Dans l’actualité le 13 mai 2024
Les étudiants persistent face aux interventions policières contre leurs campements pacifiques
Les campements étudiants appelant les universités à divulguer leurs ententes financières avec Israël et à désinvestir et exiger un cessez-le-feu dans l’assaut génocidaire d’Israël contre Gaza et dans les attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie sont maintenant soumis à des interventions brutales de la police en Alberta. D’autres campements sont menacés d’actions policières partout au pays.
Les étudiants à l’Université de Calgary ont érigé un campement le 9 mai. Le soir-même, des escouades anti-émeutes armées de boucliers, de gaz lacrymogène et de grenades incapacitantes ont d’abord pris les étudiants en souricière pour ensuite les attaquer, eux et leurs alliés, pendant qu’ils démontaient leurs tentes conformément aux ordres de la police. Plusieurs personnes ont été blessées quand l’anti-émeute s’est rue sur les campeurs. Une ancienne universitaire qui était sur les lieux pour appuyer les étudiants rapporte que la police « s’est ruée sur nous avec leurs boucliers et leurs matraques » pendant que les administrateurs de l’université étaient plantés là, impassibles. Elle décrit comment un des groupes qu’elle accompagnait a été aspergé de poivre de cayenne, coincé et assailli de gaz lacrymogène et de grenades incapacitantes alors que les manifestants tentaient de de s’éloigner. Cinq personnes ont été arrêtées pour intrusion, et trois d’entre elles ont reçu des contraventions. Elles ont toutes été remises en liberté.
L’association étudiante de l’Université de Calgary « condamne sans équivoque l’intervention policière contre les étudiants », lit-on dans une déclaration. Elle condamne la négation par l’administration de leur droit à la liberté de se réunir et à la liberté d’expression et affirme que le recours de l’administration à la police est une « invitation à la violence contre les étudiants ».
Le jour suivant, le Mouvement étudiant de Calgary, l’organisateur du campement, a appelé un rassemblement sur le campus pour dénoncer l’attaque violente commise par la police et pour affirmer clairement que les étudiants ne se laisseront pas décourager et qu’ils continueront leurs actions en appui à leur demande que l’université désinvestisse de l’industrie de guerre et condamne le génocide d’Israël contre le peuple palestinien.
À Edmonton, vers 5 heures du matin le 11 mai, la police a évacué un campement qui avait été installé à l’Université de l’Alberta le 9 mai, blessant plusieurs étudiants au cours de l’opération. L’appel de l’administration à une intervention policière contre les étudiants de l’université fait suite à une déclaration du premier ministre de l’Alberta la veille en faveur d’une intervention policière. Trois personnes ont été arrêtées et inculpées pour voie de fait contre un agent de la paix, intrusion et obstruction.
Plus de deux mille personnes se sont rassemblées sur le campus plus tard dans l’après-midi pour réaffirmer la demande que l’Université de l’Alberta et l’Université MacEwan divulguent leurs investissements institutionnels et financiers auprès d’institutions et d’entreprises israéliennes et se désengagent de ces participations, condamnent le génocide israélien et demandent au gouvernement canadien de mettre fin à tous les contrats militaires avec l’État sioniste.
L’Université McGill a fait une demande d’injonction pour le démantèlement du campement situé au coeur du campus à Montréal, invoquant des raisons d’hygiène et le « risque d’intimidation et de violence » sur le site.
La demande cite des « échanges verbaux féroces » entre manifestants et contre-manifestants au début du mois, des barils de possibles « déchets humains » sur le site, d’éventuelles violations du code de prévention des incendies et le potentiel du camp d’agir comme « aimant » pour de nouveaux affrontements avec les contre-manifestants. La Cour supérieure du Québec entendra la demande le 13 mai. Une représentante de Solidarité pour les droits humains des Palestiniens de McGill (SPHR McGill) a dit au Montreal Gazette qu’« en dépit du fait que des échanges de bonne foi aient été entrepris, il est maintenant clair que l’administration de McGill était non seulement prête à mettre en danger la sécurité des étudiants, mais qu’elle cherchait activement à nous faire du mal et à nous réduire au silence ». Elle ajoute que McGill a refusé « de revenir avec des propositions concrètes » face aux revendications de désinvestissement des étudiants. L’université dit aussi que le campement interfère avec les cérémonies des diplômés qui se déroulent habituellement là où sont les campements et qu’elle avait réservé un autre site au coût de 700 000 dollars. SPHR McGill a dénoncé cette mesure de l’administration, disant que McGill préférait dépenser 700 000 dollars plutôt que de répondre aux revendications des manifestants.
Les justes positions prises par les campements étudiants reçoivent un large soutien de la part des professeurs et de la communauté. Les étudiants n’ont pas été découragés par les menaces et les intimidations et d’autres campements ont été mis sur pied. Le 12 mai, des campements ont vu le jour à l’Université Dalhousie à Halifax et à l’Université du Québec à Montréal, tandis que les étudiants de l’Université de Waterloo ont lancé le leur aujourd’hui, rebaptisant la Graduate House (maison des diplômés) en Gaza House (maison de Gaza). Il y a actuellement 15 campements en cours dans des universités du Canada et du Québec.
Déclaration de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université
La déclaration suivante a été publiée le 10 mai.
L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) défend le droit à la liberté d’expression et de réunion sur les campus des universités et des collèges et condamne les établissements qui ont demandé ou menacent de demander aux forces policières d’expulser par la force et d’arrêter des manifestantes et manifestants pacifiques.
Les universités et les collèges doivent être des lieux qui favorisent le débat, le dialogue et la libre expression. L’expulsion par la force et l’arrestation musclée d’étudiantes et d’étudiants manifestants pacifiques qui ne posent aucune menace démontrable pour la sécurité du campus sont contraires à la mission des établissements d’éducation postsecondaire et aux droits démocratiques exprimés dans la Charte des droits et libertés.
La politique de l’ACPPU souligne que les forces policières et les services de sécurité des campus ne doivent jamais être utilisés pour restreindre la liberté d’enseignement, la liberté d’expression ou les rassemblements pacifiques. Les forces policières ne devraient être autorisées à intervenir sur le campus qu’en cas de menace claire et imminente de violence, de violation du droit pénal par un rassemblement ou de violation grave des droits d’autrui. Le simple fait d’affirmer que les rassemblements pacifiques constituent une « intrusion » sur la propriété d’une université ou d’un collège ne suffit pas à justifier l’abrogation de droits démocratiques fondamentaux.
Les dirigeants des universités et des collèges ont l’obligation positive de défendre les libertés d’expression et l’autonomie de leurs institutions. Ils manquent à cette obligation lorsqu’ils capitulent devant la pression politique et celle des donateurs pour faire taire le débat.
Les institutions universitaires doivent être des lieux qui encouragent le dialogue dans la recherche de la compréhension et de la connaissance. Rien ne justifie la répression policière des rassemblements pacifiques sur les campus.
Le Comité de l’Alberta du PCC(M-L) dénonce l’agression violente de la police contre le campement de l’Université de Calgary
Les étudiants de l’Université de Calgary et de l’Université de l’Alberta à Edmonton se sont joints aux étudiants de partout au Canada, aux États-Unis et d’autres pays en érigeant un campement le 9 mai. Les étudiants ont monté leurs tentes, écouté des discours, tenu des discussions et organisé des activités familiales pendant la journée.
Un rassemblement pour soutenir le campement organisé par le Mouvement étudiant de Calgary a commencé à 17 h à l’extérieur du Quad de l’Université de Calgary et les supporters continuaient d’arriver toute la soirée. Vers 20 h 30, un grand nombre de policiers en tenue anti-émeute et avec des fourgons sont arrivés sur les lieux tandis que deux administrateurs de l’université se tenaient à proximité. Les policiers ont bloqué le côté sud du campus et se sont avancés en ligne vers les étudiants, les encerclant progressivement.
Tandis que les étudiants du campement et leurs alliés tentaient de négocier avec la police et que le campement était démantelé, une file de personnes se tenant par les bras pour affirmer le droit et le devoir de se rassembler pacifiquement et de faire entendre leur voix contre le génocide américano-israélien et pour exiger que l’université se désengage des investissements liés à Israël et mette fin à sa complicité dans l’apartheid, le nettoyage ethnique et le génocide.
Malgré les déclarations de l’administration de l’université selon lesquelles les étudiants étaient « libres de manifester » mais pas d’établir des campements, la police a lancé une attaque violente, frappant les étudiants, leurs sympathisants et les journalistes avec leurs boucliers anti-émeutes et leurs matraques, et utilisant des gaz lacrymogènes, du gaz poivré et des grenades assourdissantes potentiellement mortelles.
Un ancien étudiant venu soutenir les étudiants a déclaré : « Le niveau de violence et de force avec lequel ils nous ont attaqués est sans précédent dans cette ville et sur le campus d’une université à laquelle j’ai payé mes frais de scolarité et dont je suis diplômé. Les policiers étaient les émeutiers, les agresseurs, les provocateurs, tandis que les représentants de l’administration se tenaient derrière la ligne de police et regardaient leurs étudiants et leurs sympathisants être attaqués. »
« Nous étions pacifiques. Les policiers ont brutalement attrapé et jeté mon amie, une petite femme, une psychologue et la mère d’un des étudiants, face contre terre, trois ou quatre policiers sur elle, et l’ont arrêtée. Il y aurait eu plusieurs autres arrestations de personnes qui essayaient de se défendre et de se protéger contre cette armée de voyous sans âme. »
La police a violemment attaqué des gens alors qu’ils tentaient de quitter la zone, et a arrêté environ cinq personnes. Par la suite, la police a faussement prétendu qu’elle réagissait à des agressions contre ses policiers, ce qui n’a tout simplement pas été le cas.
Le Comité de l’Alberta du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) dénonce avec la plus grande fermeté l’arrestation, les agressions brutales et la criminalisation des étudiants et de membres de la communauté qui réclament la fin du génocide américano-israélien et que leurs universités cessent leur complicité dans l’apartheid, le nettoyage ethnique et le génocide.
Cette agression brutale, déclenchée par l’administration de l’université et menée par la police de Calgary, montre une fois de plus que les gouvernements et les institutions publiques du Canada font semblant de respecter les droits humains et que les normes démocratiques ont été complètement détruites.
La liberté d’expression et d’investigation est essentielle à l’apprentissage. Les campements universitaires sont des lieux d’apprentissage, de recherche, de discussion et d’organisation qui rendent cela possible, et en tant que tels sont vitaux pour le rôle que la société a besoin que les universités remplissent. Au lieu de cela, l’administration de l’Université de Calgary a déchaîné les forces policières au nom de riches intérêts privés pour tenter de briser le travail des étudiants, des professeurs et du personnel afin de s’organiser, d’enquêter et de chercher la vérité dans les faits, de se tenir aux côtés de l’humanité et de dénoncer la complicité de leurs institutions dans le déni du droit d’être du peuple palestinien. Ces attaques ne réussiront pas. De telles tentatives d’intimider, menacer et criminaliser les jeunes et tous ceux qui sont aux côtés du peuple palestinien ne feront que renforcer leur détermination. Défendre la Palestine, c’est défendre l’humanité !
Le Mouvement étudiant de Calgary demeure ferme suite à l’escalade des attaques policières – les manifestations continuent
Le Mouvement étudiant de Calgary a émis la déclaration suivante le 10 mai 2024.
Le Mouvement étudiant de Calgary, qui a érigé un campement à l’Université de Calgary jeudi [9 mai], demeure ferme et poursuivra ses manifestations vendredi suite à une importante escalade de violence policière alors que les étudiants quittaient le campement dans la nuit de jeudi.
Après deux heures de discussions de bonne foi avec la police, les étudiants avaient démantelé leur campement lorsque la police s’est ruée sur eux sans avertissement, faisant plusieurs blessés. Certains d’entre eux étant toujours hospitalisés le vendredi matin. Jusque-là, les étudiants avaient obéi aux ordres de la police de démonter leurs tentes et cherchaient à retirer leur équipement du site en toute sécurité.
« Nous avons été attaqués alors que nous nous préparions à partir », a dit Julia, une organisatrice étudiante. Elle a ajouté : « Nous obéissions aux ordres de la police. Ce n’était rien de moins qu’une attaque surprise. L’agressivité de la police a totalement exacerbé la situation. »
Bien que le Service de police de Calgary ait insisté sur l’importance de la sécurité, ses décisions et ses tactiques ont été contraires à ses engagements. Les étudiants ont été enlevés de force du site, poussés dans un étang, des journalistes ont été menacés d’arrestation, des douzaines de manifestants ont été blessés par des coups de poing à la tête. Bien que les étudiants se soient dispersés et aient démonté leurs tentes, la police a tout de même lancé des grenades incapacitantes et du gaz lacrymogène dans la foule, produisant des bruits infernaux et de la fumée, exacerbant un climat déjà tendu.
Le Service de police de Calgary a fait volte-face plusieurs fois au cours de la soirée. Initialement, il avait demandé l’évacuation intégrale du camp, y compris les étudiants avec leurs tentes et leurs effets personnels. Plus tard, la police a dit que les étudiants pouvaient rester en autant que les tentes étaient démantelées et, ensuite, que les tentes pouvaient rester en place mais que les étudiants devaient quitter. « À chaque fois que la police changeait son fusil d’épaule nous devions réévaluer ce que nous allions faire, a dit Julia. Nous avions démonté nos tentes et étions en train de négocier avec la police pour déterminer comment nous allions nous y prendre pour partir lorsque la police s’est ruée sur nous. »
À un moment donné au début de la confrontation avec la police, celle-ci a avancé dans un mouvement coordonné d’agents contre le campement alors que les étudiants votaient sur s’ils devaient rester ou partir. Des dirigeants autochtones locaux ont été mêlés à ce déploiement soudain de force, venant juste d’exprimer leur appui au campement, situé sur leur terre volée.
La police est arrivée munie de boucliers et d’équipement d’escouade anti-émeute pour intervenir contre une manifestation pacifique plus tôt en soirée. Les contestataires étudiants avaient prié, chanté, partagé de la nourriture et fabriqué des pancartes alors que des centaines d’étudiants et des membres de la communauté universitaire s’étaient rassemblés sur le site devant MacEwan Hall et la bibliothèque numérique de la famille Taylor jeudi après-midi.
Tandis que des centaines de campements sur des campus universitaires partout au Canada et aux États-Unis ont été érigés et fonctionnent pacifiquement depuis des semaines, l’Université de Calgary et le Service de police de Calgary ont adopté l’approche sans précédent d’évincer violemment le campement du Mouvement étudiant de Calgary le premier soir du campement.
En solidarité avec le mouvement de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), le Mouvement étudiant de Calgary a revendiqué un désinvestissement total et permanent de toutes compagnies directement ou indirectement impliquées dans la surveillance, l’occupation et le meurtre de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.
Voici la liste intégrale des revendications des étudiants :
1. Que l’université divulgue intégralement tous ses investissements directs et indirects ainsi que les sources de dons faits à l’université.
2. Que l’université divulgue intégralement sa démarche décisionnelle en matière d’investissement.
3. Un désinvestissement intégral et permanent des compagnies qui développent de la technologie militaire visant à profiter des guerres menées à l’échelle mondiale, et des compagnies qui jouent un rôle à supprimer les peuples autochtones à l’échelle mondiale, et de toutes les compagnies qui ont des liens avec des régimes sous enquête de la Cour internationale de justice.
4. Un boycott académique en règle des institutions complices de l’occupation de la Palestine et de l’oppression des Palestiniens.
5. De l’aide académique et de santé mentale au étudiants palestiniens.
6. Que l’université adopte la définition du racisme antipalestinien accompagnée d’une politique de tolérance zéro.
7. La reconnaissance du génocide palestinien et une déclaration publique pour condamner les atrocités commises par Israël.
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