Numéro 4
10 juillet 2023
Sommet de l’OTAN à Vilnius, Lituanie
Une désinformation parrainée par l’État se répand sur l’ordre du jour du sommet de l’OTAN à Vilnius
Le sommet de l’OTAN à Vilnius, qui se tient les 11 et 12 juillet, réunira les chefs d’État et de gouvernement de tous les pays membres de l’OTAN ainsi que des « partenaires clés ». Selon certaines informations, les « partenaires clés » comprennent les dirigeants d’entreprises américaines de production d’armements.
L’ordre du jour du sommet n’a pas encore été annoncé. Néanmoins, une campagne concertée de spéculation et de désinformation est en cours pour justifier ce qui est injustifiable. Son objectif est de désorienter les peuples des pays de l’OTAN en Europe, ainsi que l’Ukraine et d’autres pays touchés par la guerre par procuration des États-Unis/OTAN en Ukraine. Sa principale caractéristique est de fermer les yeux sur comment les choses se posent dans le contexte du tournant historique actuel et, au lieu de cela, de faire des évaluations et des pronostics irrationnels avec lesquels on peut gagner confortablement sa vie dans le monde de l’expertise analytique.
Tout cela montre que le but de la désinformation parrainée par l’État est de s’assurer que les peuples ne puissent pas établir leur propre point de vue pour s’opposer aux actions bellicistes et criminelles des États-Unis et de l’OTAN. Aujourd’hui, à la veille du sommet de Vilnius, les groupes de réflexion impérialistes, les conseillers gouvernementaux, les experts des médias monopolisés et d’autres semblent de plus en plus désespérés. Ils affirment que l’avenir même de l’OTAN et l’avenir de « l’ordre international fondé sur des règles » dominé par les États-Unis sont en jeu à Vilnius.
Anders Fogh Rasmussen, par exemple, ancien premier ministre du Danemark, ancien secrétaire général de l’OTAN, aujourd’hui président de la société de conseil politique Rasmussen Global et fondateur de la Fondation Alliance des démocraties, écrit : « L’issue de la guerre en Ukraine dépendra de la capacité de ses alliés à apporter le soutien militaire, politique et économique nécessaire pour garantir une paix durable. »
En d’autres termes, il n’y a pas de chemin vers la paix. Il n’y a qu’une guerre qui se termine par la défaite de la Russie sur le champ de bataille en Ukraine, ce qui n’est pas en train de se produire. Anders Rasmussen écrit que les dirigeants d’Europe et d’Amérique du Nord doivent faire preuve de vision et de courage et tenir leurs promesses de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ». On se demande à qui il s’adresse de cette façon.
Le Centre international pour la défense et la sécurité (ICDS), un groupe de réflexion pro-OTAN fondé par le gouvernement estonien, a décrit la situation dans laquelle se trouve le sommet de l’OTAN de Vilnius comme un « moment de changement d’époque pour la sécurité européenne et, plus largement, internationale ». C’est ce que beaucoup disent. Le porte-parole du groupe de réflexion du gouvernement estonien affirme que : « L’issue de la guerre en Ukraine aura un impact à long terme sur la viabilité d’un ordre de sécurité fondé sur des règles en Europe et au-delà. »
Le problème qui se pose lorsque ces groupes de réflexion impérialistes, conseillers gouvernementaux et experts des médias monopolisés parlent de la sorte, est que vont-ils faire au sujet ce « changement d’époque ». Le fait que cette décision soit prise dans le dos des peuples du monde, qui exigent d’avoir leur mot à dire sur toutes les questions qui affectent leur vie, les place devant un problème insurmontable qu’ils ne peuvent ignorer malgré tous leurs efforts.
Déjà, les peuples de l’Europe, des États-Unis, du Canada et du monde s’opposent à ce qu’on appelle l’ordre international fondé sur des règles qui permet aux États-Unis de faire ce qu’ils veulent, quand ils le veulent. Les peuples se rebellent contre l’anarchie, la violence et le chaos que cela provoque dans le monde entier. Déclarer aujourd’hui que la viabilité de cet ordre, qui n’a jamais été viable, est en danger, c’est menacer de plus d’anarchie et de violence. Les Canadiens doivent prendre cela très au sérieux et renforcer leur unité dans l’action.
Du point de vue des peuples du monde, le véritable « changement d’époque » qui est en train de se produire et devant lequel le sommet États-Unis/OTAN de Vilnius est impuissant, c’est que le monde est en transition. Le monde tel qu’il est n’a pas de preneurs ; le monde tel qu’il devrait être a des milliards de créateurs. C’est nous tous, partout dans le monde.
C’est une réalité que les États-Unis et leur bloc impérialiste, que l’on dit libéral-démocrate, ne veulent pas reconnaître. Les conditions créées après la Deuxième Guerre mondiale ont pris fin avec l’effondrement de l’ancienne Union soviétique. Cela a mis fin à la domination de deux superpuissances et à un équilibre entre elles fondé sur la dissuasion nucléaire. Le monde dit unipolaire qu’elles ont tenté de mettre en place, avec les États-Unis comme nation indispensable autoproclamée, n’existe plus non plus.
Les anciens arrangements fondés sur les conditions qui permettaient de telles choses ne correspondent plus aux conditions matérielles qui existent aujourd’hui. La révolution technique et scientifique a créé de nouvelles conditions matérielles avec des oligopoles qui opèrent sur une base supranationale. Ils agissent comme des cartels et des coalitions qui se sont emparés du pouvoir de décision suprême dans un nombre toujours plus grand d’États et qui, à partir de cette suprématie, dictent aux gouvernements du monde entier ce qu’ils doivent faire. L’OTAN est elle-même un oligopole composé du complexe militaro-industriel-civil des États-Unis et d’autres pays, ainsi que d’institutions et d’associations financières internationales créées après la Deuxième Guerre mondiale. C’est l’oligopole le plus destructeur qui existe aujourd’hui.
La situation du monde en transition exige des notions juridiques de souveraineté qui s’accordent avec les conditions réelles qui existent et ce que révèle l’ensemble des rapports entre les humains et entre les humains et la nature. Dans une situation où les frontières et la territorialité ont été transcendées, la majorité des pays membres de l’ONU tentent de faire face aux nouvelles réalités en formant des alliances qui favorisent leurs intérêts et qui ne sont ni des pactes économiques ni des pactes militaires. Ils nourrissent l’espoir que le commerce mondial puisse se faire sur la base de l’avantage réciproque et que les problèmes créés par les guerres, la crise climatique, les pandémies, etc. puissent être résolus sur une base pacifique et politique. C’est dans cet esprit que le G77 et la Chine se réuniront à La Havane, à Cuba, en septembre prochain.
La réponse de l’alliance militaire agressive États-Unis/OTAN à ce tournant de l’histoire est de détruire tout ce qu’elle ne peut contrôler. Ainsi, l’Ukraine est en train d’être détruite, totalement. Les sanctions contre la Russie détruisent même le caractère sacré de la propriété privée, alors que les États-Unis, le Canada et d’autres pays saisissent la propriété d’autres pays, comme ils l’ont déjà fait avec le Venezuela, l’Iran et d’autres pays. Le caractère sacré de la propriété privée a été proclamé dans leur Charte de Paris pour une nouvelle Europe adoptée en 1991, qu’ils doivent maintenant abolir. Ce qui arrive aux Palestiniens en est un autre exemple. C’est la catastrophe qui ne s’est jamais terminée qui se répète.
Le fait que la majorité des pays du monde s’unissent pour rétablir un état de droit international fondé sur la Charte des Nations unies et refusent de se soumettre au diktat des États-Unis et de l’OTAN est en réalité le dilemme auquel les États-Unis et les pays de l’OTAN sont confrontés alors qu’ils se réunissent à Vilnius. C’est une ouverture que nous, au Canada, et les peuples du monde, utilisons pour nous assurer que le danger de guerre est écarté.
Ce que montre le sommet de l’OTAN à Vilnius
Les développements mondiaux exigent de plus en plus de nouveaux arrangements fondés sur les principes de la Charte des Nations unies et de l’état de droit international, comme la résolution pacifique des conflits, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, etc. Il s’agit là de discussions importantes que nous devons aborder tous ensemble comme point de départ pour déterminer ce qui doit être fait et pour établir notre propre ordre du jour qui fait avancer la cause de l’humanité pour la paix, la liberté et la démocratie.
Pour ouvrir cette voie vers le progrès et mettre fin à la régression que les impérialistes imposent aux peuples du monde, il est crucial d’élargir les discussions entre nous afin de ne pas permettre à la campagne de désinformation de réussir. L’objectif de cette campagne est d’isoler le mouvement de résistance et de justifier sa criminalisation et sa répression, ce qui ne sera pas accepté. Il s’agit de créer une hystérie autour du problème nucléaire afin de nous empêcher de réfléchir et de prendre des mesures pour que nos pays deviennent des zones de paix.
C’est maintenant qu’il faut faire entendre nos voix et parler en notre nom propre !
Ce qui est à l’ordre du jour selon les impérialistes
Selon les groupes de réflexion impérialistes et les conseillers gouvernementaux, les questions les plus importantes à l’ordre du jour du sommet de l’OTAN à Vilnius seront : 1) la demande d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et comment poursuivre la guerre par procuration contre la Russie en Ukraine ; 2) les projets régionaux de l’OTAN pour le stationnement de troupes prêtes au combat et en position de déploiement avancé pour la guerre contre la Russie ; 3) l’accélération de la production d’armements et d’équipements lourds pour intensifier le conflit en Ukraine et préparer la guerre contre la Chine.
L’adhésion de l’Ukraine
L’Ukraine maintient sa demande d’adhésion à l’OTAN et s’attend à ce qu’au sommet de Vilnius il y ait un engagement ferme en ce sens. Elle affirme que 16 pays membres de l’OTAN veulent fixer un échéancier clair pour son adhésion. C’est le strict minimum, prétend-elle, car autrement ce serait un signe de faiblesse qui donnerait raison à la Russie qui aura bafoué la politique d’adhésion de la porte ouverte de l’OTAN.
Igor Zhovkva, chef adjoint du cabinet du président et conseiller diplomatique de Volodymyr Zelensky, a dit à Reuters le 29 juin que Zelinsky « n’a pas de raison ni le temps de se rendre » au sommet à Vilnius « s’il n’y a pas d’aboutissement ». Le président ne se rendra pas au sommet « si les dirigeants font preuve d’un manque de courage », a-t-il dit.
Le chef de ce qu’on appelle la Direction générale du renseignement (GUR) de l’Ukraine, Kyrylo Boudanov, dit qu’il est « certain » que l’Ukraine ne sera pas invitée à devenir membre de l’OTAN au sommet de Vilnius. Selon The Times, il a déclaré : « Les attentes de notre société ne seront pas satisfaites. » La société dont il parle a été décimée par la guerre de procuration des États-Unis/OTAN et sa population réduite de 40 millions d’habitants au début du coup d’État de Maïdan à environ 20 millions aujourd’hui, alors que d’autres vivent à l’étranger, pour la plupart en Europe mais aussi aux États-Unis et au Canada et près de 1,25 million en Russie. On évalue à 100 000 le nombre de soldats ukrainiens tués en Ukraine.
Les pays membres de l’OTAN sont très divisés sur cette question. Le Canada, la Pologne, la Grèce et le Royaume-Uni ont exprimé leur appui à l’adhésion éventuelle de l’Ukraine à l’OTAN. L’Allemagne, la France et l’Italie proposent à Vilnius de créer un conseil spécial OTAN-Ukraine qui faciliterait la poursuite des discussions avec l’Ukraine.
Le président lituanien est arrivé à Kiev en promettant que même si l’Ukraine ne se voit pas accorder un statut de membre dans l’OTAN, le sommet de Vilnius offrira « beaucoup ». « Je pense que nous trouverons des formules qui ne décevront pas les Ukrainiens et que nous irons plus loin que nos propos habituels », a dit Gitanas Nauseda.
Le président Roumen Radev de la Bulgarie, d’autre part, s’est prononcé en faveur de la diplomatie. Il a rencontré le président ukrainien Zelensky le 6 juillet et a exprimé ses craintes par rapport aux réserves des forces armées bulgares et qu’il continue de « soutenir qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit, et que d’injecter encore plus d’armes ne résoudra rien ». Il a appelé à « concentrer les efforts sur la désescalade, sur un cessez-le-feu et sur trouver une solution pacifique par la diplomatie ». « Je sais à quel point c’est difficile, mais nous devons essayer (…), surtout en raison des liens historiques et culturels profonds qui unissent nos peuples ».
Tout indique que Joe Biden a l’intention de tout simplement contourner l’OTAN et de placer le sort de l’Ukraine sous le contrôle plus direct des États-Unis. Il a clairement dit que les États-Unis ne précipiteraient pas l’adhésion de l’Ukraine.
La secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a dit aux journalistes le 6 juillet que l’Ukraine a encore « beaucoup d’obstacles à surmonter ». La demande majeure est qu’elle doit mettre en oeuvre des « réformes » avant qu’elle puisse être membre de l’OTAN. C’est de la désinformation pure et simple, puisque les États-Unis sont l’instrument de la corruption du gouvernement ukrainien et qu’ils ont eux-mêmes perdu la trace de milliards de dollars en aide accordée à l’Ukraine.
Les États-Unis proposent plutôt que des « garanties de sécurité » soient données à l’Ukraine par la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et les États-Unis en lui fournissant des armes de plus en plus puissantes et modernes, « pour aussi longtemps qu’il le faudra » pour qu’elle puisse vaincre militairement la Russie sur le champ de bataille. La décision de Joe Biden d’envoyer des bombes à sous-munitions est une indication de ce que cela signifiera pour les peuples ukrainien et russe.
Il devient de plus en plus évident qu’en prônant son ordre du jour pour l’Ukraine, Joe Biden tente de faire oublier la guerre civile à laquelle il préside aux États-Unis. Il veut rester un président de guerre malgré le fait que tout le monde sait qu’il est trop vieux et gâteux. On craint en fait que sa candidature à la présidence ait pour conséquence de faire élire Donald Trump une deuxième fois. Tout cela montre que la situation au sein des cercles dirigeants américains, qui s’étend désormais à la Cour suprême, constitue une crise majeure de l’ordre constitutionnel américain, car la démocratie s’est effondrée. Les perspectives pour les peuples du monde sont telles que l’unité d’action contre l’offensive antisociale brutale des pouvoirs en place est la voie à suivre.
Les membres de l’OTAN ont beau parler de décisions prises par consensus, le fait est que les États-Unis ne tolèrent aucun vote. Ils décident et les autres doivent faire face aux conséquences. Personne n’est d’accord avec cela.
Les plans régionaux
Les « plans régionaux » renvoient aux décisions prises à Madrid l’année dernière pour accroître le nombre de forces avancées, armées jusqu’aux dents, équipées et déployées aux frontières de la Russie et prêtes au combat à tout moment. L’OTAN dit que ses forces avancées ont été initialement déployées en 2017, au moment de la création de quatre groupements tactiques multinationaux de la taille d’un bataillon (jusqu’à 1000 soldats chacun) en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, dirigés par le Royaume-Uni, le Canada, l’Allemagne et les États-Unis respectivement.
En février 2022, l’OTAN a décidé d’établir quatre groupements tactiques multinationaux supplémentaires en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie et de faire passer les groupements tactiques multinationaux du niveau du bataillon à celui de la brigade (5 000 soldats chacun). Jens Stoltenberg a déclaré que l’objectif global était de disposer de 40 000 soldats en présence avancée et de 300 000 soldats au total en état de préparation élevé.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et le Canada se sont tous engagés à fournir des brigades à haut niveau de préparation pour les missions de présence avancée renforcée qu’ils dirigent. Toutefois, le groupe de réflexion américain Centre for Strategic and International Studies a conclu en juin 2023 qu’en réalité leurs forces restent basées dans leur pays et que l’engagement « pourrait ne pas se concrétiser avant la fin de la décennie ».
Les ministres de la Défense de l’OTAN, en préparation pour Vilnius, ont discuté comment mettre en oeuvre leurs plans régionaux mais Reuters rapportait le 16 juin qu’ils n’avaient pas réussi à s’entendre. Reuters cite des diplomates anonymes de l’OTAN qui ont blâmé la Turquie pour l’impasse. La mission diplomatique de la Turquie à l’OTAN, quant à elle, a simplement dit qu’il ne serait pas de mise de commenter en dehors « du processus habituel de consultations et d’évaluations des alliés ».
L’augmentation de la production d’armes et l’engagement du 2 % du PIB consacré à la défense
Le Conseil des États-Unis sur les relations étrangères a observé que le seul fait saillant à retenir à Vilnius était le montant faramineux d’armes et d’équipement que l’OTAN a expédié à l’Ukraine pour mener à bien sa guerre par procuration contre la Russie.
Le Conseil des États-Unis affirme : « Puisqu’il n’y a pas unanimité dans l’alliance au sujet de l’adhésion de l’Ukraine, les décisions à Vilnius échapperont difficilement aux erreurs du passé. Pour faire mieux, les gouvernements occidentaux doivent mettre l’accent sur ces éléments du partenariat OTAN-Ukraine autour desquels s’est forgé un fort consensus. La collaboration défensive qui a été développée en l’espace de seize mois de guerre est sans précédent et c’est une première pour l’Ukraine en trente-deux ans d’indépendance. C’est sans précédent aussi dans l’histoire vieille de près de soixante-dix ans de l’alliance. Le désarroi à Moscou rend ce partenariat encore plus indispensable. L’intensité, l’impact et la permanence (de la livraison d’armes et de la coopération en défense) sont les messages les plus importants que puisse envoyer l’OTAN à Vilnius au président russe Vladimir Poutine. »
Voilà qui est bien dit au nom de l’industrie de l’armement des États-Unis ! Ce n’est pas sérieux quand les peuples du monde revendiquent de la nourriture, de l’eau potable et un logement et que, pour toute réponse, des milliards sont dépensés en armements. Jens Stoltenberg a dit que le but de Vilnius sera de mettre en place des plans multi-annuels et multinationaux qui fixeront des cibles d’acquisition en équipement de défense et en munition à l’intention des alliés de l’OTAN. Il a dit que les membres de l’OTAN doivent renouveler leurs propres arsenaux, moderniser et augmenter les fournitures à l’Ukraine, et renforcer leurs stocks en vue d’une guerre avec la Chine, que les planificateurs militaires américains prévoient pour 2030.
On rapporte que les producteurs d’armes seront présents à Vilnius pour faire connaître aux chefs d’État les garantis dont ils ont besoin avant de commencer à augmenter leur production. Aussi les pays membres de l’OTAN devront-ils augmenter leurs budgets annuels de défense d’un minimum de 2 % du PIB.
Pour le Canada, cela représente une somme considérable. En 2022, il a dépensé 26,9 milliards de dollars US sur la défense ou 1,2 % de son PIB. Pour atteindre l’objectif minimal de 2 %, il devra augmenter ses dépenses à plus de 40 milliards US, une augmentation de plus de 50 % par année. En ce moment, le Canada dit que ses dépenses dans d’autres aspects de la défense compensent le manque à gagner, mais cela n’est pas crédible aux yeux des États-Unis.
Des profits faramineux sont en jeu, donc on peut imaginer les magouillages dans les coulisses, les pots-de-vin et la corruption en cours impliquant les monopoles et les oligopoles d’armements et les chefs d’État qui représentent leurs intérêts avant d’arriver à Vilnius.
Manifestation en Allemagne contre les exercices Air Defender 2023 de l’OTAN, 18 juin 2023. Des manifestations contre les exercices ont eu lieu dans de nombreuses villes d’Allemagne.
L’Allemagne, par exemple, a promis plus tôt cette année d’injecter 100 milliards d’euros (108 milliards de dollars US) dans ses dépenses militaires et qu’elle dépensera un minimum de 2 % de son PIB annuellement consacrés à la défense conformément à la demande de l’OTAN. Plus de 8 milliards de ce 108 milliards seront dépensés dans l’achat de 35 avions de combat F35 des États-Unis (ayant un coût à vie de 1,6 billions US) — dont huit resteront aux États-Unis pour former des pilotes allemands, et les 27 autres seront livrés après 2029). Le fardeau à porter par le peuple allemand est énorme.
Cette année, la France a augmenté ses dépenses militaires à 413 milliards d’euros dans la période de 2024 à 2030, une hausse de 295 milliards comparativement au budget précédent. Macron veut que les dépenses sur la défense européenne restent en Europe, c’est-à-dire, qu’elles profitent aux monopoles et aux oligopoles qui ont des usines de production en Europe. C’est la source de nouvelles frictions au sein de l’OTAN.
Les points qui ne figurent pas à l’ordre du jour
L’adhésion de la Suède à l’OTAN et le choix d’un remplaçant pour Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l’OTAN devaient initialement être à l’ordre du jour de Vilnius, mais ne le sont plus. Et comme la Suède n’a pas l’appui de la Hongrie ni de la Turquie, cette question n’est plus à l’ordre du jour de Vilnius.
Il n’y a pas eu non plus de consensus sur le choix du remplaçant de Jens Stoltenberg. La France et l’Union européenne souhaitent un représentant de l’Union européenne, mais ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le choix du candidat. Le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace, a fait campagne pour le poste mais a renoncé lorsque Joe Biden a dit non. L’administration Biden semblait avoir un penchant pour Chrystia Freeland du Canada, mais rien de plus n’a été dit à ce sujet. Chrystia Freeland sait bien que ce sont les États-Unis qui décident et selon les informations les plus récentes Joe Biden aurait préféré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à Ben Wallace. Il ne faut pas perdre de vue que l’enjeu est énorme puisqu’il s’agit d’avoir un béni-oui-oui, homme ou femme, ayant le bon profil.
L’OTAN a évité la crise de trouver un remplaçant en adoptant la proposition de Joe Biden de prolonger le mandat de Jens Stoltenberg pour un autre mandat jusqu’au 1er octobre 2024, ce que Jens Stoltenberg a accepté.
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