79e anniversaire du bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki
6 et 9 août 1945
Les faits concernant les objectifs des États-Unis à Hiroshima et Nagasaki
L’une des controverses sur la manière dont les atrocités commises à Hiroshima et Nagasaki sont commémorées concerne les objectifs des États-Unis lors du largage des bombes. Selon l’histoire écrite par les vainqueurs, cet acte était nécessaire pour forcer la capitulation du Japon militariste et mettre fin à la guerre. Les morts et les destructions ont été une tragédie, mais le peuple japonais lui-même a été responsable de ses propres souffrances, selon l’histoire. À ce jour, les États-Unis refusent de s’excuser pour ces crimes de guerre et, lors d’une visite à Hiroshima le 27 mai, le président Obama n’a même pas reconnu que les États-Unis avaient perpétré ces crimes ni pourquoi, se contentant de déclarer que « la mort est tombée du ciel ».
Ce que beaucoup savaient à l’époque, c’est que l’utilisation de la bombe atomique n’avait aucun but militaire. Gar Alperovitz, auteur américain de plusieurs ouvrages sur le bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki, note dans un article du 6 août 2015 [1] :
« Les principaux chefs militaires américains qui ont combattu pendant la Deuxième Guerre mondiale (…) étaient tout à fait clairs sur le fait que la bombe atomique n’était pas nécessaire, que le Japon était sur le point de se rendre et – pour beaucoup – que la destruction d’un grand nombre de civils était immorale.
« L’amiral William Leahy, chef d’état-major du président Truman, a écrit dans ses mémoires de 1950, I Was There, que ‘l’utilisation de cette arme barbare à Hiroshima et Nagasaki n’a apporté aucune aide matérielle dans notre guerre contre le Japon. Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre. En étant les premiers à l’utiliser, nous avons adopté une norme éthique commune aux barbares de l’âge des ténèbres. On ne m’a pas appris à faire la guerre de cette manière, et on ne gagne pas une guerre en détruisant des femmes et des enfants’.
« Le général commandant les forces aériennes de l’armée américaine, Henry ‘Hap’ Arnold, a donné une forte indication de son point de vue dans une déclaration publique, onze jours seulement après l’attaque d’Hiroshima. Interrogé le 17 août par un journaliste du New York Times qui lui demandait si la bombe atomique avait poussé le Japon à se rendre, Arnold déclara que ‘la position japonaise était désespérée avant même que la première bombe atomique ne tombe, parce que les Japonais avaient perdu le contrôle de leur propre espace aérien’.
« L’amiral Chester Nimitz, commandant en chef de la flotte du Pacifique, a déclaré dans un discours public prononcé au Washington Monument deux mois après les bombardements que ‘la bombe atomique n’a joué aucun rôle décisif, d’un point de vue purement militaire, dans la défaite du Japon’ […].
« Même le célèbre ‘faucon’, le général Curtis LeMay, chef du vingt-et-unième commandement des bombardiers, s’est exprimé publiquement le mois suivant les bombardements, déclarant à la presse que ‘la bombe atomique n’avait rien à voir avec la fin de la guerre’.
« Nous savons que certains des plus proches conseillers du président Truman considéraient la bombe comme une arme diplomatique et pas seulement militaire. Le secrétaire d’État James Byrnes, par exemple, pensait que l’utilisation d’armes atomiques aiderait les États-Unis à dominer plus fortement l’après-guerre. Selon Leo Szilard, scientifique du projet Manhattan, qui l’a rencontré le 28 mai 1945, ‘[Byrnes] était préoccupé par le comportement de la Russie après la guerre […] [et pensait] que la Russie serait plus facile à gérer si elle était impressionnée par la puissance militaire américaine, et qu’une démonstration de la bombe pourrait impressionner la Russie’. »
Note
1. « The War Was Won Before Hiroshima — And the Generals Who Dropped the Bomb Knew It », Gar Alperovitz, The Nation, 6 août 2015.
|
|
[RETOUR]