187e anniversaire des soulèvements de 1837-38
dans le Haut et le Bas Canada
La signification de la Journée des patriotes
La Journée nationale des patriotes est célébrée le 20 mai au Québec pour maquer le soulèvement de 1837-38 au Bas-Canada en hommage à la mémoire des patriotes qui ont donné leur vie ou qui ont été forcés à l’exile dans la lutte pour mettre fin au pouvoir britannique en établissant une République du Québec.
La Journée nationale des patriotes, nous célébrons l’effort du peuple pour affirmer son droit d’être. Dès le printemps de 1837, face au refus de la couronne britannique de répondre aux revendications de l’Assemblée législative du Bas-Canada, telles que formulées dans les 92 Résolutions de 1834, de grandes assemblées populaires éclatèrent spontanément dans tous les coins du Québec. C’est le peuple qui réclamait ses droits démocratiques.
Au coeur de cette grande expression de la volonté populaire, les patriotes proclamèrent « par ordre du gouvernement provisoire » un important manifeste appelé « Déclaration d’indépendance de la République du Bas-Canada ». Ils y énoncèrent les principes et les droits démocratiques propres à une république.
L’article 3 appelle à la défense des droits de tous : « 3. Que sous le gouvernement libre du Bas-Canada, tous les individus jouiront des mêmes droits : les sauvages ne seront plus soumis à aucune disqualification civile, mais jouiront des mêmes droits que tous les autres citoyens du Bas-Canada. »
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L’article 15 proclame que c’est le peuple qui rédigera sa constitution : « Que dans le plus court délai possible, le peuple choisisse des délégués, suivant la présente division du pays en comtés, villes et bourgs, lesquels formeront une convention ou corps législatif pour formuler une constitution suivant les besoins du pays, conforme aux dispositions de cette déclaration, sujette à être modifiée suivant la volonté du peuple. »
Le soulèvement de 1837-1838 fut écrasé par la force des armes, avec la suspension des libertés civiles, des arrestations massives, l’incendie de demeures, la pendaison de 12 patriotes et l’exil forcé de 64 autres.
Plus de 1 700 personnes furent jetées en prison. Rien qu’à Montréal, 816 personnes furent arrêtées en 1838, sur une population de 30 000 personnes. Comparé à la population de Montréal aujourd’hui, ce serait l’équivalent de 40 000 personnes. De ce nombre, 108 furent traduits en cour martiale. C’est sans compter les centaines qui durent fuir aux États-Unis pour éviter la persécution, y compris dix accusés de « meurtre » qui faisaient face à la peine de mort s’ils revenaient au pays.
Ces événements marquèrent la suppression de l’État-nation moderne du Québec dont l’existence continue d’être niée à ce jour en privant le peuple québécois – sans distinction d’origine nationale, de langue ou de croyance – de son droit à l’autodétermination en tant qu’entité légale indépendante, libre de former une union avec le reste du Canada si tel est son propre désir.
La Rébellion de 1837-1838 est un événement important dans l’histoire du Québec et du Canada. Il faut en saisir la signification pour comprendre la situation aujourd’hui et ne pas se laisser détourner par le chantage de ceux qui disent que la souveraineté du Québec équivaut à « la destruction du Canada ». Au contraire, l’établissement de l’État moderne du Québec sur sa propre base demeure nécessaire pour résoudre la crise constitutionnelle tant en faveur du peuple du Québec que du peuple du Canada, pour mettre fin à l’emprise des institutions issues de la répression du projet d’édification nationale des patriotes de 1837-38 et du projet démocratique de ceux qui ont combattu la tyrannie dans le Haut-Canada. Les institutions démocratiques actuelles, que l’on dit basées sur les « accommodements raisonnables », défendent les arrangements que les oligarques britanniques ont jugés « raisonnables » pour renforcer la domination coloniale britannique établie après la défaite de la France sur les plaines d’Abraham en 1759 et après que le Québec soit passé de colonie française à colonie anglaise. Le pouvoir britannique a divisé le peuple sur une base ethnoculturelle et enchâssé cette division dans l’Acte d’Union de 1840.
Depuis, la ligne de diviser pour régner a servi, d’abord à l’État britannique et maintenant à l’État anglo-canadien, à imposer le diktat des élites dominantes au peuple du Québec et au peuple du Canada, ainsi qu’aux peuples autochtones. Il est clair qu’après les Rébellions de 1837-38 dans le Bas et le Haut- Canada , tous les patriotes qui refusaient de se réconcilier avec ces soi-disant accommodements raisonnables ont été jugés de traîtres et ont été soit pendus, soit exilés. Les institutions démocratiques actuelles du « gouvernement responsable », sorties de l’infâme Acte d’Union, ont comme but d’écarter la majorité de tout arrangement de partage du pouvoir.
La situation actuelle montre que la cause pour laquelle les patriotes ont combattu en 1837-38 met au premier plan la nécessité que la classe ouvrière se constitue en la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain de décider de ses affaires politiques, économiques, sociales et culturelles et celles de la nation. C’est d’autant plus urgent à l’heure où les gouvernements du Québec et du Canada intensifient la braderie des ressources naturelles et humaines, cherchent à établir de nouveaux arrangements qui faciliteront l’intégration politique, économique et militaire du Canada et du Québec à l’économie de guerre des États-Unis et un État restructuré dans la forme d’un pouvoir exécutif au service des monopoles les plus puissants. Plus ils refusent de partager le pouvoir, plus ils parlent d’« accommodements raisonnables ».
À la poursuite de cette politique de l’érosion nationale, les élites dominantes ont plongé le Québec et le Canada dans la crise. Leur refus d’ouvrir la voie au progrès de la société se voit dans leurs tentatives incessantes d’imposer la politique de division en fonction de la langue, de l’origine nationale, de la culture, des croyances, de la couleur de la peau, du sexe et autres considérations, y inclus l’affiliation politique. Nous assistons quotidiennement aux déclarations des cercles officiels et des média de qui représente mieux les valeurs du Québec ou du Canada. Ils réduisent l’identité du peuple québécois à l’aspect linguistique et divisent le corps politique en fonction de l’appartenance ethnoculturelle pour arriver à imposer un nouvel « accommodement irraisonnable » et des limitations au peuple au nom d’idéaux élevés. Ils le font pour justifier la suppression du droit de s’exprimer et de se réunir, ce qui constitue une attaque au droit d’être du peuple et de son droit de décider des arrangements dont il a besoin pour s’épanouir.
En cette occasion, le Parti marxiste-léniniste salue tous ceux qui ont épousé la cause des patriotes du Québec, en particulier ceux qui sont résolus à élaborer un projet d’édification nationale conforme aux exigences de l’heure.
La classe ouvrière doit se constituer en la nation et investir le peuple du pouvoir souverain !
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