70e anniversaire de la mort de Staline
5 mars 1953
Sur Staline
Joseph Staline était un grand homme ; peu d’autres hommes du XXe siècle ont approché sa stature. Il était simple, calme et courageux. Il perdait rarement son sang-froid, réfléchissait lentement à ses problèmes, prenait ses décisions avec clarté et fermeté, ne cédait jamais à l’ostentation et ne s’abstenait pas de tenir dignement la place qui lui revenait. Il était le fils d’un serf, mais il se tenait calmement devant les grands, sans hésitation ni nervosité. Mais aussi – et c’est là la plus grande preuve de sa grandeur – il connaissait l’homme du peuple, ressentait ses problèmes, suivait son destin.
Staline n’était pas un homme d’un savoir conventionnel ; il était bien plus que cela : c’était un homme qui pensait profondément, lisait avec compréhension et écoutait la sagesse, d’où qu’elle vienne. Il a été attaqué et calomnié comme peu d’hommes de pouvoir l’ont été, mais il a rarement perdu sa courtoisie et son équilibre ; il n’a pas non plus laissé les attaques l’éloigner de ses convictions ou l’inciter à renoncer à des positions qu’il savait correctes. Faisant partie des minorités méprisées de l’humanité, il a d’abord mis la Russie sur la voie de la lutte contre les préjugés raciaux et de la création d’une nation à partir de ses 140 groupes, sans détruire leur individualité.
Son jugement sur les hommes était profond. Il a très tôt perçu la flamboyance et l’exhibitionnisme de Trotski, qui a trompé le monde, et en particulier l’Amérique. Toute l’attitude inculte et insultante des libéraux aux États-Unis aujourd’hui a commencé par notre acceptation naïve de la magnifique propagande mensongère de Trotski, qu’il a diffusée dans le monde entier. Face à cela, Staline s’est tenu comme un roc et n’a bougé ni à droite ni à gauche, continuant d’avancer vers un véritable socialisme au lieu de l’imposture proposée par Trotski.
Trois grands moments de décision se sont présentés à Staline au pouvoir et il les a magnifiquement affrontés : d’abord, le problème des paysans, ensuite l’attaque de l’Europe de l’Ouest et enfin la Deuxième Guerre mondiale. Le pauvre paysan russe était la plus faible victime du tsarisme, du capitalisme et de l’Église orthodoxe. Il a facilement renoncé au Petit Père Blanc (le tsar Nicholas) ; il s’est détourné moins facilement mais néanmoins de façon perceptible de ses icônes ; mais ses koulaks se sont accrochés avec ténacité au capitalisme et étaient sur le point de faire échouer la révolution lorsque Staline a risqué une deuxième révolution et chassé les parasites des campagnes.
Puis vint l’intervention, la menace continue d’une attaque de la part de toutes les nations, interrompue par la dépression pour être recommencée par l’hitlérisme. C’est Staline qui a guider l’Union soviétique entre Scylla et Charybde : l’Europe occidentale et les États-Unis étaient prêts à la trahir face au fascisme, puis ont dû implorer son aide lors de la Deuxième Guerre mondiale. Un homme de moindre valeur que Staline aurait exigé une vengeance pour Munich, mais il a eu la sagesse de ne demander que la justice pour sa patrie. Roosevelt lui accorda cette justice, mais Churchill la retint. L’Empire britannique proposa d’abord de se sauver en Afrique et dans le sud de l’Europe, tandis qu’Hitler écraserait les Soviétiques.
Le deuxième front traînait en longueur, mais Staline est allé de l’avant sans relâche. Il a risqué la ruine totale du socialisme pour briser la dictature d’Hitler et de Mussolini. Après Stalingrad, le monde occidental ne savait pas s’il devait pleurer ou applaudir. Le coût de la victoire pour l’Union soviétique était effroyable. Aujourd’hui encore, le monde extérieur n’a pas idée des blessures, des pertes et des sacrifices. C’est pour sa direction calme et ferme dans cette situation, plus que dans toute autre, que les peuples de toutes les Russies vouent un culte profond à Staline, ici comme ailleurs.
Puis vint le problème de la paix. Aussi difficile qu’il ait été pour l’Europe et l’Amérique, il l’a été bien plus encore pour Staline et les Soviétiques. Les dirigeants conventionnels du monde les haïssaient et les craignaient et n’auraient été que trop enclins à voir l’échec total de cette tentative de socialisme. Dans le même temps, la crainte du Japon et de l’Asie était également réelle. La diplomatie a donc pris le dessus et Staline a été désigné comme victime. Il a été convoqué à une conférence avec l’impérialisme britannique, représenté par son aristocratie bien formée et bien nourrie, et avec l’immense richesse et la puissance potentielle de l’Amérique, représentée par son dirigeant le plus libéral depuis un demi-siècle.
![]() Churchill, Roosevelt et Staline à la conférence de Yalta en février 1945 |
C’est là que Staline a montré sa véritable grandeur. Il ne s’est pas gêné, ni a-t-il pavoisé. Il n’a jamais présumé, il n’a jamais capitulé. Il a gagné l’amitié de Roosevelt et le respect de Churchill. Il n’a demandé ni adulation ni vengeance. Il a été raisonnable et conciliant. Mais sur ce qu’il jugeait essentiel, il est resté inflexible. Il était prêt à ressusciter la Société des Nations, qui avait insulté les Soviétiques. Il était prêt à combattre le Japon, même si ce pays ne représentait alors aucune menace pour l’Union soviétique et qu’il risquait d’être fatal à l’Empire britannique et au commerce américain. Mais sur deux points, Staline a été inflexible : le « cordon sanitaire » de Clemenceau, qui avait été volé pour les menacer, devait être restitué aux Soviétiques. Les Balkans ne devaient pas être laissés sans défense face à l’exploitation occidentale au profit du monopole foncier. Les ouvriers et les paysans devaient avoir leur mot à dire.
Tel était l’homme qui est mort, toujours la cible des chacals et des hommes mal élevés de certaines parties de l’Occident perturbé. Dans sa vie, il a souffert d’insultes continuelles et calculées ; il a été contraint de prendre des décisions difficiles sous sa seule responsabilité. Sa récompense arrive au moment où l’homme du commun se lève pour l’acclamer solennellement.
(National Guardian, 16 mars 1953. Traduction : LML)
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