Numéro 7
14 juillet 2023
Sommet de l’OTAN à Vilnius, Lituanie
Le sommet de l’OTAN à Vilnius se termine dans l’impasse
Le sommet de l’OTAN à Vilnius s’est achevé le 12 juillet sur des déclarations disant que l’OTAN est sortie plus forte que jamais de cette rencontre, plus unie que jamais, plus déterminée que jamais à intensifier le conflit avec la Russie « aussi longtemps qu’il le faudra » pour obtenir une victoire États-Unis/OTAN. Mais les faits montrent que le sommet s’est terminé dans l’impasse, un cul-de-sac dont il n’y a pas de sortie possible. C’est comme dans Huis clos, la pièce existentialiste en un acte de Jean-Paul Sartre écrite en 1944 : trois personnages se retrouvent dans une pièce mystérieuse et sont incapables d’en sortir. Sartre dit que « l’enfer, c’est les autres » plutôt qu’un état créé par Dieu, deux propositions tout aussi absurdes l’une que l’autre. Néanmoins, elles résument à peu près la situation difficile dans laquelle les pays de l’OTAN se sont retrouvés au sommet de Vilnius : des propositions irrationnelles et inacceptables sont présentées comme si elles étaient à prendre au sérieux pour être ensuite annoncées.
Le théâtre de l’absurde dont le monde a été témoin à Vilnius est une manifestation du refus des États-Unis et des pays de l’OTAN, y compris le Canada, de répondre aux conditions actuelles. La voie qu’ils tracent pour l’Ukraine, l’Europe et le monde est porteuse de graves dangers et la majorité des peuples du monde ne manquera pas de la rejeter vigoureusement.
Le communiqué du sommet de l’OTAN, tout comme la déclaration du G7 d’ailleurs, n’offre qu’un avenir de guerre perpétuelle et de misère pour l’Ukraine. C’est à cause de l’insouciance des forces de l’OTAN pour les destructions massives qui en résultent et le nombre horrible de morts parmi les Ukrainiens et les Russes. Elles ont pour toute justification que ce « plan stratégique » est nécessaire pour en finir avec la « guerre de la Russie ».
Dans tout leur long exposé des mesures « pratiques » qu’ils prévoient prendre pour contrer l’« agression russe », les représentants des pays de l’OTAN omettent le fait que l’intervention russe est une continuation de la guerre menée par le gouvernement putschiste de Kiev depuis neuf ans contre la population des nouvelles républiques indépendantes, au prix de milliers de vies. Cela montre au monde ce que les forces de l’OTAN entendent par adhésion à un soi-disant ordre international fondé sur des règles. Lorsque leur rival viole l’intégrité territoriale d’un pays voisin, elles s’empressent d’accuser l’envahisseur de contrevenir à l’état de droit international. À l’inverse, lorsqu’elles participent au renversement d’un gouvernement étranger démocratiquement élu, lorsqu’elles arment le gouvernement putschiste pour réprimer la résistance du peuple au régime corrompu qui commet des crimes d’une ampleur inouïe, elles ne considèrent pas que c’est digne de mention. C’est parce que la guerre contre le peuple sert leur intérêt et c’est leur seul véritable principe directeur.
Il est urgent d’unir le peuple dans l’action pour s’opposer à la guerre par procuration des États-Unis/OTAN et à l’expansion de l’OTAN. Il est urgent d’exiger que le Canada sorte de l’OTAN, que l’OTAN soit démantelée et que le Canada devienne une zone de paix.
Communiqué du Sommet de Vilnius
L’OTAN a publié le communiqué du sommet de Vilnius le jour de son ouverture le 11 juillet. Les représentants des pays membres y déclarent que l’OTAN est le rempart « de la liberté individuelle, des droits de la personne, de la démocratie et de l’état de droit » en Europe et au-delà. « Nous, chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Alliance atlantique, unis par nos valeurs communes que sont la liberté individuelle, les droits de la personne, la démocratie et l’état de droit, sommes réunis à Vilnius alors que la guerre sur le continent européen se poursuit, afin de réaffirmer le caractère immuable de notre lien transatlantique, de notre unité, de notre cohésion et de notre solidarité à un moment critique pour notre sécurité et pour la paix et la stabilité internationales », lit-on dans le communiqué.
Pas besoin d’un sommet pour proclamer de telles choses. Ils se sont engagés à « accroître encore le soutien politique et pratique à l’Ukraine […] aussi longtemps qu’il le faudra », ce qui ne veut rien dire tant que les mesures pratiques qu’ils annoncent montrent les désaccords qui grandissent au sein de l’OTAN et l’insoutenabilité de la guerre par procuration menée par les Etats-Unis/OTAN jusqu’au dernier Ukrainien.
Pour faire bonne mesure, le communiqué affirme que l’OTAN se prépare en même temps à la guerre contre la Chine – une déclaration que la République populaire de Chine a tout de suite fermement condamnée. « La République populaire de Chine (RPC) affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui sont contraires à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs », dit le communiqué. Sans préciser ce qu’il entend par « politiques coercitives », il poursuit : « Nous travaillons ensemble de manière responsable, en tant qu’Alliés, pour répondre aux défis systémiques que ce pays fait peser sur la sécurité euro-atlantique et pour faire en sorte que l’OTAN reste durablement à même d’assurer notre défense et notre sécurité. Nous affinons notre connaissance commune des enjeux, renforçons notre résilience, relevons notre niveau de préparation, et nous prémunissons contre les procédés coercitifs employés par la RPC ainsi que contre ses tentatives visant à diviser l’Alliance. Nous défendrons les valeurs que nous partageons, de même que l’ordre international fondé sur des règles, y compris la liberté de navigation. »
En d’autres termes, les efforts de la majorité des pays du monde pour renouveler les relations internationales afin de commercer et de résoudre les conflits sans recourir à la force, aux menaces et au chantage sont des « politiques coercitives… visant à diviser ». C’est une rhétorique vide qui ne convaincra personne que le sommet de l’OTAN n’était pas une impasse.
Conférence de presse de Joe Biden
Présenter les États-Unis et l’OTAN comme les champions des libertés individuelles, des droits de la personne, de la démocratie et de l’état de droit est également ce qu’a cherché à faire le président Biden dans son discours aux médias monopolisés à Vilnius le 13 juillet, après le sommet. Il déclare : « Au niveau le plus fondamental, nous sommes confrontés à un choix – ce n’est pas une hyperbole – nous sommes confrontés à un choix : un choix entre un monde défini par la coercition et l’exploitation, où la force fait le droit, ou un monde où nous reconnaissons que notre propre succès est lié au succès des autres. »
L’hyperbole est définie comme une déclaration ou une affirmation exagérée qui n’est pas destinée à être prise au pied de la lettre. Lorsque celui qui s’autoproclame chef du monde libre se livre à une hyperbole pour dire que ce n’est pas une hyperbole, la seule conclusion raisonnable est qu’il est en difficulté.
Le monde change, a déclaré le président américain, et « nous avons la possibilité de changer la dynamique ». « C’est pourquoi, en tant que président, je me suis attaché à reconstruire et à revitaliser les alliances qui sont la pierre angulaire du leadership américain dans le monde. […] Grâce à notre partenariat quadripartite (Australie, Inde, Japon, États-Unis), nous rassemblons les principales démocraties de la région pour la coopération, afin que l’Indo-Pacifique reste libre et ouvert, prospère et sûr. » « Au cours de ce sommet de l’OTAN, avec les partenaires de l’Indo-Pacifique qui nous rejoignent pour la deuxième année consécutive, nous nous efforçons d’approfondir les liens entre les démocraties de l’Atlantique et du Pacifique afin qu’elles puissent mieux progresser ensemble vers les valeurs partagées que nous recherchons tous : des alliances fortes, des partenariats polyvalents, un but commun, une action collective pour relever nos défis partagés. » « C’est ainsi que nous construisons un avenir. Mais nous partageons et savons que nous partageons les défis et que nous travaillons ensemble. Nous devons agir ensemble, en construisant la coalition la plus large et la plus profonde pour renforcer et défendre les règles fondamentales de la route, pour préserver tous les avantages extraordinaires qui découlent du système international fondé sur l’État de droit. »
Les médias disent que Joe Biden avait obtenu ce qu’il voulait à Vilnius. CNN écrit : « Joe Biden, le dirigeant le plus important de l’OTAN, s’est rendu au sommet déterminé à maintenir son numéro d’équilibriste » en obtenant des engagements pour intensifier la guerre par procuration en Ukraine, tout en maintenant les troupes américaines à l’écart d’un conflit direct avec la Russie. Selon CNN, il avait également besoin d’une démonstration d’unité (qui n’existe pas) parmi les États membres de l’OTAN pour soutenir l’image de président en temps de guerre qu’il veut projeter pour la campagne présidentielle de 2024.
Déclaration du G7
Joe Biden et les États-Unis ont retirée l’initiative des mains de l’OTAN en demandant au G7 de se porter garant du soutien à la guerre par procuration en Ukraine, aussi longtemps qu’il le faudra. Le G7 a publié un communiqué annonçant : « Nous, dirigeants du Groupe des Sept (G7), réaffirmons notre engagement indéfectible à l’égard de l’objectif stratégique d’une Ukraine libre, indépendante, démocratique et souveraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, capable de se défendre et de dissuader toute agression future. »
Le communiqué du G7 poursuit :
« Nous travaillerons chacun avec l’Ukraine afin d’établir des engagements et des arrangements bilatéraux particuliers et à long terme en matière de sécurité pour :
« (a) Assurer la présence durable d’une force capable de défendre l’Ukraine aujourd’hui et de dissuader toute agression de la Russie à l’avenir, en continuant à fournir :
« – une aide en matière de sécurité et de l’équipement militaire moderne, dans les secteurs terrestre, aérien et maritime, en donnant la priorité à la défense aérienne, à l’artillerie et aux tirs à longue portée, aux véhicules blindés et à d’autres capacités cruciales, telles que l’aviation de combat, et en favorisant une interopérabilité accrue avec les partenaires euro-atlantiques ;
« – un soutien au développement de la base industrielle de défense de l’Ukraine ;
« – de la formation et des exercices de formation aux forces ukrainiennes
« – l’échange de renseignements et la coopération ;
« – un soutien aux initiatives en matière de cyberdéfense, de sécurité et de résilience, y compris pour lutter contre les menaces hybrides.
« (b) Renforcer la stabilité économique et la résilience de l’Ukraine, notamment grâce à des efforts de reconstruction et de rétablissement, afin d’instaurer des conditions propices à la promotion de la prospérité économique de l’Ukraine, y compris de sa sécurité énergétique.
« (c) Fournir un soutien technique et financier pour répondre aux besoins immédiats de l’Ukraine découlant de la guerre menée par la Russie et pour permettre à l’Ukraine de continuer à mettre en oeuvre son programme de réforme efficace afin d’assurer la bonne gouvernance et, ainsi, de réaliser ses aspirations euro-atlantiques. »
Le G7 s’est également engagé à renforcer les sanctions et les contrôles à l’exportation en tant que forme de guerre hybride destinée à vaincre la Russie non seulement militairement, mais aussi économiquement et financièrement.
Rien n’a abouti concernant la candidature de l’Ukraine à l’adhésion à l’OTAN
La demande de l’Ukraine d’un engagement ferme d’adhésion à l’OTAN a été rejetée par les États-Unis, qui en ont fait leur première priorité. Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, a dit que « l’OTAN tracera un chemin de réformes pour l’Ukraine afin qu’elle puisse éventuellement rejoindre l’alliance, mais ne donne pas d’échéancier ». Un « chemin de réformes pour l’Ukraine » sera tracé, mais « je ne peux pas donner de calendrier », a dit le représentant de la Maison-Blanche aux journalistes lors du sommet de l’OTAN à Vilnius.
Le président Zelensky a réagi avec colère à la nouvelle, déclarant dans un message sur les médias sociaux : « C’est sans précédent et absurde quand aucun calendrier n’est fixé ni pour l’invitation ni pour l’adhésion de l’Ukraine. Et en même temps, une vague référence à des ‘conditions’ se trouve ajoutée, même pour une simple invitation de l’Ukraine. Il semble qu’il n’y ait aucune volonté d’inviter l’Ukraine à adhérer à l’OTAN, ni de faire d’elle un membre de l’Alliance. »
C’est en effet ce que dit le communiqué final : l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN sera envisagée « lorsque les Alliés l’auront décidé et que les conditions seront réunies ». Les conditions exactes à satisfaire n’ont pas été précisées.
Même le groupe de réflexion Atlantic Council admet que Vilnius n’a rien proposé pour ce qui est de l’adhésion de l’Ukraine. Les experts de l’Atlantic Council ont utilisé les termes suivants : « un résultat peu inspirant pour l’Ukraine », « une formulation ambiguë et décevante ». « Le Conseil OTAN-Ukraine est une étape positive nette, mais c’est aussi le strict minimum », disent-ils. « La déclaration du sommet montre un désaccord persistant sur l’Ukraine aux plus hautes instances de l’OTAN. »
Des sources militaires russes notent que « depuis le 4 juin, les forces armées ukrainiennes ont perdu plus de 26 000 militaires et plus de 3 000 pièces de matériel militaire au cours de leur soi-disant contre-offensive ». Tel est le sort que les États-Unis et l’OTAN ont réservé à l’Ukraine. Sans qu’aucune fin ne soit en vue, Volodymyr Zelensky a déclaré, après le sommet de Vilnius, que l’Ukraine continuerait à se battre à la demande de l’OTAN.
Dangereuse escalade de l’armement et de l’entraînement pour l’Ukraine
Les pays de l’OTAN réunis au sommet de Vilnius ont aggravé le conflit en Ukraine et les dangers qui en découlent en augmentant leurs engagements à armer l’Ukraine et à lui fournir des avions de combat et la formation nécessaire pour les piloter. L’ancien président russe Dmitri Medvedev a déclaré à propos de ces développements : « La troisième guerre mondiale se rapproche. »
Le président français Emmanuel Macron s’est engagé à fournir à l’Ukraine des missiles de croisière longue portée, à condition qu’ils puissent être utilisés par l’Ukraine à titre défensif sur son propre territoire souverain. Ces remarques laissent croire que, selon Emmanuel Macron, la Crimée, qui a voté par référendum de rejoindre la Fédération de Russie en 2014, mais qui est revendiquée par l’Ukraine, est une cible de choix pour ces missiles.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dit à propos de l’engagement de la France à envoyer des missiles de croisière : « De notre point de vue, cette décision est une erreur qui aura des conséquences pour l’Ukraine, car elle nous obligera bien sûr à prendre des contre-mesures. »
Le gouvernement britannique a déclaré qu’il fournirait un ensemble d’armes comprenant plus de 70 véhicules de combat et de logistique, des milliers de munitions pour les chars Challenger 2 et un nouveau programme de soutien de 50 millions de livres sterling (64,5 millions de dollars américains) pour la réparation de l’équipement. Outre ce programme d’armement, la Grande-Bretagne établira également un nouveau centre de réadaptation médicale pour aider au rétablissement des soldats ukrainiens blessés au combat. Ce centre sera financé dans le cadre de l’ensemble de mesures d’assistance en faveur de l’Ukraine (CAP) et bénéficiera du soutien de spécialistes de l’ensemble de l’Alliance.
L’Allemagne a annoncé un programme de 700 millions d’euros (770 millions de dollars américains) pour l’Ukraine, comprenant 40 véhicules de combat d’infanterie Marder, 25 chars d’assaut de combat Leopard 1 A5, cinq véhicules de dépannage, des systèmes anti-drones et anti-mines, ainsi que 20 000 cartouches d’artillerie. Elle enverra également deux unités de lancement du système de défense aérienne Patriot.
La Norvège a annoncé une aide supplémentaire de 2,5 milliards de couronnes (240 millions de dollars américains) à l’Ukraine, comprenant 1 000 petits drones de reconnaissance et des composants pour des systèmes de missiles de défense aérienne.
Onze pays se sont engagés à former des pilotes ukrainiens pour les avions de combat F-16. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que cette formation pourrait commencer dès cet été. Ces pays sont les suivants : Belgique, Canada, Danemark, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni et Suède. En mai, l’administration Biden a déclaré qu’elle autoriserait ses alliés à réexporter vers l’Ukraine leurs avions de combat F-16 fabriqués aux États-Unis, mais cette mesure n’a pas encore reçu l’approbation finale. Dans un communiqué de presse conjoint, les ministres de la Défense de ces pays déclarent :
« Les parties conviennent qu’afin d’aider l’Ukraine à défendre son espace aérien, elles mettront en place une coalition interarmées visant à former les membres de la Force aérienne ukrainienne à l’exploitation et à l’entretien des chasseurs F-16, conformément aux autorisations nécessaires et avec la possibilité d’inclure d’autres types d’avions de chasse ultérieurement.
« Les parties conviennent de commencer la formation des pilotes, des techniciens et du personnel de soutien ukrainiens concernés, ce qui permettra à la Force aérienne ukrainienne d’acquérir les capacités de base pour exploiter, réparer et entretenir les chasseurs F-16. Il s’agit notamment de mettre à disposition les équipements, les formateurs et les autres membres du personnel nécessaires pour une telle formation. Toutes les activités de formation se déroulement à l’extérieur de l’Ukraine.
« La coalition se concentrera sur la formation, mais elle sera également disposée, en temps opportun, à envisager d’autres lignes d’actions visant à garantir que l’Ukraine dispose d’une capacité de chasseurs F-16 pleinement opérationnelle. »
L’approbation par la Turquie de l’adhésion de la Suède à l’OTAN dépend de l’obtention d’avions F-16 et de l’approbation du Parlement
À l’issue du sommet de l’OTAN à Vilnius, de nouveaux détails sont apparus indiquant que les marchandages nécessaires pour obtenir l’accord de la Turquie sur l’adhésion de la Suède n’étaient pas simplement subordonnés à l’admission de la Turquie dans l’Union européenne, ce qui ajoute à l’image de désunion et des divergences d’objectifs qui caractérisent cette alliance agressive.
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Suite à la décision préliminaire de la Turquie d’autoriser la Suède à rejoindre l’OTAN, le Congrès américain a approuvé la vente d’avions de combat F-16 à la Turquie, qu’elle avait demandée en octobre 2021. Des sources proches du gouvernement turc ont indiqué que des fonctionnaires américains avaient clairement fait comprendre à la Turquie que le blocage de la candidature de la Suède était le principal obstacle à l’approbation par le Congrès de la vente de ces avions, d’une valeur de 20 milliards de dollars.
En outre, s’adressant aux journalistes le 12 juillet à Vilnius, le président turc Recep Erdogan a déclaré que le parlement de son pays devait également ratifier l’adhésion de la Suède à l’OTAN, ajoutant : « Il y a un congé parlementaire de deux mois et il y a beaucoup d’accords internationaux à examiner, beaucoup de propositions législatives qui doivent être discutées par ordre d’importance, a dit le président turc en marge du sommet de Vilnius. Mais nous avons l’intention d’en finir aussitôt que possible. »
Alper Coskun, ancien représentant permanent adjoint de la mission turque auprès de l’OTAN, a dit à Al-Monitor : « Nous ne sommes pas aussi proches que nous le pensions lorsque le président Erdogan a déclaré initialement qu’il donnerait son feu vert. »
« Le président a donné son feu vert, mais c’est pour l’envoyer au parlement pour qu’il l’approuve, a dit Alper Coskun. Il va signaler aux États-Unis qu’en l’absence de progrès sur les F-16, il pourrait être plus difficile pour le parlement d’approuver l’adhésion de la Suède à l’alliance. »
Dans le même ordre d’idées, des manifestations anti-islam ou pro-kurdes en Suède d’ici octobre pourraient également compromettre l’approbation par le parlement turc de l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
La Chine répond à la désinformation et aux menaces de l’OTAN proférées au sommet de Vilnius
L’approche hostile de l’OTAN envers la Chine est une préoccupation constante. La Chine moderne a été fondée sur la défense des intérêts du peuple chinois et le rejet de l’ingérence étrangère. Ainsi, parce qu’elle adopte une voie indépendante au service de ses propres intérêts et non ceux des États-Unis, de l’OTAN ou de qui que ce soit, les États-Unis, le Canada et d’autres pays prétendent qu’elle est une menace existentielle pour eux, même si elle n’a jamais menacé d’autres pays. En ce sens, le communiqué final de l’OTAN du sommet de Vilnius mentionne la Chine 15 fois et on y prétend qu’elle « affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui sont contraires à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs » et pose « des défis systémiques » à l’alliance.
Lors de conférences de presse les 12 et 13 juillet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Chine Wang Wenbin a répondu à plusieurs questions au sujet des menaces et de la désinformation de l’OTAN envers la Chine ainsi qu’envers la République populaire démocratique de Corée. Ces questions et réponses sont publiées ci-dessous.
TASS (12 juillet) : Hier, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a publié le communiqué du sommet de Vilnius, qui affirme que l’approfondissement du partenariat stratégique sino-russe et le renforcement mutuel des tentatives des deux pays visant à « saper » l’ordre international fondé sur des règles vont à l’encontre des intérêts et des valeurs de l’OTAN. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?
Wang Wenbin : Les relations Chine-Russie sont fondées sur le principe de non-alliance, de non-confrontation et de non-ciblage d’une tierce partie. Elles dépassent le modèle d’alliance militaire et politique de l’époque de la guerre froide et constituent un modèle pour les relations entre grands pays, qui est fondamentalement différent des « cercles exclusifs » et de la confrontation des camps pratiqués par certains pays de l’OTAN.
Nous demandons instamment à l’OTAN de cesser ses accusations infondées et sa rhétorique provocatrice à l’égard de la Chine, d’abandonner la mentalité dépassée de la guerre froide et de renoncer à l’erreur que constitue la recherche d’une sécurité absolue. L’OTAN a provoqué des troubles en Europe, et elle ne doit pas chercher à semer le chaos ici en Asie-Pacifique ou ailleurs dans le monde.
Agence de presse Yonhap (12 juillet) : Ce matin, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a tiré un missile balistique. Dans son récent communiqué, l’OTAN a fermement condamné les programmes d’armes de destruction massive (ADM) et de missiles balistiques de la RPDC et l’a exhortée à réaliser la dénucléarisation d’une manière complète, vérifiable et irréversible. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?
Wang Wenbin : Les questions relatives à la péninsule coréenne sont des questions politiques et de sécurité qui requièrent des efforts de la part de toutes les parties pour suivre la double approche consistant à poursuivre en parallèle l’établissement d’un mécanisme de paix et la dénucléarisation de la péninsule. L’OTAN n’est pas partie prenante aux problèmes de la péninsule coréenne. Son communiqué ignore le coeur du problème et l’impact négatif de la dissuasion et de la pression militaires des parties concernées, et ne mentionne pas sa politique de deux poids, deux mesures en matière de non-prolifération nucléaire. Cela n’est pas propice au règlement politique des problèmes de la péninsule coréenne.
La Chine a souligné à plusieurs reprises : « Si l’on ne remédie pas à l’absence d’un mécanisme de paix, qui est le noeud du problème, la péninsule peut difficilement se débarrasser du dilemme de sécurité qui génère des tensions et des confrontations. » La situation actuelle n’est pas celle que la Chine souhaite voir. Nous espérons que les parties s’engageront en faveur d’un règlement politique et qu’elles résoudront leurs préoccupations légitimes respectives de manière équilibrée par le biais d’un dialogue constructif pour maintenir la paix et la stabilité dans la péninsule.
Beijing Youth Daily (12 juillet) : Selon les rapports, le communiqué du sommet de l’OTAN à Vilnius indique que la Chine développe et diversifie rapidement son arsenal nucléaire avec davantage d’ogives et des vecteurs plus sophistiqués et qu’elle manque de transparence. Le communiqué invite la Chine à s’engager dans des discussions sur la réduction des risques stratégiques et à promouvoir la stabilité stratégique par une plus grande transparence en ce qui concerne le nucléaire. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?
Wang Wenbin : L’OTAN, en tant qu’alliance militaire, est connue pour posséder l’arsenal nucléaire le plus important et le plus puissant au monde. Ces dernières années, elle s’est livrée à une diplomatie du mégaphone et a accusé de manière irresponsable la Chine de poser des menaces nucléaires. C’est tout simplement faux et hypocrite. La Chine en est gravement préoccupée et s’y oppose fermement.
La Chine est toujours extrêmement prudente et responsable en matière d’armes nucléaires. La Chine s’engage dans une stratégie nucléaire défensive et maintient ses capacités nucléaires au niveau minimum requis par la sécurité nationale. Nous n’avons jamais eu l’intention de nous engager dans une course aux armements nucléaires. La Chine applique une politique de « non-recours en premier » aux armes nucléaires, à tout moment et en toutes circonstances, et s’est engagée inconditionnellement à ne pas utiliser ou menacer d’utiliser des armes nucléaires contre des États non dotés d’armes nucléaires et des zones exemptes d’armes nucléaires. La Chine est le seul État doté d’armes nucléaires à avoir adopté une telle politique. Les États membres de l’OTAN prendraient-ils un tel engagement ?
La communauté internationale aurait cependant d’autant plus de raisons de s’inquiéter de l’accord de partage nucléaire de l’OTAN, par lequel l’OTAN maintient le plus grand arsenal nucléaire du monde. Certains États membres accélèrent la modernisation de leur puissance nucléaire, renforçant ainsi la soi-disant « dissuasion élargie » et augmentant le risque de prolifération nucléaire et de conflit nucléaire. Si les membres de l’OTAN sont réellement intéressés par la réduction du risque stratégique et la sauvegarde de la stabilité stratégique, ils devraient réduire le rôle des armes nucléaires dans les politiques de sécurité nationale et collective, promouvoir la stabilité stratégique par des actions concrètes et défendre la paix et la sécurité internationales et régionales.
China News Service (12 juillet) : Le sommet de l’OTAN qui se tient actuellement à Vilnius a publié un communiqué indiquant que les ambitions et les politiques coercitives de la Chine remettent en cause leurs intérêts, sécurité et valeurs et posent des défis systémiques à la sécurité euro-atlantique. Le communiqué indique également que la Chine s’efforce de renverser l’ordre international fondé sur des règles. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a exprimé des opinions similaires dans son article, déclarant que ce qui se passe en Europe aujourd’hui pourrait se produire en Asie demain. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?
Wang Wenbin : Ce qui est déclaré dans le communiqué de l’OTAN est tout à fait contraire à la vérité et constitue le produit d’une mentalité de guerre froide et d’un parti pris idéologique. La Chine s’y oppose fermement. Plus de 30 ans après la fin de la guerre froide, l’OTAN, qui en est l’héritière, reste prisonnière d’une mentalité à somme nulle et considère le monde comme des blocs opposés. Malgré l’appel de la communauté mondiale en faveur de la paix, du développement et du progrès commun, l’OTAN continue d’agir à l’encontre de la tendance dominante et cherche à faire tourner la roue de l’histoire. Le monde ne s’en réjouira pas et cela n’aboutira pas.
L’OTAN prétend être une organisation régionale, tandis qu’elle dépasse le cadre géographique défini dans son traité, fait des incursions dans la région Asie-Pacifique à un rythme accéléré et cherche à devenir une OTAN mondiale. L’OTAN se déclare être une alliance défensive, tandis qu’elle encourage les États membres à augmenter leur budget militaire, à franchir la ligne de démarcation, à étendre leur mandat et à attiser la confrontation dans la région Asie-Pacifique. L’OTAN se vante de défendre un « ordre international fondé sur des règles », tandis qu’elle ignore le droit international et les normes fondamentales régissant les relations internationales et s’ingère dans les affaires intérieures d’autres pays. L’OTAN a participé à plusieurs guerres et a joué les alarmistes sur les questions de sécurité, comme si le monde avait besoin de plus d’instabilité. L’OTAN constitue des cercles exclusifs et encourage la politique de groupe afin d’intensifier la confrontation idéologique et la confrontation des camps.
La Chine est une force pour la paix dans le monde, un contributeur au développement mondial, un défenseur de l’ordre international et une source de bien public. La Chine s’engage fermement à défendre le système international centré sur les Nations Unies, l’ordre international fondé sur le droit international et les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies. La Chine a un record satisfaisant en matière de paix et de sécurité. Nous n’avons jamais envahi un pays ni participé à une guerre par procuration. Nous n’avons jamais mené d’opérations militaires globales, menacé d’autres pays par la force, exporté une idéologie ou interféré dans les affaires intérieures d’autres pays. Nous ne créons pas de groupes militaires et n’y participons pas, et nous nous opposons à l’utilisation de la force ou de la menace de la force dans les relations internationales. En quoi une telle Chine poserait-elle des « défis systémiques » à l’OTAN ?
La prospérité et la stabilité dont jouit depuis longtemps l’Asie-Pacifique dépendent du respect mutuel, de la coopération ouverte, des avantages réciproques et de la capacité à résoudre correctement les différends entre les pays de la région. L’incursion de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique ne fera qu’attiser les tensions et conduire à une confrontation entre les camps, voire à une « nouvelle guerre froide » dans cette région. Les pays de l’Asie-Pacifique ne l’accueillent pas favorablement et de nombreux États membres de l’OTAN ne l’approuvent pas. L’Asie-Pacifique n’a pas besoin d’une « version Asie-Pacifique de l’OTAN ».
Nous demandons instamment à l’OTAN de cesser immédiatement de calomnier et de mentir au sujet de la Chine. L’OTAN doit abandonner la mentalité dépassée de la guerre froide et l’état d’esprit du jeu à somme nulle, renoncer à sa foi aveugle dans la puissance militaire et à sa pratique erronée de la recherche de la sécurité absolue, mettre un terme à sa dangereuse tentative de déstabilisation de l’Europe et de l’Asie-Pacifique et cesser de trouver des prétextes à son expansion continue. Nous exhortons l’OTAN à jouer un rôle constructif pour la paix et la stabilité dans le monde.
China News Service (13 juillet) : Lors de son sommet, l’OTAN a publié un communiqué disant que « les opérations hybrides ou cyber malveillantes de la Chine, sa rhétorique hostile et ses activités de désinformation portent atteinte à la sécurité de l’Alliance » et qu’elle « s’emploie à saper l’ordre international fondé sur des règles, notamment pour ce qui concerne le domaine cybernétique ». On soulève aussi dans le communiqué qu’« un acte isolé de cyber malveillance ou une série d’actes de cette nature pourrait atteindre le seuil correspondant à une attaque armée et conduire le Conseil de l’Atlantique Nord à décider d’invoquer l’article 5 du traité de Washington » et que l’OTAN doit « entériner un nouveau concept devant permettre de renforcer la contribution de la cyberdéfense à notre posture générale de dissuasion et de défense ». Que dit la Chine à ce sujet ?
Wang Wenbin : Comme nous pouvons le constater, la politique de cybersécurité de l’OTAN est présentement appropriée par certains États membres et des politiques de deux poids, deux mesures et des pratiques contradictoires y abondent.
L’OTAN dit que « des actes de cyber malveillance ou une série d’actes de cette nature pourrait atteindre le seuil correspondant à une attaque armée et conduire le Conseil de l’Atlantique Nord à décider d’invoquer l’article 5 ». Mais lorsqu’un de ses membres a lancé une stratégie de cybersécurité « agressive », l’OTAN a tout simplement choisi de l’ignorer. L’OTAN prétend promouvoir un « cyberespace pacifique ». Mais lorsque ses membres ont mené des attaques cybernétiques qui risquaient d’entraîner des puissances nucléaires dans un conflit géopolitique, l’OTAN l’a ignoré de façon sélective. L’OTAN dit qu’elle promeut l’ordre dans le cyberespace. Mais lorsqu’un de ses membres a déclaré que l’infrastructure critique d’un autre pays était une « cible légitime » en dépit d’un consensus de l’ONU, l’OTAN a simplement choisi de ne pas en parler.
Nous espérons que les petits et moyens États membres de l’OTAN seront plus conscients de la nécessité de rester stratégiquement indépendants en matière de cybersécurité. Nous exhortons l’OTAN, en particulier les grands pays au sein de l’OTAN, à rigoureusement respecter le cadre onusien d’un comportement d’État responsable dans le cyberespace et de travailler avec la communauté internationale pour défendre de façon responsable la paix et la stabilité dans le cyberespace.
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