Anniversaire de l’invasion nazie de la Pologne
1er septembre 1939
Les faits
À quatre heures quinze le matin du 1er septembre 1939, l’Allemagne nazie lançait son invasion massive de la Pologne. La Wehrmacht d’Hitler, comprenant 1 850 000 soldats, 3200 chars d’assaut, 2000 avions de combat et 11 navires de guerre — plus des deux tiers de toute la force de combat de l’Allemagne — a détruit l’État polonais et a massacré le peuple polonais[1].
Derrière la Wehrmacht suivaient les Einsatzgruppen SS de Himmler, des unités mobiles d’extermination, spécialisées dans les tueries de masse.
Les nazis ont perpétré en Pologne les pires crimes que l’histoire n’ait jamais connus. De tous les pays européens, c’est la Pologne qui a connu le plus grand nombre de victimes par rapport à sa population. Un total d’environ six millions de personnes ont été tuées. L’extermination directe par des assassinats de masse, dans les camps de la mort et par d’autres moyens a coûté la vie à plus de 1 750 000 Polonais. À cela s’ajoute les 2 700 000 Juifs polonais, les 2 000 000 enfants et jeunes, les 50 000 Roms et les 12 000 personnes jugées comme mentalement handicapées tués par les forces nazies et les milliers de prisonniers de guerre polonais, soldats et officiers, systématiquement exécutés. La Schutzstaffe (SS) a exécuté plus de 40 000 intellectuels, personnalités politiques et dirigeants polonais au cours des six premières semaines de l’occupation nazie. Avant l’invasion, à partir de mai 1939, l’opération nazie Tannenberg, qui faisait partie du Generalplan Ost (terme allemand pour « Schéma directeur pour l’Est ») avait permis d’identifier et de recenser plus de 61 000 militants, membres de l’intelligentsia, universitaires, anciens officiers et autres devant être internés ou exécutés, principalement par les SS. L’assassinat de 5000 à 6000 Polonais à Fordon, Bydgoszcz, en octobre et novembre 1939 est un exemple des nombreux massacres commis par les SS et la Werhmacht. D’autres exemples incluent l’assassinat de 4 143 officiers polonais retrouvés dans des fosses communes dans la forêt de Katyn, crime pour lequel les nazis et leurs collaborateurs ont accusé les communistes à l’époque et continuent de le faire aujourd’hui afin de s’exonérer de leurs crimes et de semer la confusion sur qui étaient les libérateurs et qui étaient les criminels.
Les forces polonaises étaient en nombre très inférieur à celles des envahisseurs, mais elles ont combattu avec courage. Les dirigeants de l’État polonais se sont enfuis en Roumanie le 17 septembre, mais l’esprit de résistance du peuple est demeuré fort. De nombreux Polonais ont combattu courageusement dans la résistance clandestine dirigée par les communistes. Ils ont formé leurs propres divisions patriotiques et ont combattu aux côtés de l’Armée rouge contre les nazis, jusqu’à Berlin.
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À l’encontre des faits, les hitlériens blâment les Soviétiques pour ce qui est arrivé au peuple polonais et affirment que Staline a signé un pacte avec Hitler lui abandonnant la Pologne et que Staline a envahi la Pologne. En fait, l’Armée soviétique n’est entrée en territoire polonais que le 17 septembre, après l’effondrement de l’État polonais, la désintégration de l’armée, l’arrêt du fonctionnement du gouvernement et la fuite des dirigeants du pays. La partie de la Pologne que l’Union soviétique a occupée était constituée de territoires de l’Ukraine et de la Biélorussie que la Pologne avait annexés de force pendant la guerre russo-polonaise de 1919-1921. La Pologne à cette époque faisait partie de l’alliance des 14 pays envahisseurs impérialistes qui a tenté, mais n’a pas réussi, à étrangler la République soviétique socialiste naissante[2]. Environ 8 % seulement de la population de l’Ukraine et de la Biélorussie était d’origine polonaise.
« Grâce à l’intervention opportune de l’Union soviétique dans ces territoires qui avaient appartenu à l’État polonais maintenant effondré, Hitler dut accepter une ligne de démarcation entre ses troupes et l’Armée rouge bien à l’ouest de la frontière russo-polonaise[3]. » L’Armée rouge a sauvé des millions d’habitants d’Ukraine, y compris de nombreux Polonais, et de la Biélorussie du sort que Hitler réservait au reste du peuple polonais. Même Winston Churchill, un anticommuniste virulent, a justifié publiquement l’entrée des Soviétiques en Pologne orientale.
Les hitlériens d’aujourd’hui, déguisés en démocrates, continuent de répandre l’odieux mensonge que « l’Allemagne nazie et l’Union soviétique ont secrètement conspiré pour se partager la Pologne ». Ce mensonge, qui vise à mettre l’Union soviétique et l’Allemagne nazie sur un pied d’égalité et à discréditer et diviser le front antifasciste dirigé par les communistes, a d’abord été énoncé par Hitler lui-même dans le discours dans lequel il déclare la guerre à l’Union soviétique, lorsqu’il fait référence aux « protocoles secrets » sur le partage de la Pologne. Puis après leur défaite, les criminels de guerre nazis jugés au procès de Nuremberg ont ressuscité les « protocoles secrets » pour essayer d’échapper au châtiment, mais leurs prétentions ont été rejetées par le présidium comme étant des fabrications. C’est seulement lorsque les États-Unis ont repris le flambeau de l’hitlérisme durant la guerre froide et sont devenus les maîtres modernes de la technique du gros mensonge de Goebbels que l’invention de Hitler sur les « protocoles secrets » est devenue un soi-disant fait historique[4]. Cela est maintenant devenu la propagande officielle au Canada.
Les faits historiques permettent de comprendre pourquoi Hitler a attaqué la Pologne. En 1939, la Pologne était un pays impérialiste formé sur les ruines de la Première Guerre mondiale par la Grande-Bretagne et la France par le Traité de Versailles de 1918. L’État polonais « avait entre autres pour ambition de s’accaparer des riches régions agricoles de l’Ukraine et d’étendre le territoire polonais ‘d’une mer à l’autre’, soit de la mer Baltique à la mer Noire. […] Les propriétaires fonciers et la bourgeoisie de la Pologne rêvaient de restaurer l’empire polonais du moyen âge[5]. » Financés et armés par les monopoles britanniques et français qui voulaient regagner les profits et privilèges dont les avaient privés les forces révolutionnaires des ouvriers et paysans[6], les dirigeants polonais ont attaqué l’Union soviétique en 1918, ont occupé de grandes parties de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Lituanie. Pendant les 18 années de domination polonaise semifasciste qui ont suivi, les travailleurs et les paysans de ces régions ont été exploités sauvagement par les propriétaires fonciers et les industriels polonais.
Alors que les nuages de guerre inter-impérialiste s’accumulaient au-dessus de l’Europe, les cercles dirigeants polonais ont refusé de voir le monde tel qu’il était, surtout les impérialistes nazis allemands qui ne cachaient pas leur ambition de conquérir l’Europe pour ensuite conquérir le monde, et leur racisme envers les Polonais. L’élite polonaise considérait la Grande-Bretagne et la France comme leurs alliés et l’Union soviétique comme leur ennemie jurée. Les impérialistes anglo-américains et français voulaient assurer leur propre rôle dans la domination du monde. Ils adoptèrent la politique d’apaisement envers Hitler pour l’inciter à se tourner vers l’est et à attaquer l’Union soviétique, au lieu d’organiser la sécurité collective en collaboration avec l’Union soviétique contre les ambitions expansionnistes connues de l’Allemagne nazie vis-à-vis les régions industrielles, agricoles et riches en pétrole. Ils espéraient que les nazis soient paralysés par une guerre prolongée avec l’Union soviétique plutôt que de grossir par le vol des richesses de l’Union soviétique.
Les dirigeants polonais espéraient qu’Hitler avance vers l’est et attaque l’Union soviétique sans d’abord s’emparer de la Pologne, que grâce aux ravages de la guerre, la Pologne pourrait s’emparer d’une partie du territoire soviétique. La Pologne a refusé de régler les questions frontalières en suspens, maintenant la ligne de défense soviétique contre les nazis aussi profondément que possible en territoire soviétique, et a refusé aux Soviétiques la permission d’entrer en Pologne pour stopper l’avance nazie. Au lieu de prendre toutes les mesures nécessaires pour se défendre contre l’invasion nazie imminente, les dirigeants polonais, qui nourrissaient de grandes illusions sur les intentions d’Hitler et étaient aveuglés par l’anticommunisme, ont préféré se livrer à des manoeuvres de basse-cour pour avancer leurs intérêts privés.
En attaquant la Pologne, Hitler a profité de la politique anglo-américaine le poussant vers l’est tout en suivant son plan tel que décrit dans Mein Kampf, consistant à accroître l’« espace vital » (lebensraum) de l’Allemagne en s’emparant de l’Ukraine pour ensuite asservir le monde entier. Hitler a fait connaître clairement ses intentions barbares envers la Pologne. Dix jours seulement avant l’attaque, dans son discours à Olbersalzberg, il a donné à ses généraux l’instruction « d’envoyer à la mort sans merci et sans compassion les hommes, femmes et enfants d’origine et de langue polonaises. C’est seulement ainsi que nous obtiendrons l’espace vital dont nous avons besoin[7]. » Tragiquement, la Pologne a payé très cher les ambitions impérialistes, l’anticommunisme et le rejet de l’aide soviétique par ses dirigeants bourgeois.
Aujourd’hui, les puissances anglo-américaines et européennes, et les cercles dirigeants polonais réactionnaires continuent de répandre les mêmes mensonges qu’ont répandus les nazis et essaient de couvrir de boue les exploits de l’Union soviétique afin d’accuser les communistes de crimes contre l’humanité. Le 1er septembre 2009, le président de la Pologne, Lech Kaczynski, a appelé à « glorifier tous les soldats qui ont combattu pendant la Deuxième Guerre mondiale contre le nazisme allemand et le totalitarisme bolchevique ». Peu après, l’écrasement le 10 avril 2010 d’un avion polonais près de Smolensnk, dans lequel Kaczynski et 95 autres personnes ont péri, a été utilisé par les dirigeants polonais et d’autres pour ressusciter le vieux mensonge selon lequel l’Union soviétique, et non les nazis, a perpétré le massacre de la forêt de Katyn pendant la guerre. Cette désinformation délibérée a pour but de faire oublier que les nazis ont tué six millions de Polonais et que c’est l’Armée rouge, avec l’Armée populaire polonaise alliée, qui a finalement libéré la Pologne de l’occupant nazi.
Notes
1. Une grande partie de l’équipement militaire utilisé dans l’invasion a été fabriquée par des entreprises à capitaux américains, comme Ford, General Motors et Focke Wulfe (ITT).
2. On estime que sept millions de Russes, hommes, femmes et enfants, ont été tués pendant l’invasion de 1918.
3. Hardial Bains, Les causes et les leçons de la Seconde Guerre mondiale, 1990
4. La Pologne avait conclu un pacte de non-agression avec l’Allemagne en janvier 1934, le premier État à conclure une alliance de ce genre avec le gouvernement nazi.
6. Cela comprend entre autres le monopole pétrolier géant Royal Dutch Shell, le conglomérat de l’armement Metro-Vickers et les grandes banques comme Baring, Hambros et le Crédit Lyonnais. Herbert Hoover qui allait bientôt devenir le président des États-Unis avait d’importants investissements en Russie tsariste.
7. E.L. Woodward & Rohan Riftlep (eds.), Documents on British Foreign Policy : 1919-1939, 3rd series (London : HMSO, 7 :258-260, 1954)
(Archives du LML. Photos Colin Smith, Wikipedia)
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