Numéro 2
7 juillet 2023
Sommet de l’OTAN à Vilnius, Lituanie
De sombres perspectives pour le sommet de l’OTAN à Vilnius
Calendrier d’événements
À la veille du sommet de l’OTAN qui se tiendra à Vilnius, en Lituanie, les 11 et 12 juillet, divers points de vue intéressés sont présentés par des représentants actuels et anciens de l’OTAN, des groupes de réflexion néolibéraux, des ministres et des employés de la défense, des conseillers en sécurité nationale et des consultants des pays membres de l’OTAN. Ces points de vue sont censés répondre à ce que les forces réactionnaires au sein de l’OTAN souhaitent voir se produire au sommet de Vilnius. Ils montrent que l’OTAN ne se fonde en rien sur les principes à la base de l’état de droit international et des relations entre les nations. Ils ne s’intéressent qu’à l’expansion brutale des intérêts de l’OTAN et à la fortification de son régime issu du coup d’État à Kiev.
Il y a également l’absence de tout consensus parmi les pays de l’OTAN sur la manière de poursuivre la guerre par procuration des États-Unis/OTAN ou sur la manière d’y mettre fin.
Il y a la situation volatile et explosive en France, une opposition massive en Allemagne et en Grande-Bretagne et un scénario de guerre civile aux États-Unis. Les manifestations d’opposition et de mécontentement s’étendent rapidement à d’autres pays. Le refus des gouvernements d’inverser la tendance néolibérale antisociale, qui cause des souffrances aux populations de ces pays et met en danger la paix dans le monde en exacerbant la crise généralisée, est perçu comme un blocage à l’apport de solutions aux problèmes économiques et à la crise climatique. Les conséquences des guerres et de la crise climatique sont évidentes dans les masses de réfugiés qui cherchent un foyer à une époque où le chômage, l’itinérance et l’appauvrissement assaillent l’humanité, avec entre autres la faim, la famine et la sécheresse.
Les scénarios proposés ne reconnaissent même pas l’échec de la tentative d’amener le peuple russe à se soulever pour soutenir le coup d’État qui semble avoir été fomenté par l’agence de renseignement britannique avec le soutien de la CIA pour se débarrasser du président de Russie, Vladimir Poutine, et provoquer l’instabilité en Russie.
Les gouvernements, les médias et les personnalités des États-Unis et des pays de l’OTAN n’en continuent pas moins d’affirmer que l’Ukraine progresse. Ils continuent de parler de la fourniture d’armes, d’équipements, de munitions et de formation pour prolonger les combats et affirment que l’Ukraine est en train de gagner la guerre. Ce qui fait que les perspectives de ce sommet ne sont pas très prometteuses.
Gardons néanmoins à l’esprit que les conspirateurs des États-Unis/OTAN agissent par des moyens détournés, dont une désinformation massive pour accuser la Russie de tous les crimes qu’ils ont eux-mêmes commis et qu’ils continuent de commettre, alors il faut s’attendre à tout. La situation est très dangereuse et rappelle que seuls les peuples du monde peuvent renverser la tendance en s’exprimant en leur nom propre et en disant Non ! Les propos des fauteurs de guerre des États-Unis/OTAN ne sont remarquables que par leur déconnexion totale de la réalité.
Le mensonge et le désespoir ne peuvent donner lieu à des solutions
Anders Fogh Rasmussen, ancien secrétaire général de l’OTAN et ancien premier ministre du Danemark, pays membre de l’OTAN, présente une vision désespérée de ce que doit être l’ordre du jour du sommet de l’OTAN à Vilnius. Ses propos semblent représenter assez fidèlement un des narratifs désinformateurs promus pour le sommet de Vilnius. Loin d’apporter un quelconque espoir à l’Ukraine ou à l’OTAN, c’est une véritable lamentation annonçant la défaite.
Anders Rasmussen parle de « gagner la paix en Ukraine » sans se donner la peine d’examiner les réalités sur le terrain en Ukraine, en particulier la guerre sanglante déclenchée il y a sept ans par le gouvernement du coup d’État contre les habitants de Donetsk et de Louhansk pour écraser leurs aspirations légitimes à vivre dans la paix et l’harmonie. Ce seul fait réfute l’absurde prétention de l’OTAN que c’est « la guerre de la Russie ». L’auteur refuse de tenir compte du niveau des pertes déjà subies par le peuple ukrainien, de l’insoutenabilité du gouvernement actuel et des forces armées, des nombreux problèmes liés à la corruption et à la répression, de l’absence de perspectives, du niveau d’endettement, etc.
Anders Rasmussen écrit :
« L’issue de cette guerre dépendra de la capacité des alliés de l’Ukraine à lui apporter le soutien militaire, politique et économique nécessaire à sa victoire et à l’obtention d’une paix durable. Alors que les combats font rage, les détails de ce que ce soutien devrait comprendre deviennent de plus en plus évidents. »
La proposition d’Anders Rasmussen a été formulée pour la première fois en 2022, dans un document intitulé Pacte de sécurité de Kiev, qu’il a cosigné avec Andriy Yermak, le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Sa proposition actuelle de neuf pages présente une série de garanties de sécurité qui, selon lui, visent à permettre à l’Ukraine de se défendre. Il s’agit notamment de l’engagement de plusieurs pays à fournir des armes, des formations, des renseignements et des investissements soutenus dans la base militaro-industrielle de l’Ukraine.
Le document montre que dès le départ, on sait que la guerre par procuration menée par les États-Unis et l’OTAN n’a pas atteint les résultats escomptés depuis le coup d’État de Maïdan de 2014, soit l’isolement et la destruction de la Russie en utilisant l’Ukraine comme base d’opérations sans engager directement de forces de l’OTAN.
Le programme en sept points d’Anders Rasmussen comprend :
1. « Premièrement, pour éviter une guerre ouverte, la communauté internationale doit s’engager de manière inébranlable en faveur de la sécurité de l’Ukraine. »
Loin de mettre fin à la guerre, cela ne peut qu’engendrer une guerre permanente. Anders Rasmussen appelle à s’assurer de manière proactive que l’Ukraine est armée jusqu’aux dents afin de pouvoir renverser la décision des résidents du Donbass d’établir des républiques indépendantes et, ensuite, de rejoindre la Fédération de Russie.
Anders Rasmussen inclut la récupération de la Crimée par l’Ukraine dans cet ordre du jour. Il écrit :
2. « Deuxièmement, le rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée, doit être un objectif primordial pour le gouvernement ukrainien et ses alliés. »
Il s’agit là d’une illusion et d’un non-sens. La Crimée est désormais, encore une fois, un territoire russe, tout comme les républiques populaires de Donetsk et de Louhansk. L’utilisation actuelle de ces territoires pour menacer la sécurité de la Russie indique sans l’ombre d’un doute que la Russie n’acceptera pas de les placer sous juridiction ukrainienne.
3. « Troisièmement, tout allégement des sanctions doit être directement lié au retrait complet des troupes russes d’Ukraine. Les alliés de l’OTAN, en particulier ceux qui garantissent la sécurité future de l’Ukraine, devraient déclarer sans équivoque qu’ils n’ont aucune revendication territoriale envers la Russie. »
Les sanctions sont illégales. Les Russes se sont adaptés tandis que ce sont les pays et les peuples du reste de l’Europe qui ont besoin d’un allégement des sanctions. Le vol d’actifs russes se fait dans le cadre de sanctions fondées sur l’affirmation fallacieuse que la cause de l’opération des États-Unis/OTAN est morale et humanitaire. Cette situation est surtout dommageable pour les États-Unis, la Grande-Bretagne et les pays de l’OTAN eux-mêmes qui, en s’emparant de ces actifs, ont jeté par la fenêtre le droit contractuel qui sous-tend leur ordre constitutionnel et leurs systèmes juridiques. Une fois que les cartels privés au pouvoir saisissent et détruisent des biens privés à des fins privées pour devancer leurs rivaux et faire des coups d’argent rapides, même eux ne sont pas à l’abri. Les scénarios de guerre civile ne peuvent que s’aggraver et la seule position que les peuples du monde peuvent adopter est de faire tout ce qui est nécessaire pour s’opposer à ce qui se passe.
Aucune proposition du type de celle d’Anders Rasmussen n’amènera les États-Unis à accepter quoi que ce soit qui soit lié de près ou de loin à l’abandon des revendications territoriales à l’encontre de la Russie ou de tout autre pays. Personne ne dit aux États-Unis ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire et c’est pourquoi la Russie présente des faits sur le terrain pour résoudre la crise en sa faveur et en faveur de la paix dans la région de l’Asie-Pacifique.
Anders Rasmussen poursuit :
4. « Il est essentiel d’établir des mécanismes de réparation et d’établissement des responsabilités pour les destructions physiques et les souffrances humaines considérables causées par la guerre de la Russie. »
Ces propos visent à justifier le vol des biens russes et à dissimuler le fait que les biens volés aboutiront dans des coffres privés, et non dans le rétablissement de quoi que ce soit.
Anders Rasmussen parle comme si l’Ukraine avait gagné ou allait gagner la guerre par procuration des États-Unis/OTAN, ce qui est très improbable compte tenu de la situation actuelle. Il préconise des poursuites pénales contre la Russie et affirme qu’un programme d’indemnisation (payé par la Russie) doit faire partie intégrante du plan de redressement de l’Ukraine. C’est de la propagande pure et simple pour justifier ce qui ne peut l’être : voler les biens de la Russie qui ont été saisis par les banques, les gouvernements et les institutions qui sont dans la sphère d’influence et de force des États-Unis et de l’OTAN.
Pour y parvenir, les États-Unis et les puissances de l’OTAN doivent démanteler leurs propres organisations et règles qui limitent ce qu’elles peuvent et ne peuvent pas faire.
Dans cette optique :
5. Anders Rasmussen recommande également l’abandon des règles américaines codifiées dans la Charte de Paris par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 1991. Les événements actuels ont dépassé l’OSCE, mais Anders Rasmussen pense manifestement qu’elle peut être ressuscitée. Il s’appuie sur le fait qu’elle est composée de 57 États d’Europe, d’Asie centrale et d’Amérique du Nord, ce qui en fait, selon l’OSCE, « la plus grande organisation régionale de sécurité au monde ».
La conception selon laquelle la propriété privée est sacro-sainte doit être supprimée de la Charte de Paris si l’on veut de procéder au vol pur et simple des actifs russes saisis illégalement et soi-disant financer la reconstruction de l’Ukraine. Anders Rasmussen affirme qu’il est « urgent de mettre en place une stratégie de reconstruction claire et coordonnée, qui devrait commencer immédiatement et pourrait être en partie financée par les avoirs gelés de la banque centrale russe, estimés à 300 milliards d’euros (329 milliards de dollars américains) ».
Selon le « plan » d’Anders Rasmussen,
6. « Une paix durable ne peut être obtenue qu’en intégrant l’Ukraine dans l’OTAN et l’UE. L’Ukraine a déjà développé d’importantes capacités militaires qui pourraient renforcer l’OTAN, tandis que l’adhésion à l’UE accélérerait les efforts de réforme dans ce pays. »
À l’heure actuelle, la dette de l’Ukraine est telle que le pays appartient à l’oligarchie financière américaine. Il est insensé de dire que l’Ukraine « a déjà développé d’importantes capacités militaires qui pourraient renforcer l’OTAN » et cela montre que les fauteurs de guerre de l’OTAN s’accrochent à n’importe quoi. Loin de montrer que l’Ukraine peut rejoindre l’OTAN ou être sauvée en rejoignant l’OTAN, les développements actuels montrent que la question à l’ordre du jour du sommet est de savoir si l’OTAN elle-même survivra à l’expérience désastreuse de la guerre par procuration des États-Unis/OTAN en Ukraine. Les États-Unis et la Grande-Bretagne incitent déjà l’Allemagne à dépasser les limites imposées par la Charte de l’OTAN à leur capacité d’agir en toute impunité, et c’est à quoi on peut s’attendre au sommet de Vilnius.
Malgré cela, Rasmussen continue de raconter n’importe quoi.
7. « L’Ukraine doit consolider ses fondements démocratiques », déclare Anders Rasmussen. Il n’est pas clair qui il pense tromper, sauf peut-être lui-même, en parlant des « fondements démocratiques » de l’Ukraine. Quels fondements démocratiques ? Les « fondements démocratiques » de l’Ukraine sont ceux établis par le coup d’État de Maïdan, orchestré par les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne en 2014, qui a amené les vestiges des forces de Bandera, collaborateur nazi, dans le gouvernement et les forces armées.
Pour Anders Rasmussen, c’est la chose la plus simple du monde. Parlant de la nécessité de « consolider » les « institutions démocratiques », il écrit :
« Pour ce faire, il faut éliminer la corruption, garantir l’indépendance du système judiciaire et renforcer l’État de droit. Si le processus d’adhésion à l’UE peut faire progresser ces objectifs, les alliés de l’Ukraine doivent également fournir un financement important pour les atteindre. Une Ukraine prospère et démocratique servirait un sérieux avertissement aux dictateurs du monde entier et donnerait de l’espoir à tous ceux qui leur résistent. »
Selon Anders Rasmussen et bien d’autres, « le sort de l’Ukraine est en jeu », mais ils cherchent désespérément à la sauver en utilisant les mêmes méthodes qui l’ont menée au bord de l’extinction. Il écrit que les dirigeants d’Europe et d’Amérique du Nord doivent faire preuve de vision et de courage en tenant leurs promesses de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ». Anders Rasmussen dit qu’ils doivent « prendre les engagements nécessaires pour assurer la victoire de l’Ukraine et une paix durable ».
Voilà un exemple d’absence complète de perspectives que les fauteurs de guerre de l’OTAN ont à offrir au sommet de Vilnius.
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