Importants anniversaires de la Révolution cubaine
16-19 avril 1961
Extraits du discours de Fidel Castro sur le terrorisme d’État des États-Unis et l’affirmation de la révolution socialiste
Voici des extraits du discours prononcé par le commandant en chef de Cuba, Fidel Castro Ruz, le 16 avril 1961, au carrefour des 23e et 12e rues de La Havane, en face du cimetière Colon, lors des funérailles des victimes des attaques terroristes de l’État des États-Unis contre les aéroports cubains le 15 avril, et la veille de la tentative d’invasion de Playa Giron par des mercenaires soutenus par les États-Unis. Dans ce discours, Fidel souligne la nature de plus en plus provocante du terrorisme d’État américain dirigé contre Cuba, qui semblait à l’époque se diriger vers une invasion militaire totale. Fidel souligne également que la perfidie des impérialistes américains et leur recours à la désinformation pour justifier et dissimuler leurs crimes font partie intégrante de ce terrorisme d’État. Le discours se termine par la déclaration historique de Fidel sur le caractère socialiste de la Révolution cubaine et par un appel aux armes lancé au peuple pour défendre sa patrie.
Voilà quelques semaines, un bateau pirate a pénétré dans le port de Santiago de Cuba, a mitraillé la raffinerie de pétrole, causant aussi des victimes parmi les soldats et les marins cantonnés à l’entrée de la baie. Tout le monde sait qu’une opération de cette nature, avec des bateaux de ce genre, ne peut se faire que si les Étasuniens les fournissent et les équipent à quelque endroit des Caraïbes.
Ce fait plaçait notre pays dans une situation spéciale : en plein XXe siècle, notre peuple devrait vivre comme vivaient les villageois sur ce continent aux XVIe et XVIIe siècles quand ils étaient attaqués par des pirates et des flibustiers. Oui, une situation tout à fait spéciale ! Nos usines, nos citoyens, nos villes étaient à la merci, tantôt d’un avion qui incendiait nos cannes à sucre, ou qui larguait une bombe sur nos sucreries, ou qui faisait des victimes dans la population, tantôt d’un bateau qui pénétrait dans nos ports et mitraillait sans pitié, ce qui n’était jamais arrivé sur ce continent, du moins en ce siècle-ci…
Parce qu’au précédent, ça oui, ce sous-continent a su ce qu’étaient les canonnades navales, ce qu’étaient les villes bombardées, ce qu’étaient les débarquements de troupes étrangères ! Le Mexique l’a su, et le Nicaragua, et Haïti, et aussi Saint-Domingue, et Cuba. Les peuples de tous ces pays ont su ce qu’étaient les flottes et les canons des États-Unis, tous ces peuples ont eu l’occasion de savoir ce qu’étaient les interventions de l’infanterie de marine des États-Unis.
Ce qu’aucun peuple de ce sous-continent n’avait jamais eu l’occasion de connaître, c’est ce type de harcèlement par air et par mer, ce type d’opérations flibustières par air et par mer ; ce que ce sous-continent n’avait jamais eu l’occasion de connaître — ce sous-continent qui avait connu des interventions, ce sous-continent qui avait connu des armées mercenaires organisées par les États-Unis — ce qu’aucun peuple de ce sous-continent n’avait jamais eu l’occasion de connaître, c’est cette action systématique de la part des services secrets du gouvernement des États-Unis, cette action systématique de sabotage et de destruction de la part d’un puissant organisme qui peut compter sur toutes les ressources économiques et sur les moyens les plus modernes dans ce but ; ce qu’un peuple de ce sous-continent n’avait jamais eu l’occasion de connaître, c’est la lutte de l’Agence centrale de renseignement du gouvernement des États-Unis, acharnée coûte que coûte, sur instruction de celui-ci, à freiner la marche pacifique et laborieuse d’une nation, à détruire systématiquement le fruit du travail d’un peuple, à détruire systématiquement les ressources économiques, les établissements commerciaux et, ce qui est pire, des vies précieuses d’ouvriers, de paysans et de citoyens travailleurs et honnêtes de notre pays.
Ce type de lutte, aucun peuple d’Amérique ne l’avait connu, ces incursions d’avions pirates, ces incursions de bateaux pirates, ce sabotage de caractère international organisé par une agence puissante qui dispose dans ce but, comme je l’ai dit, de ressources économiques et techniques très élevées.
Notre pays était devenu peut-être le seul au monde dont les villages et les villes pouvaient être harcelés par des avions pirates, dont les ports pouvaient être attaqués par des bateaux pirates. Que je sache, aucun pays au monde qui n’était pas en guerre avec un autre, qui n’était pas plongé dans une guerre civile, n’a dû supporter ce type d’attaque de la part d’avions et de bateaux pirates, ainsi que cette campagne systématique de destruction des richesses et des vies des Cubains que réalise ce corps secret du gouvernement des États-Unis.
Et pourtant, aucun des faits précédents n’avait pris, comme dans le cas d’hier, les dehors d’une agression typiquement militaire. Ce n’est plus un vol d’avion pirate, ce n’est plus l’incursion d’un bateau pirate ; il s’agit rien moins que d’une attaque simultanée sur trois villes différentes du pays, à la même heure, au petit matin ; il s’agit d’une opération militaire dans toutes les règles de l’art.
Trois attaques simultanées à l’aube, à la même heure, contre La Havane, San Antonio de los Banos et Santiago de Cuba, trois endroits distants les unes des autres, dont l’un très éloigné des deux autres, réalisées par des bombardiers B-26, qui ont lancé des bombes à grand pouvoir de destruction, des roquettes et de la mitraille. Il s’agit de quelque chose qui a toutes les caractéristiques d’une opération militaire dans toutes les règles.
Par ailleurs, cela été une attaque surprise, une attaque semblable à celles par lesquelles les gouvernements vandales du nazisme et du fascisme avaient l’habitude d’agresser les autres nations. Les gouvernements fascistes d’Europe ne déclaraient pas la guerre ; les attaques armées contre les peuples d’Europe par les hordes hitlériennes étaient toujours des attaques de ce genre, par surprise, sans préavis, sans déclaration de guerre, des attaques par traîtrise. C’est comme ça qu’ils ont envahi par surprise la Pologne, la Belgique, la Norvège, la France, la Hollande, le Danemark, la Yougoslavie et d’autres pays d’Europe. […]
[D]ans notre cas à nous, ce qui est en jeu c’est la lutte entre un gouvernement impérialiste et un gouvernement révolutionnaire, c’est la lutte entre un impérialisme belliciste et agressif, et une révolution sociale qui détruit justement toutes les formes d’exploitation. Pas seulement l’exploitation d’un peuple par un autre, mais même l’exploitation d’une partie du peuple par une autre partie.
Notre différence avec les États-Unis, c’est que ceux-ci exploitent d’autres peuples, c’est qu’ils se sont emparés d’une grande partie des ressources naturelles du monde et qu’ils font travailler au profit de leur caste de millionnaires des dizaines et des dizaines de millions de travailleurs dans le monde entier. Et nous, nous n’exploitons pas d’autres peuples, nous ne nous sommes pas emparé des ressources naturelles d’autres peuples et nous ne nous battons pas pour nous en emparer, nous n’essayons de faire travailler les ouvriers d’autres peuples à notre profit.
Nous sommes tout le contraire : nous luttons pour que nos ouvriers n’aient pas à travailler pour la caste des millionnaires nord-américains (applaudissements) : nous luttons pour récupérer nos ressources naturelles et nous les avons récupérées des mains de la caste des millionnaires nord-américains.
Dans notre pays, nous n’avons pas un système en vertu duquel une majorité du peuple, une majorité des masses constituées par les ouvriers et les paysans travaille pour une minorité exploiteuse et privilégiée de millionnaires ; dans notre pays, nous n’avons pas un système en vertu duquel de grandes masses de la population sont discriminées et oubliées, comme le sont les masses noires aux États-Unis ; dans notre pays, nous n’avons pas un système en vertu duquel une partie minoritaire du peuple vit en parasite, aux dépens du travail et de la sueur de la masse majoritaire du peuple.
Par notre Révolution, nous ne faisons pas que supprimer l’exploitation d’une nation par un autre, mais aussi l’exploitation des hommes par d’autres ! (Applaudissements.)
Oui ! Nous avons déclaré en une assemblée générale historique que nous condamnions l’exploitation de l’homme par l’homme (applaudissements) ; nous avons condamné l’exploitation de l’homme par l’homme, et nous éliminerons de notre patrie l’exploitation de l’homme par l’homme ! (Applaudissements ; le public scande : « Fidel, Fidel ! »)
Notre différence avec les États-Unis, c’est que, là-bas, un gouvernement de castes privilégiées et puissantes a établi un système en vertu duquel elles exploitent l’homme dans le pays même et elles exploitent l’homme hors du pays.
Les États-Unis constituent aujourd’hui, du point de vue politique, un système d’exploitation de nations par une nation, et un système d’exploitation de l’homme par d’autres hommes.
[…]
Vous pouvez être sûrs que si le gouvernement impérialiste des États-Unis agit de la sorte, c’est parce que nous ne sommes pas un pays puissant ; vous pouvez être sûrs que s’il agit de la sorte, c’est parce qu’il sait que nous ne pouvons pas répondre comme il le mérite aux faits criminels et lâches qu’il exécute contre notre pays (applaudissements) ; vous pouvez être sûrs que si nous étions un pays militairement puissant, le gouvernement impérialiste des États-Unis n’oserait jamais perpétrer des faits pareils contre nous ! (Applaudissements ; le public scande : « Assassins ! Assassins ! »)
[…]
Ces faits d’hier vont nous apprendre, ces faits douloureux d’hier vont nous éclairer, ils vont nous montrer, peut-être avec plus de clarté qu’aucun autre fait survenu à ce jour ce qu’est l’impérialisme. Le peuple cubain est en train de définir les choses en matière d’impérialisme.
Il se peut que vous n’ayez pas idée de ce qu’est l’impérialisme ; il se peut que vous vous soyez demandé bien des fois ce qu’était l’impérialisme et ce que voulait dire ce mot.
Les impérialistes signifient vraiment quelque chose de si mauvais ? Il n’y a pas trop de passion dans toutes ces accusations qu’on leur lance ? Ça ne serait pas le fruit du sectarisme, tout ce que nous avons entendu dire de l’impérialisme nord-américain ? Elles sont vraies, toutes les choses qu’on affirme de l’impérialisme nord-américain ? (Cris de : « Oui ! ») Ils sont aussi peu scrupuleux qu’on le dit, les impérialistes nord-américains ? (Cris de : « Oui ! ») Ils sont aussi canailles et aussi misérables qu’on le dit, les impérialistes nord-américains ? (Cris de : « Oui ! ») Ils sont aussi sanguinaires, aussi abjects et aussi lâches qu’on le dit, les impérialistes nord-américains ? (Cris de : « Oui ! ») C’est de l’exagération ? (Cris de : « Non ! ») C’est du sectarisme ? (Cris de : « Non ! ») C’est de l’excès de passion ? (Cris de : « Non ! »)
Serait-il possible que les impérialistes fassent les choses qu’on dit qu’ils ont faites ? Serait-ce vrai tout ce qu’on a affirmé de leurs actions barbares dans l’ordre international, de leurs provocations ? Est-ce que c’est eux qui ont provoqué la guerre de Corée ? (Cris de : « Oui ! »)
Qu’il était difficile de savoir ce qu’il se passait dans le monde quand les seules nouvelles qui arrivaient dans notre pays étaient nord-américaines ? Combien de faussetés ne nous ont-ils pas inculquées, de combien de mensonges n’avons-nous pas été victimes ? Si quelqu’un avait encore un doute, si quelqu’un de bonne foi avait encore des doutes dans notre pays — et je ne parle pas de la misérable vermine, je parle des hommes et des femmes capables de penser honnêtement, même s’ils ne pensent pas comme nous — si quelqu’un avait encore un doute, si quelqu’un croyait qu’il restait une once de dignité dans la politique yankee, si quelqu’un croyait qu’il restait une once de morale dans la politique yankee, si quelqu’un croyait qu’il restait un atome de scrupule ou d’honnêteté ou de justice dans la politique yankee, si quelqu’un dans ce pays, dans ce pays fortuné qui a eu l’occasion de voir, dans ce pays fortuné qui a eu l’occasion d’apprendre, même si ça a été un apprentissage sanglant, mais un apprentissage de liberté et un apprentissage de dignité (applaudissements)… si quelqu’un dans ce pays, qui a eu le privilège de voir se convertir tout un peuple en un peuple de héros et en un peuple d’hommes dignes et courageux (applaudissements), si quelqu’un dans ce pays, où l’accumulation de mérite, d’héroïsme et de sacrifice croît chaque jour, avait ou nourrissait encore un doute, si ceux qui ne pensent pas comme nous croient arborer ou défendre un drapeau digne, croient arborer ou défendre un drapeau juste, et, parce qu’ils le croient, sont des pro-Yankees et sont des défenseur du gouvernement des États-Unis, s’il restait encore quelqu’un de bonne foi parmi ceux-là dans notre pays, que les faits que nous allons analyser servent à lui ôter le dernier doute. (Applaudissements.)
Hier, comme tout le monde le sait, des bombardiers divisés en trois groupes ont pénétré à six heures du matin dans le territoire national en provenance de l’étranger et ont attaqué trois points de notre territoire national. À chacun de ces points, les hommes se sont défendus héroïquement, à chacun de ces points le sang courageux des défenseurs a coulé (applaudissements), à chacun de ces points il y a eu des centaines et des milliers de témoins de ce qu’il se passait. Et puis, c’était quelque chose à quoi on s’attendait tous les jours, c’était l’aboutissement logique des incendies de plantations, des centaines de violations de notre espace aérien, des incursions pirates, des attaques pirates à nos raffineries par des bateaux pénétrant au petit matin ; c’était la conséquence de ce que tout le monde savait, la conséquence des plans d’agression qui se trament aux États-Unis en complicité avec des gouvernements laquais d’Amérique centrale, la conséquence des bases aériennes que tout le monde connaît, parce que même les journaux et les agences de presse nord-américaines n’ont pas arrêté de parler des armées mercenaires qui s’organisent, des terrains d’aviation déjà préparés, des avions fournis par le gouvernement des États-Unis, des animateurs yankees, des bases aériennes établies en territoire guatémaltèque.
Ça, tout le peuple cubain le savait, tout le monde le savait. L’attaque a eu aussi pour témoins des milliers et des milliers de personnes. Et, devant ce fait insolite, quelle a été selon vous la réponse des dirigeants yankees ? Parce qu’il ne s’agit pas d’une explosion comme celle du La Coubre, un sabotage rusé et occulte, il s’est agi d’une attaque simultanée à trois points du territoire national, de mitraillage, de bombes, de roquettes, d’avions de guerre, ce que tout le monde a vu. Il s’est agi d’un fait public, d’un fait attendu, d’un fait que tout le monde connaissait d’avance.
Et pour qu’il en reste une attestation historique, pour que notre peuple apprenne une bonne fois pour toutes et pour que l’apprenne cette partie des peuples d’Amérique où puisse arriver ne serait-ce qu’un rayon de vérité, je vais vous expliquer, je vais vous apprendre comment agissent les impérialistes (applaudissements).
Croyez-vous qu’il soit possible de faire taire dans le monde l’écho des bombes et des roquettes que les criminels ont lancés hier contre notre pays ? Croyez-vous qu’il soit possible de tromper le monde entier, de cacher la vérité au monde entier, de berner le monde entier ? Croyez-vous que quelqu’un dans le monde ait pu le supposer ? Car cette attaque par traîtrise a eu lieu hier avec des avions yankees, avec des bombes yankees, avec des armes yankees, avec des mercenaires payés par l’Agence centrale de renseignement yankee, une attaque qui a détruit des biens nationaux, qui a causé la mort de jeunes gens, dont beaucoup n’avaient pas encore vingt ans (exclamations de surprise)… Eh bien, hier, non seulement le gouvernement des États-Unis a réalisé cette attaque, mais, par-dessus le marché, il a tenté de berner le monde de la façon la plus cynique et la plus éhontée qui soit ! (Applaudissements.)
Les preuves sont là, les preuves de la façon dont agit l’impérialisme, de toute la mécanique opérationnelle de l’impérialisme, de la façon dont l’impérialisme non seulement commet des crimes contre le monde, mais aussi dont il le berne, non seulement en lui volant son pétrole, ses minerais, le fruit du travail des peuples, mais aussi en l’escroquant sur le plan moral, en lui faisant avaler des mensonges et les choses les plus farfelues que vous puissiez imaginer.
Les preuves sont là. Nous allons lire devant notre peuple ce que l’impérialisme a dit au monde ; nous allons montrer ce que le monde a appris hier, ce qu’il a dit au monde et ce qu’il a peut-être fait croire à des dizaines et des dizaines de millions d’êtres humains, ce qu’ont publié des milliers et des milliers de journaux, ce qu’ont fait connaître des milliers et des milliers de stations de radio ou de télévision, au sujet de ce qu’il s’est passé à Cuba, autrement dit ce que le monde ou du moins une part considérable du monde a appris à travers les agences yankees.
[Fidel lit à haute voix plusieurs rapports de United Press International (UPI) et de l’Associated Press (AP) visant à calomnier Cuba et à dissimuler la responsabilité des États-Unis dans les attaques terroristes perpétrées la veille contre des aéroports cubains par des avions faussement peints aux couleurs de l’armée de l’air cubaine et également faussement présentés comme étant pilotés par des transfuges de Cuba.]
Voyez un peu comment agit l’impérialisme, combien il manque de respect envers le monde. Tout le monde savait qu’ils avaient les avions là-bas, qui portaient même l’immatriculation et les couleurs cubaines ; ça, on l’a dit des tas de fois. Voyez un peu comment ces messieurs, tout en chaîne, manigancent les mensonges les plus monstrueux et les plus cyniques et les plus impudents qu’on puisse imaginer.
Mais ce n’est pas tout. Maintenant, nous allons finir de démasquer ce farceur que l’impérialisme a nommé à l’ONU et qui joue à l’homme illustre, libéral, de gauche, etc., etc., monsieur Adlai Stevenson, qui est aussi un parfait cynique. L’escroquerie se poursuit aux yeux du monde : l’UPI, l’AP ont divulgué la bande dessinée, des milliers de journaux réactionnaires la reprennent, au point que les principaux journaux ont accueilli avec plaisir la nouvelle de la désertion de ces pilotes.
[…]
« L’ambassadeur américain à l’ONU Adlai Stevenson a rejeté les accusations de [ministre des affaires étrangères de Cuba ] Roa et réitéré la déclaration du président John F. Kennedy selon qui, ‘en aucune circonstance [je répète : en aucune circonstance] les forces armées des États-Unis n’interviendront à Cuba. Stevenson a montré à la commission des photos de l’United Press International où l’on voit deux avions qui ont atterri aujourd’hui en Floride après avoir participé à l’incursion sur trois villes cubaines’. »
Stevenson poursuit :
« Il porte les couleurs des forces de l’air de Castro sur la queue, a-t-il affirmé en signalant l’une d’elles ; il porte l’étoile et les initiales cubaines, qui sont clairement visibles. Je vous montrerai cette photo avec plaisir. Stevenson a ajouté que les deux avions en question étaient pilotés par des officiers des forces de l’air cubaines qui ont déserté le régime de Castro. Aucun personnel des États-Unis n’a participé à l’incident d’aujourd’hui, et ce ne sont pas des avions des États-Unis, mais des avions de Castro en personne qui ont décollé de leurs propres terrains.
« Le ministre cubain a dit que ‘les incursions de ce petit matin sont incontestablement le prologue d’une tentative d’invasion à grande échelle, organisée, équipée et financée par Washington. Le gouvernement cubain, a dit Roa, accuse solennellement le gouvernement des États-Unis devant cette commission et devant l’opinion publique mondiale de tenter d’utiliser la force pour trancher ses différends avec les États membres’. »
Nous avons ici l’occasion, et les peuples ne l’ont pas si souvent, de connaître du dedans, et du dehors et sur les côtés, par en haut et par en bas, ce qu’est l’impérialisme ; nous avons l’occasion de constater comment fonctionne tout son appareil financier, publicitaire, politique, mercenaire, ses agents secrets, ses fonctionnaires qui bernent le monde aussi tranquillement, d’une façon si inouïe. Imaginez un peu : comment pouvons-nous savoir ce qu’il se passe dans le monde, quand on se rend compte que c’est ça la version et l’explication qu’ils ont fait croire à allez savoir combien de gens dans le monde !
Autrement dit, ils organisent l’attaque, ils préparent l’attaque, ils entraînent les mercenaires, ils leur fournissent des avions, ils leur fournissent des bombes, ils aménagent les aéroports, ce que tout le monde savait ; l’attaque survient, et ils affirment tout bonnement au monde qu’ils n’ont rien à voir avec ça, parce qu’ils savent que le monde se soulèverait d’indignation devant une violation si monstrueuse, si lâche des droits des peuples, devant une telle violation de la paix ! (Applaudissements.)
Ces misérables impérialistes gringos, après avoir semé le deuil dans plus d’une demi-douzaine de foyers, après avoir assassiné une poignée de jeunes, qui n’étaient pas des parasites millionnaires — parce que ceux que nous sommes venus enterrés ne sont pas des parasites millionnaires, ne sont pas des mercenaires vendus à l’or d’aucun pays étranger, ne sont pas des voleurs, ce sont des enfants chéris de notre peuple (applaudissements prolongés), ce sont de jeunes ouvriers, des enfants de familles modestes, qui ne volent personne, qui n’exploitent personne, qui ne vivent pas de la sueur et du travail de personne, et qui ont plus de droit à la vie que les millionnaires et qui ont plus de droit à la vie que les parasites ! et qui ont plus de droit à la vie que la vermine ! (Applaudissements.) Parce qu’ils ne vivent pas du travail d’autrui, comme les millionnaires yankees, parce qu’ils ne vivent pas de l’or étranger comme les mercenaires et la vermine vendus à l’impérialisme (huées), parce qu’ils ne vivent pas du vice, parce qu’ils ne vivent pas du vol, et qu’ils ont droit qu’on respecte leur vie. Aucun misérable millionnaire impérialiste n’a le droit d’envoyer des avions, des bombes et des roquettes pour détruire ces vies de jeunes gens chers à la patrie ! (Applaudissements.)
Et ceux qui sont d’accord avec un pareil crime, ceux qui sont d’accord avec une pareille sauvagerie, ceux qui se vendent misérablement et appuient les activités de ces criminels, ceux qui conspirent contre la patrie dans la rue, dans les églises, dans les écoles, partout, méritent que la Révolution les traite comme il se doit (applaudissements et slogans de : « Au poteau ! Au poteau ! »).
Les crimes de l’impérialisme sont évidents, les mensonges de l’impérialisme sont évidents, et pourtant les archevêques se pointent pour bénir le mensonges (huées), les curés réactionnaires se pointent pour sanctifier les mensonges !
L’impérialisme projette le crime, organise le crime, arme les criminels, entraîne les criminels, paie les criminels ; les criminels agissent et assassinent sept enfants d’ouvriers, atterrissant tranquillement aux États-Unis, et bien que le monde entier ait connu leurs agissements, ils déclarent être des pilotes cubains, et on leur prépare une bande dessinée farfelue, un vrai roman, on la répand dans le monde entier, on la publie dans tous les journaux, dans toutes les stations de radio et de télévision de la réaction et de la vermine réactionnaire du monde entier, et après ça les archevêques se pointent pour bénir et sanctifier le mensonge (exclamations et huées), et voilà comment toute la ribambelle de mercenaires, d’exploiteurs et de farceurs qu’il y a dans le monde s’associe dans le crime et dans le mensonge ! (Applaudissements.)
Est-ce qu’il reste un seul Cubain honnête qui ne le comprenne pas ? Est-ce qu’il reste un seul Cubain honnête qui en doute ? S’il reste un seul Cubain honnête qui en doute, si ce n’était pas suffisant, s’il ne comprenait toujours pas, eh ! bien, qu’il aille alors sur nos bases, celle de San Antonio, celle des FAR, celle de Santiago de Cuba, et qu’il voie sur place et vérifie s’il y a une seule vérité dans tout ce qu’ils ont dit, qu’il vérifie sur place comment les réactionnaires, les impérialistes et les curés farceurs trompent et bernent le monde, comment ils trompent et bernent les peuples, et comment il est temps que les peuples se libèrent de l’exploitation, de la tromperie et de l’escroquerie des impérialistes et de tous les farceurs du monde, quoiqu’il en coûte de se débarrasser de ce joug ! (Applaudissements prolongés.)
Ce que les impérialistes ne peuvent pas nous pardonner, c’est que nous sommes toujours là ; ce que les impérialistes ne peuvent pas nous pardonner, c’est la dignité, la droiture, le courage, la fermeté idéologique, l’esprit de sacrifice et l’esprit révolutionnaire du peuple cubain ! (Applaudissements.)
Ce que les États-Unis ne peuvent pas nous pardonner, c’est d’être ici sous leur nez, et d’avoir fait une révolution socialiste sous leur nez ! (Applaudissements et slogans de : « En avant, en avant ! Si ça te plaît pas, prends une purge ! »)
Et de défendre cette Révolution socialiste avec ces fusils-ci (applaudissements), et de défendre cette Révolution socialiste avec autant de courage qu’en ont eu hier nos artilleurs antiaériens en criblant de balles les avions agresseurs !
[…]
Et cette révolution, cette révolution, cette révolution, nous ne la défendons pas avec des mercenaires ; cette révolution, nous la défendons avec les hommes et les femmes du peuple !
Qui donc a les armes ? C’est le mercenaire par hasard qui a les armes ? (Cris de : « Non ! ») C’est le millionnaire par hasard qui a les armes ? (Cris de : « Non ! ») Parce que mercenaire et millionnaire, c’est du pareil au même. Ce sont les enfants de riches par hasard qui ont les armes ? (Cris de : « Non ! ») Ce sont les patrons par hasard qui ont les armes ? (Cris de : « Non ! ») Qui donc a les armes ? (Cris.) Quelles sont les mains qui brandissent ces armes-ci ? (Cris.) Ce sont des fils à papa ? (Cris de : « Non ! ») Ce sont des mains de riches ? (Cris de : « Non ! ») Ce sont des mains d’exploiteurs ? (Cris de : « Non ! ») Quelles sont les mains qui brandissent ces armes-ci ? (Cris.) Ce ne sont pas des mains ouvrières ? (Cris de : « Oui ! ») Ce ne sont pas des mains paysannes ? (Cris de : « Oui ! ») Ce ne sont pas des mains durcies par le travail ? (Cris de : « Oui ! ») Ce ne sont pas des mains créatrices ? (Cris de : « Oui ! ») Ce ne sont pas d’humbles mains du peuple ? (Cris de : « Oui ! ») Et qui est la majorité du peuple ? Les millionnaires ou les ouvriers ? Les exploiteurs ou les exploités ? Les privilégiés ou les humbles ? (Cris.) Ils ont des armes, les privilégiés ? (Cris de : « Non ! ») Ils les ont, les humbles ? (Cris de : « Oui ! ») Ils sont la minorité, les privilégiés ? (Cris de : « Oui ! ») Ils sont la majorité, les humbles ? (Cris de : « Oui ! ») Elle est démocratique, une révolution où les humbles ont les armes ? (Cris de : « Oui ! », applaudissements, slogans de : « Fidel ! Fidel ! » et autres slogans révolutionnaires.)
Compagnons ouvriers et paysans, cette révolution est la Révolution socialiste des humbles, avec les humbles et pour les humbles ! (Applaudissements.) Et pour cette Révolution des humbles, avec les humbles et pour les humbles, nous sommes prêts à donner notre vie ! (Exclamations.)
Ouvriers et paysans, hommes et femmes humbles de la patrie, jurez-vous de défendre jusqu’à la dernière goutte de votre sang cette Révolution des humbles, avec les humbles et pour les humbles ? (Cris de : « Oui ! »)
Compagnons ouvriers et paysans de la patrie, l’attaque d’hier a été le prélude de l’agression des mercenaires, l’attaque d’hier qui a coûté sept vies héroïques visait à détruire nos avions à terre. Mais ils ont échoué, ils n’ont détruit que trois avions, et le gros des avions ennemis a été touché ou abattu (applaudissements). Ici, devant la tombe des compagnons tués ; ici, aux côtés des restes des jeunes gens héroïques, fils d’ouvriers, fils de familles modestes, qui ont offert leur poitrine aux balles, qui ont donné leur vie, réaffirmons comme eux, orgueilleux de notre Révolution, orgueilleux de cette Révolution des humbles, avec les humbles et pour les humbles, notre décision, dès que les mercenaires arriveront, de la défendre sans hésiter contre qui que ce soit, jusqu’à la dernière goutte de notre sang ! (Applaudissements.)
Vive la classe ouvrière ! (Vivats.)
Vivent les paysans ! (Vivats.)
Vivent les humbles ! (Vivats.)
Vivent les martyrs de la patrie ! (Vivats.)
Vivent éternellement les héros de la patrie ! (Vivats.)
Vive la Révolution socialiste ! (Vivats.)
Vive Cuba libre ! (Vivats.)
La patrie ou la mort !
Nous vaincrons ! (Ovation.)
Au combat ! Nous allons chanter l’hymne national, compagnons. (La foule le fait.)
Compagnons, toutes les unités doivent se diriger vers leurs bataillons respectifs compte tenu de la mobilisation ordonnée pour maintenir le pays en état d’alerte face à l’agression imminente des mercenaires, comme on peut en déduire de tous les faits de ces dernières semaines et de l’attaque lâche d’hier. Marchons aux Maisons des miliciens, formons les bataillons et apprêtons-nous à courir sus à l’ennemi, en chantant l’hymne national, en chantant les strophes de notre hymne patriotique, en criant « Au combat ! », en étant convaincus que « mourir pour la patrie, c’est vivre » et que « vivre dans les chaînes c’est vivre plongé dans l’opprobre et l’affront » !
Marchons à nos bataillons respectifs et attendez-y les ordres, compagnons ! (Applaudissements.)
(www.fidelcastro.cu/fr)
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