Anniversaire de l’invasion nazie de la Pologne
1er septembre 1939
La désinformation au sujet de l’invasion de la Pologne
Hardial Bains, dans son livre Les causes et les leçons de la Seconde Guerre mondiale, souligne qu’au début « la Deuxième Guerre mondiale fut une guerre entre puissances impérialistes et ne revêtit un caractère antifasciste que lorsque l’Union soviétique y a pris part en tant que défenseur de la liberté et de la démocratie. Hitler profita de la politique d’apaisement de l’Angleterre et de la France et de leur refus de conclure un pacte d’assistance mutuelle avec l’Union soviétique pour faire des percées dans sa rivalité inter-impérialiste avec l’Angleterre et la France. Il attaqua et occupa leur alliée à l’Est, la République de Pologne, elle-même une puissance impérialiste. Le refus de l’Angleterre et de la France de profiter de la politique de paix et de bon voisinage de l’Union soviétique et de signer un pacte d’assistance mutuelle avec l’Union soviétique conduisit à une très grande tragédie pour la nation polonaise ».
Voici des extraits de ce livre.
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En 1939 et avant, la Pologne refusa de former un front uni avec l’Union soviétique qui avait offert de signer un traité d’assistance mutuelle avec la Grande-Bretagne, la France et la Pologne prévoyant une entraide militaire en cas d’attaque hitlérienne contre la Pologne. Agissant sur les ordres de la Grande-Bretagne et de la France, et aveuglé par son propre anticommunisme, le gouvernement polonais refusa la demande soviétique de permettre à l’Armée rouge d’entrer sur le territoire polonais afin de mettre en place une ligne de défense en cas d’attaque allemande contre la Pologne. […]
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Dans les années 1930, la Pologne comptait plus ou moins sur une alliance avec la Grande-Bretagne et la France […]. Les événements qui suivirent démontrèrent de quelle espèce d’alliance il s’agissait, de quelle sorte de garanties les impérialistes français et britanniques avaient offert à la Pologne ! À 4 h 45 le 1er septembre 1939, lorsque les forces hitlériennes attaquèrent la Pologne, lorsque les avions des Allemands se mirent à bombarder toutes les villes et tous les villages, tuant des milliers de personnes, le seul appui qu’a pu fournir la Grande-Bretagne fut de condamner l’attaque sur les ondes radio et deux jours plus tard déclarer que la Grande-Bretagne était en guerre. [Au] cours des six années qui ont suivi, pas un seul soldat britannique n’a foulé le sol de la Pologne pour libérer le peuple polonais. Pendant que la Wehrmacht d’Hitler, avec ses 1 850 000 soldats, ses 3 200 chars et ses 2 000 avions de combat, sa flotte de destroyers, soit plus des deux tiers des effectifs des forces de l’Allemagne à l’époque, détruisait l’État polonais et massacrait sa population, la France, avec son armée de quatre millions d’hommes massée devant moins d’un million d’Allemands sur le front de l’Ouest, menait sa « drôle de guerre », c’est-à-dire qu’elle ne fit rien du tout. Le président américain envoya un télégramme au gouvernement polonais condamnant les nazis allemands pour avoir bombardé les villes polonaises. Pourtant on dit encore aujourd’hui que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d’autres puissances ont « défendu » la Pologne alors que l’Union soviétique de Staline l’a occupée. On tente de faire croire au monde que Staline était un agresseur de la Pologne au même titre qu’Hitler.
Le 17 septembre 1939, les chefs de l’État polonais qui avaient conduit la nation dans une si tragique impasse, et dont les rejetons politiques reprennent aujourd’hui le langage chauvin des impérialistes, fuirent la Pologne et furent internés en Roumanie. Une clique formée de personnalités politiques de la même trempe fut nommée gouvernement polonais en exil, lequel, prétendent les chauvins d’aujourd’hui, aurait été la « continuation » de l’État polonais.
L’Armée rouge soviétique est entrée sur le territoire de la Pologne seulement après que l’État polonais se soit complètement effondré. Elle a avancé dans les territoires de l’Ukraine et de la Biélorussie que la Pologne avait annexés durant la guerre russo-polonaise de 1919-1920. La majorité de la population vivant dans ces territoires était ukrainienne ou biélorusse et relativement moins était polonaise. Sur une population totale de 13 millions de personnes, il y avait, dans ces régions, plus de sept millions d’Ukrainiens, trois millions de Biélorusses, plus d’un million de juifs et plus d’un million de Polonais. De toute évidence, si l’ancien État polonais ne voulait pas d’un traité d’assistance mutuelle de défense avec l’Union soviétique, c’était par crainte que les nationalités opprimées dans ses frontières demandent l’autodétermination et expriment le désir d’être réunifiées avec l’Ukraine et la Biélorussie.
Le gouvernement en exil de Londres ne renonça jamais à réintégrer ces territoires dans l’État polonais, et les chauvins polonais continuent encore aujourd’hui de se plaindre de leur « perte ». Ils en blâment Staline et l’Armée rouge. La réaction polonaise n’a jamais accepté la perte de ses territoires conquis, la perte d’une masse d’ouvriers et de paysans ukrainiens, biélorusses et juifs que la bourgeoisie et les propriétaires fonciers polonais pouvaient exploiter et opprimer à volonté. L’annexion de ces territoires n’avait jamais été dans l’intérêt de la nation polonaise. Lorsque la réaction polonaise parle de l’« invasion » de la Pologne par Staline, elle oublie de mentionner que l’Union soviétique a remis à la Lituanie la ville et le district de Vilnius. Non pas que Vilnius eût une population majoritairement lituanienne, mais bien parce que la Pologne l’avait arrachée de force aux Lituaniens et que cette ville était liée à l’histoire de la Lituanie et aux aspirations du peuple lituanien. Elle devint la capitale de la Lituanie.
L’ancien État polonais avait également mauvaise conscience à cause des territoires tchécoslovaques qu’il avait annexés. Le 2 octobre 1938, lorsque la trahison de la Grande-Bretagne et de la France à Munich permit à Hitler d’annexer les territoires sudètes dans la partie ouest de la Tchécoslovaquie, au nom de la minorité allemande qui y vivait, l’armée polonaise entra en Tchécoslovaquie et occupa l’ouest de Cieszyn et de Frystat au nom de la minorité polonaise qui y vivait. Le gouvernement semi-fasciste de Pologne agissait à l’unisson avec Hitler, Chamberlain, Daladier et Mussolini pour démembrer la Tchécoslovaquie, bien qu’il n’ait pas directement participé à la trahison de Munich. Il agit comme un brigand.
Aujourd’hui les chauvins polonais préfèrent ne pas se souvenir du 2 octobre 1938. Ils l’ont rayé de leur calendrier officiel des événements conduisant à la tragédie du 1er septembre 1939. Ils voudraient qu’on oublie la géopolitique impérialiste et les manoeuvres sans principe du gouvernement polonais de l’époque, justement parce qu’ils […] suivent aujourd’hui la même voie chauvine et désastreuse de géopolitique inter-impérialiste.
Une fois la Pologne dans les griffes d’Hitler, les nazis commirent les pires crimes de l’histoire jamais commis contre une nation. De tous les pays d’Europe, c’est la Pologne qui a subi les plus grandes pertes humaines en termes du nombre de morts par millier d’habitants. Environ 5 500 000 Polonais furent tués. Quelque 1 750 000 Polonais furent tués dans les camps de la mort et par d’autres méthodes directes d’extermination de masse ; 2 700 000 juifs polonais furent exterminés ; plus de 50 000 des 75 000 Roms vivant en Pologne furent exterminés ; quelque 12 000 patients psychiatriques et handicapés mentaux furent assassinés ; des milliers de prisonniers de guerre, de soldats et d’officiers polonais furent systématiquement fusillés. En moins de six semaines après le début de l’occupation nazie, la S.S. avait fusillé quelque 40 000 intellectuels, personnalités politiques et autres dirigeants polonais dans le cadre d’un projet spécial pour « déblayer le terrain politique ». Environ 38-39 % des biens et capitaux de la Pologne de 1938, d’une valeur d’environ 49,2 milliards de dollars (en $ É.-U. d’avant-guerre), furent détruits. Varsovie fut entièrement rasée. De tous les pays d’Europe, c’est la Pologne qui subit les plus grandes pertes matérielles calculées au prorata de la population.
(Hardial Bains, Les causes et les leçons de la Seconde Guerre mondiale. Toronto, MELS, 1990, pp. 18-22.)
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