79e anniversaire du bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki
6 et 9 août 1945
La participation du Canada aux bombardements
Le Canada a joué un rôle peu connu mais essentiel dans le programme des États-Unis de développement des armes nucléaires depuis sa création. Le Canada a fourni de l’uranium pour la bombe utilisée contre Hiroshima, et des scientifiques canadiens qui ont travaillé dans un laboratoire secret à Montréal ont contribué à la recherche pour la bombe au plutonium utilisée contre Nagasaki.
Le Regroupement pour la surveillance du nucléaire (RSN) informe que le président américain Roosevelt et le premier ministre britannique Churchill ont signé un accord secret à Québec le 19 août 1943 qui stipulait que la bombe atomique ne serait pas utilisée « l’un contre l’autre » ou « contre des tiers sans le consentement de l’un ou l’autre ». Cet accord prévoyait également la création d’un comité politique mixte de six personnes, composé de trois Américains, de deux Britanniques et de C.D. Howe, ministre libéral du gouvernement de Mackenzie King, pour traiter de la question de la bombe atomique.
C. D. Howe n’a donc pas été surpris par le bombardement d’Hiroshima et avait préparé à l’avance une déclaration pour la presse. Howe a déclaré à propos de ce crime de guerre sans précédent : « J’ai le plaisir d’annoncer que les scientifiques canadiens ont joué un rôle étroit et ont été associés de manière efficace à ce grand développement scientifique ».
Le RSN souligne :
« En 1940, les Britanniques ont compris comment fabriquer une bombe atomique en enrichissant de l’uranium naturel – un processus lent, difficile et coûteux. Dans le plus grand secret, ils ont demandé aux Américains de coopérer et aux Canadiens de leur fournir de l’uranium.
« Après Pearl Harbor, les Américains ont pris le relais. L’uranium destiné aux premières bombes A a été raffiné à Port Hope pour le compte de l’armée américaine. Au début, il provenait du Grand lac de l’Ours, puis du Congo. Une partie de l’uranium a été enrichie pour la bombe d’Hiroshima ; le reste a été irradié dans les premiers réacteurs nucléaires au monde pour produire du plutonium pour la bombe de Nagasaki.
« En 1942, les Britanniques ont transféré leur propre équipe de recherche sur la production de plutonium à Montréal, loin de la Luftwaffe et plus près des Américains. Le Canada prend en charge tous les frais et des scientifiques canadiens rejoignent l’équipe.
« Le laboratoire de Montréal se concentre sur les meilleurs moyens de produire du plutonium pour les bombes […].
« La décision de construire les premiers réacteurs à eau lourde du Canada à Chalk River a été prise en avril 1944 par le Combined Policy Committee, qui s’est réuni dans le bureau du secrétaire américain à la Guerre. Il s’agissait d’une décision militaire top secrète.
« Selon l’inscription sur une grande plaque de bronze à Chalk River :
« ‘Une réaction nucléaire en chaîne a été déclenchée pour la première fois au Canada le 5 septembre 1945, lorsque le réacteur ZEEP a été mis en service ici, à Chalk River. Ce réacteur, qui faisait à l’origine partie d’un projet de production de plutonium pour les armes nucléaires, a été conçu par une équipe de scientifiques et d’ingénieurs canadiens, britanniques et français réunis à Montréal et à Ottawa en 1942-43.’ »
Le RSN note également que « pendant vingt ans après Hiroshima, le Canada a vendu du plutonium produit dans les réacteurs de Chalk River à l’armée américaine pour l’aider à couvrir le coût de la recherche nucléaire. Et lorsque le Canada a donné à l’Inde un clone du réacteur NRX, l’Inde l’a utilisé pour produire du plutonium pour son premier essai de bombe A en 1974 ».
(« Canada and the Bomb : Past and Future », Gordon Edwards, Ph.D., président du RSN).
(Traduit de l’anglais par LML. Photos : Bibliothèque et Archives Canada.)
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