquelle il a épousé une forme de régime autoritaire autocratique.
Le projet de loi 70, Loi concernant la lutte contre l’ingérence étrangère, du gouvernement fédéral propose non seulement de créer un registre des agents étrangers, mais aussi d’élargir le champ d’action et la capacité d’ingérence des agences d’espionnage du Canada pour restreindre le droit de parole et d’association des Canadiens [3]. La Deuxième Guerre mondiale a clairement établi que les racistes n’ont pas droit à la parole et ni de s’organiser et qu’il faut s’opposer aux attaques racistes organisées par l’État. Les Canadiens et les Québécois se sont toujours levés contre les tentatives de semer la division et d’imposer des étiquettes à quiconque prend la parole pour encourager la discussion dans l’espace public sur les questions auxquelles le peuple est confronté.
Notre sécurité est dans la lutte pour les droits de tous et toutes !
Tous contre la sinophobie et les attaques racistes organisées par l’État contre les minorités nationales, les travailleurs migrants et les réfugiés !
Opposons-nous à la tentative méprisable de discréditer la candidate Tina Jiu Ru Zhu, qui se présente à l’élection partielle fédérale du 16 septembre dans LaSalle-Émard-Verdun !
Non aux tentatives de réduire au silence des opinions politiques ! Pas en notre nom !
Notes
1. « Elle nie être une agente chinoise : une militante pro-Pékin veut être députée à Montréal », Journal de Montréal, 10 septembre 2024
2. « Campagne de peur à propos de ‘postes de police chinois’ », LML mensuel, novembre 2023
3. « Abus flagrant des procédures parlementaires pour faire des pouvoirs policiers la nouvelle norme », LML, juin 2024
À titre d’information
Des organisations communautaires chinoises de Montréal poursuivent la Gendarmerie royale du Canada pour diffamation
Deux organismes communautaires bien implantés qui desservent la communauté sinophone de Montréal ont déposé une plainte en diffamation contre la GRC pour les accusations calomnieuses qu’elle a portées contre eux. Le 8 mars, le Service à la famille chinoise du Grand Montréal, le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud et leur directrice générale Xixi Li ont réaffirmé que la GRC n’a pas enquêté comme il faut avant de les accuser publiquement d’héberger de soi-disant postes de police au nom de la République populaire de Chine à l’étranger. Les organismes réclament plus de 4,9 millions de dollars en dommages et intérêts.
Le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud est situé à Brossard et sa directrice générale, Mme Xixi Li, est conseillère municipale de Brossard. Elle et l’organisation poursuivent également la mairesse de Brossard, Doreen Assaad, pour des publications sur Facebook liées aux allégations de la GRC.
Les attaques contre la communauté chinoise de Montréal et ses organisations se poursuivent depuis que les accusations de la GRC ont été rendues publiques le 9 mars 2023, sans qu’aucune preuve n’ait jamais été fournie. Les Chinois progressistes du Québec ont réagi par une déclaration publique le 14 mars 2023, dans laquelle ils se demandent pourquoi la GRC a publiquement désigné les organisations comme cibles d’une enquête, une action qui « a eu des effets dévastateurs sur la communauté ». Ils ont noté que « la survie d’organismes communautaires de longue date qui ont un passé de services exemplaires à la communauté sinophone de Montréal et de la Rive-Sud, intégrant les nouveaux immigrants, organisant des activités pour lutter contre l’isolement des aînés, offrant du soutien et des références aux victimes de violence conjugale, offrant des cours de français et soulageant la pauvreté, est maintenant menacée ». Ils soulignent également que les droits des électeurs qui ont élu Mme Li au conseil municipal de Brossard ont été violés lorsque la mairesse l’a obligée à suspendre sa participation aux réunions du conseil municipal à la suite des allégations de la GRC.
Dans une déclaration publiée à la fin du mois de novembre de l’année dernière, la Coalition pour la sauvegarde des institutions chinoises du Québec fait remarquer qu’à la suite des allégations de la GRC, les gouvernements fédéral et québécois ont réduit leur financement. Il en résulte l’arrêt de services tels que les cours de français dans le quartier chinois, les services d’emploi pour les nouveaux immigrants, les programmes pour les jeunes et les personnes âgées et les subventions de rétablissement post-COVID, ainsi que le licenciement de nombreux employés des centres communautaires.
Les attaques de l’État canadien contre la communauté chinoise ne datent pas d’hier. Les allégations de la GRC interviennent 100 ans après l’adoption par le gouvernement canadien, en 1923, de la tristement célèbre loi raciste appelée Loi de l’immigration chinoise, aussi connue sous le nom de Loi sur l’exclusion des Chinois. La communauté souligne que « ce qui se passe aujourd’hui est une nouvelle exclusion des Chinois, à travers une série d’actions qui empêchent les Canadiens d’origine chinoise d’exercer leur droit à la parole, à la présomption d’innocence, de bénéficier des services fournis par leurs propres institutions culturellement et linguistiquement accessibles, et même de participer à des activités politiques publiques ».
Plusieurs autres parties poursuivent également la GRC et la police secrète du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), pour des raisons similaires.
Le 3 avril, Peter Merrifield, officier de la GRC et vice-président de la Fédération nationale des policiers, et Paul MacNamara, inspecteur de police à la retraite de Vancouver, ont intenté une action en justice contre le gouvernement, alléguant qu’il « a poursuivi un programme politiquement motivé visant à montrer qu’il adoptait une ligne dure à l’égard de l’ingérence étrangère en provenance de Chine ».
Ils écrivent dans leur plainte : « Au lieu d’examiner et de vérifier les informations réelles, le SCRS s’est contenté de faire des affirmations incomplètes, inexactes, trompeuses et fausses sur les plaignants et de les communiquer à leurs employeurs, en sachant pertinemment le mal qui en résulterait. »
Après avoir quitté la police, McNamara a travaillé comme responsable de la sécurité dans les consulats américains au Canada, jusqu’à ce qu’une habilitation de sécurité de routine lui soit refusée. Il explique que son permis lui a été retiré en 2021 « à la suite d’un rapport du SCRS ». Peter Merrifield affirme pour sa part que la GRC lui a dit que son habilitation avait été suspendue pour « motif valable » sur la base des allégations du SCRS. Les deux policiers demandent au moins 5,5 millions de dollars de dommages et intérêts, selon la poursuite.
En avril 2023, le député indépendant Han Dong a intenté une action en dommages et intérêts de 15 millions de dollars contre Global News. Plus tôt la même année, Global a publié un article alléguant que M. Dong avait conseillé à un diplomate chinois de haut rang, en février 2021, de retarder la libération de Michael Kovrig et Michael Spavor, les deux Canadiens détenus par la Chine à l’époque pour avoir commis des actes d’espionnage. L’article cite deux sources anonymes de sécurité nationale selon lesquelles M. Dong aurait dit à Han Tao, consul général de Chine à Toronto, que la libération des deux hommes serait bénéfique pour les conservateurs. L’article cite également des sources anonymes qui affirment que des responsables de la sécurité nationale ont donné une séance d’information urgente à de hauts collaborateurs du bureau du premier ministre Justin Trudeau en 2019 « les avertissant que l’un de leurs candidats faisait partie d’un réseau chinois d’ingérence étrangère ».
La déclaration de revendication indique que les deux articles sont « faux et diffamatoires » et que Global a agi de manière « irresponsable » dans ses reportages. « Ces allégations ont été formulées par des sources anonymes dont la crédibilité et la fiabilité ont été présumées, au lieu d’être vigoureusement testées », peut-on lire dans la déclaration. Le communiqué indique également que Global n’a pas fourni suffisamment d’informations sur les emplois ou l’ancienneté des sources. « Les défendeurs […] ont malicieusement détruit la réputation et la carrière durement gagnées de Han Dong et ont exposé Han Dong et sa famille à une campagne de messages haineux et de menaces », lit-on dans la déclaration. Han Dong a également demandé que les articles et les émissions associées soient rétractés et retirés du site web de Global.
En mai 2023, l’ancien ministre ontarien Michael Chan, aujourd’hui maire adjoint de Markham, a porté plainte contre le SCRS, le gouvernement et des journalistes du Globe and Mail et de Global News à la suite de fuites d’informations le concernant. Selon M. Chan, ces articles l’ont impliqué à tort dans des allégations d’ingérence électorale et il réclame un total de 10 millions de dollars de dommages et intérêts.
Désinformation anticommuniste et antichinoise
Les accusations sans fondement portées par la police d’État canadienne contre les deux organisations communautaires chinoises n’ont pas été lancées en vase clos. Elles coïncident avec la stratégie indopacifique du Canada, lancée en novembre 2022, qui vise à réorienter les relations commerciales et autres de la Chine vers l’Inde et l’Asie du Sud-Est. Cette stratégie est à son tour l’expression de la politique antagoniste des États-Unis et de l’OTAN à l’égard de la Chine, car la Chine ne se soumet pas au diktat des États-Unis et constitue donc un obstacle à leurs objectifs hégémoniques en Asie.
Les accusations de la GRC font suite à un rapport publié en septembre 2022 par une organisation de défense des droits humains soutenue par les États-Unis, Safeguard Defenders, qui affirmait qu’il existait 54 postes de police chinois à l’étranger. Au Canada, il y en aurait trois à Toronto. Aucune mention n’est faite de Montréal. Un rapport de suivi publié en décembre 2022 affirmait que 48 autres postes de ce type avaient été localisés, soit un total de 102. Ce rapport indique qu’il existe quatre opérations de ce type au Canada : une à Vancouver, dans un lieu inconnu, et trois à Toronto, dont les lieux sont réputés connus. Safeguard Defenders affirme que les « postes de police » font partie d’une « campagne de lutte contre le problème croissant de la fraude et de la fraude en matière de télécommunications par les ressortissants chinois vivant à l’étranger » et relie cela à « l’expansion d’autres formes de police à bras long et de répression transnationale » par la Chine. Il est à noter que ni l’un ni l’autre de ces textes ne mentionne l’ingérence dans les élections.
Loin d’être des opérations clandestines, les médias chinois font régulièrement état de leurs efforts pour lutter contre la fraude dans les télécommunications, y compris les activités frauduleuses des ressortissants chinois vivant en dehors de la Chine.
Le deuxième rapport de Safeguard Defenders sur les « postes de police pour les Chinois d’outre-mer » cite le site web du Bureau des Chinois d’outre-mer du Conseil d’État, qui indique qu’en 2014 il a « soutenu des groupes de Chinois d’outre-mer pour mettre en place des ‘centres de services chinois’ dans les villes où vivent des Chinois d’outre-mer, fournissant des services de base tels que l’aide d’urgence, la formation à l’intégration, l’aide juridique et la lutte contre la pauvreté ». Les adresses de ces centres de services sont accessibles au public.
Safeguard Defender fait ensuite appel aux autorités locales chargées de l’application de la loi pour vérifier s’il existe un chevauchement entre les prétendus « postes de police pour Chinois d’outre-mer » et les « centres de services chinois ». Il n’y a pas de chevauchement dans le cas des activités des organisations communautaires chinoises de Montréal qui font l’objet d’accusations non fondées de la part de la GRC. De plus, ces bureaux n’ont rien d’inhabituel. Les gouvernements d’autres pays ont des centres qui fonctionnent sur une base similaire pour fournir à leurs citoyens vivant au Canada les services et l’assistance dont ils ont besoin. Par exemple, le gouvernement italien a ses bureaux Patronato.
En termes chronologiques, les accusations de la GRC ne sont apparues qu’après que Safeguard Defenders a publié ses rapports sur les soi-disant postes de police chinois à l’étranger, même si les accusations de la GRC ne peuvent même pas être étayées par les insinuations antichinoises et anticommunistes de Safeguard Defenders.
Un article de Kit Klarenberg, publié le 16 juin 2023 par Mintpress News, fait état d’enquêtes menées aux États-Unis et au Royaume-Uni sur ces « postes de police chinois à l’étranger » qui semblent refléter le paradigme suivi par la GRC. Ces enquêtes n’ont rien donné pour l’essentiel. Klarenberg écrit à propos d’un raid effectué en avril 2023 dans une organisation communautaire chinoise à New York : « [S]i un communiqué de presse officiel sur le raid a fait référence à plusieurs reprises à la nature ‘clandestine’ du ‘poste de police secret’, en réalité, il a été ouvertement et largement annoncé comme un endroit où les citoyens chinois de New York pouvaient commodément accéder à des services administratifs à distance. Par ailleurs, les détails de l’acte d’accusation montrent clairement que les seuls apparatchiks de l’État avec lesquels le couple était en contact appartenaient au centre de gestion du trafic du ministère chinois de la Sécurité publique. »
Il ajoute qu’au Royaume-Uni, le 6 juin 2023, « le ministre de la Sécurité Tom Tugendhat a annoncé les résultats des enquêtes menées par la police sur trois prétendus avant-postes de sécurité du [Parti communiste chinois] à Londres et en Écosse ». « La police s’est rendue sur chacun des sites […] et a examiné attentivement ces allégations pour déterminer si des lois ont été enfreintes et si d’autres mesures doivent être prises. Je peux confirmer que [la police] n’a, à ce jour, identifié aucune preuve d’activité illégale au nom de l’État chinois sur ces sites. »
Safeguard Defenders est loin d’être une entité neutre. Le chercheur britannique Keith Lamb, dans un article d’opinion publié en avril 2021 par la chaîne d’information chinoise CGTN, souligne que « le financement de Safeguard Defenders n’est pas neutre » :
« Le financement de Safeguard Defenders n’est pas apparent, mais dans sa précédente incarnation sous le nom de Chinese Urgent Action Working Group (CUAWG), il a reçu des fonds de l’UE et de la National Endowment for Democracy (NED), une organisation créée pour financer des groupes favorables aux priorités de Washington en matière de changement de régime. Le fait que Safeguard Defenders se concentre principalement sur la Chine et le Vietnam correspond également aux priorités de changement de régime de la Victims of Communism Memorial Foundation (VCMF) ».
Le chercheur britannique ajoute qu’un article récent de Peter Dahlin, cofondateur de Safeguard Defenders et du CUAWG, sur l’« incompétence » des dirigeants chinois et la « vision cauchemardesque du monde » de la Chine montre clairement son préjugé antichinois. « L’incompétence n’est manifestement pas un nom approprié lorsqu’on considère le développement spectaculaire de la Chine, ses actions contre le COVID-19 et sa lutte contre la pauvreté. De même, la vision chinoise d’un monde de multipolarité et de développement global, qui conduit à une plus grande démocratie mondiale, augmente le niveau de vie mondial et empêche les invasions hégémoniques basées sur des revendications fallacieuses en matière de droits humains, n’est certainement pas cauchemardesque. […]
« Le problème fondamental de Safeguard Defenders est le suivant : en Chine, comme dans n’importe quel pays, il y a des griefs, des injustices, et les droits humains peuvent toujours être améliorés. Cependant, utiliser ces problèmes, soutenus par des capitaux étrangers, pour abattre la Chine revient à faire de l’impérialisme occidental déguisé en charité.
« Cette sorte de ‘charité bien intentionnée’ a tué des millions de musulmans dans la guerre des États-Unis contre le terrorisme. Cette ‘aide’ occidentale a fait que des États communistes comme Cuba ont été coupés du commerce mondial et a valu au Vietnam d’être envahi. En revanche, un État ‘répressif’ comme la Chine a sorti des millions de personnes de la pauvreté, et sa ‘vision cauchemardesque du monde’ consiste à élever également le reste du sud de la planète. »
Ainsi, tout indique que les accusations de la GRC contre les organisations communautaires chinoises de Montréal sont une chasse aux sorcières dans une campagne antichinoise et anticommuniste à motivation politique qui, loin de protéger les Canadiens et les Canadiennes, porte atteinte à leur sécurité et viole leur droit à être considérés comme innocents jusqu’à preuve du contraire.
Les Canadiens et les Québécois n’accepteront pas que l’État canadien persécute à nouveau les Canadiens d’origine chinoise ou d’autres minorités nationales et leurs organisations. Ils n’acceptent pas non plus que la politique étrangère du Canada soit dictée par les États-Unis ou par des organismes supranationaux comme l’OTAN, dont les objectifs vont à l’encontre de la primauté du droit international et du maintien de la paix dans le monde.
Enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les élections et les institutions démocratiques fédérales
Soumission faite par Tina Jiu Ru Zhu, 23 juillet 2024
[Je] remercie la commission EPIE (Enquête publique sur l’influence étrangère] d’avoir permis au public de faire des déclarations. Je suis également reconnaissante que la commission ait pris en compte la possibilité de faire des déclarations dans sa langue maternelle. Étant donné l’importance et la complexité du débat sur l’ingérence étrangère dans les élections fédérales et les institutions démocratiques, j’ai décidé de faire ma déclaration dans ma langue maternelle.
Je m’appelle Jiu Ru Zhu, également connue sous le nom de Tina Zhu en anglais. Je suis née en Chine et j’ai immigré au Canada depuis l’Europe en 1998 en tant que travailleuse qualifiée, titulaire d’une maîtrise en informatique appliquée. Après mon arrivée au Canada, j’ai travaillé dur pour m’intégrer dans mon nouvel environnement. Depuis que je suis devenue citoyenne, en 2002, j’ai participé activement aux processus démocratiques du Canada, en me portant volontaire pour les élections aux trois niveaux de gouvernement. Mes trois enfants sont tous nés au Canada et commencent maintenant leur propre vie. La création d’un environnement social juste et équitable est une responsabilité qui incombe à chaque citoyen et c’est ce qui motive mon action.
Je suis la fondatrice et l’actuelle présidente de l’Association pour la promotion de l’amitié Canada-Chine (APACC), un organisme à but non lucratif (OBNL) officiellement enregistré au Québec, sans affiliation politique ou partisane. La mission de l’APACC est de renforcer la participation démocratique des Canadiens d’origine chinoise, de promouvoir le développement multiculturel au Canada, de renforcer les échanges civils entre le Canada et la Chine et de favoriser l’amitié entre les deux nations. Nous mettons l’accent sur la promotion du multiculturalisme, comme en témoignent notre équipe de bateaux-dragons composée de membres de différentes origines ethniques, notre chorale qui interprète diverses chansons et danses dans les maisons de retraite locales, nos concours de rédaction ouverts à tous les groupes ethniques et nos activités culturelles intégrées à la communauté, telles que les « Fleurs de mai ». En tant que membre du Mouvement québécois pour la paix, je crois que la promotion de l’harmonie et de la paix dans la société canadienne est ma responsabilité sociale fondamentale.
Je soutiens pleinement l’enquête active du gouvernement canadien sur l’ingérence des gouvernements étrangers dans les élections canadiennes et la mise en oeuvre de mesures efficaces correspondantes. Cependant, au fil des ans, j’ai également eu l’impression que la suspicion généralisée a entraîné une crise de confiance au sein de la communauté chinoise, qui a été enveloppée dans des théories de conspiration, certaines personnes et organisations étant spécifiquement ciblées. Je suis l’une de ces victimes. À titre d’exemple, je propose que le gouvernement, les médias et les institutions concernées fassent la distinction entre les vraies et les fausses informations lorsqu’ils mènent des enquêtes, recherchent la vérité à partir des faits et évitent les généralisations abusives. Sinon, cela stigmatise la communauté chinoise et cause des dommages inutiles à des personnes innocentes.
Compte rendu détaillé de mes expériences connexes
J’ai comparu à l’audience du tribunal dans l’affaire Wang Yuesheng et [j’ai été] profilée par le sénateur Leo Housakos, ce qui a gravement nui à ma réputation, à mes affaires et à ma santé mentale :
Le 14 novembre 2022, j’ai vu aux nouvelles que Wang Yuesheng, un employé d’Hydro-Québec, avait été enlevé de son domicile de Candiac par la GRC et accusé de quatre chefs d’accusation. Les grands médias l’ont présenté comme un « espion chinois qui vole au profit de la Chine ». Comme d’autres Canadiens d’origine chinoise, ma première réaction a été le choc. Je voulais comprendre la situation dans son ensemble : que s’est-il passé exactement ? C’est avec ces questions en tête que j’ai décidé d’assister à l’audience publique du 15.
De nombreux médias étaient présents à l’audience du 15. Ils ont interviewé certains participants, dont moi. J’ai dit : « Ce genre de chose affecte vraiment la relation entre les deux pays » et j’ai indiqué que si cette affaire était similaire à celle de Meng Wanzhou, nous soutiendrions Wang Yuesheng tout comme nous avons soutenu Meng Wanzhou, car je pense qu’aucune personne ne devrait être sacrifiée pour des raisons politiques.
Le matin du 26 novembre 2022, j’ai reçu un courriel du Epoch Times,
« Bonjour,
« Nous aimerions avoir votre avis sur la question du sénateur Leo Housakos concernant la présence de la présidente de l’APACC, Mme Tina Zhu, auprès de l’espion présumé M. Yuesheng Wang, un ancien employé d’Hydro Québec. M. Housakos a déclaré que le bureau de l’APACC n’était pas connu du gouvernement, qu’en pensez-vous ? Veuillez expliquer pourquoi l’adresse de votre bureau, au 6245 Boulevard Monk, Montréal, QC H4E 3H8, semble être un commerce qui n’est pas lié à votre groupe.
« M. Housakos a demandé la création d’un registre étranger par le biais du projet de loi S-237, qui, selon lui, pourrait permettre de déterminer si Mme Zhu travaille pour le compte de Pékin. Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet ? Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous répondre avant la date limite du 26 novembre à 10 heures (heure de l’Est).
« Merci. »
Comme j’ai vu le courriel le 27 novembre 2022, j’ai répondu d’urgence à 4 heures du matin le 27 :
« Bonjour,
« Je suis désolée de vous répondre tardivement car je viens de lire votre courriel.
« Je ne connaissais pas cette affaire, pourriez-vous m’envoyer les ressources ? Je vous remercie.
« Nous nous soucions tous de la vérité ? N’est-ce pas ? »
Le 27 novembre à 9h00, Epoch Times a répondu :
« Bonjour, merci pour votre réponse.
« Voici ce qu’a dit le sénateur Housakos : Cliquer pour voir.
« Voir mes questions ci-dessous. Ou avez-vous d’autres commentaires ? »
J’ai ouvert le lien envoyé par The Epoch Times et j’ai entendu M. Leo Housakos, qui fait la promotion de son projet de loi S-237 (établissant un registre des étrangers), attaquer mon droit fondamental de citoyen d’assister à l’audition, en insinuant que j’étais un agent de la Chine et que je travaillais pour la Chine. J’ai été extrêmement choquée et déçue du manque de respect (voire de la discrimination) du sénateur à l’égard des minorités immigrées. L’audition était ouverte au public et les citoyens étaient invités à y assister. Pourquoi ma présence et mon désir d’en savoir plus sur les faits seraient-ils critiqués par ce sénateur, qui me reproche de travailler pour la Chine ? Sa proposition S-237 vise-t-elle spécifiquement les immigrants ? Est-elle fondée sur la méfiance à l’égard des minorités immigrantes ?
Quant à savoir pourquoi l’adresse de l’APACC est celle d’une entreprise, la raison est simple. Notre organisation dispose de fonds limités, nous utilisons donc l’adresse d’une société pour économiser de l’argent. Cette pratique est courante au Canada. De nombreuses organisations à but non lucratif au Canada ne disposent pas de leurs propres locaux. Pourquoi une situation aussi courante est-elle sujette à des remises en question par M. Housakos ?
Sur son compte Twitter, le sénateur Housakos a écrit : « L’espionnage chinois au sein de la plus grande compagnie d’électricité du Canada est un autre incident d’ingérence de Pékin dans la démocratie canadienne, et un autre exemple de la raison pour laquelle un registre des influences étrangères tel que prévu dans mon projet de loi S237 est si nécessaire. »
Avant que le cas de Wang Yuesheng ne soit défini par le tribunal, ce sénateur l’avait déjà qualifié de nouvel incident d’ingérence de Pékin. De telles remarques illégales et illogiques peuvent entraîner des conséquences terribles et sont le reflet de théories conspirationnistes visant la communauté chinoise.
Par ailleurs, les accusations infondées du sénateur à mon encontre ont causé beaucoup de tort. À la suite des tweets de M. Housakos et des rapports des médias, j’ai reçu des appels de harcèlement et des courriels menaçants et j’ai vu des rumeurs de plus en plus nombreuses à mon sujet sur les médias sociaux, ce qui a causé un préjudice considérable à ma réputation. Mon entreprise a beaucoup souffert, les clients me qualifiant d’espionne du PCC [Parti communiste de Chine], raccrochant à mes appels ou déclarant explicitement qu’ils ne travailleraient plus avec moi. Ma santé mentale en a pris un coup et je me suis sentie déprimée pendant un certain temps. Avec l’aide et le soutien de ma famille et de mes amis, je me remets progressivement, mais il est difficile de rétablir mes affaires car de nombreuses personnes qui ne connaissent pas la vérité ne me font plus confiance.
Grâce à ces expériences personnelles, j’ai ressenti l’insignifiance et le désespoir d’un individu face à la calomnie et à la diffamation de la part des autorités et des médias. Cela m’a également fait prendre conscience de l’importance et de la nécessité pour le public de connaître la vérité.
L’enquête de la GRC sur deux centres communautaires chinois au Québec, qualifiés de « police chinoise secrète », porte gravement atteinte à la démocratie et à l’état de droit au Canada et crée la peur chez les Canadiens d’origine chinoise
En mars 2023, la GRC a accusé le Service à la famille chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud d’être des agences mandataires des postes de police chinois au Québec. Sans aucune preuve, la GRC a divulgué ces allégations aux médias. En conséquence, ces deux centres ont rapidement été présentés comme des postes de police chinois secrets à la une des médias. De nombreuses personnes ayant besoin des services de ces centres n’ont pas osé s’y rendre, ce qui a considérablement perturbé leur vie. Le personnel de ces centres s’est retrouvé dans un état de panique et de confusion. Les centres ne peuvent plus recevoir de financement du gouvernement, ce qui entraîne des difficultés financières.
Le 9 mars 2023, plusieurs organisations communautaires, dont l’APACC, se sont rassemblées au parc Sun Yat-sen de Montréal pour exprimer leur soutien aux deux centres de services.
Dans une déclaration publique des Défenseurs de la Constitution canadienne soutenant les centres de services chinois, il est écrit :
« Le 9 mars 2023, les médias ont rapporté que la GRC enquêtait sur deux centres communautaires chinois à Montréal – le Service à la famille chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, croyant qu’ils pourraient être des ‘postes de police chinois’. Nous, un groupe de Canadiens d’origine chinoise vivant à Montréal, accueillons favorablement les enquêtes sur les agents étrangers potentiels. Cependant, avant toute conclusion claire et toute preuve solide de l’enquête, les reportages des médias et les déclarations de la GRC ont déjà eu de graves répercussions sur notre communauté, entraînant des incidents de discrimination raciale à l’encontre des Canadiens d’origine chinoise.
« Les médias, sans connaître la vérité, ont diffusé des informations erronées. Par exemple, le Montreal Gazette a rapporté ce qui suit : ‘La GRC a déclaré que les Canadiens d’origine chinoise sont victimes des activités possibles de ces centres.’ Or, nous sommes des Canadiens d’origine chinoise et nos expériences contredisent cette affirmation. Sur la base de nos années d’expérience personnelle, ces deux centres ne sont ni des substituts de postes de police chinois, ni des postes de police chinois secrets, et nous ne nous sommes jamais sentis victimes de ces centres. Au contraire, ces centres ont grandement bénéficié à notre communauté. Pendant des décennies, ces deux centres ont apporté des contributions significatives à notre communauté. C’est grâce à ces contributions que Xixi Li a reçu l’appui des électeurs et a été élue conseillère municipale de Brossard. Nous ne nous sommes jamais sentis intimidés, harcelés, ciblés ou lésés par ces centres.
« Il est rapporté que les allégations concernant l’établissement possible de postes de police chinois proviennent d’une organisation étrangère en Espagne appelée Safeguard Defender. Comment une organisation étrangère a-t-elle pu faire de telles allégations ? Cette organisation étrangère recueille-t-elle régulièrement des informations sur les citoyens canadiens ? Cette organisation mène-t-elle des activités d’espionnage contre des citoyens canadiens ? La GRC devrait-elle d’abord enquêter et vérifier les allégations de Safeguard Defender ? À ce jour, à notre connaissance, la GRC n’a jamais contacté ces deux centres pour vérifier les allégations de l’organisation étrangère. La communauté chinoise du Québec a ainsi ressenti la terreur du ‘maccarthysme’.
« À ce jour, nous n’avons vu aucune preuve de la part de la GRC pour étayer ses allégations de prétendus postes de police chinois secrets à l’encontre de ces deux centres. Pendant ce temps, tous les rapports des médias sur les postes de police chinois sont basés sur des spéculations, des suppositions et des interprétations erronées des faits, sans fournir aucune preuve.
« Qu’il s’agisse des allégations de la GRC ou de ces rapports médiatiques, le résultat final est la diffamation de la communauté sino-canadienne. Sans vérification, ces allégations manipulent la perception du public, ce qui a amené les dirigeants du conseil municipal de Brossard à conseiller à Xixi Li de cesser ses fonctions normales de conseillère. En bref, une organisation étrangère a réussi à miner notre système démocratique canadien en privant une conseillère municipale dûment élue de son droit de participer aux activités du conseil.
« Dès lors, cette farce ‘agents du commissariat chinois/police chinoise secrète’ peut-elle être considérée comme un acte prémédité de discrimination raciale à l’encontre des Canadiens d’origine chinoise ? Des situations similaires se sont produites dans l’histoire. Sous le régime d’Hitler en Allemagne, il existait une théorie de la conspiration du bolchevisme juif, selon laquelle les Juifs représentaient une menace pour la sécurité nationale en raison de leurs liens avec la Russie communiste. Si nous remplaçons les Juifs par des Chinois et la Russie par la Chine, l’essence de ces deux théories du complot est la même.
« La GRC enquête sur d’éventuels postes de police chinois. Elle n’aurait pas obtenu de mandat de perquisition du tribunal. Cela signifie que la GRC ne peut pas vérifier les allégations faites par une organisation étrangère. Nous ne savons pas si ces allégations sont vraies ou fausses. Cependant, la peur du public a déjà enflammé la colère des Canadiens.
« La GRC aurait reçu 15 pistes. La GRC devrait-elle communiquer avec les deux centres pour vérifier si ces 15 pistes sont fondées ou s’il s’agit simplement de rumeurs ? Pourquoi avons-nous un système secret pour dénoncer les citoyens canadiens ? Sommes-nous dans une société démocratique ?
« D’après nos expériences, nous ne sommes pas victimes de ces deux centres de services, mais plutôt victimes de la propagande de la théorie de la conspiration du poste de police chinois. L’enquête de la GRC sur la ‘police chinoise secrète’ de ces deux centres ne protège pas les Canadiens de l’ingérence étrangère, mais facilite plutôt l’influence étrangère pour miner notre démocratie canadienne. Nous craignons que l’application sélective et partiale de la loi n’abuse de notre système judiciaire, ne profane notre état de droit et ne transforme notre système judiciaire en un outil de discrimination raciale. Nous demandons instamment à la GRC de respecter les valeurs canadiennes de l’état de droit et d’appliquer la loi sans discrimination. »
Une nouvelle fois attaquée pour avoir aidé la communauté chinoise à lutter contre la calomnie
L’année dernière, c’était le 100e anniversaire de la Loi sur l’exclusion des Chinois, et les événements qui ont affecté la communauté chinoise cette année m’ont profondément inquiétée et subtilement effrayée. Lors d’un rassemblement, j’ai exprimé une question sincère : « Qu’est-ce qui me fait à nouveau peur à l’occasion du centenaire de la Loi sur l’exclusion des Chinois ? » La société se divise, la suspicion et l’hostilité à l’égard de la communauté chinoise nous font peur.
Au milieu de cette peur subtile, mon instinct de défense m’a poussée à réanalyser ces événements : « espions chinois », « postes de police chinois » et « ingérence chinoise dans les élections canadiennes », suivis de la « Loi sur le registre des influences étrangères ».
En réponse à cette « Loi sur le registre des influences étrangères », les Canadiens d’origine chinoise et d’autres groupes ethniques de différentes provinces du Canada ont lancé la « Pétition E-4395 » (1) en avril 2023.
Afin de sensibiliser le public à cette pétition, l’APACC a formé une équipe de bénévoles nommée « Montréal en action » pour en faire la promotion et recueillir des signatures dans le quartier chinois. Des centaines de documents signés ont finalement été envoyés à Ottawa par courrier recommandé, l’affranchissement étant payé par ma famille. De manière inattendue, ces frais d’affranchissement ont été malicieusement interprétés par certains comme une transaction avec les bénévoles. Les volontaires ont de leur propre gré fait la promotion du document E-4395. Sous le soleil brûlant de l’été, ils ont expliqué la pétition à plusieurs reprises. Sans leur quête d’équité et de justice, ils auraient facilement pu choisir de ne pas participer.
Ce message diffamatoire à mon égard a été vu par environ 46 400 personnes sur Twitter, ce qui donne une idée du préjudice qu’il m’a causé. L’auteur de l’affiche est étroitement lié au sénateur conservateur Leo Housakos et à l’ancien journaliste d’investigation en chef de Global News, Sam Cooper.
L’affiche a également diffusé de nombreuses informations fausses et fabriquées de toutes pièces sur moi et sur l’association. En 2023, afin de tirer les leçons de l’histoire et d’éviter de répéter les mêmes erreurs, l’APACC a organisé le deuxième concours de rédaction intitulé « Je me souviens » pour commémorer la Loi sur l’exclusion des Chinois de 1923 et y réfléchir. Cet événement n’avait rien à voir avec le consulat chinois, mais l’affiche prétendait qu’il se déroulait « avec » le consulat. Quelles sont ses intentions ? Cette personne m’a également surveillée et traquée, ce qui me fait peur.
Résumé
Lorsque j’ai cherché la vérité dans l’intérêt de l’amitié entre le Canada et la Chine, j’ai été injustement qualifiée d’agent chinois. Lorsque j’ai défendu les droits des Canadiens d’origine chinoise contre la discrimination, on m’a accusée d’avoir des liens avec le consulat chinois. Lorsque j’ai exercé mon devoir civique en participant aux affaires démocratiques canadiennes, j’ai été accusée de travailler pour la Chine. Ces actions sapent les valeurs fondamentales d’équité et de liberté d’expression de la société canadienne.
La Charte canadienne des droits et libertés stipule que la diversité, l’inclusion et les droits humains sont des valeurs fondamentales du Canada. La lutte contre le racisme et la discrimination est une cause universelle qui transcende les frontières et les gouvernements. Si les efforts légitimes des Canadiens d’origine chinoise pour lutter pour l’égalité des droits et défendre leurs intérêts légitimes sont similaires aux revendications du gouvernement chinois, cela signifie-t-il que tous les groupes ethniques qui luttent pour l’égalité des droits et défendent leurs intérêts légitimes au Canada sont des agents de la Chine ?
En outre, l’état de droit est le fondement du Canada. Toute personne est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. Toute allégation d’influence étrangère doit être étayée par des preuves solides et concrètes et faire l’objet d’une enquête approfondie et impartiale. Cette approche protège non seulement les droits de l’accusé, mais renforce également l’intégrité de nos institutions démocratiques.
Le respect de la liberté d’expression est au coeur de notre système démocratique. Même ceux qui ont des opinions divergentes doivent être respectés. Ce respect est essentiel pour garantir un espace public dynamique et diversifié.
Nous devons être vigilants face aux dangers de la désinformation, car ils peuvent fausser la perception du public et saper la confiance dans nos processus démocratiques. En veillant à ce que les allégations fassent l’objet d’un examen rigoureux et soient étayées par des preuves fiables, nous pouvons protéger les valeurs fondamentales de la démocratie et maintenir la confiance du public dans nos institutions.
Enfin, je demande instamment à la commission sur l’ingérence étrangère de donner la priorité aux principes démocratiques, à la liberté d’expression et à l’état de droit dans ses délibérations. Assurons la justice grâce à des enquêtes méticuleuses et fondées sur des preuves, préservant ainsi le tissu démocratique de notre société.
Pour voir la pétition, cliquez ici.
Jiu Ru Zhu
23 juillet 2024
Montréal, Canada
(Traduction du LML)
Respectons les droits démocratiques des Canadiens d’origine chinoise et opposons-nous à l’exclusion des temps modernes
La Commission royale canadienne sur l’immigration chinoise de 1885 ne s’est pas bien terminée pour les Chinois. Cela a abouti à quatre lois sur l’immigration chinoise. La dernière en date était la Loi sur l’exclusion des Chinois de 1923. En 2023, des demandes ont été formulées pour une enquête publique sur l’ingérence et l’influence chinoises, ainsi que pour un registre des agents étrangers. Il existe un lien direct entre les événements actuels et ceux d’il y a cent ans.
Malgré le titre anodin de l’Enquête publique sur l’ingérence étrangère, les Canadiens voient l’enquête comme étant dirigée vers la communauté sino-canadienne. Certains membres de notre communauté craignent que le positionnement du gouvernement et de tous les partis politiques ne constitue une attaque contre nos droits démocratiques de participer au processus électoral et de voter pour qui nous voulons sans éveiller les soupçons d’être influencés par une puissance étrangère. Une fois de plus, nous craignons d’être exclus et privés de nos droits démocratiques.
Sous ce nuage de suspicion à l’égard de la diaspora chinoise, nos institutions communautaires sont la cible d’allégations à propos de prétendus « commissariats de police » chinois. Des organismes communautaires comme le Service familial chinois du Grand Montréal, au service des Québécois chinois depuis 50 ans, sont stigmatisés, enquêtés et exclus du financement gouvernemental. Cet organisme risque d’être fermé, faute de fonds. Des scientifiques sino-canadiens, notamment Yentai Gan et Qing Quentin Huang, ont été accusés d’espionnage au profit de la Chine. Aucune condamnation n’a été obtenue puisqu’aucune preuve n’a été présentée devant les tribunaux, et l’affaire a été suspendue après de nombreuses années d’enquête. De même, aucune preuve n’a été fournie pour prouver que le Service familial chinois et le Centre Sino-Québec sont des « présumés postes de police chinois ».
Cent ans après l’adoption de la Loi sur l’exclusion des Chinois, les Canadiens d’origine chinoise luttent toujours pour les droits démocratiques de libre expression et de participation à la vie politique tels que se présenter aux élections et voter pour qui ils veulent sans faire face à des accusations d’ingérence et d’influence étrangères. Les Canadiens d’origine chinoise ont le droit d’être fiers de leur histoire et de leurs contributions à ce pays, avec un sentiment d’appartenance sûr et sans ambiguïté. Ils devraient également avoir la possibilité de reconnaître les réalisations actuelles de leur patrie ancestrale sans provoquer le trope de « l’ingérence étrangère ».
Nous, soussignés, endossons la lettre ci-jointe soumise par Jimmy Chan de l’Association des familles Chin Win Ching Ton au nom de 49 cosignataires, et publiée dans La Presse le 28 avril 2023.
Pour voir la liste de signataires, cliquer ici.
Pour la lettre de la communauté sino-canadienne à La Presse en 2023, cliquer ici.
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